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Les Balkans (et la Hongrie), Janvier 1944
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Capu Rossu



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MessagePosté le: Sam Avr 20, 2019 20:33    Sujet du message: Répondre en citant

Bonsoir,

Euh Clappique ! Tu nous proposes bien un coloriage pour la chrono locale ?
Si oui, l'expérience de nos Britanniques n'a pu s'acquérir en Crète : l'île est resté&e sous contrôle allié tout le temps. En Grèce Continentale ou dans le Péloponnèse, je suis d'accord. Pour la guerre du désert, la rapidité de la campagne en juillet août 40 n'a pas dû leur apprendre beaucoup même avec le harcèlement des unités italiennes le long de la frontière entre la Lybie et l'Egypte en soutient de la Western Desert Force.

@+
Alain
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demolitiondan



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MessagePosté le: Sam Avr 20, 2019 20:57    Sujet du message: Répondre en citant

Je suis toujours flatté qu'un collègue veuille m'assister dans ma croisade sanglante. Je pense que c'est une amorce ? Alors deux remarques de fond :

Citation:
Londres semblait avoir des doutes grandissants sur l’aptitude du jeune roi Pierre II à rassembler les morceaux d’un royaume éclaté, et estimait le temps venu de tendre la main aux « Partizani ».


Le SOE collabore depuis des années avec le VNOJ- il est en train de faire du lobby pour qu'il passe devant les royalistes. Ce qui est impossible maintenant - donc tendre la main ne passe pas.

Citation:
mais ça, leurs expériences en Crête et dans la guerre du Désert les y avaient habitués .


Dixit Capu.

Et une technique :

Citation:
Les mains de Miller se refermèrent sur son MP40 muni d’un silencieux, Mallory avait saisi son revolver.


Ca existe pas. Si tu cherche une arme silencieuse, va du coté des Bren - ca ne fera pas rien du tout, mais ca passera pour une chute d'objet. Et puis ca se démonte bien.
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Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste
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Clappique



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MessagePosté le: Sam Avr 20, 2019 22:45    Sujet du message: Répondre en citant

Ouch, mais oui ..... je suis resté sur l'OTL de la Méditerranée Occidentale, mea culpa, mea maxima culpa. J'édite, j'édite ....

Donc pas de Crête - on parlera de la Lybie, des îles de la mer Egée et de diverses barbouzeries en Albanie

Pour le MP40 avec silencieux, apparemment si ça existe :

"Accessoires
Chaque arme est dotée de six chargeurs. À cet effet, chaque soldat possédait deux pochettes de trois chargeurs, une à droite et une à gauche. L'outillage nécessaire au garnissage des chargeurs quant à lui se trouvait dans une petite sacoche supplémentaire sur la cartouchière gauche. Dans des cas bien spécifiques, le MP40 était également accompagné d'un silencieux. "

Mais si vous préférez, on peut doter Miller du Steyr M12/M16 équipé d'un silencieux, récupéré sur un "confrère" Brandenburger un peu malchanceux.

Enfin et surtout, ça n'a pas prétention à être un coloriage. Comme Requesens, j'ai un problème récurrent de personnages qui s'échappent de ma bibliothèque. Mais vous allez surement pouvoir m'aider à retrouver leurs pages d'origine
_________________
Si on ne croit à rien, surtout si on ne croit à rien, on est obligé de croire aux qualités du coeur quand on les rencontre, ça va de soi.
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Dronne



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MessagePosté le: Dim Avr 21, 2019 03:18    Sujet du message: Répondre en citant

Un FM Bren avec un modérateur de son??? Non, certainement pas.
Vous avez vu la taille de l'engin?? Alors avec quelques dizaines de centimètres en plus.....
Une carabine Delisle, un Weldrod, un PM M3(et encore faut voir les dates) ou encore un pistolet en 22 oui.
Tous ces machins nécessitent des munitions subsoniques pour être réellement efficaces.


Pour la casquette, il me semble que c'est plutôt un modèle pour officier de l'artillerie de la garde
_________________
Cinq fruits et légumes par jour, ils me font marrer! Moi, à la troisième pastèque, je cale..
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FREGATON



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MessagePosté le: Dim Avr 21, 2019 09:09    Sujet du message: Répondre en citant

Les personnages du roman d'Alistair Mc Lean semblent reprendre du service en FTL... 8)

Quant aux armes dites "silencieuses", mieux vaut ne pas se fier au cinéma pour avoir une idée de la réduction de bruit réellement possible... On mettra donc de coté la célèbre symphonie de sifflements des "tontons flingueurs"...

Les hommes du SOE britannique disposaient principalement de deux armes ayant un modérateur de son d'une efficacité relative:

- le pistolet à répétition manuelle Welrod "assassin's pistol" déjà cité, avec un bruit d'environ 73 dB c'était l'arme la plus efficace surtout employée pour "supprimer" des cibles comme son surnom l'indique...

- le PM STEN MkII "S" plutôt destiné aux opérations spéciales.
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La guerre virtuelle est une affaire trop sérieuse pour la laisser aux civils.
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Dim Avr 21, 2019 10:17    Sujet du message: Répondre en citant

Ça repart. Pas de déluge d'hémoglobine ces jours-ci, mais de noires pensées, oh oui.


11 janvier
La campagne des Balkans
A l’est, rien de nouveau ?
King Charles St, Westminster (Londres)… Kremlin (Moscou)
– Pendant que les cieux déversent une nouvelle couche de neige sur les Balkans, le Foreign Office, en la personne du ministre Anthony Eden himself, prend langue avec l’ambassade soviétique afin d’évoquer les difficultés de… compréhension mutuelle que les armées alliées, Rouge et occidentales, rencontrent actuellement à la frontière yougoslave. Ne reculant devant aucune circonlocution diplomatique, les Britanniques évoquent longuement « l’intérêt tout particulier que le gouvernement de Sa Majesté voue à cette partie du monde », leur « désir d’une coopération sans arrière-pensées pour la victoire commune », l’importance « de s’accorder sans tarder sur des contingences techniques sans aucune implication politique » (il s’agit des réseaux ferrés balkaniques) et même « le souhait d’une rencontre au plus haut niveau pour évoquer l’avenir des nations concernées ». Une formulation vague, qui n’engage pas à grand-chose mais veut pourtant en dire beaucoup.
Sir Anthony, en conclusion, croit toutefois bon de préciser : « La rencontre bilatérale que nous envisageons entre les représentants de nos deux grands peuples ne doit pas faire négliger le règlement rapide des difficultés techniques mentionnées auparavant. Dans ce but, nous apprécierions infiniment un arbitrage de votre part auprès des nations cobelligérantes concernées – arbitrage que nous espérons évidemment favorable et rendu dans des délais raisonnables. »
Pour Eden, « dans des délais raisonnables » veut dire : au plus vite. Mais à Moscou, le ministre Molotov trouve que si les alliés capitalistes de l’Union Soviétique veulent quelque chose, ils doivent d’abord comprendre que les communications ne sont pas encore pleinement rétablies entre Moscou, Bucarest et Sofia. La faute à l’ancien régime monarchique et… capitaliste, n’est-ce pas ?

La saison des transferts
Hôtel Carlton (Londres)
– Dans sa luxueuse, mais discrète, chambre d’hôtel sur Pall Mall, le général Bernard Montgomery reçoit un message personnel de Winston Churchill, l’informant de deux ou trois changements le concernant dans l’organigramme de « nos amis les mangeurs de grenouilles ». Ils ne seront officiels que dans quelques jours, mais à Alger ou Marseille, quelqu’un de très avisé a jugé bon d’informer Monty en avance, afin d’éviter une prévisible manifestation de mauvaise humeur.
Ce quelqu’un a bien fait. Apparemment Dentz va partir vers de nouveaux horizons, pour être remplacé par ce good old Audet. « What a shame, il va me manquer à Athènes » – mais bon, inutile d’attendre de la loyauté de la part des Continentaux.
De plus, comme pour confirmer leur récente conversation, Churchill précise que ces mouvements français « banals, comme vous le savez, n’indiquent nullement un relâchement des efforts consentis par les Alliés sur votre théâtre. » Pour preuve, la République, bonne fille, lui envoie comme remplaçant d’Audet le nommé Antoine Béthouart. Béthouart ? Ce nom n’est pas totalement inconnu à Monty : il a commandé une division de montagne dans le Péloponnèse en 1942, avant de gagner la France.
« Bon ! Au moins, il ne sera pas complètement dépaysé – même si les choses ont beaucoup bougé depuis Giraud. La preuve que l’Empire sait décidément y faire ! » Et sur ces pensées satisfaisantes, le général descend prendre le thé au bar pour continuer à réfléchir seul à la poursuite des opérations.


12 janvier
La campagne des Balkans
Ajustements
GQG allié (Athènes)
– Alors que la situation sécuritaire au Kosovo continue de bouillonner dans la marmite balkanique – soigneusement fermée par le couvercle des forces occidentales – Sylvestre Audet se demande comment il va réussir à arracher le XIIIth Corps à pareil bourbier afin de permettre son redéploiement dans la région de Belgrade. Ordre direct de Montgomery, venu de Londres ! Cette formation de qualité n’est pas vraiment la mieux adaptée à des missions de police…
Mais les Grecs ne sont pas assez nombreux – une division d’infanterie et une brigade blindée seulement – pour remplacer les soldats britanniques. Sans grand enthousiasme, Audet ordonne à la 1ère DI tchécoslovaque d’Alois Liška et à la 192e DIA du général Jouffrault de quitter leurs affectations respectives de Kichevo et Gostivar pour aller libérer le XIIIth Corps. En Macédoine, il ne se passe rien ! Enfin, rien qui vaille la peine d’être signalé.
Pour veiller au grain dans cette région, le 4e RST du colonel Roux, appuyé par le 107e RALCA, suffiront. Non pas qu’on envisage d’utiliser du 155 mm pour faire régner l’ordre – quoique, si on le leur proposait, certains officiers pourraient estimer que ce serait une solution efficace – mais il faut bien reconnaître que l’étalage de matériels imposants à un effet dissuasif des plus salutaires sur les miliciens.
Les soldats de l’empire (français pour cette fois) quitteront donc dès demain les rives du lac d’Ohrid, où ils végètent depuis l’opération Market. Les mouvements seront sans doute lents et pénibles, eu égard à l’état des routes et au climat. Aujourd’hui, le temps reste couvert… Mais au moins est-il sec – il ne pleut qu’en Hongrie.

A l’est, rien de nouveau ?
Kremlin (Moscou)
– Le maréchal Staline est amusé. Ce n’est pas forcément de bon augure pour ses interlocuteurs – présentement, le ministre des Affaires Etrangères Molotov. Mais cette fois, le Petit Père des Peuples paraîtt sincèrement amusé par la proposition d’une entrevue directe avec le Premier Britannique émise la veille par Londres. « Alors comme ça, notre ami Churchill veut discuter avec moi ? Sans les Américains ni les Français ? Les habitudes ont la vie dure, on dirait, Viatcheslav Mikhaïlovitch ! »
– Evidemment, Camarade Secrétaire général. Mais cette circonstance est également porteuse d’opportunités. Elle révèle la faiblesse des Occidentaux, qui tentent désormais de marchander ce qu’ils ne peuvent arracher seuls eux-mêmes des mains d’Hitler. C’est aussi le premier signe de dissension dans le bloc réactionnaire. Nous devrions l’exploiter.
– En effet ! Hé bien, nous allons jouer le jeu. Dites à Churchill que je serai ravi de le recevoir à Moscou cet hiver ! Un homme qui sait boire comme lui, c’est toujours un plaisir !
– Avec joie, Camarade Secrétaire-général ! Avez-vous aussi vu que leurs généraux sollicitent maintenant nos moyens logistiques pour leur campagne ?
– Oui. Qu’en pensent les départements concernés ?
– Ils s’adapteront si on leur en donne l’ordre. Le camarade Béria et le NKVD paraissent plus réservés. Mais nos services collaborent déjà avec les Occidentaux pour ce qui concerne les convois maritimes de Mourmansk, les acheminements terrestres par l’Iran et les livraisons aériennes par la Sibérie… Leurs procédures sont au point – au besoin, les éléments indésirables seront évacués de la région.
– Parfait. Je vais donner l’ordre qu’on se prépare à tenir la main à nos amis britanniques et à leurs auxiliaires dans les Balkans. Mais attendons qu’ils nous relancent pour donner officiellement notre accord. Nous sommes déjà magnanimes – paraissons généreux.


L’orgueil d’un amiral
Premiers contacts, premiers doutes
Athènes
– Dans les bureaux du SOE situés en territoire britannique – c’est-à-dire dans les murs de l’ambassade – Basil Davidson, chef de la “Balkan Section”, reçoit les rapports de ses agents en terre magyare. Ces derniers corroborent globalement les intentions manifestées par les Hongrois lors de leur prise de contact via la Turquie : le gouvernement de Budapest est déterminé à arrêter les frais et à sortir du conflit, essentiellement avec l’aide de l’Angleterre. En effet, le Régent a bien conscience que la guerre contre l’URSS tourne au désastre – et il constate aussi que la présence inespérée des armées du général Montgomery à la frontière sud de son pays pourrait ouvrir une issue pour lui éviter un avenir collectiviste.
Jusqu’ici, rien d’étonnant pour le Britannique. Dans un geste de bonne volonté, Miklós Kállay a déjà suggéré qu’il était disposé à envisager l’évacuation vers la Yougoslavie des populations les plus exposées aux représailles nazies, c’est-à-dire les Juifs, dans l’attente de l’intervention directe des armées alliées. Et les militaires hongrois, tels les Italiens un an plus tôt, se proposent de garder ouverte au prix de leur sang la route de Budapest pour que les chars de Monty devancent la Heer. Des arguments habiles, auxquels les Nations-Unies ne peuvent évidemment qu’être sensibles.
Toutefois, les mots ne peuvent pas tout. Or, et comme le précise plus loin le lieutenant-colonel Charles Telfer Howie, en pratique, le régime hongrois n’envisage pas de céder un pouce des territoires tchécoslovaques et roumains sur lesquels le Reich leur a accordé la souveraineté. Quant au annexions polonaises et yougoslaves, les Magyars n’envisageraient de les lâcher que dans le cadre d’une négociation globale renvoyée à l’après-guerre, selon une démarche que le sergent “Tom” Weinstein n’hésite pas à qualifier de « naïve ». Dans le fond, il semble bien qu’à Budapest, on estime que les arbitrages de Vienne sont désormais des gains de plein droit et des possessions inaliénables du peuple magyar. Pour les Hongrois, les Alliés ne sauraient décemment procéder à un nouveau « dépeçage » de la Hongrie.
Basil Davidson lève désormais les sourcils aussi haut que sa nationalité britannique le lui permet pour exprimer sa plus extrême réserve. De pareilles prétentions ne peuvent que causer de grosses difficultés politiques – sans même commencer à évoquer les aspects pratiques d’un éventuel basculement. Grâce à ses subordonnés, le correspondant du SOE a pu se familiariser avec les subtilités du pays, ainsi qu’avec ses préoccupations. Il sait bien que les Hongrois ne pensent pas à mal. Dans leur esprit, ils sont dans leur droit et accumulent les gestes de bonne volonté pour convaincre de la sincérité de leur retournement. Toutefois, ce qui est clair pour un agent du SOE ne l’est pas forcément pour un politique : vu de Londres ou de Marseille, on pourrait croire à un marchandage mené sur le dos des Alliés “mineurs” d’Europe centrale et des déportés. Voilà qui ne risque vraiment pas de faire plaisir à tout le monde, c’est le moins que l’on puisse dire.
Basil Davidson fait suivre les rapports à Londres, avec ses commentaires détaillés – aux responsables de prendre une décision. Dans l’attente, il ordonne à ses agents de poursuivre leurs observations sans s’exposer. Il n’est même pas sûr que les forces britanniques entrent un jour en Hongrie… Mais si ces dernières devaient le faire, il serait souhaitable qu’elles ne tardent pas trop : les forces du Reich s’agitent tandis que les Croix-Fléchées de Ferenc Szálasi resserrent chaque jour un peu plus leur emprise sur l’armée et le monde politique. « Est-il bien raisonnable de la part des gouvernants hongrois d’être aussi exigeants en de telles circonstances ? » conclut finalement le chef de la Balkan Section – une réflexion qui transparaît aussi dans son rapport.


13 janvier
La campagne des Balkans
Migrations contraintes et ajustements
Macédoine
– Les unités alliées désignées par Sylvestre Audet pour prendre la relève du XIIIth Corps lèvent le camp vers les monts du Kosovo. Quarante kilomètres plus au sud à peine (mais à vol d’oiseau !), les spahis tunisiens du colonel Roux font de même en direction du nord de la Macédoine et de Gostivar. On n’attend pas la fin de cette transhumance avant huit jours au mieux.
……….
Yougoslavie occupée – La pluie a repris sur tout le théâtre des opérations, des rivages de l’Albanie jusqu’aux plaines du Danube. Dans cette ambiance humide et froide, la 114. Jäger-Division de Karl Eglseer arrive finalement sur le front, à Užice. Le centre de la Bosnie parait enfin tenu – même si c’est beaucoup dire dans les faits : on compte trois divisions à peine (dont une tenue en réserve) pour environ 100 kilomètres. Du moins cette zone a-t-elle à présent une garnison digne de ce nom.
Maximilian von Weichs peut donc ordonner à Lothar Rendulic de commencer le rééquilibrage de son dispositif. Les régiments croates et allemands viennent d’ailleurs d’arriver à Pogdorica pour une nouvelle cérémonie de transfert avant de regagner leurs unités d’origine respectives. En conséquence, celle-ci aura lieu dès demain matin.
Evidemment, durant ce redéploiement, le dispositif de l’Axe restera d’une faiblesse insigne, à la merci d’une (improbable) offensive alliée, mais surtout d’une action des Partisans. Toutefois, et au-delà des exemples de répression récents et toujours utiles, le général Rendulic a une autre méthode un peu plus douce pour garantir un semblant de paix dans ses lignes.

Petits arrangements entre camarades
Région de Sjenica (Yougoslavie)
– Au petit matin, sous une pluie battante tenace, un petit groupe d’individus guidé par Milovan Đilas – l’ancien chef des Partisans du Monténégro – arrive au quartier général de Josip Broz. Ils sont fortement escortés par un détachement de Résistants du NVOJ, qui paraissent tout à la fois les soutenir et les encadrer. Pourtant il ne s’agit pas de prisonniers… mais plus exactement d’anciens prisonniers, capturés par l’Axe lors des précédents épisodes de répression, vigoureusement interrogés et finalement… libérés, le plus souvent contre des officiers allemands tenus en otage.
En effet, et alors que, sur l’Ostfront, pareil commerce serait inimaginable, les forces allemandes dans la région n’ont jamais totalement rompu le contact avec les “terroristes” communistes – pas davantage, en vérité, qu’avec les tchetniks royalistes, n’en déplaise aux différentes parties en présence. On se souvient notamment de discrets conciliabules entre le mouvement de Tito et l’ambassadeur du Reich, Siegfried Kasch, puis même avec Glaise von Horstenau en avril dernier. Ces entretiens, qui avaient failli déboucher sur une forme de trêve officieuse durable, n’avaient été interrompu que par l’offensive Schwartz et selon l’ordre direct du Führer !
De fait, malgré les carnages, tortures, ordres venus de très haut et autres innombrables abominations, les négociations ont encore cours ces jours-ci – les commandants locaux espèrent toujours acheter un calme, même temporaire, avec ces Partisans si organisés qu’ils pourraient presque passer pour une armée régulière. Enfin presque…
Quoi qu’il en soit, un nouvel échange de prisonnier a donc eu lieu il y a trois jours à peine, aux environs de Bijelo Polje. Rien d’inhabituel : Andrija Hebrang, membre du comité central du PC de Croatie et camarade de lutte de longue date de Tito n’a-t-il pas bénéficié naguère d’un semblable arrangement ? Toutefois, les prisonniers échangés sont des camarades de longue date, qui ont connu trop longtemps les geôles nazies. Ils sont donc, disons, susceptibles de trahison – et ils n’échapperont pas à un interrogatoire en règle par les hommes d’Aleksandar “Leca” Ranković avant de regagner leurs unités. Même Andrija “Fatty” Hebrang lui-même avait dû s’y plier, sans d’ailleurs que cela suffise à dissiper les médisances qui courent à son sujet [Lors de son passage au camp de concentration oustachi de Stara Gradiška, Andrija Hebrang aurait, selon le slovène Josip “Vazduh” Kopinič, « parlé comme un livre ». De ce fait, les Oustachis auraient envisagé d’en faire un cheval de Troie au sein du Comité central – ce qui expliquerait sa libération. Toutefois, même après avoir reçu copie des rapports d’interrogatoire, Tito refusera toujours d’envisager une trahison de la part de son ancien ami, qui l’avait autrefois aidé à éliminer son pire rival pour la direction du PCY, Petko Miletić. Sa réponse à “Vazduh” fut donc simplement : « Je n’en crois rien. Tu veux me brouiller avec l’un de mes plus vieux amis. » Edvard “Becs” Kardelj, autre membre slovène du NVOJ, commentera bien plus tard à ce propos : « la plus grande faiblesse de Tito était d’être bien trop laxiste avec ceux qui l’entouraient. »] – et ce bien qu’il soit désormais secrétaire politique du Comité central du PCC, en remplacement de Rade Konćar, tué par les fascistes à Šibenik en mai dernier.
Une personne toutefois dans le groupe ne craint rien. Il s’agit de Herta Haas, ancienne responsable des Transmissions… mais aussi maîtresse officielle de Tito et mère d’Aleksandar “Mišo” Broz, né en mai 1941. La soldatesque allemande l’a arrêtée à Zagreb en mai dernier (sans son enfant, qui avait entretemps été placé). On peut s’étonner que le puissant Josip Broz n’ait pas davantage remué ciel et terre pour la libérer…
En fait, Haas n’est pas particulièrement attendue – ni même annoncée. Milovan Đilas garde devant elle un silence étrange, que la jeune Slovène interprète comme de l’égard pour sa fatigue. Et quand elle entre (sans frapper !) dans la cabane où loge Tito, elle trouve ce dernier en train de se raser en compagnie de sa… secrétaire et courrier personnel, une Serbe nommée Davorjanka “Zdenka” Paunović – la mère, selon la rumeur, d’un autre enfant, né en 1942 et qui passerait depuis de nourrice en nourrice et de caverne en grotte. Le bambin d’est pas là – tant mieux, car la scène entre les deux femmes est d’une violence digne des affrontements qui secouent la région depuis près de trois ans.
– Qu’est-ce que cette femme fait là ? hurle Herta, outragée.
– Et vous, qu’est-ce que vous faites là ? rétorque une Zdenka dont le caractère… affirmé est bien connu.
– Elle doit partir, ou c’est moi qui pars ! lance alors Herta à l’adresse de son amant infidèle.
Pour une fois, Tito choisit la voie de la facilité – il achève de se rincer le menton, boutonne sa veste et déclare simplement : « Non, c’est moi qui m’en vais. » Sur quoi il sort, laissant là ses maîtresses régler leur querelle !
C’est finalement Herta qui cèdera, et Đilas passera la nuit à consoler la jeune Slovène qui pleure sur son épaule. Pendant ce temps, un peu plus loin dans le camp, Zdenka savoure son triomphe. Avec son teint hâlé et ses grands yeux verts, elle a toujours fait en sorte que sa place… particulière auprès de Tito soit connue de tous, au risque de se créer de nombreuses inimitiés du fait de son attitude arrogante et de son mépris du puritanisme stalinien. Elle voit désormais son rêve commencer à se concrétiser. Pourtant, la stature qu’elle pense se donner pourrait causer bien des problèmes à l’avenir. La jeune femme passe pour arrogante, agressive et prétentieuse – nocive, même – aux yeux de bien des membres du Comité Central, qui pourraient d’ailleurs avoir arrangé la libération d’Herta dans le dos de Tito en espérant un retour à la situation d’avant la guerre.
C’était peine perdue – malgré les difficultés, Tito reste fou amoureux. N’avait-il pas un jour répondu à Marijan Stilinović, le secrétaire de la cellule du Parti auprès du Commandement suprême, qui lui reprochait son inconduite et le comportement de Zdenka : « Tu sais, Marijan, j’ai honte. Mais que faire ? Je ne peux pas vivre ne serait-ce qu’une minute sans cette femme ! » C’est sa « source d’eau pure et fraîche » ! Mais même une eau pure peut s’avérer dangereuse pour qui en abuse…
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Clappique



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MessagePosté le: Dim Avr 21, 2019 12:28    Sujet du message: Répondre en citant

La suite, dûment amendée grâce aux connaissances - toujours surprenantes - des membres TFL ...

« Hände hoch, stehen Sie auf !! » Puis dans un anglais très correct « Sortez de là, tout de suite ; les mains en l’air ! »

La cachette de Miller et Mallory était éclairée par une puissante torche, des silhouettes armées s’approchaient d’eux

« Miller, n’essayez rien. Leur mitrailleuse sur la jetée nous coupera en deux … »
- Plus haut les mains ! Qu’avons-nous là ? Deux saboteurs anglais, vous aviez dit vrai, Mirko »

A présent, Miller et Mallory distinguait un peu plus leurs assaillants. Un officier, celui qui parlait anglais, et trois hommes armés. Un cinquième se tenait en peu en retrait, habillé en civil. Sans doute le Mirko en question. Par peur, vénalité ou conviction, leur « contact » avait jugé préférable d’avertir les allemands.
Mallory détournait le regard du faisceau de la torche, et réussit à voir les uniformes ; pas des soldats de la Heer, mais des hommes de la Kriegsmarine. Il reprit un peu espoir, leur délateur avait fait au plus simple et averti le poste allemand le plus proche ; ils avaient affaire à de simples marins, dans doute l’équipage d’une des quelques unités légères de l’Axe encore à flot en dans cette zone de l’Adriatique

« Et toi là, sors de ton bateau ! Ou tu les emmenais ? Et qu’est-ce que tu as sous tes panneaux de pont ?»

Mirko s’avanca pour traduire, mais le patron du caïque, toujours flegmatique, répondit en anglais
« Moi, je passais par ici, Leutnant Zur Zee. Et ce que j’ai dans mon bateau, et bien, je ne peux pas vous laisser le prendre. Je suis désolé, Leutnant … »

A cet instant, il y eut un bruit sourd, un râle et une chute sur la jetée. Les allemands détournèrent leur attention une fraction de seconde, Miller et Mallory saisirent leur chance et se laissèrent tomber au sol. Miller logea deux balles dans la poitrine de l’officier, et une troisième dans la tête du matelot à sa droite ; Mallory abattit le deuxième matelot. Le dernier un peu en retrait eut plus de temps pour réagir et pivota son schmeisser ; le patron du caïque avait conjuré de nulle part un Sten MK « S » et lui fit sauter la tête. Mirko tourna les talons et disparut dans la nuit. On l’entendit courir, puis heurter quelque chose. Ou quelqu’un.

Le matelot à tête d’assassin réapparut, en essuyant un long couteau sur sa vareuse

« Ras, tu en as mis du temps !
- Tu es exaspérant. Je te sauve encore la vie, et tu te plains. Un jour il se pourrait que je te tue, toi aussi.
- Ras, je t’ai expliqué, tu ne peux pas tuer tout le monde. Et tu es mon meilleur ami, n’est-ce pas ? Nous devrions partir, maintenant. Messieurs …. On vous dépose quelque part ? »
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Dronne



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MessagePosté le: Dim Avr 21, 2019 12:43    Sujet du message: Répondre en citant

Hugo Schmeisser n'a aucun lien avec le MP40. C'est une appellation... Littéraire on va dire.
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MessagePosté le: Dim Avr 21, 2019 14:32    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Béthouart ? Ce nom n’est pas totalement inconnu à Monty : il a commandé une division de montagne dans le Péloponnèse en 1942, avant de gagner la France.

Les exploits de Béthouart en Norvège en 1940 devraient aussi être connus de Monty.
_________________
On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ...
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FREGATON



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MessagePosté le: Dim Avr 21, 2019 14:35    Sujet du message: Répondre en citant

Dronne a écrit:
Hugo Schmeisser n'a aucun lien avec le MP40. C'est une appellation... Littéraire on va dire.


Appellation "générique" dirons-nous, car Hugo Schmeisser est l'inventeur du MP 18, le premier "vrai" PM de l'histoire, donc PM allemand=Schmeisser, un peu comme Frigidaire=réfrigérateur...
Les MP 38/40 ont de fait été développés par Heinrich Vollmer à qui ont doit également d'autres armes (EMP, MG 34...).
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MessagePosté le: Dim Avr 21, 2019 15:18    Sujet du message: Répondre en citant

On va en parler Loic 8) . Et évidemment je pensais à une Sten - une Vickers ne se démonte pas trop !
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Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Lun Avr 22, 2019 09:30    Sujet du message: Répondre en citant

14 janvier
La campagne des Balkans
Migrations contraintes
Podgorica (Monténégro)
– Sous d’abondantes chutes de neige, comme c’est le cas partout dans les Balkans, le 369e Régiment d’Infanterie renforcé (dit “Légion Croate”), du Lt-colonel Viktor Pavičić, redevient le plus modeste 1er Régiment de la “Division du Diable”. Face à eux, les chasseurs de la 100. Jäger, anciennement déployés au sein du KG Lungerhausen, saluent leurs camarades de lutte le bras levé au son du Horst Wessel Lied puis d’un Lijepa naša domovino toujours théâtral, avant s’intercaler dans les rangs. Les officiers se font face, se saluent puis font de même, avant que les deux troupes ne se séparent finalement comme lors d’un défilé.
Les soldats croates quittent leurs camarades allemands pour rejoindre dans l’isthme de Podhum leurs compatriotes de la 369. ID, qui revient à pleins effectifs. La 100. Jäger sera elle aussi bientôt au complet – il est prévu que le régiment récupéré la rejoigne à la faveur du redéploiement imminent du LXVIII. Armee-Korps vers le Nord. Les Oustachis seront regrettés – pas par la population civile évidemment, pas forcément non plus par Willibald Utz (même si ce dernier leur reconnait une compétence certaine). Non, ils seront regrettés par le général Lungerhausen, dont le Kamftgruppe ne comprend plus que les restes de la 164. ID. Sa position à Bijelo Polje ne tient guère qu’à un fil… C’est pourquoi, sans attendre la fin des transferts, Hellmuth Felmy lui a envoyé le 907. StuG Abt à l’emblème de la chouette pour lui permettre de tenir son front.
Par ailleurs, toujours pour préparer le regroupement des Croates le long de la côte adriatique, la 162. ID quitte Podgorica pour prendre la place de la 373. ID Tigar Divizija, également à Bijelo Polje. Il y en a pour cinq jours – le temps pour la 392. ID Plava Divizija de Johann Mickl de rejoindre elle aussi le Monténégro. La troisième division croate intégrée à la Wehrmacht a quitté Dakovo au début de l’année, pour atteindre la région de Sarajevo et potentiellement renforcer le XV. GAK. Elle vient d’y arriver – elle n’aura qu’à poursuivre son chemin vers le sud.

Noirs soldats, noirs projets
Dakovo (Croatie)
– Après presqu’un mois de repos et de reformation, la redoutée Légion Noire du général Rafael Boban est enfin de nouveau opérationnelle. Cette unité a perdu beaucoup de son crédit auprès du Poglavnik depuis les événements de Belgrade… sans parler du fait que la tête de son chef a été mise à pris par le gouvernement royal depuis le massacre de Bubanj. La Légion Noire reste donc temporairement en réserve sur le territoire du NDH, jusqu’à ce qu’on décide de la suite des opérations pour ce qui la concerne.
Cette décision arrange beaucoup de monde – à commencer par le vice-ministre de la Guerre Vilko Begić et le commandant des forces armées Slavko Štancer, qui n’avaient pour ainsi dire plus aucune réserve vraiment disponible, hormis la garde de Pavelic ! Toutes les forces armées oustachies dites régulières sont accaparées par Brzo ou mise à la disposition des Allemands. Cet état de fait entraîne d’ailleurs une hausse de la consommation des munitions et du ravitaillement – hausse notable et même inquiétante. Les deux hommes s’en sont évidemment ouverts au Poglavnik… mais ce dernier a balayé leurs craintes d’un revers de la main : « Attendez ma visite à Berlin à la fin du mois et vous n’aurez plus aucune raison de vous plaindre, Messieurs. »
Et de fait, désormais tout le monde en Croatie attend la suite. Désireux de se faire bien voir de ses chefs, le général Boban décide de sa propre initiative d’envoyer de forts détachements dans le nord de la Croatie et jusqu’aux lignes allemandes, afin de sécuriser les voies d’approvisionnement de l’Axe. C’est une tâche fort nécessaire – car ces dernières ne sont plus si loin du camp de Jasenovac, dont il serait vraiment préférable que Belgrade n’apprenne jamais l’existence. Jusqu’ici, le secret semble bien gardé et tout va encore bien pour les Croates…

A l’est, rien de nouveau ?
Environs de Mihajlovac (frontière roumano-yougoslave)
– Sur les rives du beau Danube bleu, les équipes des Royal Engineers continuent de prospecter pour définir d’éventuels points de passages entre les territoires roumain et yougoslave, si d’aventure les Soviets décidaient de coopérer avec les armées de Sa Majesté. Frustrés mais professionnels malgré tout, les savants soldats s’avancent chaque jour un peu plus près de la frontière, marquée par le milieu du fleuve.
C’est aux environs d’Ostrovu Mare – la grande île roumaine – que les choses se gâtent, quand une embarcation britannique un peu trop curieuse s’approche du rivage opposé, peut-être sous l’effet du courant. Sans attendre, une section de garde-frontières du NKVD jaillit de son poste d’observation, procède à des sommations (en russe, mais fort compréhensibles…) puis à des tirs de sommations dans l’intention d’arraisonner le navire. Les Britanniques parviennent de justesse à regagner la rive “amie” sans avoir été arrêtés.
Le colonel Canterbry, furieux, envoie un rapport incendiaire à sa hiérarchie : « Si les Rouges ne veulent pas de nous ici, qu’ils le disent. Mais je suis au regret de signifier au commandement que s’ils s’avisent de nouveau de tirer sur mes gars, je me verrai contraints d’adapter – avec votre permission – les procédures en vigueur dans mon service. »
Audet téléphonera personnellement au plus si flegmatique colonel pour calmer la situation, tout en faisant suivre le rapport à Londres en extrême urgence.

De Sparte à Teutoburg (capitaine Pierre Percay)
Vaste programme
Belgrade
« Inutile de dire que je n’avais pas été vraiment invité aux célébrations du Nouvel an orthodoxe… Oh, bien sûr, ma présence n’était nullement indésirable. Mais la liturgie ne me concernait pas, les Yougoslaves souhaitaient se retrouver entre frères, j’avais à l’évidence d’autres choses d’importance à traiter – autant de mauvais prétextes servis par Vranješević pour me prier courtoisement d’aller me faire pendre ailleurs.
Qui veut tuer son chien dit qu’il a la rage. Et il suffisait de me signifier que l’affaire n’était pas intéressante pour que j’en juge autrement. Furetant d’une tente à l’autre sans me cacher, mais sans non plus me faire précéder de sonneries de trompette, j’assistais à des libations viriles entre soldats royaux. Sous la conduite de leurs officiers, ils portaient toast sur toast aux morts de la campagne précédente.
« En ce jour, n’oublions pas ceux qui ont donné leur sang pour défendre la Yougoslavie. Gloire ! » – « Gloire ! » répondait la troupe, avant de vider son verre de Rakija d’une traite.
Jusqu’ici, je ne voyais rien de véritablement anormal, ni d’inquiétant, comme le commandant Dumaire le redoutait. Toutefois, au détour d’un mess, je surpris un conciliabule entre officiers réguliers et chefs de guerre tchetniks. Les propos des premiers avaient une tout autre tournure :
« Le Roi et nos alliés se préparent à s’élancer au-delà des terres de Serbie. Le général Brasic pense qu’il est temps d’infliger à ces chiens de Croates une leçon dont ils se souviendront – avec ou sans l’aide des Occidentaux. Quiconque tentera de s’opposer à nos forces devra être sévèrement châtié. Pas de quartier, pas de survivants, est-ce clair Messieurs ? »
C’était limpide. Pur comme le sang jaillissant d’une blessure mortelle… »


Le discours d’un presque roi
Athènes
– Loin des conspirations et autres manœuvres obscures menées en terres païennes ou catholiques, les pays orthodoxes de la région fêtent (à leur tour) la Nouvelle Année. A la radio nationale grecque, les auditeurs ont la surprise d’entendre le régent Paul – pour beaucoup, c’est la première fois qu’ils ont l’occasion de l’écouter s’exprimer en public.
Paul connait très bien l’état de sa Nation. Et il a également compris que le geste – inattendu et spectaculaire – de son frère, le 28 octobre dernier, ne suffira évidemment pas à rassembler son pays si divisé. Encore aujourd’hui, la Grèce ne semble rester unie que par les exigences de la guerre et dans la perspective de la victoire prochaine. Aussi, choisissant avec soin ses mots, le souverain (car c’est bien son rôle) se garde bien de toute envolée lyrique ou de triomphalisme. Au contraire, il prononce un discours bien davantage centré sur le Royaume, insistant sur les sacrifices consentis, rendant hommage aux combattants, sans oublier de remercier « nos valeureux alliés pour leur soutien constant, par le sang comme par l’acier. Grâce à leur générosité, les militaires grecs des trois armes découvrent en ce moment même les nouveaux moyens qui leur sont offerts pour vaincre l’ennemi ! » Puis il conclut : « la fin du conflit permettra, dans la paix, la régénération de notre système politique et le retour de notre Royaume dans le concert des plus grandes Nations – en somme : le renouveau de la Grèce éternelle. »
Continuité mais renouveau – ne dit-on pas que le Christ lui-même descendit au Sheol pour briser les liens de la Mort et libérer ses prisonniers, dont les rois David et Salomon ? Sur ces saintes pensées, le régent se prépare pour aller à la messe – en compagnie de ses enfants mais toujours sans sa femme, Frederika de Hanovre, qui restera cachée dans une loge.

Le discours d’un roi débutant
Belgrade
– Pierre II Karađorđević prend lui aussi la parole sur Radio Belgrade pour célébrer le Nouvel An orthodoxe, mais dans un esprit bien différent de celui du régent grec. En effet, bien moins soucieux de soigner les plaies purulentes de son pays que de venger les morts (et de consolider son pouvoir personnel), le roi de Yougoslavie se livre à un vibrant appel « au patriotisme de tous les Yougoslaves et à leur mobilisation totale, jusqu’à ce que la Bête soit débusquée de sa tanière, saignée et achevée ! »
Jusqu’ici, rien qui surprenne vraiment les Occidentaux – dans la culture pour le moins martiale du pays, c’est, disons, de bonne guerre. Toutefois, la suite paraît plus aventurée : « Les martyrs de Belgrade ne seront pas oubliés. Ainsi, la Pozorišni Trg [la place du Théâtre], où se trouvait la statue du roi Michel, détruite par les mains impies des envahisseurs, deviendra un lieu de recueillement et de dévotion. Car j’ordonne que les dépouilles de nos immortels héros soient enterrées en ce lieu, pour qu’il devienne le cœur sacré de la Nation. »
Voilà qui n’est pas vraiment raisonnable. Canoniser ainsi d’authentiques bandits de grand chemin, Résistants de la onzième heure, sinon de la vingt-cinquième, et dont les mains étaient couvertes de sang non-serbe (et parfois serbe, d’ailleurs…), enverra à coup sûr un très mauvais signal aux autres ethnies du pays [La place du Théâtre deviendra en effet brièvement le “Cimetière des Défenseurs de Belgrade”, avant que l’intégralité des restes humains soient transférés en 1954 au Nouveau cimetière de Belgrade, à l’est de la ville, non loin du Jardin botanique. Ils y ont retrouvé des mânes bien moins polémiques, dont celles des victimes des bombardements de 1941 et 1943, des vétérans des guerres balkaniques et de la Première Guerre et même de certains soldats des conflits contre les Ottomans et les Bulgares ! Il convient par ailleurs de noter que les soldats alliés sont bien représentés. Un mémorial conçu par Branko Bon couronne l’ensemble, dénommé “Mémorial des Défenseurs de la Yougoslavie”. On peut s’étonner que de si importants travaux aient été mené en période de reconstruction, où l’argent manquait tant – mais le symbole était d’importance et la situation politique avait bien changé depuis…].
Le roi conclut : « Je l’ai déjà dit l’année passée – et je le redis, car ma détermination n’a pas davantage faibli que la vôtre. Nous reprendrons chaque arpent de terre yougoslave, de Trieste jusqu’à Maribor en passant évidemment par Zagreb. Les traîtres à la Nation et les assassins de notre Peuple n’auront nulle part où se cacher. Qu’ils craignent le glaive de la Justice ! »
Tout le monde se hâtera d’oublier pour l’instant la revendication portant sur une ville italienne, c’est-à-dire cobelligérante… En revanche, les Croates sont une fois de plus prévenus. Pierre ne leur fera aucun cadeau.

Tentative de conciliation
Alger
– Mais il n’est pas encore temps de contrarier le jeune roi… pas encore du moins. De son bureau de la Rue Michelet (où il passe encore une grande partie de son temps pour des raisons pratiques), le ministre des Affaires étrangères Léon Blum prend contact avec son homologue yougoslave, Momčilo Ninčić, afin de tenter de rapprocher l’AVNOJ du gouvernement royal. L’amorce paraît modeste – Blum propose simplement de servir de médiateur pour concilier les points de vue de chacun et former un gouvernement « représentatif des opinions de la totalité des citoyens de Yougoslavie, toujours, cela va sans dire, sous l’autorité de Sa Majesté Pierre II. »
Hélas, le Yougoslave peine à dissimuler son manque d’intérêt pour la suggestion : « Pourquoi devrions-nous, Monsieur le ministre, négocier avec des bandits de montagne qui rejettent notre autorité et ne sont même pas soutenus officiellement par Moscou ? Nous sommes l’autorité légale en Yougoslavie, ces gens-là sont dirigés par un repris de justice qui a fait cinq ans de détention dans nos geôles. Il n’y aucune raison que nous nous abaissions à négocier avec lui, alors que notre pays fait partie des Nations-Unies… et que notre gouvernement a les meilleures relations avec les Alliés et en particulier avec la République Française, n’est-ce-pas ? »
Léon Blum ne peut que battre en retraite, du moins pour l’instant. A l’évidence, l’approche directe ne fonctionnera pas – mais si l’AVNOJ venait à la rencontre de Pierre II, que se passerait-il ? Le ministre français décide de consulter qui de droit à ce sujet dans les prochains jours. Qui de droit, c’est-à-dire Moscou, bien sûr…

Et pendant ce temps-là, sur les ondes
Balkans
– La station Neue Europa a fermé ses portes en décembre dernier, la Bulgarie n’étant plus un adversaire. Mais il serait dommage pour la propagande alliée de se priver des services de Der Chef – ou plutôt, à présent, de son homologue “Az Igazi Magyar” : Le Vrai Hongrois ! Ce dernier anime désormais une nouvelle radio pirate, “A Duna Hullám” (L’Onde du Danube), destinée à informer en détails les soldats hongrois de l’état de délabrement de l’Armée rouge, de la médiocrité des armées alliées… et de toute l’estime que le chancelier Hitler voue à Budapest.
A l’évidence, le Vrai Magyar est bien informé. Ce soir, il explique longuement et avec force détails à quel point la Heer apprécie la Honvéd et comment elle lui a apporté « un soutien fraternel lors de la dernière campagne défensive victorieusement menée en Ukraine ». Sur ce sujet, il y a beaucoup à dire !


15 janvier
La campagne des Balkans
Improvisations et conséquences
Kaposvár (Hongrie)
– Il neige à nouveau sur les Balkans, alors que le général von Weichs continue de préparer le “glissement” vers le nord et le regroupement de ses deux armées, en compagnie de ses subordonnés Löhr et Rendulic. Weichs est frustré : préparatifs et mouvements sont très ralentis par le climat. Et d’ailleurs, l’homme n’est toujours pas complétement satisfait de son redéploiement, car il doit maintenir des forces substantielles en Bosnie et au Monténégro sans pouvoir renforcer la plaine danubienne ou la vallée de la Save autant qu’il conviendrait.
Aussi, de son QG hongrois, von Weichs continue de solliciter l’OKW pour obtenir des renforts supplémentaires, tout en respectant la voie hiérarchique. Cette démarche formelle et de posture (voire de couverture…) n’a toutefois pas donné le moindre résultat – du moins, jusqu’à aujourd’hui. En effet, on lui annonce (encore) l’Oberst von Freyend au téléphone. Une fois encore, un simple commissionnaire ! Sans doute pour lui signifier qu’à la Tanière du Loup, on en a assez de ses jérémiades, ou quelque chose de ce genre. Mais cette fois, apparemment, von Freyend a de bonnes nouvelles – son ton paraît énergique, voire joyeux.
– Herr General ! Nous avons abordé le cas de vos demandes de renforts lors de la réunion du jour. Sur l’ordre du Generalfeldmarschall Keitel, j’ai procédé à un examen minutieux de l’ordre de bataille de la 12. Armee – il est possible d’améliorer significativement ce dernier.
Le combiné collé à son oreille, le chef du HG E hésite à croire à sa bonne fortune : « Je suis heureux de constater que nous sommes enfin d’accord. En effet, cette armée n’a plus que six divisions presque toute affaiblies, ainsi que des restes d’unités regroupés en Kampfgruppe. La 7. Gebirgs n’est pas encore arrivée… Et même ensuite, la 12. Armee aura encore grand besoin de quelques unités fraîches pour retrouver une efficacité opérationnelle satisfaisante.
– Certes, certes… Mais voyons le cas de la 4. Gebirgsdivision de Julius Braun. Cette unité est d’une très grande qualité, n’est-ce-pas ?

A ces mots, von Weichs se sent quelque peu déçu… Un instant, il a cru – mais c’était trop beau. Il répond avec diplomatie : « Oui… Mais il n’en reste plus grand-chose depuis la Grèce et la Macédoine. C’est d’ailleurs pourquoi les survivants ont été regroupés avec ceux du 92. Grenadier Rgt au sein d’un Kampfgruppe. »
– Justement, sachez que le colonel von Hillebrandt et son état-major vont bientôt être rappelés en Allemagne pour former une nouvelle unité. Nous allons donc vous envoyer un complément de personnel, les grenadiers seront intégrés à la division et en mutualisant les formations de soutien, nous aurons constitué une nouvelle 4. Gebirgsjäger Division !

A Kaposvár, le combiné tremble dans la main de von Weichs – s’il avait von Freyend sous la main, il lui briserait volontiers l’appareil sur le crâne : « Et en fait de “complément de personnel”, je peux m’attendre à recevoir… ? »
– Tout un bataillon, frais émoulu de sa formation en Bavière. Plus qu’il n’en faut, non ? Nous pourrons donc remplacer un Kampfgruppe disparate par une division complète.

A ces mots, le chef du GA E passe par toute une suite de réactions allant du rire nerveux à une profonde tristesse – mais dans laquelle la colère domine. Toutefois, insulter cet imbécile présomptueux – qui le mériterait pourtant largement – n’arrangerait rien à la situation sur le front. Sans parler évidemment de la situation personnelle de von Weichs, qui est tout sauf un détail. L’Ostfront semble bien loin… et même si les Balkans sont un purgatoire, il pourrait y avoir pire. Il se contente donc de répondre avec une feinte courtoisie : « Je prends note de ces informations, et je vous remercie évidemment de l’envoi de ces renforts. Nous allons bien sûr immédiatement les intégrer à une 4. GD rénovée. N’hésitez pas à m’alerter s’il vous aviez d’autres possibilités de renforcer le Heeresgruppe E."
En raccrochant, Maximilian von Weichs songe que, décidément, la magie qu’on pratique à l’OKW est bien supérieure aux modestes tours de passe-passe qu’il compte réaliser entre ses unités et les forces croates !

A l’est, rien de nouveau ?
Kremlin (Moscou)
– Le bureau du maréchal Staline reçoit une nouvelle dépêche en provenance de Londres – sensiblement moins aimable que la précédente. En effet, Sir Anthony y exprime « au nom du gouvernement de Sa Majesté, sa plus vive préoccupation quant aux événements survenus hier samedi 15 janvier 1944 aux environs de Mihajlovac (Yougoslavie). Ces agissements, qui constituent une douloureux faux-pas dans les relations que nos deux Nations entretiennent et dans la lutte qu’elles mènent conjointement contre le Reich, réclament de votre part une réaction rapide et salutaire. Nous restons bien sûr pleinement convaincus du caractère purement accidentel de ce désagréable incident, qui ne saurait nullement à lui seul entacher la chaleur de nos relations. Toutefois, nous estimons que cet épisode rend d’autant plus nécessaire la rencontre bilatérale que nous vous proposons d’organiser sous peu. Dans cette attente, nous ne doutons pas que vos services sauront faire vis-à-vis des nôtres les gestes appropriés pour rapprocher le jour de notre Victoire commune. »
Face au Premier Secrétaire siègent Molotov bien sûr, mais aussi Béria. Le NKVD relève de sa responsabilité – et même s’il ne sent pas vraiment en danger, « l’incident regrettable » évoqué par les Britanniques appelle une réponse de la part de ses services. Staline ne se prive d’ailleurs pas de le lui rappeler avec une feinte douceur : « Enfin, Camarade chef du NKVD, que s’est-il passé ? Nos vaillants soldats se sont-ils sentis menacés par quelques sapeurs de l’Angleterre capitaliste ? »
Béria n’oublie pas le sort qu’il a lui-même infligé à son prédécesseur Nikolai Iejov. Il sait que son pouvoir est de plus en plus encombrant pour le Petit Père des Peuples, qu’il gêne autant qu’il le sert. S’il lui reste utile pour tenir le pays en temps de guerre, qui sait ce qui pourrait arriver une fois les fascistes vaincus. La bêtise de ses subordonnés en Bulgarie fragilise donc son assise et donne à son patron une accusation qu’il n’a même pas à inventer ! C’est pourquoi, en bon communiste, il doit faire son auto-critique et proclamer sa culpabilité dans l’exécution des ordres donnés par l’infaillible Staline… Quitte, évidemment, à rejeter immédiatement la faute sur plus petit que lui.
– Un détachement de garde-frontières de la 140e Division d’Infanterie [Dite Division de Sibérie, formée à Novossibirsk à l’été 1942 à partir de sections du NKVD.] commandé par le lieutenant Iolkov était effectivement déployé sur la frontière ouest de la Roumanie pour interdire toute intrusion de saboteurs ou d’espions fascistes – après plus de deux ans d’occupation allemande, ils pullulent en Yougoslavie. Les directives données ne visaient nullement nos partenaires britanniques – j’ai bien entendu lancé une enquête interne pour identifier d’où vient la défaillance. L’unité des garde-frontières n’est pas en cause dans son ensemble – elle était là pour empêcher l’infiltration des réactionnaires, elle a fait du zèle de façon sans doute bien intentionnée, mais inopportune.
On notera le subtil glissement du discours qui passe des fascistes aux réactionnaires, terme dont la définition est bien plus large.
– Allons, Lavrenti Pavlovitch ! Les soldats du NKVD ne sont pas mis en accusation ! Pas plus que vous, en vérité : vous ne pouvez tout de même pas surveiller tout le monde et être en personne derrière chaque citoyen soviétique !
Une boutade à laquelle chacun rit de bon cœur… comme il se doit. Puis Staline se tourne vers Molotov : « Camarade ministre, nous pouvons bien sûr réparer cette bêtise ? »
– Certainement, Camarade Premier Secrétaire ! J’ai déjà pris la liberté de faire rédiger une lettre de réponse que voici.
(A ces mots, il présente à Staline un parapheur contenant un unique document, que le Premier Secrétaire entreprend de consulter avec une bonhomie de propagande.) Nous expliquons aux Britanniques que nous regrettons évidemment toute cette affaire, qu’il s’agit d’une initiative isolée d’un responsable local déjà sanctionné, et que nous tenons au moins autant qu’eux à l’union de nos Nations jusqu’à la chute du Reich. Nous leur précisons aussi que les responsables de leur logistique sont les bienvenus, et que nous allions justement leur signifier notre accord pour les petits travaux et les transports ferroviaires dont ils ont besoin. Toutes les facilités raisonnables seront à notre charge évidemment.
Attentif à ce discours, Staline hoche la tête pour approuver, mais paraît aussi se renfrogner – il manque quelque chose. Mais Molotov sait bien de quoi il s’agit…
– Toutefois, Camarade Maréchal, je précise aussi à nos alliés que leurs hommes ont fait preuve d’une imprudence certaine en traversant le Danube comme cela – nos soldats n’étaient pas informés, ils auraient pu les prendre pour des fascistes en fuite et les abattre. Toutes les prochaines… excursions des capitalistes devront être déclarées à mes services, pour le bien de tous.
– Parfait, Viatcheslav Mikhaïlovitch ! C’est ce qu’il faut.

Staline se saisit d’un stylo délicatement doré et signe le document d’un rapide trait bleu.
– Vous voudrez bien envoyer quelqu’un porter ceci à l’ambassadeur britannique dans les meilleurs délais. Et relancez chaleureusement ce dernier pour qu’il nous indique à quelle date ce cher Winston désire nous rendre visite. De notre côté, nous allons faire comprendre à ce cher Pierre Karađorđević, deuxième du nom, qu’il doit se soucier de l’avis de l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques, qui a les meilleures relations avec ses protecteurs occidentaux.
– Oui, Camarade Maréchal.

Les deux hommes sourient – à l’instant où ils se parlent, leur ambassadeur à Alger prépare une déclaration qui devrait changer deux ou trois choses dans les Balkans.
– Bien. Alors c’est réglé. Ou presque… Lavrenti Pavlovich, que fait-on de votre lieutenant… Iolkov, c’est ça ?
– Il est déjà en route vers Vorkouta, Camarade Maréchal.


Nobles ambitions et basses cuisines
Belgrade
– De son côté, le roi de Yougoslavie Pierre II n’a pas de temps pour les manigances diplomatiques : il prépare son pays à la guerre. Enfin, il essaie – et cela n’a rien d’évident au vu de l’état de son industrie, déjà loin d’être l’une des plus développées d’Europe avant l’Occupation (laquelle n’a bien sûr rien arrangé, au contraire).
Pourtant, il faut offrir au plus vite aux valeureux soldats du Roi, anciens exilés ou tchetniks, les moyens de se battre – et pas uniquement par la fourniture d’armes étrangères. Les finances du Royaume ne sont guère extensibles, et même si la loi Prêt-Bail semble lever cet obstacle, les fournisseurs (en général, les Américains, directement ou par l’intermédiaire des Français) en profitent bien trop pour mettre le nez dans les affaires internes du Royaume. Par ailleurs, il ne faut pas négliger, non plus, les considérations liées à la pauvreté qui ravage le pays et favorise le collectivisme. Bref, Pierre II souhaite que tout le monde soit au plus tôt à son poste – au front ou à l’usine.
Mais par où commencer ? La tâche est immense et les moyens dérisoires ! Sans trop prendre la peine de consulter son ministre de l’économie Juraj Šutej (un Croate…), le roi rend ses premiers arbitrages. La réouverture des manufactures Krušik à Valjevo et des fonderies Zastava à Kragujevac sont des priorités, celle des mines du Kosovo devra suivre immédiatement après – la reprise en main rapide et vigoureuse de cette province n’en est que plus nécessaire. C’est pourquoi, en complément des forces alliées, Pierre II prévoit de solliciter les milices loyalistes locales, qui devraient certainement être plus… énergiques que les Occidentaux pour pacifier le pays. Si elles se montrent efficaces, on pourra ensuite les redéployer ailleurs…
L’usine de munitions FOMU d’Užice est encore sous le joug de l’ennemi – il faudra faire sans elle. Pour les camions et autres engins motorisés… rien à faire, la Yougoslavie n’en produisait pour ainsi dire pas avant 1939, cela n’a pas changé depuis ! Pourtant, il est nécessaire, voire vital pour l’unité du Royaume, que la Victoire vienne – au moins en partie – de mains yougoslaves équipés de matériels locaux, et ce même à dose homéopathique. Il faudrait donc quelque chose de visible, identifiable par tous… Pourquoi pas des avions ? « Et si nous rouvrions l’usine Rogozarski de Palilula, au nord de Belgrade ? Elle a produit des appareils tout à fait convenables [Dont le Rogozarski IK.3, curieux chasseur monoplan à l’allure d’un croisement de Hawker Hurricane et de Morane Saulnier 406 (deux firmes au sein desquelles les ingénieurs responsables avaient travaillé !), équipé d’un moteur de Dewoitine 520 et aux performances effectivement plus qu’admissibles pour un appareil “local”. La vingtaine d’exemplaires construits ne put toutefois rien face à la masse de la Luftwaffe, et ce malgré le courage indéniable de ses pilotes.] – et elle a même servi de couverture à un trafic de moteurs très utiles aux Français en 40 ! » Le roi note de demander le soutien de Léon Blum à ce sujet. Qu’il oublie sa futile suggestion sur le devenir de l’AVNOJ et qu’il se préoccupe plutôt de soutenir un vrai projet utile !
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Hendryk



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MessagePosté le: Lun Avr 22, 2019 10:24    Sujet du message: Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:
– Bien. Alors c’est réglé. Ou presque… Lavrenti Pavlovich, que fait-on de votre lieutenant… Iolkov, c’est ça ?
– Il est déjà en route vers Vorkouta, Camarade Maréchal.

Vorkouta, ville de villégiature. Si agréable que, quand on y est arrivé, on n'en repart plus.



Casus Frankie a écrit:
« Et si nous rouvrions l’usine Rogozarski de Palilula, au nord de Belgrade ? Elle a produit des appareils tout à fait convenables [Dont le Rogozarski IK.3, curieux chasseur monoplan à l’allure d’un croisement de Hawker Hurricane et de Morane Saulnier 406 (deux firmes au sein desquelles les ingénieurs responsables avaient travaillé !), équipé d’un moteur de Dewoitine 520 et aux performances effectivement plus qu’admissibles pour un appareil “local”. La vingtaine d’exemplaires construits ne put toutefois rien face à la masse de la Luftwaffe, et ce malgré le courage indéniable de ses pilotes.] – et elle a même servi de couverture à un trafic de moteurs très utiles aux Français en 40 ! »

C'est vrai que le IK.3 ressemble beaucoup à un MS.406 auquel on aurait collé la partie arrière d'un Hurricane. Question aux spécialistes, aurait-il été possible de le moderniser sans complètement le redessiner?
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Etienne



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MessagePosté le: Lun Avr 22, 2019 10:29    Sujet du message: Répondre en citant

ça dépend plus de sa structure que de sa forme.

Mais ça m'étonnerait.
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Etienne



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MessagePosté le: Lun Avr 22, 2019 10:33    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Lijepa naša domovino toujours théâtral, avant de s’intercaler dans les rangs.


Citation:
Mais il serait dommage pour la propagande alliée de se priver des services de Der


Alliée? Think
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