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Les Balkans (et la Hongrie), Janvier 1944
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Sam Avr 13, 2019 09:59    Sujet du message: Les Balkans (et la Hongrie), Janvier 1944 Répondre en citant

Quittons l'Espagne, ou plutôt les Espagnols, pour retrouver les Balkans - je suis sûr qu'ils vous ont manqué. Démolition Dan ajoute la Hongrie à cette région.

En guise d'introduction, ce texte (purement OTL bien sûr) résume les mésaventures de la Hongrie de 1918 à 1939, sous l'égide de l'amiral Horthy…


Le “règne” de l’amiral Horthy
De la prise du pouvoir à la guerre mondiale


Durant ses années au pouvoir, le régent Horthy se heurta à de nombreux obstacles qu’il parvint parfois à surmonter par des manœuvres complexes et méconnues, qui méritent qu’on leur rende justice. Il convient toutefois au préalable de rappeler le contexte catastrophique de sa prise de pouvoir. Celui-ci permettra tout à la fois de comprendre les conditions de son action – qui guidèrent évidemment ses choix – mais aussi le fait qu’il s’efforça constamment de bâtir sa légende.
En effet, tout au long de son “règne”, Miklós Horthy s’attacha à construire une image très étudiée de simple homme du peuple, véritable Magyar pur et intègre ayant servi de recours au pays et agissant en bon père de famille pour sauver celui-ci du chaos communiste comme des injustes traités d’après-guerre. La traditionnelle dichotomie entre Saint-Etienne (l’homme d’état, venu de l’Occident et bâtisseur de nation “országépítő”) et le roi Arpád (le sauveur de la Nation, venu en armes de l’Orient) est ici éclatante. Horthy construisait le nouveau royaume de Hongrie en se présentant à la fois comme un rempart contre l’URSS et contre l’Allemagne … à défaut de la Turquie. Il s’appuiera d’ailleurs beaucoup sur cette imagerie, en apparaissant régulièrement à cheval au côté de son épouse en habit traditionnel, et en multipliant les références historiques lors de ses discours. Citons l’allocution du 29 août 1926, prononcée pour les 400 ans de la bataille de Mohács et dans laquelle Horthy insistera lourdement sur la traditionnelle amitié hongro-serbo-croate – une relation à ce moment bien distendue et que le régent souhaitait ranimer pour des raisons très contemporaines.
Pourquoi une telle symbolique et une telle popularité ? En effet, il serait pour le moins inexact de dire que la Hongrie avait particulièrement souffert du Premier conflit mondial ! Nonobstant ses pertes humaines, significatives mais pas supérieures à celles des autres belligérants, le système politique et l’économie (essentiellement agraire) du pays restaient globalement fonctionnels. Hélas, la première République hongroise, proclamée le 16 novembre 1918, montra très vite de forts signes de dysfonctionnement – le Premier ministre et comte Mihály Károlyi ne parvenait pas à stabiliser un pays en proie à une violente agitation communiste. Cette dernière était alors ouvertement pilotée par le nouveau, redoutable et très inamical voisin qu’était l’URSS. Celle-ci agissait évidemment selon la plus pure doctrine trotskiste, en tentant par tous les moyens d’étendre son régime à l’Europe centrale. Grèves générales et manifestations étaient déjà monnaie courante sous le défunt empire (notamment le 18 janvier et le 18 juin 1918) – le retour de la paix ne fit qu’aggraver les choses.
En effet, si l’Union soviétique relâcha effectivement et assez rapidement un grand nombre d’anciens prisonniers de guerre hongrois, ce fut en échange de leur adhésion en bonne et due forme au Parti des Communiste de Hongrie ! Cet engagement, vraisemblablement de façade pour la plupart des Magyars, devint assez rapidement de conviction sous le poids de la misère et de la méfiance des nouvelles autorités, qui traitaient avec dédain ces soldats revenus des camps. C’est ainsi que, dans un geste pour le moins maladroit, le ministre Béla Linder n’autorisa le rapatriement de ses concitoyens que du bout des lèvres, et ne leur permit de défiler à travers Budapest qu’une fois assuré qu’ils étaient « sans armes ». Nul doute que ces hommes, qui retournaient parfois au pays après quatre ans d’emprisonnement, durent apprécier l’accueil qui leur était fait.
Toutefois, ces troubles n’auraient pas suffi à eux seuls pour faire basculer le pays dans le chaos – mais les puissances alliées contribuèrent avec entrain à ce que l’URSS ne parvenait pas à obtenir. En effet, et bien que l’armistice ait été signé dès le 13 novembre 1918 avec les troupes françaises du général François d’Esperey, le royaume de Roumanie poursuivait encore les hostilités dans un esprit assumé de revanche : il n’y avait pas lieu de négocier quoi que ce soit avec un pays vaincu. Les premiers contacts diplomatiques, au début de l’année 1919, furent proprement catastrophiques : la perte de la Croatie, celle de la Transylvanie et celle de la Tchécoslovaquie étaient d’ores et déjà actées. Dans un geste de protestation tout à la fois courageux et puéril, le gouvernement Károlyi démissionna le 21 mars 1919, choisissant la politique de la chaise vide et du chaos pour tenter de faire revenir ses adversaires sur leurs décisions – il en résulta certes le chaos, mais aucunement le retour des terres perdues.
En effet, agissant avec célérité et opportunisme dans ce paysage politique de ruines et de malheur, Béla Kun s’empara du pouvoir, pour proclamer un régime d’inspiration communiste : la “République des conseils”. Celle-ci parut au début conciliatrice et rassembleuse – elle évolua toutefois très vite vers le pire, en déclenchant dans le pays une “terreur rouge” conduite par ses gardes “Lenin-fuik” (qui restèrent toutefois presque exclusivement cantonnés à la capitale) tout en reprenant des hostilités perdues d’avance avec la Tchécoslovaquie puis la Roumanie.
On sait que bien des dirigeants politiques s’empressèrent d’organiser des groupes armés pour s’opposer à Béla Kun – lequel paraissait alors en passe de détruire le jeune pays. Parmi eux, deux noms ressortent : la Magyar országos Véderő Egyesület (Association de défense nationale hongroise) du duo Guyla Gömbös/comte Károlyi, et le Bécsi Magyar komité (Comité hongrois) d’István Bethlen. Le premier de ces mouvements était clairement d’inspiration nazie, donc a priori fort éloigné du second – qui relevait d’une plus banale droite conservatrice. Mais ces deux entités se rejoignirent assez rapidement pour proclamer le 11 mai 1919 un nouveau gouvernement dont l’archiduc Joseph était le régent, puis pour confier le commandement de leurs troupes au vice-amiral Horthy, le plus haut gradé magyar à la fois disponible et réputé éloigné de la politique.
Horthy était certes un militaire compétent et capable, quoique marin, de commander des troupes terrestres. Mais il n’était pas aussi neutre que ses soutiens pouvaient le croire. Dans un premier temps, l’homme remplit efficacement sa mission, avec l’aide des forces françaises et anglaises (dont notamment Sir Clerk, de la commission interalliée), et en collaboration avec les troupes roumaines, pour faire s’effondrer le régime communiste. Ce fut chose faite dès le 1er août 1919. Béla Kun s’enfuit vers Moscou, pour y périr en 1938 lors des grandes purges staliniennes – entretemps (en 1934), la Hongrie et l’URSS avaient établi des relations diplomatiques. Cependant, lors de leur marche sur la capitale, les forces “blanches” se compromirent également dans de nombreuses exactions contre les juifs et les supposés communistes, qui firent près de 5 000 morts. En tête de cette “terreur blanche”, on trouvait déjà le MOVE, et notamment les commandants Pál Prónay et Gyula Osztenburg – lesquels n’encoururent aucune sanction.
Le nouveau gouvernement prêta serment le 15 août 1919, avant une entrée triomphale dans Budapest le 16 novembre, sous la conduite de Horthy en personne. La nation était sauvée – et l’amiral était effectivement à la tête de sa renaissance. Suivirent de difficiles négociations territoriales, notamment face à la Yougoslavie, où l’ancien officier impérial eut une fois encore l’occasion de briller – à la fois chef des armées, ministre de la Défense et président d’honneur du MOVE, chacun pensait que sa carrière avait atteint son sommet.
Toutefois, les soubresauts de la politique intérieure magyare lui servirent de tremplin pour poursuivre son ascension. En effet, le choix de l’archiduc-régent Joseph était tout sauf issu de l’adhésion populaire : l’homme avait été désigné par défaut et sur l’insistance des Français, qui semblait déjà se méfier de cet amiral venu de nulle part – ils avaient raison. Dès le 23 août 1918, avant même la fin du conflit, l’archiduc était chassé du gouvernement.
Les élections de janvier 1920 confirmèrent le nouveau régime, via une première assemblée qui dota immédiatement le pays d’un embryon de constitution. La Loi I du 16 février 1920 précisait ainsi que « la Hongrie est un royaume, non uni à l’Autriche » – Horthy en assura naturellement la régence à compter du 1er mars 1920. Mais ce royaume devait toujours préciser ses frontières, alors que de grands pans de son territoire restaient soumis à l’occupation étrangère et qu’aucun traité de paix n’avait encore été signé avec les Alliés ! A ce stade, le nouveau Royaume de Hongrie courait un risque réel de disparition après un dépeçage en règle, et les projets les plus farfelus couraient – dont la création d’une république de Pannonie reliant la Tchécoslovaquie et la Yougoslavie.
Face à cette menace, le nouveau gouvernement réagit avec courage sinon compétence, en misant alternativement sur les Anglo-Saxons, puis sur la France et la Roumanie et enfin sur l’Italie, dont les positions semblaient dépendre du sens du vent.
Toutes ces manœuvres n’empêchèrent évidemment pas la négociation d’un traité de paix défavorable à la Hongrie – du moins son propre gouvernement put-il y participer ! Sur l’entremise du Britannique Sir Clerk, le royaume magyar dépêcha une délégation de trois représentants afin de tenter de peser dans les pourparlers : Albert Apponyi de Nagyappony (le rival malheureux d’Horthy pour la régence), le comte Pál Teleki et le comte István Bethlen. Ces derniers pensaient un peu naïvement pouvoir compter sur l’appui du représentant français Maurice Paléologue – celui-ci laissant alors entendre que la France envisageait de former une “confédération danubienne” où Budapest aurait son rôle à jouer. Evidemment, il n’en fut rien. Les plénipotentiaires magyars durent affronter les conditions les plus dures tandis que la République française se tournait vers son projet de “Petite Entente” avec leurs rivaux Yougoslaves et Roumains.
C’est ainsi que naquit le traité du Trianon, signé « sous la contrainte » le 4 juin 1920 par la délégation hongroise, ratifié sous les protestations du Parlement de Budapest le 13 novembre 1920 et finalement visé dans la douleur par le régent Horthy le 15 novembre 1920. D’un trait de plume, la Hongrie perdait 40 % de son territoire et un tiers de sa population – un désastre qui allait pourtant, paradoxalement, servir la cause de l’amiral, comme on aurait pu le voir en France, si cette dernière avait capitulée en 1940 et si une figure à la fois paternaliste et autoritaire s’était alors manifestée.
En effet, la régence – solution par nature transitoire – trouva par ce biais une raison pas forcément préméditée, mais bien réelle, de prolonger son action. Le révisionnisme [du traité du Trianon], anti-roumain et anti-tchécoslovaque, deviendrait le motif constant de sa politique et la source de sa popularité. Le régime multiplia les initiatives en ce sens : création de l’Országos Propaganda Bizottság (Office national de la Propagande), au slogan évocateur – Nem Nem Soha ! (Non Non jamais !), campagne relationnelle avec le soutien actif de lord Rothermere (qui anima longtemps une campagne mondiale Justice for Hungary), impression de billets dits “révisionnistes” (réviziós Pengő) à l’effigie dudit Lord pour financer les activités de la Magyar revizós Liga (Ligue révisionniste hongroise). L’action de Rothermere fit l’objet d’une lettre ouverte de remerciements signée par plus d’un million deux cent mille personnes ! Cet engagement fut finalement gravé dans la pierre de Budapest, au nord de la place de la Liberté (Szabadág Tér), sous la forme des quatre statues irrédentes (Irredenta szobrok). Œuvres du sculpteur Ferenc Sidló, elles représentaient respectivement l’Ouest (le Burgenland), le Sud (la Bácska), l’Est (la Transylvanie) et le Nord (la Slovaquie). Constituant un rappel douloureux et constant des territoires perdus, que le gouvernement avait fait vœu de récupérer, elles furent détruites en 1944…
On comprend mieux dans ces conditions les raisons de la popularité de Miklós Horthy et l’exceptionnelle durée de son mandat. Toutefois, cet état de chose n’empêcha pas deux tentatives de restauration de la part de l’archiduc Charles de Habsbourg, qu’il nous faut mentionner ici.
La première eut lieu le 25 mars 1921, soit six mois à peine après la signature du traité du Trianon. L’archiduc, alors en exil en Suisse, prit simplement sa voiture pour se rendre au palais Sánder et exiger d’Horthy les clés du pouvoir. Cette manœuvre, d’une simplicité sidérante, ruina le crédit du personnage – lequel prétendit avoir le soutien des Français pour menacer, avant de s’abaisser à tenter de négocier les conditions de son retour. Finalement, sous la pression des nations occidentales – qui ne voulaient à aucun prix du retour des Habsbourg à Budapest et menaçaient le Royaume d’une intervention militaire – le prince repartit comme il était venu, sur l’ordre d’un gouvernement qu’il prétendait contrôler, mais toujours persuadé de sa popularité. Inutile de dire que cette triste pantalonnade fut pour beaucoup dans la rupture du lien entre la Hongrie et les Habsbourg, le comte Károlyi décrivant à raison Charles de Habsbourg comme « un être faible et inconsistant ». L’épisode semble cependant avoir fait forte impression sur l’amiral Horthy, qui avait été contraint de s’opposer au représentant d’une famille à laquelle il avait tout de même juré fidélité. Le comte Károlyi décrira plus tard le régent en larmes dans son bureau, désespéré d’avoir renié son serment.
Suite à cette première tentative, le comte István Bethlen – un homme réputé loyaliste – devint Premier ministre le 19 avril 1921. Un choix politique destiné à complaire à l’opinion, dans un souci de stabilité. Et stabilité il y eut effectivement : durant tout son mandat, Bethlen n’eut de cesse de remettre à plus tard ou à « un moment mieux choisi » l’éventuel et toujours plus hypothétique retour des Habsbourg !
Six mois plus tard à peine, le 20 octobre 1920, l’archiduc, désormais convaincu de la duplicité du gouvernement hongrois, refit une tentative – mais par la force des armes cette fois-ci. Arrivant de l’ouest de la Hongrie avec sa femme enceinte (!) et rassemblant quelques troupes dirigées par les colonels Gyula Osztenburg et Lehár, le prince entreprit de gagner Budapest en voiture puis en train. Face à ce coup de force, Horthy sembla vouloir négocier, et entreprit d’écrire à Charles pour lui proposer une rencontre – hélas, la missive s’égara dans des conditions mystérieuses. Faute de réponse, le régent se prépara donc à l’affrontement, en s’appuyant sur les troupes loyales – et même fanatisées – du MOVE de Guyla Gömbös. La rencontre eu finalement lieu à la gare de Budaőrs et un échange de tirs éclata. Dans la confusion, et démontrant une fois de plus la faiblesse de son caractère, l’archiduc pris une décision fatale : le train fit marche arrière. Ainsi disparurent à jamais les prétentions des Habsbourg sur le trône de Hongrie. Charles s’exila à Madère pour y mourir peu de temps plus tard, le 1er avril 1922. Entretemps, la loi XLVII/21 du 6 novembre 1921 (dite de détrônement) avait déchu à jamais sa famille du trône de Hongrie. Ledit trône était désormais vacant.
Qui mettre à la tête de cette monarchie élective ? Deux camps s’affrontaient – les légitimistes (marginaux et soutien de l’archiduc Joseph) et les partisans d’une élection à plusieurs candidats. Faute de consensus (avec ou sans Joseph ? quels profils ? qui vote ?), la régence se prolongeait… Finalement, en août 1922, le parlement demanda officiellement au Régent de ceindre la couronne de Saint-Etienne. Horthy prit alors une décision inattendue, mais pas surprenante pour qui connaissait sa conception de l’honneur : il refusa de devenir « le comte de Chambord sous Mac Mahon »… mais laissa tout de même la porte ouverte à son fils Miklós, grâce à ce qui deviendrait plus tard le système de la vice-régence.
Le Régent, monarque de fait, s’attacha alors à redresser son pays, dans la perspective d’un retour des terres perdues et peut-être d’un projet dynastique. Sa politique fut évidemment à son image et issue de ses convictions, mais pas exclusivement : on ne peut que constater que l’homme fit preuve d’un grand pragmatisme dans ses choix, et rencontra un certain succès. Ainsi, en dix ans, la Hongrie connut une expansion économique remarquée, grâce à un exode rural accru, en partie dû à l’intégration des réfugiés fuyant les terres annexées. De nation fortement aristocratique et agraire, mais qui venait de perdre une grande partie de son territoire, elle s’orienta vers une économie industrielle et urbaine – un processus encore en cours en 1939. Ce choix, conscient ou non, la rapprocha toutefois dangereusement de l’Allemagne, seul véritable débouché d’importance pour sa production, alors même que celle-ci était financée en grande partie avec des capitaux français ou britanniques ! Ainsi, il est significatif (et déplorable) de constater que les aciéries et usines d’armement Manfréd Weisz fournirent une grande partie de l’équipement utilisé lors de Barbarossa, après s’être développées grâce à des prêts français, jamais remboursés depuis !
Ce développement économique eut évidemment des répercussions sociales, avec des revendications parfois violentes. Face à ces troubles, issus de la crise de 1929 mais atténués il est vrai par la nature encore agraire de la nation, le gouvernement réagit une fois encore avec une surprenante finesse. Il joua ainsi tout à la fois du bâton (interdiction du Parti socialiste ouvrier en 1927, condamnation à mort de deux dirigeants du PC en juillet 1932 suite à un attentat ferroviaire ayant conduit à l’établissement de la loi martiale) et de la carotte (création d’une assurance maladie et d’un minimum vieillesse, augmentation des budgets culturel et d’éducation). Le tout dans une société étroitement cadenassée par le contrôle des médias, avec une chambre haute dominée par l’aristocratie du Keresztény nemzeti gazdasági párt (Parti chrétien national économique et social) et sur fond de révisionnisme toujours plus revendicatif. Ainsi, la prière des petits Magyars à l’école disait : « Je crois en un seul Dieu, je crois en un seul pays, je crois en la vérité éternelle d’un seul Dieu, je crois en la résurrection de la Hongrie – Amen. »
Dans ce paysage mouvant et fragmenté, le régent Horthy tirait son épingle du jeu sur le plan intérieur, balançant doucement entre légitimistes pro-occidentaux et aristocrates royalistes mais anti-Habsbourg. Toutefois, l’équilibre baroque et délicat de ce nouveau roi Etienne ne tenait pas sur le plan international. La Hongrie, vindicative mais isolée et objectivement faible, cherchait des alliés pour appuyer ses prétentions. Faute de résultat en ce domaine, le comte Károlyi dut céder sa place au sulfureux Gyula Gömbös, un fervent admirateur d’Hitler qui s’empressa d’aller faire la cour à Berlin… pour revenir derechef déçu de l’accueil qui lui avait été fait. Gömbös, tout fasciste qu’il fut, était plus prudent que fanatique – il tenta donc une approche souterraine. Ainsi, les terroristes oustachis, qui ravageaient déjà la Yougoslavie avec les Macédoniens de l’ASNOM, reçurent un accueil plus que favorable sur les rives du Danube. Evidemment, l’amiral Horthy n’ignorait rien de ces manigances. Mais il choisit de ne pas les voir : dans son esprit, il ne s’agissait que d’utiliser Gömbös et les Croates pour arriver à ses fins.
La mort de Louis Barthou et d’Alexandre Ier à Marseille marqua la fin de cette politique. Mise en accusation à la Société des Nations par la Yougoslavie, le royaume ne dut son salut qu’à l’intervention appuyée d’Anthony Eden, qui, lors de la 83e séance de la SDN, obtint une forme de non-lieu – entretemps, le camp de Jankapuszta (utilisé par les Croates) avait été démantelé et les terroristes expulsés.
La Hongrie venait donc de tourner le dos à ses opérations clandestines comme à son vague allié français. Vers qui allait-elle donc se porter désormais ? L’Italie, également insatisfaite des arbitrages de 1919 et également adversaire de Belgrade, parut un choix naturel, antérieur même à la rupture avec l’Ouest. Les initiatives se multiplièrent : traité tripartie avec l’Autriche signé le 14 mai 1934, convention culturelle italo-hongroise signée à Rome le 16 février 1935 par Mussolini et Bálint Hóman, échanges culturels intenses par l’intermédiaire du collège hongrois de Rome (le mieux doté d’Europe !), revue de propagande Mattia Corvino… Ces relations se poursuivent jusqu’à la Noël de Sang de 1942. Toutefois, il devint vite évident que Rome seule, même associée à Vienne, ne pouvait satisfaire les ambitions des Hongrois – Budapest signa donc une convention avec la Pologne en avril 1934, puis vint le tour de l’Allemagne en mai 1936.
Enfonçons ici une porte ouverte : le choix du Reich n’a jamais été de cœur pour Horthy. Faute de mieux, il répondait à ses objectifs et à ses craintes face à Moscou et Prague, en cette période de troubles consécutifs à l’annexion de l’Ethiopie (qui mettait le Duce hors-jeu) et à la mort de Gömbös (qui fermait une parenthèse de mise sous tutelle de l’extrême-droite). En effet, il convient de signaler ici que les opérations de répression du régime ne concernaient pas que le communisme – la régence combattit tout à la fois l’athéisme de gauche et le mysticisme fasciste, notamment par le biais du scoutisme et des jeunesses paramilitaires “Levente”, dont la devise était “Patriotisme et foi”. Et jusqu’en 1936, il faut bien avouer que cette politique connut un certain succès.
Historiquement, les principaux mouvements hongrois véritablement fascistes des années 20 étaient le parti MOVE et l’association Eteköz (le Réveil magyar), qui recrutaient de manière équivalente dans les rangs de l’armée pour développer une classique idéologie anticommuniste et antisémite. Ces formations, qui tentèrent bien vite de lier des liens avec le Parti fasciste italien et le gouvernement Ludendorff, furent toutefois rapidement identifiées, circonscrites et finalement neutralisées, notamment par l’action de comte Károlyi. Celui-ci réussit l’exploit de marginaliser le MOVE à la fois dans les urnes et dans les cœurs, en nommant Gömbös (seul député de son parti élu en 1926) ministre de la Défense. Evoluant vers une politique réactionnaire classique, certainement déçu par ses amis allemands, cessant d’être dangereux en vérité, ce dernier mourut en 1936 sans avoir créé d’autres problèmes.
Hélas, il eut vite un remplaçant. En 1935, Ferenc Szálasi, un ancien officier d’état-major, créa le Nemzeti Akarat Pártja (ou Parti de la Volonté Hongroise) qui devint rapidement le Nemzeti szocialista magyar párt – Hungarista mozgalom (Parti National-Socialiste hongrois – Mouvement hungariste), lequel donna naissance aux tristement célèbres Nyilaskeresztes Párt. les Croix Fléchées.
Malgré la politique molle du remplaçant de Gömbös, le Premier ministre Kálmán Darányi – un ancien ministre de l’Agriculture qui se contenta d’une politique attentiste – le mouvement lancé par Szálasi fut très vite combattu par l’amiral Horthy, qui y voyait un grave danger pour l’unité du pays. Pour ce faire, il utilisa les mêmes lois que face aux communistes (dont notamment la III/1921), renforcées autant que nécessaire. Ainsi, Szálasi fut emprisonné dès 1937 et les symboles bruns ou en forme de croix fléchée interdits en 1938. Sans pour autant décourager les membres du mouvement, qui développaient une idéologie profondément mystique, basée sur un partage du monde entre Hongrois, Allemands et Japonais – les premiers faisant la liaison entre Orient et Occident au sein d’une grande patrie carpatho-danubienne dirigée par le roi Miklós Ier ! On comprend que de telles élucubrations n’aient suscité que la méfiance des Allemands… et du Régent, alors que les illuminés en question affirmaient pourtant être ses loyaux sujets.
Le parti de Szálasi ne cessa pas de grossir, ayant réussi le 23 octobre 1937, lors d’une réunion à la redoute de Buda, à fusionner tous les partis fascistes. Il ne fit cependant que 25 % des voix, remportant 49 sièges sur 250 aux élections de 1939… Un score médiocre, conséquence du mode de scrutin, qui conduisit Ferenc Szálasi à proposer à l’amiral Horthy un putsch militaire en sa faveur – le Régent aurait répondu en le giflant !
Hélas, le ver était désormais dans le fruit. En 1938, le ministre des Finances et ancien président de la Banque de Hongrie, Béla Imrédy, révéla son orientation fasciste et pro-allemande en lançant un programme de réarmement d’un milliard de Pengő par an sur 5 ans, entièrement financé par des capitaux allemands ! Le tollé qui suivit l’obligea à démissionner sur ordre le 12 mai 1938.
Mais une fois l’engrenage lancé, la pression ne pouvait qu’augmenter – l’Anschluss ne fit qu’aggraver les choses. Au début de 1939, le général Jenő Ratz, ministre de la Défense, était un membre déclaré des Croix Fléchés. Quant au Premier ministre Imrédy, c’était un catholique fanatique, fondateur du Mouvement de la vie hongroise (Magyar élet Mzgalom) et un ami de feu Gömbös. Dans son journal, Goebbels le décrivait avec emphase comme « enfin quelqu’un d’énergique et de clair ! » C’était vrai : après le premier arbitrage de Vienne, en novembre 1938, Imrédy osa demander les pleins pouvoirs – sans les obtenir. Horthy avait tenté de s’en débarrasser dès octobre 1938. Il y réussit finalement en février 1939 en usant d’un stratagème particulièrement vicieux. Il fit diffuser lors d’une soirée de gala l’arbre généalogique d’Imrédy, révélant que ce personnage, qui avait fait voter la deuxième loi antijuive, avait des ancêtres juifs ! Le ridicule tuait encore (ou presque) et Imrédy démissionna sous les éclats de rire…
Le 16 février 1939, alors que la guerre approchait à grand pas, la Hongrie pouvait donc se croire de nouveau stable : les arbitrages rendus lui étaient favorables sans lui coûter grand-chose et Pál Teleki, un germanophobe notoire, devenait Premier ministre. Hélas, le feu couvait et en 1940, la défaite militaire de la France, puis le second arbitrage de Vienne – obtenu au prix d’un jeu de dupes sans précédent – allaient l’entraîner dans le camp de l’Axe.
Malgré tous les efforts de l’amiral, le navire Hongrie filait à pleine vitesse dans la brume du conflit vers une destination inconnue, mais sur un cap qu’il avait lui-même choisi !
(D'après Clara Borde, Le régent Horthy, Perrin 2004)


Dernière édition par Casus Frankie le Mer Juin 09, 2021 09:20; édité 1 fois
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MessagePosté le: Sam Avr 13, 2019 12:22    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
troupes françaises du général François d’Esperey

Sans doute une faute de frappe pour Louis Franchet d'Espèrey

Après, c'est un peu plus gênant pour un texte censé rédigé d'après une biographie de Horthy écrite par une historienne :
Citation:
Cette dernière était alors ouvertement pilotée par le nouveau, redoutable et très inamical voisin qu’était l’URSS. […] En effet, si l’Union soviétique […] mais les puissances alliées contribuèrent avec entrain à ce que l’URSS ne parvenait pas à obtenir.

L'Union soviétique en 1918 - 1920 ?? La Russie bolchevique, plutôt..

Citation:
Magyar országos Véderő Egyesület (Association de défense nationale hongroise) du duo Guyla Gömbös/comte Károlyi, et le Bécsi Magyar komité (Comité hongrois) d’István Bethlen. Le premier de ces mouvements était clairement d’inspiration nazie, donc a priori fort éloigné du second – qui relevait d’une plus banale droite conservatrice. Mais ces deux entités se rejoignirent assez rapidement pour proclamer le 11 mai 1919 un nouveau gouvernement

Des nazis en 1919 ?? La NSDAP est encore loin d'être fondée…

Citation:
archiduc Charles de Habsbourg

On parle là de Charles de Habsbourg, dernier empereur d'Autriche (Karl I), roi de Hongrie (IV. Károly), roi de Bohème (Karol III), du 22 novembre 1916 au 12 novembre 1918, date de sa "renonciation aux affaires" (il n'a jamais formellement abdiqué aucune de ses 3 couronnes)…

Voici donc mes sujets de perplexité, face à ce texte sur lequel je ne me permets aucune critique de fond, bien trop ignorant du sujet, hors un certain énervement face au révisionnisme hongrois…
En effet, de quel droit le gouvernement de Budapest revendique-t-il, après l'effondrement de la double monarchie, le maintien de sa souveraineté (autant dire la domination)sur les peuples slovaques et croates, si ces derniers revendiquent leur indépendance ?
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MessagePosté le: Sam Avr 13, 2019 12:48    Sujet du message: Répondre en citant

1) et 2) = exact, Franchet d'Espérey et Russie bolchevique.
3) Le NSDAP n'existe pas encore, mais le "fonds" idéologique, oui. Il faudrait alors dire "inspiration proche de celle du futur parti nazi".
4) Avant d'être empereur, il était bien archiduc ? Donc, pour les Hongrois qui le rejettent, il n'est toujours qu'archiduc.

Sinon, évidemment, il y a le problème des nationalités, que nous n'avons pas inventé ! Et qui mériterait toute une bibliothèque…
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MessagePosté le: Sam Avr 13, 2019 13:31    Sujet du message: Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:

4) Avant d'être empereur, il était bien archiduc ? Donc, pour les Hongrois qui le rejettent, il n'est toujours qu'archiduc.


Je pense qu'il serait quand même plus approprié de qualifier Charles de son titre de roi. Il a été couronné à Budapest dans les formes, bien que les péripéties de l'histoire aient amené a lui contester la couronne par la suite. A la limite, ex-roi serait plus juste que archiduc, la Hongrie n'ayant alors plus aucune raison de faire référence a un titre dynastique d'un pays étranger (l'Autriche) ou du defunt empire.
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requesens



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MessagePosté le: Sam Avr 13, 2019 13:40    Sujet du message: Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:
1) et 2)3)
Le NSDAP n'existe pas encore, mais le "fonds" idéologique, qui. Il faudrait alors dire "inspiration proche de celle du futur parti nazi".


Le NSDAP est fondé en 1920 à Múnich, il est le successeur du Parti ouvrier allemand ( DAP) fondé lui en 1919. De toute façon l'idéologie "Volkisch" était déjà très présente dans certains milieux.
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ChtiJef



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MessagePosté le: Sam Avr 13, 2019 13:41    Sujet du message: Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:
1) et 2) = exact, Franchet d'Espérey et Russie bolchevique.
3) Le NSDAP n'existe pas encore, mais le "fonds" idéologique, qui. Il faudrait alors dire "inspiration proche de celle du futur parti nazi".
4) Avant d'être empereur, il était bien archiduc ? Donc, pour les Hongrois qui le rejettent, il n'est toujours qu'archiduc.

Sinon, évidemment, il y a le problème des nationalités, que nous n'avons pas inventé ! Et qui mériterait toute une bibliothèque…


Sur le point 3, pas tout à fait d'accord. Le fonds idéologique nazi n'est encore clairement formulé, et antisémitisme et chauvinisme sont alors un fonds commun à nombre de mouvements d'extrême-droite.. Mais faute de meilleure formule…

Et sur le point 4, non !
Charles est empereur et roi et entend bien le rester. Quant aux Hongrois, ils sont peut-être plus hésitants sur la question de savoir qui doit monter (ou rester sur le trône, mais Charles est, en l'état, le roi "naturel".
Citation:
Face à la dissolution de son empire, Charles ne peut qu'acter la nullité de son autorité dans les premiers jours de novembre 1918.
Lâché par le commandement durant les premiers jours de novembre, Charles signe sa renonciation au trône (plus précisément sa renonciation à la participation au gouvernement autrichien), sans pour autant abdiquer formellement, dans le salon chinois bleu du château de Schönbrunn, à midi le 11 novembre 191876, le même jour que l'armistice et fin de la Première Guerre mondiale.
Le 13 novembre, alors qu'il souhaitait conserver la couronne de Hongrie, il renonce à « toute participation aux affaires de l'État ».
En Hongrie, sa politique hésitante, soufflant le chaud et le froid, appelant Karolyi, puis ne le nommant pas, accélère la rupture des liens avec la Hongrie, le gouvernement Karolyi nommé le 31 octobre comportant un ministère des affaires étrangères; après sa prestation de serment, le nouveau président du conseil reconnaît le roi dans le cadre d'une union personnelle avec l'empire d'Autriche.

Le 27 octobre 1918, l’empereur Charles Ier d’Autriche nomme l’archiduc Joseph-Auguste [de Habsbourg-Lorraine] feld-maréchal et Homo regius (« Homme du roi ») en Hongrie. Craignant les velléités d’indépendance des Magyars, l’empereur désire en effet profiter de la popularité de son cousin pour renforcer son trône. Cependant, quelques semaines après sa promotion, l’archiduc demande à être relevé de son serment d’allégeance.
Immédiatement après, Joseph-Auguste entreprend des négociations avec la classe politique hongroise et nomme le comte János Hadik à la tête d’un nouveau gouvernement national le 29 octobre 1918. Cependant, tous les efforts de l’archiduc pour stabiliser la Hongrie sont anéantis par l’éclatement d’une révolution communiste le 31 octobre 19182. Le 12 novembre le jeune empereur se retire de la vie politique et le 16 novembre, la République démocratique hongroise est proclamée.
La République des Conseils de Bela Kun place l’archiduc en état d’arrestation dans son domaine d’Alcsuth. Malgré tout, Joseph-Auguste est si populaire parmi les Hongrois que les révolutionnaires n’osent pas porter la main sur lui et sa famille. Après la chute, le 6 août, du régime bolchevik magyar, l’archiduc reprend la tête de l’Etat hongrois, avec le titre de régent. Le prince nomme alors István Friedrich au poste de premier ministre et confirme l’amiral Miklós Horthy comme chef de l’armée hongroise.
De retour au pouvoir, l’archiduc cherche à favoriser la restauration de l’empereur Charles Ier, déposé à Vienne et à Budapest en 1918. Or, les Alliés craignent que le retour de l’empereur-roi déstabilise l’Europe centrale et font pression sur le gouvernement hongrois pour que Joseph-Auguste renonce à la régence. Dès le 23 août 1919, l’archiduc abandonne donc la régence. Le 1er mars 1920, l’amiral Horthy est élu régent du Royaume de Hongrie restauré.
[/quote]

Ce sont donc bien plutôt l'intransigeance de l'Entente, et les capacités manœuvrières de l'amiral (normal pour un marin !) et peut-être aussi les ambitions inavouées de l'archiduc, qui ont empêché Charles de rester sur le trône, plutôt que le rejet des Hongrois…

A noter qu'à la même époque, le Traité de Saint-Germain interdit à l'Autriche de se réunir au Reich allemand… Mais c'est une autre histoire...
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MessagePosté le: Sam Avr 13, 2019 14:24    Sujet du message: Répondre en citant

Quoi qu'il en soit, un peu d'Horthy culture ne fait pas de mal.
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MessagePosté le: Sam Avr 13, 2019 14:28    Sujet du message: Répondre en citant

houps a écrit:
Quoi qu'il en soit, un peu d'Horthy culture ne fait pas de mal.
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MessagePosté le: Sam Avr 13, 2019 14:43    Sujet du message: Répondre en citant

ah non, ça ferait de l'Horthy-nerf.
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MessagePosté le: Sam Avr 13, 2019 14:50    Sujet du message: Répondre en citant

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Archibald



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MessagePosté le: Sam Avr 13, 2019 15:06    Sujet du message: Répondre en citant

Comme on dit en Hongrois "aborder un problème difficile, c'est comme saisir à pleine main des Horty"

Citation:
Ferenc Szálasi


Qui plus tard devint clown, simplifia son nom et parti sur l'ile de La Réunion ou un... cirque porte toujours son nom

https://fr.wikipedia.org/wiki/Salazie

Citation:
Louis Franchet d'Espèrey


Un sacré chef de guerre, sa citation ? "au plus fort de la bataille, lui ne jamais flanchait, toujours il espérait" Arrow
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houps



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MessagePosté le: Sam Avr 13, 2019 16:51    Sujet du message: Répondre en citant

".....l’archiduc pris une décision fatale :..."
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MessagePosté le: Sam Avr 13, 2019 19:00    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour chers FTListes,

Bon ca crée des débats - preuve que le sujet à un intérêt. Je dois d'abord préciser deux trois choses sur le fond avant d'attaquer la forme. D'abord, pourquoi ce texte un peu lourd et rébarbatif ? Comme l'as dis avec justesse Casus dans nos échanges, il parait sans rapport avec la FTL ! La réponse est simple : parce que nous sommes sur un aspect pointu et méconnu de l'histoire, que nous allons aborder en détail par le bout de la lorgnette de l'amiral Horthy. Des choses seront dites, des sous-entendus et références exploités - elles seront justes (du moins je l'espère) mais absolument pas transparentes.

J'ai donc préféré me livrer à ce petit récapitulatif déguisé en cours d'histoire pour ne pas perdre le lecteur et l'éclairer sur la façon dont la Hongrie voit, en 1943, sa place dans l'Europe. Clarifions tout de suite une chose : je ne suis pas hongrois, je n'ai pas ma carte au Jobbik et n'ai fondamentalement pas d'opinions arrêtées sur le sujet de la Mitteleuropa, même si je pense malgré tout que la Hongrie a quand même été un peu maltraitée en 1920. Pourquoi les hongrois devraient revendiquer la Slovaquie ? En référence à l'empire - quelque chose qui n'est pas forcément juste pour moi ou pour vous, mais qui l'est incontestablement à Budapest en 40 ou même encore aujourd'hui. Il ne faut pas confondre, dans mes écrits, la façon dont le sujet ou le narrateur voit le monde et la façon dont est le monde. Je prétend connaitre le premier, nullement le second.

Nous allons parler d'Horthy : sujet polémique dans la façon dont je le présente, mais je pense après de longues recherches avoir touché le coeur du personnage. La bonne personne au bon moment - ce qui ne veut nullement dire que la personne en question était bonne par nature. J'écris quand même dans mon récap que c'est un Pétain qui a réussi - pas de complaisance mais des faits, qui expliquent en partie le souvenir positif (mais pas toujours juste) qui lui est consacré en Hongrie.

Voilà, navré pour le long bréviaire, mais je préfère être clair dès maintenant pour éviter tout malentendu. Maintenant la forme, et les très justes remarques de Chtichef :

- Pour franchet d'Esperey et la Russie bolchévique évidemment. Même si on peut dire : Cette dernière était alors ouvertement pilotée par le nouveau, redoutable et très inamical voisin qui allait devenir l’URSS.

- Je parle d'inspiration nazie, pas de copie ou d'influence - ni de mouvance. Les thèmes sont hélas bien connus : antisémitisme, revanchisme et nationalisme. Je pense qu'on pourrait dire 'Le premier de ces mouvements était clairement comparable au futur NSDAP nazi' ou quelque chose du genre;
- Enfin l'archiduc. Ecoutez, clairement le texte était déjà assez dense comme cela (n'est-ce-pas Casus ?). Mais à cette date, pour la Hongrie, le trône est vacant passé la fin du compromis austro-hongrois - donc Charles ne peut être qu'archiduc d'Autriche. Je ne voulais pas me lancer dans des détails encore plus précis. Je propose donc :

En effet, le choix de l’archiduc-régent Joseph était tout sauf issu de l’adhésion populaire ou du choix des élites : l’homme avait été désigné dans un souci de continuité, sur l’insistance des Français qui cherchaient là une solution d'intérim et semblait déjà se méfier de cet amiral venu de nulle part – ils avaient raison. Dès le 23 août 1918, avant même la fin du conflit, l’archiduc était chassé du gouvernement, faute de tout soutien national ou international.

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loic
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MessagePosté le: Sam Avr 13, 2019 20:45    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Dès le 23 août 1919, avant même la fin du conflit, l’archiduc était chassé du gouvernement.

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On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ...
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Bob Zoran



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MessagePosté le: Sam Avr 13, 2019 22:06    Sujet du message: Re: Janvier 44 - Balkans et Hongrie Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:

La première eut lieu le 25 mars 1921, soit six mois à peine après la signature du traité du Trianon. L’archiduc, alors en exil en Suisse, prit simplement sa voiture pour se rendre au palais Sánder et exiger d’Horthy les clés du pouvoir. Cette manœuvre, d’une simplicité sidérante, ruina le crédit du personnage – lequel prétendit avoir le soutien des Français pour menacer, avant de s’abaisser à ou à « un moment mieux choisi » l’éventuel et toujours plus hypothétique retour des Habsbourg !
Six mois plus tard à peine, le 20 octobre 1920, l’archiduc, désormais convaincu de la duplicité du gouvernement hongrois, refit une tentative – mais par la force des armes cette fois-ci. Arrivant de l’ouest de la Hongrie avec sa femme enceinte (!) et rassemblant quelques troupes dirigées par les colonels Gyula Osztenburg et Lehár, le prince entreprit de gagner Budapest en voiture puis en train.


Un petit problème de date.

Et merci par ce forum uchronique de toujours mieux nous faire connaître l'histoire!
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