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1940 - La France continue la guerre
 
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Avril 1944, la 2e Campagne de France
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JPBWEB



Inscrit le: 26 Mar 2010
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Localisation: Thailande

MessagePosté le: Jeu Nov 22, 2018 10:45    Sujet du message: Répondre en citant

Tout ce qui a été fait après-guerre n’était pas forcement de qualité médiocre. Un exemple que je connais un peu est la ville de Caen. Presque tout le centre historique a été détruit (surtout par les bombardements allies), et nombre d’immeubles d’aujourd’hui datent de la Reconstruction (c’est le terme consacré par la profession immobilière pour caractériser ces logements). Décemment entretenus, ils ont tenu la distance, et sont encore très habitables aujourd’hui. Evidemment, ils pêchent pour le bilan énergétique et ils ont quand même un aspect assez tristounet, mais c’est du logement urbain traditionnel, assez vaste et lumineux. Et comme ils ont remplacé des immeubles de même emprise et de contenance similaire, on a évité les barres d’immeuble moscoutaires et les perspectives staliniennes.

Pour le reste, même des constructions médiocres d’après-guerre ne devraient pas forcement tourner a cauchemar urbanistique. D’une part, l’entretien diligent du parc, qui incombe pour l’essentiel à l’état ou autre puissance publique, devrait pouvoir éviter la taudisation rampante, pour peu qu’on s’en donne les moyens, et ensuite, rien n’interdit de raser les immeubles mal foutus et construits à la va-vite pour les remplacer par d’autres, mieux conçus. Ce n’est que des briques et du ciment, après tout, et une relance keynésienne par la construction de logements neufs dans les années 60-70 n’aurait rien d’inenvisageable, encore une fois pour peu qu’on s’en donne les moyens.
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"L'histoire est le total des choses qui auraient pu être évitées"
Konrad Adenauer
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Alias



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MessagePosté le: Jeu Nov 22, 2018 12:38    Sujet du message: Répondre en citant

Cela dit, vivement mai! Smile
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Stéphane "Alias" Gallay -- https://alias.erdorin.org
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demolitiondan



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MessagePosté le: Jeu Nov 22, 2018 13:18    Sujet du message: Répondre en citant

Je laisse le chat œuvrer quand il le souhaitera -puis j’aurai des précisions à apporter ! Smile
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Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste
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requesens



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MessagePosté le: Jeu Nov 22, 2018 13:47    Sujet du message: Répondre en citant

patzekiller a écrit:
Imberator a écrit:
requesens a écrit:
Bref à part pour le vin, le confit et les canelés il y peu de raisons pour que les alliés envisagent un débarquement à Bordeaux.

Mais c'est que rien que pour ça, ça vaudrait presque le coup... Very Happy

d'un autre coté, vous vous imaginez, si les ricains avaient découvert la région et l'avait incorporé dans leur folklore… Mc Donald s'étant emparé du canard (au lieu du poulet)…

bonjour, je voudrais un royal mac duck, avec des gratons siouplé Laughing



Mais ça existe !, le Burger gascon :
https://www.youtube.com/watch?v=1EjD253Vk24

Trés, mais alors trés roboratif Laughing
Ce qui serait amusant serait traduire en anglais quelques expressions telle que "être plein come une gueille de bonde" Shocked
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"- Tous les allemands ne sont pas nazis, monsieur !
- Oui, je connais cette théorie, oui."
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Colonel Gaunt



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Messages: 1924
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MessagePosté le: Jeu Nov 22, 2018 14:17    Sujet du message: Répondre en citant

Vous moquez la reconstruction de Bordeaux FTL après destruction, n’empêche cela aurait facilité les travaux du tramway et la circulation en centre-ville. En voiture, pour l'étranger, on se croirait dans un labyrinthe des fois.
_________________
Les guerres de religion consistent à se battre pour savoir qui a le meilleur ami imaginaire
Citation vue sur le net
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delta force



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Messages: 580
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MessagePosté le: Jeu Nov 22, 2018 15:16    Sujet du message: Répondre en citant

Comme le dit « scissors » Loïc : on dérive on dérive....à force on s’éloigne du cap initial du topic....
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Archibald



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Messages: 9407

MessagePosté le: Jeu Nov 22, 2018 15:30    Sujet du message: Répondre en citant

Colonel Gaunt a écrit:
Vous moquez la reconstruction de Bordeaux FTL après destruction, n’empêche cela aurait facilité les travaux du tramway et la circulation en centre-ville. En voiture, pour l'étranger, on se croirait dans un labyrinthe des fois.


Mort de rire. Le problème c'est surtout les bordelais eux mêmes. Ils conduisent comme des tueurs à gages, et en plus, ils n'ont jamais tort, et ils gueulent toujours. Perso j'ai un marteau dans la boîte à gants de ma Fiat.
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solarien



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MessagePosté le: Jeu Nov 22, 2018 17:29    Sujet du message: Répondre en citant

Même chose pour Amiens, le centre ville a été totalement détruit et des batiments construit après guerre sont encore en état et très beau (exemple, la tour Perret.

OTL, le gros des destruction a lieu dans le Nord, et de 1940 à 1945, or c'est une zone économique importante avant et après guerre, donc un effort important est fait pour reconstruire vite surtout pour les mineurs.

FTL, le Nord de la France fut surtout touché en 1940, il devrait y avoir assez peu de dégats lors de Fortitude.
C'est surtout le Sud qui est touché à la fois en 1940 puis lors des combats de 1943-1944, mais avec un avantage, on peux commencer a reconstruire des 1943, et enfin l'AFN a forcement commencer a voir apparaitre des "gros" groupe de BTP pour pouvoir soutenir le développement économique régional, sans oublier que les prisonniers allemands seront surement mis a contribution.

Enfin, et j'espère ne vexer personne, le climat dans le Sud de la France est quand même un poil plus clément que dans le Nord, permettant une plus grande marge de manoeuvre pour faire les travaux.

Et pour finir, l'absence de guerre d'Algérie ne va pas provoquer le retour d'1 millions de personne dans les années 60, arrivé massive qui fut surement en partie responsable de la multiplication des HLM, et si il y a HLM, il devrait être moins communautaire, plus multiculturel et plus riche, donc mieux entretenus.
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Hendryk



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MessagePosté le: Jeu Nov 22, 2018 18:13    Sujet du message: Répondre en citant

solarien a écrit:
Et pour finir, l'absence de guerre d'Algérie ne va pas provoquer le retour d'1 millions de personne dans les années 60, arrivé massive qui fut surement en partie responsable de la multiplication des HLM, et si il y a HLM, il devrait être moins communautaire, plus multiculturel et plus riche, donc mieux entretenus.

Autre différence: sans avoir à payer l'ardoise de deux guerres coloniales, la France va avoir plus d'argent à investir dans sa politique de logement. On peut espérer qu'avec plus de moyens et plus de temps, il y aura moins de recours à des méthodes rapides et peu coûteuses certes, mais esthétiquement et urbanistiquement douteuses.
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Finen



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MessagePosté le: Jeu Nov 22, 2018 18:21    Sujet du message: Répondre en citant

J'ai bien peur qu'une amélioration du phénomène de cité ne soit un leurre FTL.

Il me semble être né de l'utopie de l'arcologie déjà existante durant le 19ème siècle, l'idée de mettre tout le nécessaire à la vie, au travail et aux loisirs est fermement ancrée dans la tête des architectes. Dès lors que le besoin massif de logement se fera sentir et du fait que les lieux de travail ne peuvent êtres à ce moment aussi des lieux de vie va nécessairement entrainer la création de cités qui si elles amènerons une nouvelle norme de confort à tous, serons la bases des ghettos modernes.
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solarien



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Messages: 2675
Localisation: Picardie

MessagePosté le: Jeu Nov 22, 2018 18:34    Sujet du message: Répondre en citant

pas sure, l'idée de base est bonne d'ailleurs, au USA, beaucoup de gens vivent dans des immeubles, donc c'est pas une cause d'apparitions de ghetto.

En fait, les HLM au début furent peuplé de beaucoup de gens issue de toute les couches de la société, jeunes couples, fonctionnaires, ouvrier, jeunes cadres, banquier, etc etc etc.
Le problème, c'est qu'avec la crise économique, une partie des habitants ont perdu leur travail ne pouvant plus entretenir les batiments donc la valeur du logement diminue, les gens ayant de l'argent vendent pour pouvoir acheter un domicile ayant plus de valeur, ce qui fait que petit à petit, une population moins riche s'installe, malheureusement, il s'agit souvent de populations issue de l'immigration d'AFN.

Maintenant FTL, on peux imaginer la même situation avec la même crise économique dans les années 70, la différence, c'est que sans cette arrivé massive de pied noirs, on peux imaginer les "cités" peuplés de populations ayant fui le bloc de l'Est ou une partie des soldats ayant combattus au coté de l'armée française entre 40 et 44.
On aura plus une communautés arabo-musulmane mais slave protestant ou polono-catholique, voir russe-orthodoxe ( des prisonniers russes fait par l'Allemagne en 42-43 qui préfèrent rester en France).
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Imberator



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MessagePosté le: Jeu Nov 22, 2018 18:41    Sujet du message: Répondre en citant

Hendryk a écrit:
Autre différence: sans avoir à payer l'ardoise de deux guerres coloniales, la France va avoir plus d'argent à investir dans sa politique de logement. On peut espérer qu'avec plus de moyens et plus de temps, il y aura moins de recours à des méthodes rapides et peu coûteuses certes, mais esthétiquement et urbanistiquement douteuses.

Trois points :

D'abord l’intensité des deux campagnes de France va probablement causer des dommages qui vont au moins contrebalancer les "économies" espérées de l'inexistence FTL des guerres d'Algérie et d'Indochine.

Ensuite, vu l'effort continu sur le plan militaire, il n’est pas dit, loin de là, que les finances françaises après-guerre FTL soient meilleures que ce qu'elles furent OTL.

Enfin, et c'est le plus important, il ne faut pas jauger la nature des grands ensembles avec nos yeux d'observateurs du XXième siècle.


Pour les contemporains, ils représentaient modernité et progrès. Sans compter que, rationalisant les techniques de constructions, ils permettaient un redressement rapide du parc immobilier à un cout intéressant.

Outre l'aspect esthétique, ce ne sera qu’après la fin des 30 Glorieuses que dans ces cités, l'instauration durable d'un chaumage de masse couplé à un regroupement familial qui y fit s'installer une jeunesse immigrée ou d'origine immigrée aux perspectives d'avenir limitées, firent peu à peu de ces ensembles ce qu'ils sont devenus et que nous en connaissons aujourd'hui.
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Archibald



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Messages: 9407

MessagePosté le: Jeu Nov 22, 2018 18:53    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
l'instauration durable d'un chaumage de masse


En voilà une idée, mettons les HLMs sous la paille, ils auront l'air plus sympa - et leurs habitants ne seront plus sur la paille (encore que...)

Quelqu'un peut se dévouer pour planter un crucifix bien aiguisé dans un correcteur d'orthographe ? ou faire des balles d'argent avec des composants électroniques, pour tuer les autres ? l'eau bénite peut être ? autodafé Windows 9 ?

ARRIÈRE, CRIMINEL DU SENS ET DE L'ORTHOGRAPHE, RETOURNE CHEZ SATAN-MICROSOFT-GATES, TON MAITRE DÉMONIAQUE !!! VADE RETROOO !!!
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Imberator



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MessagePosté le: Jeu Nov 22, 2018 19:01    Sujet du message: Répondre en citant

Archibald a écrit:
Citation:
l'instauration durable d'un chaumage de masse


En voilà une idée, mettons les HLMs sous la paille, ils auront l'air plus sympa - et leurs habitants ne seront plus sur la paille (encore que...)

Quelqu'un peut se dévouer pour planter un crucifix bien aiguisé dans un correcteur d'orthographe ? ou faire des balles d'argent avec des composants électroniques, pour tuer les autres ? l'eau bénite peut être ? autodafé Windows 9 ?

ARRIÈRE, CRIMINEL DU SENS ET DE L'ORTHOGRAPHE, RETOURNE CHEZ SATAN-MICROSOFT-GATES, TON MAITRE DÉMONIAQUE !!! VADE RETROOO !!!

Pire que ça ! C'est moi qui me suis vautré en écrivant d'une part tout en soutenant une conversation verbale d'autre part.
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Jeu Nov 22, 2018 19:22    Sujet du message: Répondre en citant

Le premier début de ce qui suit est en page 15. Ensuite, il y a des tas d'échanges sur des sujets pas vraiment vraiment cohérents… J'ai donc décidé de reposter le début (que j'enlève de la page 15).


Pour couronner cette chronique d'Avril, le début d'un gros "Houps" en trois épisodes. 8)


Mariages de guerre

Ça pourrait commencer comme ça…
27 avril 1944 – Sur le terrain

Une pièce intacte – y’en a – dans une ferme ruinée.
Une table, pas du tout bancale – y’en a aussi. Un “tripate” alimenté au bois d’œuvre. Une pile de chevrons, planches et poutres aux dimensions ad hoc.
Des stalagmites de papiers. Une lampe-tempête, son rond de lumière jaunâtre laissant dans l’ombre les murs lézardés à la peinture écaillée. Un quart de café froid (odeur dézinguée par celle de la lampe). Encore des formulaires. Un truc informe sous des pièces d’uniforme. Et un rectangle de carton que l’occupant des lieux tapote machinalement sur un bordereau évidemment importantissime.
La porte ne jointe guère, aussi est-elle doublée, vers l’extérieur, d’une toile de tente que le vent fait claquer régulièrement contre les planches. A force, ça tape aussi sur le système.
………
Martinez ne décolérait pas. Le temps s’était mis à la pluie – d’où la porte fermée et la toile – et sa cheville ne voulait rien savoir.
« Jolie petite entorse, avait dit Dermeyer (toujours se méfier de tout diagnostic que le spécialiste accompagne de “joli”, “beau” ou autre appréciation valorisante). Evitez de forcer dessus… » Profitant de l’aubaine, Tisane lui avait refilé tous ces papelards, vu qu’il ne pouvait plus que béquiller lamentablement et qu’il n’était bon à rien d’autre.
Le café était froid, la lampe puait, et il chopait mal à la tête…
« Salut la classe !
Dis voir, je suis un peu dans la merde.
T’aurais pas une perm’, qu’on se voye tranquille ?
Maurice.
PS – On m’a muté. Voilà ma nouvelle crèche : (…) »

Et m… ! Pourquoi pas ?
………
– Une permission, lieutenant ? En ce moment ?
– Oui, mon capitaine.
– Ce n’est pas pour aller voir votre vieille mère, au moins ?
– Euh, non, mon capitaine. Un pote. Et puis, avec ça, à quoi j’suis bon ?

Il pointa sa cheville du bout de sa béquille : « J’ai jamais réclamé de faveur, mon capitaine… »
– Mouais. C’est surtout que vous êtes à cran. Bon. Tant pis pour moi. D’accord. Allez faire ribote dans les bars de Marseille ! Mais ne faites pas de conneries, hein ? Enfin, pas trop. Et n’espérez pas que votre complice Jacob vous accompagne !
– Marseille ? Oh, non, mon capitaine, pas Marseille…


Ou alors, ça pourrait commencer comme ça…
Souvenirs du (alors) capitaine Georges Valentin (GC I/6).

« Ce matin-là, j’avais choisi comme numéro deux un nouveau, le sergent François Pignon. Il était avec nous depuis peu, et n’avait effectué que quelques vols d’accoutumance entre le continent et la Corse. Il “en voulait” et, pour montrer qu’il savait piloter, n’avait pas hésité à survoler le terrain au ras des toits des hangars, sur le dos. Un sacré ramdam ! Pas seulement motorisé. Bref, un chien fou, que personne ne désirait avoir avec lui. C’est pour cela que je l’avais pris sous mon aile.
La météo n’était pas terrible et, du côté du Jura, nous nous sommes heurtés à une formation mixte de Gustav et de 190. Le sergent François Pignon s’est remarquablement bien comporté, et m’a suivi au mieux tout au long de cette empoignade, qui s’est soldée, si je me souviens bien, par un match nul : des deux côtés on a bien fait voler du plomb, mais chacun craignait plus la collision dans la purée de pois que de se faire tirer dessus. C’est le niveau des jauges qui a sifflé la fin de la récréation.
Tout le monde a répondu présent à mes appels, mais en sortant de mon cumulus, je n’ai plus vu personne : il fallait leur laisser le temps de rallier. J’ai entamé un 360, histoire de tenter de me repérer, de les repérer ou de repérer un de nos “amis”.
C’est ainsi que j’ai vu arriver dans mes deux heures un des nôtres, à peu près à mon altitude, puis, en bas, dans une trouée, j’en ai aperçu un autre, qui suivait une route perpendiculaire à la mienne. A ce moment-là, j’ai entendu sur notre fréquence : « 190 en bas ! J’attaque ! »
Malgré les parasites, j’ai reconnu la voix de Pignon, et surtout, j’ai vu le second Mustang plonger. C’était celui de Pignon, évidemment ! J’ai immédiatement basculé sur l’aile, sûr et certain que notre bleu tout feu tout flamme allait tomber dans l’un des pièges favoris de nos adversaires. J’ai vu que le premier Mustang – j’ai reconnu celui de Félix Brunet, du II/6 – se plaçait pour me couvrir.
J’ai traversé une autre petite formation nuageuse, pour apercevoir devant moi l’appareil de Pignon, qui gagnait sur trois 190 filant sud-est. Le premier était noir, alors que les deux autres arboraient le camouflage standard de la Luftwaffe. Je n’en croyais pas mes yeux : c’était la chance du débutant ! Et une faute impardonnable de la part du leader des Focke-Wulf ! Les ayant rattrapés, il avait réduit sa vitesse et se mettait dans leur queue. Il pouvait en descendre deux avant qu’ils aient le temps de réagir !
Hélas, Pignon était un bleu. Il a tiré de trop loin ! Il a mouché le dernier, mais les deux autres ont dégagé chacun d’un côté. Heureusement, avec la vitesse acquise, j’étais arrivé à portée. J’ai tiré le second, avec une déflexion maximum, et j’ai eu le bonheur de le toucher. Il a filé sans demander son reste.
Pour le leader, ça a été plus coton : tandis que Pignon cherchait où il était passé, l’autre a surgi de nulle part pour le poivrer en beauté. Heureusement, Brunet s’est pointé au bon moment !
Et d’un seul coup, il n’y a plus eu que nous. Un rapide échange radio m’apprit que le reste du groupe rentrait au bercail. Pour Brunet et moi, tout était OK, mais pour Pignon, il en était autrement. Son moteur donnait des signes de faiblesse, et il a fini par m’avouer qu’il avait pris un coup dans l’épaule droite. Volant à sa hauteur, je voyais distinctement les dégâts. Il y avait peu de chance pour qu’il revienne entier à bon port.
J’ai reconnu que nous survolions Grenoble – un coin un poil trop encaissé à mon goût. Le contrôleur m’a donné les coordonnées d’un terrain de secours, pas trop loin, si on pouvait éviter les sommets, plutôt nombreux dans le secteur. Les nuages ont eu le bon goût de ne pas descendre trop bas et le moteur de Pignon a bien voulu tenir le coup.
C’est en survolant Gap qu’on s’est fait tirer dessus. Et par les nôtres ! Soit les artilleurs étaient bigleux, soit ils avaient eu de la visite – peut-être le trio de tout à l’heure – et ça les avait rendus nerveux, mais je me suis promis qu’ils allaient entendre parler de moi !
Pas de quoi rassurer Pignon, qui était en train de perdre les pédales, jauge quasiment à zéro. Heureusement, la Durance était bien reconnaissable, ça m’a été d’une sacrée aide pour le récupérer.
Voir le terrain lui a redonné un peu de cœur. Mais il n’aurait pas fallu aller plus loin : il a manqué d’un cheveu une petite colline en bord de piste, avant de tracer un joli sillon dans la pierraille du coin.
J’ai refait un passage pour constater qu’on s’occupait de lui : il y avait du monde, et deux véhicules qui arrivaient. Et l’oiseau n’a pas pris feu ! La chance du débutant, finalement. »


Ou bien encore ainsi…
Ce fameux jour…

« Ce jour-là, je m’en souviens comme si c’était hier. J’allais fêter mes dix-huit ans le dimanche suivant, mais pour l’instant, ce qui m’intéressait le plus, c’est que ma mère m’envoyait porter son déjeuner à mon grand-père. Ça peut vous paraître futile, mais pour moi, c’était un vrai cadeau : imaginez, il gardait ses brebis – le peu qui lui restait, sept ou huit bêtes, plus toutes jeunes – tout près de l’aérodrome ! Presque sur les pistes, en fait. Là où il y avait de l’herbe, quoi.
Mieux qu’un garçon, j’adorais traîner dans le coin, mais, étant une fille, il me fallait une bonne raison. Les bêtes étaient ravies d’être dehors, l’herbe était toute neuve. Autant que je me souvienne, il ne faisait pas un temps extraordinaire. On s’était mis à l’abri d’un pin, au pied d’un petit serre
[Nom donné dans le sud de la France à une colline étroite et allongée], les hangars semblaient à portée de main. Ce n’était pas un grand aérodrome, vous savez. Il n’y avait pas affluence ! Je me rappelle qu’on voyait passer plus de camions sur la route que d’avions dans le ciel.
Je crois qu’il y avait souvent – enfin, souvent…peut-être une fois par semaine, et je n’étais pas là tous les jours ! – des avions de liaison, comme ils disaient. Des petits appareils, on aurait dit des moucherons, hauts sur pattes. Pas gracieux, mais… eh bien, en les voyant, je me disais que ça devait être passionnant de faire comme ça des sauts de puce, de voir les champs d’en haut. Et le village. Et la maison. Et la Durance.
Une fois, j’ai eu de la chance : c’est un petit bimoteur qui s’est posé ! En plus, je l’ai su plus tard, c’est une femme qui pilotait. Elle venait chercher un blessé, je crois. Elle est repartie peu après. Je crois que les moteurs ont tourné tout le temps. Ça changeait des autres !
Et aussi, mais les deux fois, j’étais ailleurs, ce sont des appareils militaires qui se sont posés ! Là, j’ai eu la permission d’aller les voir, plus tard. On pouvait s’approcher, les soldats qui les gardaient n’étaient pas méchants. On pouvait même toucher. Moi, j’aurais voulu grimper sur une aile… Je me rappelle que l’un était américain. Il avait ces grosses étoiles blanches sur fond bleu foncé, vous savez. Et il n’était pas peint. Sauf sur le nez, une fille qui n’était vêtue que d’un petit bout de tissu qui flottait derrière elle. Les garçons, ça les faisait ricaner. Moi, je crois que je suis devenue toute rouge. Depuis… Mais ça, le soir, je ne l’ai pas raconté à ma mère. Et encore moins à mon père ! On m’aurait interdit d’y retourner !
L’autre appareil ? Je ne m’en souviens pas bien. Je crois qu’il est resté là un moment, puis on lui a démonté les ailes et on l’a mis sur un camion.
Ah ! Ce fameux jour…
Donc, on déjeunait au pied du serre. Enfin, Grand-père déjeunait. Il devait boire son canon de rouge. Moi, c’était déjà fait. Le déjeuner, je veux dire. Il devait encore rouspéter, en patois bien sûr, contre les camions, qui faisaient tourner le lait des bêtes. Ou il soliloquait sur les soldats. Lui qui avait vécu avec le souvenir des uniformes de l’Empire, le bleu horizon, ça ne lui avait pas plu. Alors, le kaki… Remarquez, à la maison, Papa n’arrêtait pas de dire que si le Maréchal n’était pas mort, bien des choses seraient allées autrement. Bref…
Tout d’un coup, nos bêtes se sont égaillées de tous côtés, puis on a entendu le bruit, mais les avions étaient déjà au-dessus de nous, le serre avait masqué leur approche. Je me souviens très bien du premier : il est passé si bas qu’il a secoué le pin. Il était tout noir dessous. Et en voyant que l’hélice ne tournait pas, j’ai pensé « Mon Dieu… » et presque tout de suite, il a plongé vers le sol. Ça a fait un bruit effroyable. Le pire, c’est que j’ai d’abord pensé à la chienne. La pauvre, elle a eu si peur qu’elle s’est sauvée comme une folle en jappant lamentablement. Elle est rentrée droit à la maison !
En même temps, je courais vers l’avion. Le cockpit était ouvert, ça sentait l’essence, le métal craquait… Des soldats étaient en train d’en extraire le pilote. Ça criait de partout. Je ne sais plus s’il y avait de la fumée. De la poussière, peut-être. En tout cas, il ne brûlait pas, je m’en serais aperçue ! J’ai grimpé sur l’aile, de l’autre côté, pour voir. Il y avait du sang. Il y avait des manettes. Des bretelles tachées de sang. Des cadrans partout ! Et une photo, coincée au-dessus d’un cadran. Le sang, ça ne me faisait rien : chez nous, on tuait le cochon… Enfin, quand on en avait un, à cette époque. J’ai pris la photo, le portrait d’une jeune fille. Il devait y tenir, pour qu’elle soit là.
Les soldats m’ont vue. Ils m’ont crié dessus. Il y en a un qui est monté de mon côté, il m’a dit – ça, je m’en souviens très bien – « Qu’est-ce tu fous là, bon Dieu ! » et il m’a poussée, fort ! Heureusement, j’étais dégourdie, j’ai sauté.
Monter sur l’avion, je ne m’en suis pas vantée ! Grand-père n’a rien dit : il était stupéfait, et après, trop préoccupé par les bêtes. On a eu un mal fou à les récupérer, heureusement, il y en avait à peine une dizaine ! Et la chienne ! Et mes parents sont arrivés tout remués : ils avaient bien compris où l’avion était tombé ! Et comme la chienne était rentrée seule… Tombé, hein, pas posé, l’avion ! Après, j’ai appris un autre mot : vautré.
L’autre avion ? Il est repassé presque aussi bas, puis il est parti… »


Ou alors comme ça…
Accident de la voie publique

Le sergent Benoist descendit du camion quasiment en marche. Il fut soulagé de voir que la cycliste était indemne.
– Ben alors, ma p’tite da… mademoiselle… Vous voulez vous faire écraser, ou quoi ?
– Je ne comprends pas… c’est ce caillou…
– Dites, c’est que c’est pas passé loin ! Vous n’avez rien ? Sûr ?
– Non, non… Mais pfiou… j’ai eu peur… j’en ai encore le cœur tout retourné…

Elle avait plaqué la main sur sa poitrine.
– C’est vrai que vous êtes bien pâle ! Ça va ? Sûr ?
– Faut que je me remette, mais… Ça va… Ça va aller… Oh ! Et mon vélo ?

Le sergent redressait la bécane. Il fit jouer les pédales, lança la roue avant de la main, se plaça de face, et décréta : « Même pas voilée ! Par contre, le cageot… »
– Les œufs ! Mes œufs !

La cycliste souleva un petit sac de toile pour constater que la fragile cargaison n’avait subi aucun dommage. Elle poussa un ouf ! de soulagement et s’assit brutalement sur le bas-côté.
– C’est vraiment votre jour de chance ! Dites-voir, où c’que vous alliez, comme ça ?
– Eh bien, j’allais à Gap, tiens… Les œufs sont pour ma tante…
– A Gap ? Avec encore les deux côtes à avaler ? Comme vous êtes, là ? Mmm… Mo’! Ho, Mo’ ! Descends !

La portière côté conducteur claqua et un deuxième quidam parut.
– On va mettre le cl… la bicyclette de la demoiselle là derrière. Tu lui laisses la place. Tenez, montez, mamzelle. Ben oui, y’a une marche. Allez, Mo’, grimpe ! Et attrape la Peugeot de la demoiselle… là, c’est bon… ça y est-y ? Z’avez vot’ paquet ? Y’a tout ? On y va…
Le camion n’avait pas parcouru trois cents mètres que le sergent, qui avait horreur du silence, entonnait à pleine voix :
« J’ai laissé tomber mon mégot
dans les lentilles
crie le mendigot
dans ses guenilles.
Je m’ vois pas trier tout le tas
qui fume !
Ah ! Le voilà, je l’aperçois
dans l’écume… »
La jeune fille se mit à rire.
– Qu’est-ce qui vous fait rire ?
– Je ne connaissais pas cette version….
– Dommage, vous auriez pu m’apprendre la suite. Qu’est-ce que c’est, les herbes, là ? C’est pour les lapins ? Elle a des lapins, la tata ?

C’était une façon comme une autre d’amorcer la discussion. Benoist comprit très vite que question ravito, de ce côté-là, c’était la dèche. Il n’en offrit pas moins trois boîtes de son sempiternel jus d’ananas à la p’tite gonzesse, plus une tablette de chocolat, car la tata semblait détenir un trésor, à savoir, sous les combles de son immeuble, trois pièces qui avaient subi un début d’aménagement “avant”.
Mais fallait sans doute jouer fin.
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