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Anaxagore



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MessagePosté le: Sam Oct 27, 2018 11:05    Sujet du message: Répondre en citant

16 novembre 1943, Berne, Suisse

Ramirez avait vu la neige commencé à tomber sur les montagnes et songeait sérieusement à partir skier quelques jours quand un coup de téléphone le fit sursauter.
- Allo ?
- Monsieur Ramirez, commandant Waibel à l'appareil. Pouvez-vous venir à Lucerne ? D'importants personnages viennent d'arriver de France... occupée et ils demandent à vous parler.
Ramirez essaya bien d'obtenir plus de renseignements mais Waibel ne voulait pas donner de nom sur une ligne téléphonique. Tout ce qu'il finit par apprendre c'est que deux personnages avaient franchis la frontière en utilisant un mot de passe fournis par Waibel aux "amis" français du professeur Hussmann.
Cela faisait beaucoup de grain à moudre pour Ramirez. Les Suisses ne se fiaient plus à la sécurité du téléphone ? Cela ferait rire un chat ! Bien sûr que sa ligne se trouvait sur écoute... le bureau Ha le surveillait après tout ! Voilà maintenant qu'ils craignaient que d'autres le fassent !

Un peu plus tard, Lucerne, Suisse.

La rencontre eut lieu dans un bureau discret utilisé par le Renseignement militaire suisse. Outre Waibel et Hussmann, il y avait deux inconnus. le premier était grand, maître, un visage en lame de couteau, blond, les yeux comme des morceaux de banquise et sans plus de chaleur... entre quarante et cinquante ans. Le second était nettement plus jeune, probablement moins de vingt-cinq ans, un visage poupin, des mains de pianiste, les yeux noirs et les cheveux noirs. Il formait un parfait contraste avec son partenaire.
"Permettez-moi de faire les présentations" commença Waibel. Il désigna son invité le plus âgé. " Voici le Standartenführer Otto Mann", puis le plus jeune : " Le Hauptsturmführer Luigi Schieller".
Donc le deuxième n'a pas seulement un air méditerranéen, son prénom est italien... un métis. On prend de tout dans la S.S. ces temps-ci où est passé la "pureté raciale" de la "race des seigneurs" ? Enfin, il y a bien des S.S. croates ou russes...
On se serra les mains, mais Adolfo Ramirez ne se sentait pas très à l'aise. Évidemment, Weibel l'avait prévenu de la présence de gens importants mais pas à des officiers SS. L'un d'eux était l'équivalent d'un colonel et l'autre d'un capitaine. Comme Gaevernitz se trouvait retenu ailleurs, l'agent français se trouvait face à deux ennemis et... un coup d'œil à Waibel... son visage ne montrait rien. Autant dire que sa présence relevait uniquement du souci de l'hôte suisse d'assurer la rencontre. Il ne fallait pas attendre à plus d'aide de sa part que de servir le café.
Ramirez n'hésitait rarement à gonfler sa propre importance devant les autres... Cependant, il pouvait se montrer très timides... et le Standartenführer Mann pouvait intimider des gens bien plus sûrs de lui qu'il ne l'était. Il se moucha... sacré rhume...
- Bien... monsieur Mann, je me doute que vous n'êtes pas venu en Suisse pour le bon air frais et vous avez demandé à me rencontrer personnellement. Vous m'en voyez très curieux.
Le colonel SS eut un sourire que n'aurait pas renié un requin.
- Est-ce une manière détournée de me demander comment je connais votre nom, monsieur Ramirez ? Disons simplement que vous n'êtes pas très discret et que... certains amis communs....
À côté de Mann, Luigi Schieller se racla la gorge avec assez force pour interrompre son supérieur. Ce dernier parut un instant surpris et dévisagea le visage paniqué de son subordonné.
" Ah" réfléchis Ramirez " le machinführer en chef n'est pas le diplomate du groupe, c'est le biduleführer en second qui va mener la discussion. Bon sang, ils ne vont me faire le truc du bon et du méchant flic ... D'ailleurs... un gentil S.S. ça existe ? Après guerre, il faudra mettre Luigi Schieller sous verre et en faire don à un musée."
- Enfin... nous voulions vous rencontrer pour des raisons humanitaires, de nombreux civils français vivent dans la zone relevant du gouvernement du président Laval. Du fait des bombardements... alliés et du blocus sur les importations en direction de l'Axe, leurs conditions de vie se dégradent. Vous l'avez peut-être appris, mais la ration alimentaire des habitants de Paris est présent comparables à celle d'une ville assiégée. Nous craignons la suite des événements, d'autant plus que de nombreux civils ont déjà péris suite aux attaques contre les gares de triage, y compris des femmes et des enfants.
Ramirez se frotta la moustache, affectant un air concentré et acquiesçant, comme pour approuver tout ce que disait le S.S.. Toutefois, son cerveau tournait à toute vitesse.
" Voilà que les nazis se soucient des populations civiles, on aura tout vu. Je suis pourtant certain que les " amis communs" que j'avais avec le colonel Mann ont terminé devant un peloton d'exécution. Où veut-il en venir ?"
L'agent français sourit à la fin de la tirade grandiloquente.
- Je dois dire que je partage votre avis et que le gouvernement légal se préoccupe énormément de la population civile.
Ramirez avait appuyé sur "légal" pour bien souligner ce que l'on pensait en haut lieu de Laval et de sa clique de traîtres. Toutefois, le Standartenführer Mann ne montra aucune réaction. Finalement, ils partageaient peut-être quelque chose.... le mépris des collabos.
Ce fut au tour de Schieller de parler.
- Nous ne sommes pas venu simplement pour vous faire part de simples regrets. Notre supérieur, le Gruppenführer Junglaus, désire agir pour protéger ces civils, en particulier les femmes, les enfants, les vieillards, les malades. Les populations les plus vulnérables.
"Ou les plus inutiles" traduisit Ramirez. L'agent français centralisait tous les renseignements qui parvenaient en Suisse depuis la zone occupée. Allen Dulles, son collègue américain, l'informait également de ce qu'il apprenait sur ce qui se passait en France. Il savait donc que les rations alimentaires étaient plus élevées pour les travailleurs qui participaient à l'effort de guerre. Tandis que " les femmes, les enfants, les vieillards, les malades" se trouvaient tout en bas de la liste parce qu'ils ne servaient à rien, aux yeux de leurs maîtres nazis.
- Je comprends, toutefois vous voudriez bien m'éclairer sur ce que vous voulez faire pour ces pauvres gens.
Les deux S.S. échangèrent un regard, par consentement tacite, ce fut Otto Mann qui reprit la parole.
- Notez bien qu'il ne s'agit, pour l'heure, que d'une proposition et que nous n'avons encore rien organisé. Toutefois, le Gruppenführer Junglaus souhaiterait évacuer certaines personnes sous-alimentés vers la zone que vous avez reprise, au sud de la France.
- Je ne peux évidemment rien décidé par moi-même, mais je vais transmettre votre proposition à mes supérieurs. Toutefois, j'aimerais d'abord savoir quelle contrepartie demandez-vous ?
Le Standartenführer Mann secoua la tête.
- Aucune contrepartie, notre offre est purement humanitaire.
Ramirez fit de son mieux pour cacher son incrédulité... cependant il en se serait probablement mieux sorti s'il avait vu Adolf Hitler entrer par la fenêtre en volant, avec tout l'attirail du parfait petit ange (toge et ailles blanches, auréole et lyre).
- Je... vais en informer mes supérieurs.
- Nous restons quelques jours en Suisse, vous pourrez nous recontacter par l'intermédiaire du commandant Waibel.
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demolitiondan



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MessagePosté le: Sam Oct 27, 2018 11:26    Sujet du message: Répondre en citant

Je ne sais pas si les suisses souhaiteront encore longtemps se compromettre ainsi. Il faudra surement trouver un second terrain neutre ...

Citation:
cependant il en se serait probablement mieux sorti s'il avait vu Adolf Hitler entrer par la fenêtre en volant, avec tout l'attirail du petit ange (toge, ailles, auréole et lyre).


Merci pour l'image, je vais me laver les yeux. Je rale que les chérubins ne portent rien sous leurs toges. Rolling Eyes Laughing Laughing Laughing Laughing Laughing Laughing
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Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
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Anaxagore



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MessagePosté le: Sam Oct 27, 2018 13:34    Sujet du message: Répondre en citant

demolitiondan a écrit:
Je ne sais pas si les suisses souhaiteront encore longtemps se compromettre ainsi. Il faudra surement trouver un second terrain neutre ...


Le rôle de pont entre Alliés et nazis est OTL.
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DMZ



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MessagePosté le: Dim Oct 28, 2018 15:06    Sujet du message: Répondre en citant

Anaxagore a écrit:
le premier était grand, maître,

De quelle loge ? Wink
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Archibald



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MessagePosté le: Dim Oct 28, 2018 16:49    Sujet du message: Répondre en citant

demolitiondan a écrit:
Je ne sais pas si les suisses souhaiteront encore longtemps se compromettre ainsi. Il faudra surement trouver un second terrain neutre ...

Citation:
cependant il en se serait probablement mieux sorti s'il avait vu Adolf Hitler entrer par la fenêtre en volant, avec tout l'attirail du petit ange (toge, ailles, auréole et lyre).


Merci pour l'image, je vais me laver les yeux. Je rale que les chérubins ne portent rien sous leurs toges. Rolling Eyes Laughing Laughing Laughing Laughing Laughing Laughing


... ça a un petit coté Tex Avery, période Blitz wolf.
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Sergueï Lavrov: "l'Ukraine subira le sort de l'Afghanistan" - Moi: ah ouais, comme en 1988.
...
"C'est un asile de fous; pas un asile de cons. Faudrait construire des asiles de cons mais - vous imaginez un peu la taille des bâtiments..."
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Anaxagore



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MessagePosté le: Mar Oct 30, 2018 16:27    Sujet du message: Répondre en citant

17 Novembre, Marseille.

L'homme regarde la ville par la fenêtre de son bureau du palais Longchamp, au-delà du parc zoologique. La troisième ville de France, la capitale provisoire de ce pays... de son pays... Pour être exact, de son pays depuis 1938. L'ironie étant qu'il avait rejoint le général de Gaulle à Alger pour lutter contre... l'Allemagne, le pays qui l'avait vu naître...
Il s’appelle Stéphane Hessel.
Hessel connait l'histoire de Marseille, il n'ignoret pas qu'elle avait été fondée par les Grecs de la ville de Phocée, fuyant l'invasion perse. Il n'ignore pas non plus la légende qui raconte que les Grecs de Massalia furent les premiers à offrir leur aide aux Romains après l'invasion Gauloise de Brennus. Vae victis... malheur au vaincu. Mais le vaincu d'un jour peut être le vainqueur final, l'histoire n'en finissant pas de bégayer.
Et si Hannibal avait risqué ses éléphants dans les cols des Alpes, ce fut pour éviter le territoire de cette puissante cité.
Marseille avait été la dernière ville de Gaule soumise par Jules César. Événement non raconté dans le célèbre De bello gallico, mais dans le livre suivant, le De bello civilli. Massalia, alliée de république romaine avait aidé César dans sa conquête de la Gaule, mais s'était rangée aux côtés de Pompée pendant la guerre civile. Elle n'avait toutefois pas succombé sans un long siège et plusieurs batailles navales.
Refuge contre les invasions, amie de ceux qui les subissait et citée jalouse de son indépendance, Marseille avait été depuis l'Antiquité un bastion contre la tyrannie.
Plus récemment, n'avait-elle pas donné son hymne national à la France, la célèbre Marseillaise, chantée par les Gardes Nationaux qui étaient montés à l'assaut du palais des Tuileries ?
Telle est Marseille, c'était peut-être un signe qu'elle soit devenue la capitale de la France. Quelle ville serait plus digne de diriger la lutte contre l'Occupant ?
L'Occupant.
Le jeune homme de 26 ans qui regarde par la fenêtre ne disait jamais "Les Allemands" en parlant des envahisseurs. Après tout, à ses yeux, ils ne l'étaient pas... ou plutôt la barbarie n'avait pas de nationalité. Stéphane Hessel ne hait pas les sicaires d'Hitler pour l'avoir chassé d'Allemagne parce qu'il est Juif. La haine n'est jamais la bonne réponse à la haine. Le jeune homme ne crois pas non plus dans la violence... la question morale de la violence ne constitue pas à ses yeux le problème principal... Toutefois, le recours à la violence demeure une manière inefficiente de régler les problèmes. La preuve, les millions de morts des précédents conflits n'ont conduit qu'à cette guerre plus grande encore que la "Grande Guerre" qui l'a précédée.
Stéphane Hessel ne porte pas l'uniforme, bien qu'il soit techniquement lieutenant dans l'armée. En 1940, il a combattu en tant que chef de section d'une compagnie de cyclistes d'infanterie sous les ordres du capitaine Pierre Fourcaud.
Ce dernier, d'origine russe et parlant cette langue, avait fait partie du deuxième bureau durant l'entre-deux guerres. Évacué comme des millions d'autres, Fourcaud était retourné aux renseignements militaires, sous les ordres directs du colonel Passy, lui-même servant de liaison personnelle avec le général de Gaulle. Dès son arrivée dans ses nouveaux bureaux d'Alger, le capitaine Fourcaud avait demandé que son ancien subordonné le suive, pensant que sa connaissance de l'Allemagne et des nazis serait très utile à la France Combattante.
C'est ainsi que le jeune Stéphane Hessel avait fait la guerre derrière un bureau. Son premier travail consista à évacuer hors d'Europe des intellectuels juifs menacé par l'hitlérisme. Il avait opéré en liaison avec un Américain appelé Varian Fry. Ce dernier était l'envoyé d'Eleanor Roosevelt, l'épouse du président américain, au sein de l'Emergency Rescue Committee.
Ironiquement, une des premières personnes ainsi sauvé avait été... l'écrivain Franz Hessel, son propre père... Il avait fallu une intense pression diplomatique pour faire sortir l'écrivain juif des prisons parisiennes où le "gouvernement français" pro-allemand l'avait enfermé (1).
Malheureusement, ce rôle avait pris l'entrée en guerre des USA . L'intervention américaine avait permis de sauver et d'évacuer de nombreux intellectuels menacés par la barbarie nazie (2).
Stéphane Hessel avait cependant gardé de bons contacts outre Atlantique, notamment madame Roosevelt, une grande dame qu'il espérait un jour rencontrer autrement que par lettre. (3)
Après cela, Hessel fut remarqué par le colonel Passy pour sa maîtrise de l'anglais. À cette époque, les principaux interlocuteurs des services secrets français étaient les Anglais. Ceux-ci n'étaient pas avares de documents destinés à celui qui était encore à l'époque le Ministre de la Guerre... mais ce dernier les voulait en français. Il fallait donc bien que quelqu'un s'occupe de la traduction.
Passy et Louis Clouson se contentèrent de présenter Stéphane Hessel à de Gaulle qui - in fine - choisit lui-même celui qui traduira les documents qui lui étaient envoyés ainsi que ses propres réponses. La rencontre se fera à la table d'un restaurant d'Alger, au cours d'un repas où le général en imposera à Stéphane Hessel par sa présence et sa courtoisie. Impression favorable des deux côtés d'ailleurs, et Hessel obtiendra ce poste de traducteur.
Une mission vitale mais... Hessel renâclait... il envoyait des gens au casse-pipe, bien planqué derrière un bureau. Depuis des mois, il demandait à ses supérieurs Passy, Brossolette, Mella, de l'envoyer sur le terrain. La réponse de Tony Mella l'avait quelque peu refroidi : " Stéphane, vous savez comment on appelle les agents parachutés sur le territoire français ? "Une mise en bière sous pression". Nous n'allons pas vous envoyer, vous ! Un juif allemand qui parle à de Gaulle tous les jours et traduit des documents stratégiques ! Ce serait un risque insensé ! "
C'est à ce moment là que l'on frappa à la porte de son bureau, il s'agit justement Tony Mella. Il a la tête de ses mauvais jours.
- Stéphane, le Général vous demande.


(1) Ironiquement, Franz Hessel n'était pas en prison à cause de son statut de Juif mais... de ressortissant de l'Allemagne, "nation ennemie" et allait donc extradé vers le Reich allemand... où il aurait fini dans un camp de concentration.
(2) Varian Fry réussira notamment à évacuer Vitia, l'épouse d'origine russe de Stéphane Hessel.
(3) Après guerre, lorsque l'O.N.U. planchera sur la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, Eleanor Roosevelt sera la présidente de la commission et Stéphane Hessel en sera un des membres français.
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Dernière édition par Anaxagore le Mar Nov 06, 2018 11:32; édité 3 fois
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Alias



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MessagePosté le: Mar Oct 30, 2018 16:38    Sujet du message: Répondre en citant

Petite remarque: il y a là un joyeux mélange de temps, entre l'imparfait, le futur et le présent, qui mériterait un gros lissage.
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Imberator



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MessagePosté le: Mar Oct 30, 2018 16:57    Sujet du message: Répondre en citant

Alias a écrit:
Petite remarque: il y a là un joyeux mélange de temps, entre l'imparfait, le futur et le présent, qui mériterait un gros lissage.

C'est un classique de l'auteur.

Si la FTL est rédigé au présent, Anax est un écrivain dont les réflexes dans l'usage du passé resurgissent fréquemment.
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fhaessig



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MessagePosté le: Mar Oct 30, 2018 17:04    Sujet du message: Répondre en citant

Anaxagore a écrit:

Plus récemment, n'avait-elle pas donné son hymne nationale à la France, la célèbre Marseillaise, chantée par les Gardes Nationaux qui était montée à l'assaut du palais des Tuilleries ?


La Marseillaise s'appelait initialement 'Chant de Guerre de l'Armee du Rhin' et fu jouee pour la premiere fois dans les salons de l'hotel de ville de Stasbourg, soit assez loin de Marseille.
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Anaxagore



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MessagePosté le: Mar Oct 30, 2018 17:49    Sujet du message: Répondre en citant

Je sais... c'est un raccourci, évidemment.
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Colonel Gaunt



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MessagePosté le: Mar Oct 30, 2018 17:51    Sujet du message: Répondre en citant

fhaessig a écrit:
Anaxagore a écrit:

Plus récemment, n'avait-elle pas donné son hymne nationale à la France, la célèbre Marseillaise, chantée par les Gardes Nationaux qui était montée à l'assaut du palais des Tuilleries ?


La Marseillaise s'appelait initialement 'Chant de Guerre de l'Armee du Rhin' et fu jouee pour la premiere fois dans les salons de l'hotel de ville de Stasbourg, soit assez loin de Marseille.

Bien sur, mais les premiers à l'avoir chanté et adopté à Paris, sont les volontaires de la Garde Nationale en provenance de Marseille, et par émulation le reste des bataillons de Gardes Nationaux. Donc on peut leur donner la paternité en garde alternée avec Rouget de L'Isle.
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houps



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MessagePosté le: Mar Oct 30, 2018 19:54    Sujet du message: Répondre en citant

Anaxagore, quelques suggestions :

7 Novembre, Marseille.

L'homme regardait la ville par la fenêtre de son bureau du palais Longchamp, au-delà du parc zoologique. La troisième ville de France, la capitale provisoire de ce pays... de son pays... Pour être exact, de son pays depuis 1938. L'ironie étant qu'il avait rejoint le général de Gaulle à Alger pour lutter contre... l'Allemagne, le pays qui l'avait vu naître...
Il s'appelait Stéphane Hessel.
Hessel connaissait l'histoire de Marseille, il n'ignorait pas qu'elle avait été fondée par les Grecs de la ville de Phocée, fuyant l'invasion perse. Il n'ignorait pas non plus la légende qui racontait que les Grecs de Massalia furent les premiers à offrir leur aide aux Romains après l'invasion Gauloise de Brennus. Vae victis... malheur au vaincu. Mais le vaincu d'un jour pouvait être le vainqueur final, l'histoire n'en finissant pas de bégayer.
Et si Hannibal avait risqué ses éléphants dans les cols des Alpes, ce fut pour éviter le territoire de cette puissante cité.
Marseille avait été la dernière ville de Gaule soumise par Jules César. Événement non raconté dans le célèbre De bello gallico, mais dans le livre suivant, le De bello civilli. Massalia, alliée de république romaine avait aidé César dans sa conquête de la Gaule, mais s'était rangée aux côtés de Pompée pendant la guerre civile. Elle n'avait toutefois pas succombé sans un long siège et plusieurs batailles navales.
Refuge contre les invasions, amie de ceux qui les subissait et citée jalouse de son indépendance, Marseille avait été depuis l'Antiquité un bastion contre la tyrannie.
Plus récemment, n'avait-elle pas donné son hymne national à la France, la célèbre Marseillaise, chantée par les Gardes Nationaux qui étaient montés à l'assaut du palais des Tuileries ?
Telle était Marseille, c'était peut-être un signe qu'elle soit devenue la capitale de La France. Quelle ville serait plus digne de diriger la lutte contre l'Occupant ?
L'Occupant.
Le jeune homme de 26 ans qui regardait par la fenêtre ne disait jamais "Les Allemands" en parlant des envahisseurs. Après tout, à ses yeux, ils ne l'étaient pas... ou plutôt la barbarie n'avait pas de nationalité. Stéphane Hessel ne haïssait pas les sicaires d'Hitler pour l'avoir chassé d'Allemagne parce qu'il était Juif. La haine n'était jamais la bonne réponse à la haine. Le jeune homme ne croyait pas non plus dans la violence... la question morale de la violence ne constituait pas à ses yeux le problème principal... Toutefois, le recours à la violence était une manière inefficiente de régler les problèmes. La preuve, les millions de morts des précédents conflits n'avaient conduit qu'à cette guerre plus grande encore que la "Grande Guerre" qui l'avait précédée.
Stéphane Hessel ne portait pas l'uniforme, bien qu'il soit techniquement lieutenant dans l'armée. En 1940, il avait combattu en tant que chef de section d'une compagnie de cyclistes d'infanterie sous les ordres du capitaine Pierre Fourcaud.
Ce dernier, d'origine russe et parlant cette langue, avait fait partie du deuxième bureau durant l'entre-deux guerres. Évacué comme des millions d'autres, Fourcaud était retourné aux renseignements militaires, sous les ordres directs du colonel Passy, lui-même servant de liaison personnelle avec le général de Gaulle. Dès son arrivée dans ses nouveaux bureaux d'Alger, le capitaine Fourcaud avait demandé que son ancien subordonné le suive, pensant que sa connaissance de l'Allemagne et des nazis serait très utile à la France Combattante.
C'est ainsi que le jeune Stéphane Hessel avait fait la guerre derrière un bureau. Son premier travail avait été de faire quitter à l'Europe des intellectuels juifs menacé par l'hitlérisme. Il avait opéré en liaison avec un Américain appelé Varian Fry. Ce dernier était l'agent personnel d'Eleanor Roosevelt, l'épouse du président américain, au sein de l'Emergency Rescue Committee.
L'ironie était qu'une des premières personnes ainsi évacué avait été... l'écrivain Franz Hessel, son propre père... Il avait fallu une intense pression diplomatique pour faire sortir l'écrivain juif des prisons parisiennes où le "gouvernement français" pro-allemand l'avait enfermé (1).
Malheureusement, l'entrée en guerre des USA avait mis fin aux pressions diplomatiques qui avaient permis de sauver et d'évacuer de nombreux intellectuels menacés par la barbarie nazie (2).
Stéphane Hessel avait cependant gardé de bons contacts outre Atlantique, notamment madame Roosevelt , une grande dame qu'il espérait un jour rencontrer autrement que par lettre. (3)
Après cela, Hessel fut remarqué par le colonel Passy pour sa maîtrise de l'anglais. À cette époque, les principaux interlocuteurs des services secrets français étaient les Anglais. Ceux-ci n'étaient pas avares de documents destinés à celui qui était encore à l'époque le Ministre de la Guerre... mais ce dernier les voulait en français. Il fallait donc bien que quelqu'un s'occupe de la traduction.
Passy et Louis Clouson se contentent de présenter Stéphane Hessel à de Gaulle qui - in fine - choisit lui-même celui qui traduira les documents qui lui sont envoyés et ses propres réponses. La rencontre se fera à la table d'un restaurant d'Alger, au cours d'un repas où le général en imposera à Stéphane Hessel par sa présence et sa courtoisie. Impression favorable des deux côtés d'ailleurs, et Hessel obtiendra ce poste de traducteur.
Une mission vitale mais... Hessel renâclait... il envoyait des gens au casse-pipe, bien planqué derrière un bureau. Depuis des mois, il demandait à ses supérieurs Passy, Brossolette, Mella, de l'envoyer sur le terrain. La réponse de Tony Mella l'avait quelque peu refroidi : " Stéphane, vous savez comment on appelle les agents parachutés sur le territoire français ? "Une mise en bière sous pression". Nous n'allons pas vous envoyer, vous ! Un juif allemand qui parle à de Gaulle tous les jours et traduit des documents stratégiques ! Ce serait un risque insensé ! "
C'est à ce moment là que l'on frappa à la porte de son bureau, c'était justement Tony Mella. Il avait la tête de ses mauvais jours.
- Stéphane, le Général vous demande.
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Anaxagore



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MessagePosté le: Mer Oct 31, 2018 10:31    Sujet du message: Répondre en citant

texte réécris
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MessagePosté le: Mer Oct 31, 2018 11:07    Sujet du message: Répondre en citant

Tu as aussi quelques coquilles sur celui du 3 novembre, ne serait-ce que "Lille" sans 's'
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Anaxagore



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MessagePosté le: Lun Nov 05, 2018 17:23    Sujet du message: Répondre en citant

18 Novembre, quelque part dans le ciel au-dessus de la France.

Dans le ciel nocturne, une fleur de fumée noire vient d'éclore brutalement. Des doigts de lumière coupent le ciel, traquant un objet qui vire, cherchant à leurrer la DCA qui le suit. Parfois, les projecteurs éclairent un instant un petit Cessna bimoteur à livrée militaire, un UC-78 portant la cocarde tricolore.
À bord du Bobcat, Stéphane Hessel serre convulsivement le dos du fauteuil du pilote, récitant à voix basse des morceaux de textes qui surgissent de sa mémoire, le français, l'allemand et l'anglais se mélangent en brides de culture.
Arqué sur les commandes, l'aviateur se démène et jure.
- Ils doivent nous prendre pour un éclaireur venu repérer leurs positions. Vraiment pas de chance que l'on soit passé juste au-dessus de leurs têtes. Ils vont rapidement nous lâcher... enfin, d'après les SR ils manquent d'obus.
- C'est toujours comme ça ?
- Non, heureusement... mais de jour, il vaut mieux avoir une escorte de chasseurs. Pas trop secoué ?
Hessel sourit sardoniquement en songeant aux colères orageuses du Général.
- Je crois avoir l'habitude d'être secoué...
- J'espère pour vous que les Suisses sont vraiment au courant de notre arrivée, car il va être difficile de regagner Marseille si la chasse de nuit s'en mêle.
La remarque crée un pli soucieux sur le front de Stéphane Hessel. Bien sûr l'agent français sur place a prévenu les Suisses de sa venue et le Bobcat n'a décollé qu'après que les Suisses ont confirmé leur accord... Seulement, dans des moments comme celui-ci, on ne peut se démettre d'un petit pincement de cœur, d'un doute... et si le message a mal été compris par les renseignements suisses ou s'il n'a pas été transmis correctement à la DCA ?
- Et où sommes-nous ?
- Vous voyez les lumières ? C'est Genève ! D'ailleurs, il va être temps de les contacter...
Manipulant la radio, le pilote la règle sur une fréquence convenue à l'avance.
- J'arrive de Marseille avec une lettre pour Chalcédoine, de la part de Minos. Je suis en approche au 210 à 150 nœuds.
- Ici Chalcédoine, nous vous avons repéré. Nous vous attendons à l'aéroport de Genève-Cointrin.
Au passage de la frontière, c'est au tour de la DCA suisse. Mais seul un coup de semonce est tiré, le Bobcat s'empresse de répondre par une fusée blanche pour indiquer qu'il se rend aux autorités helvétes et se dirige vers le plus proche aérodrome, celui de Genève-Cointrin comme par hasard.
Même de nuit, le posé sur la piste de Cointrin - surtout pour un moustique comme le Cessna - ne relève pas de l'exploit. La piste dite 05/23 - à cause de son orientation (1)- est longue de 1065 mètres et large de 21. les travaux pour la rallonger, jusqu'à 1200 (2), viennent seulement de commencer. Avec un vent de moins de quatre nœuds, le pilote se pose comme une hirondelle regagnant son lit et fît rouler le Bobcat - évitant les engins de chantiers immobilisés pour la nuit- avant de s'arrêter devant l'aérogare de Genève-Cointrin.
Un peu secoué, Stéphane Hessel met pied sur le tarmac, respirant l'air froid des montagnes du Jura dont l'ombre écrase les prés qui entourent la piste. Dans la lumière des phares des véhicules stationnés devant l'aérogare, le sol de béton gris étincelle d'une fine pluie glaciale. Resserrant le col de sa gabardine, Stéphane Hesssel marcha en direction des deux hommes qui venaient de sortir du bâtiment.
Le premier est un petit homme portant un feutre enfoncé jusqu'aux yeux et un par-dessus informe. Entre les deux on ne discerne qu'une moustache en balai brosse. Son voisin, plus grand et plus âgé est en uniforme de l'armée suisse, képi en main. Le visage était sec, marqué, maigre. Les yeux enfoncés dans les orbites, vifs, inquisiteurs, ils attirent immédiatement l'attention.
- Monsieur Hessel ?
- C'est moi.
Poignée de main
- Je suis le major Max Waibel (Il désigna son voisin) voici Adolfo Ramirez, des services de renseignement français. (nouvel échange de poignées de main) Soyez le bienvenu en Suisse. Avez-vous fait bon voyage ?
- Nous avons croisé quelques obus de DCA en chemin, mais comme la rencontre n'a pas eu lieu, on va dire que j'ai fait bon voyage. Il est quand même extraordinaire que des Allemands aient tenté de me tuer alors que je suis venu en Suisse à leur demande.
Le commandant Waibel eut un sourire indulgent.
- Les négociations sont secrètes. A ce sujet, votre violation de l'espace aérien suisse vous vaut officiellement l'immobilisation de votre appareil et votre internement. La DCA allemande a du bon.
- Nous avons été avertis de cet arrangement.
Ramirez qui piétinait sur place, visiblement frigorifié profita du silence pour placer un mot :
- On pourrait peut-être en parler à l'intérieur ?



(1) De nos jours la piste s'appelle 04/22. Non, parce qu'elle a changé d'orientation. Mais parce que le nord magnétique s'est déplacé.
(2) La Suisse a interdit tout vol civil au début de la guerre. Cette interruption a été mise à profit pour mettre aux nouvelles normes internationales ses principaux aérodromes en prévision de la reprise du trafic dès la paix revenue.
_________________
Ecoutez mon conseil : mariez-vous.
Si vous épousez une femme belle et douce, vous serez heureux... sinon, vous deviendrez un excellent philosophe.


Dernière édition par Anaxagore le Jeu Nov 08, 2018 16:32; édité 4 fois
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