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Variante aéronautique
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pcfd



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MessagePosté le: Jeu Juil 05, 2018 16:21    Sujet du message: Répondre en citant

juste un petit détail : c'est Saint Martin du Touch
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Imberator



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MessagePosté le: Jeu Juil 05, 2018 16:24    Sujet du message: Répondre en citant

On parle du même Henry Ford connu entre autre pour ses sympathies pro-nazies ?
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Anaxagore



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MessagePosté le: Jeu Juil 05, 2018 16:48    Sujet du message: Répondre en citant

Imberator a écrit:
On parle du même Henry Ford connu entre autre pour ses sympathies pro-nazies ?


Il a même été décoré par l'ambassadeur nazi pour les livres antisémites de Ford.
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Archibald



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MessagePosté le: Jeu Juil 05, 2018 20:26    Sujet du message: Répondre en citant

C'était un grand taré Henry Ford... famille y compris, il a fait la misère à son malheureux fils, entre autres... un fou furieux, comme Howard Hughes.
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ChtiJef



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MessagePosté le: Ven Juil 06, 2018 08:11    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
M. William C. Stanton, architecte demeurant à Philadelphie, 6033 Colombie avenue

C'est pas plutôt Columbia Avenue ?

Citation:
D-520 qui commencent à s'accumuler sur les bords des pistes de Francazal et de St-Martin-de-Touche

Bien la peine ce construire des avions pour les mettre de suite sur la touche !
Bon, OK Arrow
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Etienne



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MessagePosté le: Ven Juil 06, 2018 08:40    Sujet du message: Répondre en citant

Oui, Columbia, merci.

pcfd a écrit:
juste un petit détail : c'est Saint Martin du Touch


Merci, j'ignorais. Comme quoi, même les livres bien écrits comportent des erreurs!


Et oui, c'est bien le même Henry Ford. J'ai tout autant été surpris, mais c'est dans l'article d'Icare en première page du sujet.
Peut-être avait-il compris la nécessité de changer de position… Ou de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier!
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Anaxagore



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MessagePosté le: Ven Juil 06, 2018 08:53    Sujet du message: Répondre en citant

Ford était un homme extrêmement intelligent (raciste et antisémite aussi...) je pense aussi qu'il était patriote. Donc, son changement de position n'en est pas un... c'est juste qu'il a pris position pour ses intérêts en tant qu'industriel américain dans un monde que le Nazisme menace.
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Etienne



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MessagePosté le: Ven Juil 06, 2018 09:03    Sujet du message: Répondre en citant

Je suis d'accord, le gouvernement fédéral américain venait de lui demander de mettre en place une industrie de guerre. Il savait donc qu'elle était inévitable.
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Etienne



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Messages: 2842
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MessagePosté le: Ven Juil 06, 2018 13:04    Sujet du message: Répondre en citant

Après une visite avec le général Arnold chez Allison le 15 juillet, qui confirme les dires d'Henry Ford, Dewoitine câble au ministère de l'Air à Alger pour donner un résumé de l'entrevue chez Ford et demander la venue de Forgeot et/ou Birkgit. On lui répond le 18 juillet avec l'annonce de l'arrivée prochaine de Pierre Forgeot, et avec un accord de principe sur le consortium Ford/Dewoitine en Argentine, avec une implication de la SNCAM, mais que ses collaborateurs en partance sont pour le moment réquisitionnés pour les installations en AFN. L'avionneur est son épouse reviennent donc à Detroit, le temps de mettre au point les détails techniques et juridiques des contrats et de faire connaissance avec les employés de Ford qui sont volontaires pour l'Argentine, pour élaborer avec eux un programme d'installation. Peu sont au courant des techniques aéronautiques, mais tous sont très pointus dans leur domaine de compétence: Production industrielle, logistique, bâtiments et infrastructures ou mécanique.
Entretemps, les correspondances avec l'ambassade en Argentine ont abouti sur un accord tacite du gouvernement argentin, qui attend avec impatience la venue de Dewoitine pour concrétiser les accords en préparation.
Le 1er août, Pierre Forgeot arrive à Detroit. Il est passé par l'Atlantique Sud, dont les liaisons Dakar/Natal d'Air France ont repris sous l'égide du ministère de l'Air. Surprise, Marc Birkgit l'accompagne, ce qui ramène un sourire sur les traits tirés d'Émile Dewoitine: Au moins, le Suisse a compris toute l'importance que pouvait revêtir une fabrication américaine, et il sera un interlocuteur de poids sur le plan technique, où il risque de survenir des problèmes, notamment pour les conversions du système métrique aux normes US.
Les entretiens avec Henry et Edsel Ford puis avec leur équipe technique se déroulent à partir du 3 août jusqu'au 14. L'accord de licence est rapidement trouvé, Forgeot ayant l'appui du Gouvernement pour les transactions par l'intermédiaire du colonel Weiser, présent aux négociations. Ford et ses techniciens insistent fortement sur le fait qu'utiliser les normes US ne sera pas nécessairement une perte de temps (le passage du millimètre au pouce requiert de nouveaux plans), car il est nécessaire d'adapter le moteur aux méthodes de production de la Compagnie, moins onéreuses et plus rapides, ce qui implique des modifications dans la fabrication de nombreuses pièces. Birkgit en convient, et accepte d'assister l'équipe technique de Ford sur ce point. Il restera de ce fait plusieurs mois aux États-Unis, faisant venir sa famille sur l'entrefaite. Les accords prévoyent la production du type 12Y51 qui équipe alors les D-520, puis celle du 12Z. Aux termes du contrat, Ford Motor Company doit produire une centaine d'exemplaires par mois à partir de décembre.
Le 28 août, Edsel Ford, Émile Dewoitine et leurs épouses s'envolent pour Buenos-Aires dans un avion de la Pan American Airways, accompagnés de plusieurs collaborateurs de Ford afin de mettre au point les accords avec le gouvernement argentin. Ceci prendra plus de temps qu’escompté initialement, les Argentins s’étant mis en tête de faire de cette nouvelle usine une unité de production d’appartenance argentine sous-traitant aux Franco-américains, avec un directoire argentin. Ce n’est bien sûr pas du tout du goût du Français, qui entend rester maître dans son usine, et il faut toute la maîtrise de la diplomatie de l’ambassadeur français pour arrondir la fermeté de l’avionneur et les arguments trop directs de l’industriel américain.
Finalement, un compromis est trouvé. L’Argentine fournira le terrain et la main d’œuvre nécessaire pour bâtir l’infrastructure (aux côtés de celles déjà existantes à Cordoba, qui ont servi pour le montage des D-21 en 1930), et récupérera l’usine (et ses machines à un prix attractif) lorsque la guerre sera terminée. Français et Américains seront les seuls décideurs et employeurs de main-d’œuvre, mais ils se verront adjoints des employés locaux du gouvernement, payés par celui-ci, à la fois conseillers pour les coutumes locales (Henry Ford se souvient de l’échec de Fordlandia) et élèves attentifs pour ensuite pouvoir diriger l’usine après le départ des Franco-américains. Une clause prévoit aussi que les Argentins puissent acheter à prix compétitif des exemplaires des avions construits pour leur propre armée.
Les délais de construction et mise en route de l’usine sont estimés à six mois, ce qui paraît bien peu à Dewoitine, peu habitué aux méthodes américaines avancées par Edsel Ford.
Le 14 septembre, les époux Dewoitine prennent le chemin de l’Algérie sur le Farman Ville-de-Rio à partir de Rio, qu’ils ont rejoint dans l’un des deux DC-3 d’Air France affectés à la ligne Sud-américaine. Marcel Tourret a réussi à trouver à Alger une grande villa, où sont logés la plupart des responsables expatriés de la SNCAM. Un appartement y est réservé pour le couple, en attendant mieux.
Le retour de Dewoitine aux commandes du BE et de la SNCAM permet à l’équipe ‘‘argentine’’ de se préparer pour le voyage par paquebot vers Buenos Aires, départ programmé le 25 septembre, sauf pour Castello, Doret et Henrat que Dewoitine veut garder jusqu’à nouvel ordre pour la mise au point des D-551. L’avionneur trouve à Alger une situation complexe: La finition et l’équipement des derniers D-520 de Francazal acheminés par voie aérienne et les modifications apportées à tout les autres ayant été attribuées aux Ateliers Industriels de l’Air, personnel et cadres de la SNCAM se sont joint à eux, et travaillent ardemment sous les ordres du colonel Martin, trois D-551 sont remisés dans le fond d’un hangar militaire tandis qu’une partie des fuselages de D-551 de pré-série sont à Oran, et l’équipe de Roger Legrix à Mers-el-Kébir avec son HD-780!
Une entrevue avec Laurent-Eynac le 20 septembre permet d’éclairer la situation, grâce aussi aux entretiens entre le ministre de l’Air et les différents constructeurs privés et public, dont MM. Amiot, Bloch et Breguet ont été des interlocuteurs très fermes. C’est ainsi qu’Émile Dewoitine apprend que l’agrandissement de la piste de Maison-Blanche a permis de réserver aux fins de la SNCAM des terrains pour la construction de hangars et ateliers dont on espère qu’ils resteront provisoires, et dont la construction vient juste de commencer. Le matériel entreposé à La Sénia sera lui rapatrié sur Alger dès que possible, les trains étant surchargés. Cela convient parfaitement à l’avionneur, le travail avec l’AiA d’Alger étant estimé jusque fin décembre, cela permet de visionner les plans des constructions et d’y apporter un grain de sel bien utile pour l’organisation future. En attendant d’avoir leurs propres locaux, c’est l’AiA qui accueillera l’équipe s’occupant des D-551 de pré-série pour les essais et la mise au point.
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Dernière édition par Etienne le Sam Juil 07, 2018 08:44; édité 1 fois
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Imberator



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MessagePosté le: Ven Juil 06, 2018 13:53    Sujet du message: Répondre en citant

J'avais complètement oublié l'histoire de Fordlandia. Édifiant !
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Archibald



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MessagePosté le: Ven Juil 06, 2018 14:25    Sujet du message: Répondre en citant

Très intéressant... je vais suivre ça de près...
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DMZ



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MessagePosté le: Ven Juil 06, 2018 15:49    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
L'avionneur est son épouse reviennent donc à Detroit


Peut-on imaginer des discussions similaires avec G&R ? Même si Ford n'est pas un constructeur de moteurs en étoile, il peut être intéressé également ; ou justement parce qu'il n'est pas encore producteur de moteurs en étoile... Il aurait alors une palette complète de produits pour l'aéronautique.
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Capu Rossu



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MessagePosté le: Ven Juil 06, 2018 16:19    Sujet du message: Répondre en citant

Bonsoir Etienne,

Citation:
et il sera un interlocuteur de poids sur le plan technique, où il risque de survenir des problèmes,


Citation:
Français et Américains seront les seuls décideurs et employeurs de main-d’œuvre, mais ils se verront adjoints des employés locaux du gouvernement,


@+
Alain
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Etienne



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MessagePosté le: Sam Juil 07, 2018 08:48    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour Alain, et merci, on a tous des coquilles qui traînent, comme un caribou!Wink

DMZ a écrit:
Citation:
L'avionneur est son épouse reviennent donc à Detroit


Peut-on imaginer des discussions similaires avec G&R ? Même si Ford n'est pas un constructeur de moteurs en étoile, il peut être intéressé également ; ou justement parce qu'il n'est pas encore producteur de moteurs en étoile... Il aurait alors une palette complète de produits pour l'aéronautique.


Le programme de Ford risque de devenir fort chargé. Point trop n'en faut. Je pense plus à un accord avec P&W ou Wright, habitué des étoiles, pour constituer soit des licences, soit un partenariat sur des pièces. Je développerais ça bientôt. Wink
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Etienne



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MessagePosté le: Sam Juil 07, 2018 17:11    Sujet du message: Répondre en citant

Petit tour chez le concurrent…

C’est le 20 juillet que Marcel Bloch et ses proches arrivent à Casablanca, par le dernier Farman parti de Mérignac de plus en plus bombardé. Les relations de l’ingénieur Lambourg étant au beau fixe avec le Vizir et l’administrateur Rochet, et grâce à leurs connaissances, il a pu trouver une villa à louer en adéquation avec le statut du patron, même si celui-ci se préoccupe peu du confort en cette période. Surtout qu’il va devoir bouger souvent, ne serait-ce que pour aller voir les ministères à Alger. C’est d’ailleurs là son premier sujet de préoccupation pour le moment, après avoir bien entendu pris connaissance de l’état des lieux, matériels et hommes.
Un rendez-vous à Alger avec le ministre de l’air Laurent-Eynac est obtenu pour le 23. Les moyens de transport étant rares et encore inorganisés, le patron se fait emmener par le pilote d’essais Le Bail, à bord d’un MB-176 flambant neuf, à peine sorti de l’atelier provisoire. Grâce au télégramme du ministère, Marcel Bloch parvient à trouver une place dans l’une des navettes de Maison-Blanche, un autocar bondé amenant une partie du flot quasi-continu des passagers s’expatriant de Métropole, tous s’estimant suffisamment importants pour avoir droit à un traitement de faveur, même s’il ne s’agit ici que d’obtenir une place dans un autobus!
Pour le moment, les ministères s’empiètent physiquement les uns sur les autres, dans des immeubles peu adaptés à leur nouvelle fonction, ce qui donne à l’avionneur la surprise de devoir faire antichambre dans un simple couloir garni de bancs de bois. Que voulez-vous, c’est la guerre, mon cher monsieur... Le bureau du ministre est assez vaste, mais guère ressemblant aux ors de Paris, tout comme la tenue quelque peu défraîchie du ministre, dont les traits tirés sont bien la marque de la fatigue accumulée, augmentée d’une température étouffante malgré le gros ventilateur de plafond, dont les quatre grosses pales peinent à créer un semblant de courant d’air dans l’atmosphère de ce mois de juillet.
- Monsieur le ministre, je vous remercie d’avoir bien voulu me recevoir aussi rapidement.
- C’est bien normal, monsieur Bloch. Vous restez un personnage-clé dans notre industrie hélas dévastée. Vous m’excuserez par ailleurs de vous accueillir dans ces conditions, mais nous avons nous-mêmes quelques difficultés à nous installer.
- A la guerre comme à la guerre, n’est-ce pas? Sur ce point délicat de l’installation, je voudrais vous remercier d’avoir fait diligence après notre réunion du mois dernier à Toulouse. Mes collaborateurs ont pu s’installer sans trop de peine à Casablanca, et la surface qui nous y est attribuée sera suffisante, du moins dans un premier temps.
- Vous escomptez déjà vous agrandir?
- Il faut prévoir rapidement le futur, monsieur le ministre. Cela dépendra évidemment de la main-d’œuvre que nous pourrons recruter, mais la seule fabrication du quadrimoteur 161 réclame de la place, beaucoup de place.
- N’est-il pas prématuré, voire... euh, illogique de continuer de vouloir construire ce type d’avion civil? Nos préoccupations sont plutôt guerrières, à l’heure actuelle.
- Certes, j’en conviens, mais j’ai cru comprendre par divers témoins le besoin que vous aviez de transporter des passagers en grand nombre, et que ces appareils auraient été fort utiles. On m’a même remercié pour les trois MB-160 recrutés et modifiés in extremis!
- Le déménagement sera bientôt terminé, monsieur Bloch, nos besoins en ce sens seront moindres.
- Bien sûr, et c’est la raison pour laquelle je vous disais que les surfaces suffiront pour l’instant. Mais comme les militaires regardaient avec convoitise nos quadrimoteurs et leur capacité - qui n’est pas encore optimale - je ne serais pas surpris s’ils vous en demandent sous peu. Mais laissons ceci de côté, j’ai bien compris que la priorité actuelle va aux avions de combat, et tout sera mis en œuvre pour cela, même s’il nous faudra du temps pour reconstruire des chaînes de production, et former de la main-d’œuvre locale.
- Quand pensez-vous pouvoir être opérationnel et sortir un premier avion?
- Si je vous disais, monsieur le ministre, que faute de navette régulière, je suis venu à Aller avec le premier MB-176 sorti de Cazès, vous me croiriez ?
- Comment? Déjà? Mais… Comment est-ce possible?
- Que voulez-vous, mes équipes sont performantes...
[Sourire malicieux de M. Bloch] Non, monsieur le ministre, je vous mentirais si je disais que l’avion a entièrement été construit au Maroc; il s’agit simplement d’un avion commencé et presque fini à Mérignac, qui a été démonté et transporté par cargo. Mes gens ont pu le terminer grâce à des moteurs Pratt disponibles sur place, et j’ai pu l’utiliser ce matin grâce au pilote d’essais disponible.
- Tout de même... Vous ne nous avez pas habitués à des délais aussi courts, monsieur Bloch!

Soupir de l’avionneur.
- Si vos services du STAé et du CEMA ne se tiraient pas continuellement dans les pattes et nous laissaient faire simplement, logiquement, calmement, notre travail... Si vos ex-confrères du gouvernement ne s’étaient pas mis dans la tête de vouloir ma peau, ou celle de mes collègues... Tout cela est fort contre-productif, monsieur le ministre, et nous n’en serions peut-être pas arrivés ici! Du moins ne faut-il pas s'en étonner…
- Avec des ‘si’, on met Paris en bouteille, monsieur Bloch. Inutile de revenir sur le passé.
- Alors construisons l’avenir, monsieur le ministre, et sur de bonnes bases. Cette guerre et son issue déplorable nous fournissent hélas l’occasion de rompre avec les mauvaises habitudes, mais il nous faudra aussi les cerner et les analyser, pour ne pas les reproduire.
- La guerre n'est pas finie, vous savez. Et nous ne répèterons pas les mêmes erreurs, monsieur Bloch, soyez-en certains.

En lui-même, Marcel Bloch ne peut s'empêcher de continuer la phrase "Nous saurons bien en faire de nouvelles", mais il se tait, songeur. Laurent-Eynac reprend.
- Je vous repose la question, monsieur Bloch: Quand pensez-vous pouvoir reprendre la production?
- Probablement pas avant la fin de l'année, monsieur le ministre, du moins pour ce qui concerne les avions non approvisionnés. Nos stocks déménagés doivent permettre de fabriquer peu à peu des MB-175 ou 176 et quelques MB-155, mais c'est à peu près tout. Il nous faut d'ores et déjà prévoir de nouveaux stocks, et préparer des commandes de pièces aux États-Unis, à défaut de nos fournisseurs français habituels. Le temps que les infrastructures soient fonctionnelles, que nous trouvions du personnel et le formions…
- Vous pensez réellement pouvoir utiliser la population locale à cet effet? On n'en dit pas que du bien…
- Oui, je suppose que ce sont les pieds-noirs et colons qui disent cela. J'ai entendu la même chose quand nous avons installé nos usines hors de la région Parisienne, à propos des paysans que nous allions devoir employer, et tout s'est bien passé.
- Mais ici, ou au Maroc, il y a peu d'éducation, pas d'écoles, ils ne savent ni lire ni écrire…
- Car vous croyez que les ouvriers agricoles de l'Indre ou du Bordelais sont tous lettrés? Détrompez-vous, monsieur le ministre, il y a beaucoup plus d'analphabètes en France qu'on ne le pense, ce qui ne les empêche pas de travailler correctement quand on leur montre ce qu'ils ont à faire.
- Beaucoup vont passer en conscription, je le crains. Autant de monde en moins, et il faut garder des bras pour l'agriculture.
- Le Maroc n'est pas soumis à la conscription, monsieur le ministre. Seuls les volontaires partent à la guerre. Et s'il le faut, je ferais comme mon confrère Félix Amiot: Embaucher des femmes.
- Vraiment?
- Oui, le personnel féminin de Caudebec a pu être formé rapidement, et monsieur Amiot n'en dit que du bien, à cause de leur minutie et leur conscience professionnelle. Grâce aussi à un outillage adapté, mais ceci ne constitue qu'un petit investissement matériel, qui reste réutilisable, contrairement à un homme susceptible de partir sous les drapeaux! Cela aussi nous a coûté un temps précieux, monsieur le ministre!
- Je sais, mais nous avions commencé à revenir là-dessus, et nombre d'ouvriers spécialisés avaient pu retrouver leurs postes de travail.
- Trop tard, monsieur le ministre, et trop peu.
- Je sais, je sais…Beaucoup de temps perdu alors qu'il ne nous en manquait que peu pour changer le cours des évènements…
- C'est ainsi, et nous n'y pouvons plus rien.

Un lourd silence tombe entre les deux hommes, émaillé de soupirs. Souvenirs et pensées fondent dans la chaleur ambiante, moite et pesante. Comme les actes passés. L'avionneur sort le premier de sa léthargie passagère.
- Monsieur le ministre, pourriez-vous demander à monsieur Caquot, ou à monsieur de l'Escaille, d'évaluer l'état des finances de la SNCASO et de prévoir un état en fonction de nos besoins futurs?
- Ceci est en cours, monsieur Bloch, les SNCA ne sont pas oubliées. Je prévois à ce sujet un tour de table avec les administrateurs dès que la situation sera un peu plus claire, afin que nous puissions envisager quelles suites donner aux demandes de fournitures de l'Armée de l'Air et de l'Aéronavale. Le Gén… Le ministre de la guerre me tanne à ce sujet, et j'ai bien peur que nous devions passer par des achats aux États-Unis…
- Dans l'urgence, c'est évident, monsieur le ministre. Même si nous pouvons tous commencer à produire début de l'année prochaine, il y aura encore des manques à combler, au minimum jusque mi-41, voire plus. Surtout si le STAé ou son organisme successeur nous impose encore des modifications du style
"le logement prévu pour la casquette n'est pas assez grand" pour notre futur MB-157.
- Le ministre de la guerre m'a demandé une réforme au sujet de ces organismes. Où en êtes-vous au sujet du MB-157?
- Le premier exemplaire a été déménagé, réassemblé et attend toujours son hélice, mais comme Ratier s'est installé non loin de chez nous, cela ne devrait plus tarder. Nous devrions pouvoir commencer les essais pendant que l'usine se construit, et préparer les outillages, dont beaucoup sont communs avec le MB-155.
- Vous allez continuer à produire du 155?
- En attendant la validation du 157, oui bien sûr. Les pilotes qui ont pu en avoir se sont déclarés enchantés. Il y a déjà un fossé avec le 152, vous savez, et j'avoue ne pas avoir compris pourquoi les exemplaires construits n'ont pas été évacués plutôt que sacrifiés?
- Leur manque d'autonomie, je pense?
- Elle a été poussée à 1 100 km par augmentation d'un réservoir, ce qui suffit amplement pour traverser la Méditerranée, mais peut-être suis-je le seul à le savoir?
- Ha ha, je pense plutôt que dans la confusion de la débâcle, nos pilotes et leurs supérieurs n'ont pas dû y prêter attention!
- Sûrement, et lorsque l'on dit à un pilote qu'il peut prendre un avion neuf, il ne se le fait pas dire deux fois! Voyons… Quand prévoyez-vous cette réunion des SNCA, monsieur le ministre?
- Début septembre, je pense. Le temps de clarifier la situation, et je préfèrerais que monsieur Dewoitine soit avec nous…
- Avez-vous des nouvelles? Si ce n'est pas secret, bien sûr…
- Évitez de le diffuser tout de même, mais nous avons reçu un câble de sa part mentionnant un accord avec Henry Ford afin de monter une usine en Argentine, et nous demandant l'envoi de monsieur Forgeot pour envisager un contrat entre Hispano et Ford.
- Ford? L'antisémite convaincu?
[Moue significative de Bloch]
- Lui-même. Mais c'est avant tout un patriote, et il sait que la guerre avec l'Allemagne est inévitable.
- Il n'empêche. C'est le dernier à qui je m'adresserai en allant là-bas! Enfin, si cela permet d'arranger Dewoitine, tant mieux pour lui.

L'entrevue se termine sur cette dernière note, qui rend malgré tout Marcel Bloch plutôt optimiste. Allons, les rumeurs pessimistes selon lesquelles on n'achèterait plus que du matériel américain ne semblent guère fondées, même si les Américains seront de toute manière concernés, ne serait-ce que par la matière première ou les fournitures… A ce sujet, il songe qu'il va falloir probablement aller lui-même de l'autre côté de l'Atlantique afin de trouver des fournisseurs, en plus de ceux qu'il a déjà en contrat. Tout se bouscule, certes, mais après tout, cela ne peut que faire du bien à tous, se dit-il en remontant dans l'habitacle du MB-176, surchauffé malgré une bâche. Le costume va en prendre un coup…
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