Fantasque Time Line Index du Forum Fantasque Time Line
1940 - La France continue la guerre
 
 FAQFAQ   RechercherRechercher   Liste des MembresListe des Membres   Groupes d'utilisateursGroupes d'utilisateurs   S'enregistrerS'enregistrer 
 ProfilProfil   Se connecter pour vérifier ses messages privésSe connecter pour vérifier ses messages privés   ConnexionConnexion 

Novembre 42 dans le Pacifique

 
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    Fantasque Time Line Index du Forum -> Suivi de la chrono
Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant  
Auteur Message
Casus Frankie
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 13715
Localisation: Paris

MessagePosté le: Lun Oct 06, 2008 10:04    Sujet du message: Novembre 42 dans le Pacifique Répondre en citant

Le texte qui suit est parti d'un texte de Mark. Cependant, si les événements en Chine, les combats terrestres et la bataille de croiseurs sont bien de Mark, tout ce qui concerne l'utilisation du radar par les Japonais, les contre-mesures alliées a été revu/corrigé/complété par Fantasque. J'ai (avec l'approbation de Fantasque) modifié les suites du combat des croiseurs. Fantasque a aussi repris en presque totalité l'évvolution des avions de la Marine japonaise.
Casus Frankie


Novembre 1942 (1/3)

1er novembre
Truk
Pendant que d’importants travaux de fortifications sont en cours à la base de Rabaul, les discussions tactiques vont bon train à l’état-major de la Marine Impériale dans le Pacifique Sud-Ouest. Pour les amiraux japonais, les divisions de quatre croiseurs sont désormais inadaptées aux opérations de nuit. Elles semblent pouvoir être avantageusement remplacées par des divisions associant deux croiseurs lourds et quatre destroyers, plus maniables et dotées d’une plus grande puissance de torpillage. La 6e Division (les quatre croiseurs lourds de Goto) a déjà été dissoute, après la destruction de deux de ses navires (Furutaka et Kako) et les graves dommages infligés aux deux autres (Aoba et Kinugasa, en cours de transformation en croiseurs anti-aériens). La 7e Division (commandée par Kurita jusqu’au 20 juin et par Nishimura depuis) est coupée en deux : Goto prend le commandement d’une nouvelle 6e Division, avec les CA Mogami et Mikuma et quatre destroyers, pendant que Nishimura conserve une 7e Division à présent composée des CA Kumano et Suzuya et de quatre destroyers.


2 novembre
Chungking
L’US Navy demande à l’état-major de la ROCAF et de la CATF d’envoyer les B-17 nouvellement arrivés en Chine effectuer un raid sur les chantiers navals japonais pour y surprendre les grands bâtiments de l’IJN qui s’y trouvent en cale sèche. Cette requête provoque le premier débat sérieux faisant intervenir les décideurs chinois dans la planification de l’offensive de bombardement stratégique prévue contre le Japon.
Opposés à la proposition des marins, les responsables de l’USAAF défendent vigoureusement leurs vues : il faut chercher à obtenir le meilleur rapport qualité-prix des futurs bombardements, autrement dit les plus grandes destructions pour chaque bombe (« Best bang for buck »). Il s’agit, expliquent-ils, de savoir ce qui est à la fois important et vulnérable dans la machine de guerre japonaise. Leur réponse (comme toujours) est la suivante : les usines aéronautiques, de moteurs d’abord, de cellules ensuite. Les Japonais ont en effet construit des usines très centralisées, donc d’une très grande surface au sol. Comme ces usines sont (pour le moment) peu ou pas défendues, ce sont des cibles faciles dont l’atteinte pourrait avoir des effets très importants. En revanche, les chantiers navals sont bien défendus, les navires en cale sèche sont des cibles difficiles à atteindre et une réussite occasionnelle n’aurait que des effets limités. De plus, si la destruction d’une usine de moteurs d’avions serait positive pour l’ensemble des services et des nations alliées (US Navy et USAAF, Etats-Unis, Chine, Grande-Bretagne, Australie, France), celle d’un navire n’intéresserait vraiment que l’US Navy…
Mme Tchang participe à cette réunion en tant que ministre de l’aviation chinoise. Elle intervient (comme elle l’avait fait en 1939 après la destruction de la première ROCAF et son remplacement par un corps expéditionnaire soviétique) pour reconnaître que, si elle est politiquement responsable des B-17 chinois, elle ne peut prétendre en exercer le contrôle opérationnel. Comme le général Hutton devait l’observer sans fard dans ses souvenirs de guerre, « Mme Tchang ne devait pas être dans son assiette ce jour-là, car elle n’était pas femme à accepter facilement de céder le moindre contrôle sur quoi que ce fût ! » Cependant, elle fait observer qu’au niveau stratégique, la Chine doit avoir son mot à dire pour le choix des objectifs ! Or, les avions japonais frappent sans pitié les populations chinoises depuis de longues années et frapper leurs usines lui semble une bonne idée.
Les participants à la réunion finissent par s’accorder sur un projet d’attaque des usines aéronautiques japonaises. Il est même prévu de passer à des bombardements de nuit utilisant des bombes incendiaires lorsque la défense aérienne japonaise se sera renforcée (le compte-rendu officiel de la réunion précise que cette décision est prise à l’instigation de Mme Tchang, alors que la suggestion est en réalité venue d’un officier chinois). Ces attaques nocturnes devront viser des zones abritant de nombreux sous-traitants de l’industrie aéronautique, qui sont aussi des zones très peuplées, ce qui n’échappe pas à Mme Tchang. « En lançant de nombreuses bombes incendiaires sur ces secteurs, observe-t-elle, de nombreux Japonais pourraient bien brûler vifs dans leurs lits ! » Une lettre de Chennault rapporte que tous les officiers occidentaux présents sont frappés de stupeur par l’expression extatique qui se peint à ce moment sur son visage.

Truk
Le grand cargo Onoe Maru, endommagé le 22 octobre devant Rabaul et partiellement réparé, est sur le point d’entrer dans le lagon où il doit achever sa remise en état quand il est torpillé par le sous-marin américain Flying Fish. Cette fois, le transport n’en réchappe pas, mais le Flying Fish, repéré par un avion de patrouille, est coulé par les escorteurs japonais après quatre heures de chasse.

Guadalcanal
De fortes pluies réduisent les deux camps à prendre leur mal en patience dans la boue. Pendant ce temps, les renforts de l’AMF fraîchement débarqués remplacent leurs compatriotes épuisés autour de Bloody Ridge. La 28e Bde est repliée dans la zone d’Aola, ainsi que certaines unités de marines, pour repos et réorganisation. La 1ère Bde (2e, 33e et 41e bataillons d’infanterie) prend sa place. Elle est soutenue par l’artillerie divisionnaire de la 1ère Division AMF (18-livres des 1er et 9e bataillons RAA, 2-livres antichars du 103e RAA).


3 novembre
Guadalcanal
Iishi, sur le G-352 accompagné des G-1 et G-3, est surpris par les PT-38, PT-48 et PT-60 alors qu’il piste quelques bateaux de la RNZN. Les vedettes américaines ont profité de grains de pluie pour approcher sans être vues ; elles mitraillent les G-1 et G-3, qui ont plusieurs morts et blessés, mais elles sont repoussées par l’intensité du tir du G-352.
Effarés par les calibres utilisés par les Japonais, les commandants américains en parlent au commandant de la base de Tulagi, un Australien. Celui-ci envoie un appel urgent à Sydney, réclamant des canonnières Fairmile D (familièrement surnommés “Dogboats”). Bien qu’ayant ses propres problèmes dans les eaux birmanes, la Royal Navy répond rapidement et décide d’envoyer dans les Salomon toutes les canonnières à vapeur disponibles. Cette classe s’est montrée trop fragile pour la Mer du Nord, mais s’est très bien comportée lors de l’opération Pedestal. Leur taille, leur tenue à la mer et leur rayon d’action en font des bateaux bien adaptés aux grands espaces du Pacifique, pourvu qu’elles soient utilisées comme des torpilleurs (à la mode des années 1890) plutôt que comme des vedettes lance-torpilles des années 1940. La construction de cette classe est donc poursuivie. Ces canonnières se voient cependant ajouter quelques plaques de blindage léger, qui réduisent légèrement leur vitesse mais les rendent moins vulnérables.
L’envoi de ces vedettes s’ajoute aux autres efforts des Britanniques pour renforcer un peu la marine australienne : après le transfert à la RAN du croiseur léger Jamaica, rebaptisé Brisbane, les deux vieux croiseurs légers Danae et Dragon ont été envoyés à Port Moresby pour appuyer les opérations prévues pour reprendre Milne Bay.


4 novembre
Guadalcanal
Des heurts entre petites unités se poursuivent le long de la Lunga, tandis que les deux camps s’efforcent d’améliorer leurs positions. Ce sont maintenant les Alliés qui tiennent l’aérodrome et tentent de le remettre en état, mais surtout de le soustraire aux tirs ennemis.
Dans la nuit, Tanaka avec son Jintsu et ses destroyers, accompagné de Goto avec deux croiseurs lourds, bombardent les positions alliées. Les MTB américaines tentent d’attaquer Goto, mais sont repoussées. Le sous-marin de garde dans la baie ne parvient pas à repérer les Japonais, car la visibilité est très médiocre.
Cependant, un petit convoi de péniches atteint la base japonaise de Lambi Bay. Grâce à l’utilisation d’un grand nombre de petits navires prenant le relais des cargos rapides pour la dernière étape, le système logistique japonais est bien au point, mais s’il peut ravitailler les garnisons des Salomon en nourriture et en munitions pour les armes légères et l’artillerie de campagne, il ne peut rien apporter de plus lourd.
De leur côté, les Alliés continuent de faire la navette entre Nouméa et Guadalcanal avec des destroyers convertis ou des croiseurs légers.


5 novembre
Guadalcanal
Un hydravion Swordfish de reconnaissance observe les activités japonaises à Lambi Bay. Il est chassé par une violente DCA, mais la base japonaise a été repérée.
Pendant ce temps, seize B-17 de l’USAAF, profitant d’une trouée dans les nuages, bombardent à moyenne altitude les positions japonaises. Les Japonais ne peuvent répondre que par des raids de harcèlement menés dans la nuit par des Ki-21.
De son côté, Iishi voit avec joie arriver des renforts: la vedette lance-torpilles G-354, les vedettes lance-torpilles légères G-10 et G-11 et la canonnière H-15. Elles s’ajoutent aux G-1, G-3, G-352 et G-353, qui ont toutes plus ou moins souffert les semaines précédentes.

Tarawa
Quatre G4M guidés par un H8K attaquent un Liberty ship de 7 660 GRT au nord-est des Fidji. Touché par cinq bombes, le cargo coule, mais non sans avoir abattu l’un des G4M.


6 novembre

7 novembre
Iles Salomon
Les six premiers G3M3 équipés de radars opérationnels arrivent à Truk. Ces appareils du 850e Hikotai sont accompagnés par deux L3Y2 apportant des mécaniciens et des techniciens radar et trois radars Lichtenstein, les premiers envoyés hors du Japon. Ces radars sont destinés à équiper trois des huit J1N de chasse de nuit basés à Truk (et déjà dotés d’armes tirant en oblique de type Shrage Musik), mais l’adaptation de l’électronique et l’entraînement des équipages se révèleront impossibles en raison du manque de matériel et de personnel qualifié ; techniciens au sol et équipages devront être renvoyés à Tokyo pour y être formés au laboratoire de recherche de l’Université de Physique.
De fait, les équipages des six G3M3 ont été formés au Japon (douze autres appareils du 850e Hikotai sont à l’entraînement, mais l’unité ne sera pas au complet avant avril 1943). Leur radar est un Type H-6, fabriqué au Japon avec le concours des Allemands de Gemma et Telefunken. Le résultat est un appareillage de bonne qualité pour l’époque, mais dont l’efficacité souffre considérablement du manque de personnel qualifié en électronique dans l’aviation de la Marine comme de l’Armée Impériale. Les conseillers envoyés par la Luftwaffe au début de 1942 s’en sont d’abord étonnés, estimant ces appareils faciles à entretenir, mais il est vite apparu que ce que les Allemands considèrent comme des personnels simplement compétents en radio-électronique est rarissime dans les forces japonaises en 1942.

Guadalcanal
Le remorqueur néozélandais Rimu arrive à Aola Bay, tirant deux lourdes péniches. Toutes deux portent une massive rampe de bois.


8 novembre
Iles Salomon
Les G3M3 du 850e Hikotai équipés de radars commencent à patrouiller de nuit autour de Guadalcanal, repérant les allées et venues d’un certain nombre de navires alliés. Cependant, le petit nombre d’appareils disponibles implique qu’il va falloir du temps aux Japonais pour se faire une idée précise de ce trafic.

Guadalcanal
Pendant ce temps, une série de petites attaques nocturnes permet aux Australiens de consolider la branche sud de l’encerclement de Bloody Ridge. Les Marines en font autant au nord, tout en sondant les défenses japonaises sur la rive ouest de la Lunga.
Au crépuscule, quatre Whitley de la RAAF bombardent Lambi Bay, provoquant plusieurs violentes explosions secondaires. Les bombardiers s’échappent sans pertes.


9 novembre
Nagoya
A la grande consternation de l’état-major japonais, seize B-17F (huit de la ROCAF et huit de la CATF) venant de Chungking made effectuent une audacieuse attaque en plein jour sur Nagoya. Ces machines ont été spécialement modifiées pour emporter jusqu’à 4 000 lb de bombes (3 000 seulement lors de ce raid) et un gros réservoir supplémentaire fixé sous chaque aile, entre le moteur interne et le fuselage. Les avions ont fait escale la veille au soir sur un terrain de fortune au sud de Nanchang, à près de 2 000 km de leur objectif – l’extrême limite avec cette charge de bombes. Ils ont décollé bien avant l’aube et ont largué leurs réservoirs supplémentaires une fois le carburant qu’ils contenaient épuisé.
A Nagoya, leur cible est les usines aéronautiques Akashi (moteurs et cellules), qui représentent la totalité de la production japonaise de moteurs Ha-40. La formation a suivi un trajet trompeur et n’a pas été identifiée comme ennemie par le système de défense aérienne des îles nippones, encore squelettique, avant d’être parvenue sur l’objectif. Attaquant par beau temps et sans la moindre opposition, les avions effectuent un bombardement à haute altitude parfait – il est vrai qu’il est difficile de rater la cible. Légèrement construits, les bâtiments souffrent beaucoup du souffle des explosions ; du fait de la surprise, personne ne s’est mis à l’abri et les pertes humaines sont nombreuses. Les machines-outils sont cependant moins atteintes que l’état de dévastation des bâtiments ne peut le laisser supposer. Cependant, les dommages sont sévères et les lignes de production du Ha-40 très endommagées : 50% des ateliers sont détruits et 30% endommagés ; la fabrication du moteur Ha-40 sera totalement interrompue pendant deux mois.
Les chasseurs Ki-43 décollant de Nagoya sont incapables de rattraper les B-17, qui volent trop haut pour eux. Les bombardiers sont finalement interceptés par des Ki-44 au-dessus de Kitakyushu ; l’un d’eux est endommagé et les intercepteurs, s’acharnant sur lui, réussissent à l’abattre près de Sasebo. Tous les membres de l’équipage sont tués. Mais à ce moment, un nouveau choc attend les Japonais – l’équipage de l’appareil abattu, qui appartient à la ROCAF, est entièrement composé de Chinois ! Les papiers trouvés sur les morts révèlent que ces hommes sont récemment rentrés en Chine après un entraînement suivi aux Etats-Unis et en Inde ; ce vol était leur première mission offensive.
Dans la nuit, quatre autres B-17 reviennent bombarder l’usine, en se guidant sur les lueurs des incendies. En l’absence de chasseurs de nuit dans la région, ils n’ont aucune perte.
Les Américains congratulent publiquement leurs alliés chinois, mais en privé, ils sont moins ravis. Beaucoup estiment que cette attaque est prématurée. Ils soupçonnent que Madame Tchang est pour beaucoup dans l’organisation de ce coup d’audace et de propagande, qui lui rapporte de juteux dividendes politiques. Il est d’ailleurs probable que la redoutable Madame Tchang n’est cette fois qu’une couverture pour le Généralissime. Cependant, l’impact sur le moral chinois est assurément très positif et l’état-major américain se fait une raison.
A Tokyo, l’état-major japonais est épouvanté. Il réalise qu’en concentrant la production des moteurs d’avion dans quelques usines géantes, il a rendu son outil de production très vulnérable à ce type de bombardement et qu’il n’y peut plus grand-chose, sinon lancer en hâte un programme de construction de murs anti-souffle et espérer qu’il n’y aura pas d’autre raid.
La principale usine de Ha-40 ainsi dévastée, des cellules sans moteur du nouveau chasseur Ki-61 Hien (Tony) vont vite s’accumuler dans les dépôts de l’aviation de l’Armée Impériale. C’est un sérieux revers pour l’IJAAF, qui espérait bien faire rapidement de cette machine son nouveau chasseur standard. Il semble que le raid ait coûté l’équivalent de quatre mois de production.
« Pour relancer celle-ci, l’Armée dut même corriger une de ses erreurs. En effet, beaucoup d’ouvriers de chez Akashi avaient été mobilisés. Il fallut bien admettre qu’ils étaient plus utiles à Nagoya qu’en Chine et ces hommes furent rappelés à l’usine. Cependant, plutôt que de les démobiliser, l’Armée Impériale prit la décision étrange (pour un Occidental du moins) de les remettre à leur poste de travail en uniforme, ce qui n’alla pas sans créer des tensions entre les ouvriers.
Les effets des dégâts subis par l’usine Akashi auraient été encore pires si les Allemands n’avaient pas envoyé au Japon au début de 1942 des machines-outils permettant de monter une ligne de production de moteurs DB-601F. Celle-ci, installée près de Nagano, compensa en partie le déficit en Ha-40 à partir du début de 1943. Le DB-601 s’avéra si satisfaisant que Kawasaki décida d’interrompre le développement du moteur Ha-140, qui s’annonçait mal parti. Néanmoins, les DB-601F, rebaptisés par Kawasaki Ha-40F, ne furent jamais aussi fiables que les moteurs fabriqués en Allemagne – la “dilution” de la force de travail qualifiée et la détérioration progressive des contrôles qualité se traduisirent par une durée de vie des Ha-40F inférieure de 30% à celle des DB-601F.
Par ailleurs, le Ha-40F était trop lourd pour remplacer le Ha-40 dans le Ki-61 tel qu’il était. Les ingénieurs de Kawasaki furent donc conduits à poursuivre les travaux entrepris dans la perspective de l’utilisation du Ha-140 pour renforcer la cellule de l’appareil, qui fut dénommé Ki-61-II. »
(D’après C. Mathieu, L’Armée Impériale japonaise dans la Seconde Guerre Mondiale)

Guadalcanal (côte est)
Deux petits transports hollandais atteignent Aola Bay, avec à leur bord une surprise pour les Japonais : six obusiers de 9,2 pouces (230 mm), qui prenaient tout doucement la poussière au fond d’un hangar australien depuis 1918. Ils sont accompagnés de quatre tracteurs à vapeur du même millésime, remis en état par les ateliers des Chemins de Fer de Chullora. Obusiers, caissons et tracteurs sont soulevés par des mâts de charge doublés (et renforcés) et déposés sur les lourds pontons de bois arrivés deux jours plus tôt, ce qui leur permet de débarquer dans la nuit sur le rivage.

Guadalcanal (côte ouest)
La vedette PT-60, en patrouille solitaire, attaque un convoi japonais de trois petits transports et torpille un chalutier de 350 GRT, qui explose avec une boule de feu qui aurait honoré un croiseur de bataille (il était chargé d’obus de mortier). Les deux patrouilleurs d’escorte, des Cha, ripostent, mais sans succès. Un peu plus tard, un Swordfish endommage à la bombe un second transport. Mais ce dernier parvient à accoster à Lambi Bay avec l’autre survivant et 500 tonnes de ravitaillement sont déchargées.
Au même moment, un convoi de sept péniches, escortées par sept péniches blindées, atteint Point Cruz sans incident, couvert par les vedettes d’Iishi. Cependant, celui-ci est mécontent : pendant qu’il joue les escorteurs, il ne peut plus attaquer le trafic allié…


10 novembre
Guadalcanal
Les reconnaissances japonaises repèrent au petit matin les deux transports hollandais, qui achèvent de décharger les munitions de 9,2 pouces devant Aola. A 10h00, 18 hydravions attaquent les deux petits bateaux, à présent vides. Malgré l’intervention de quatre Floatfire, qui abattent un A6M2-N, ils sont coulés.
La nuit suivante, deux MTB américaines appuyées par le HMZNS Moa attaquent devant Point Cruz un convoi de deux péniches escortées par une péniche blindée. Malgré les tirs de celle-ci, les MTB réussissent à incendier une péniche, qui coule au large de la plage, avant de devoir rompre le combat avec un mort et trois blessés. Le Moa intervient alors et détruit la péniche blindée à coups de 12-livres. Pour sa peine, le Néo-Zélandais reçoit cinq obus de 57 mm qui perforent son blindage et font deux morts et dix blessés. Mais le Moa ne subit aucun dégât sérieux malgré deux petits incendies qui, signalera Phipps à Auckland, ne font que lui donner « une allure positivement canaille ».
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Casus Frankie
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 13715
Localisation: Paris

MessagePosté le: Lun Oct 06, 2008 10:08    Sujet du message: 11 au 20 novembre Répondre en citant

11 novembre
Nouméa
« Le Onze Novembre fut l’occasion de plusieurs cérémonies. Nous autres aviateurs, nous avions été chargés de veiller au grain, ce qui nous permit de découvrir du haut des airs un panorama impressionnant. Nous savions que les Américains avaient perdu trois ou quatre grands cuirassés en deux mois, et voilà que nous découvrions dans les eaux de Nouméa trois énormes bâtiments, neufs ou presque, à côté desquels nos beaux Dunkerque et Strasbourg et l’Anglais Renown avaient presque l’air de jouets d’enfants. Non loin de ces six navires de ligne, six porte-avions réchauffaient mon cœur de pilote ! Deux porte-avions d’escadre seulement, certes, mais les quatre porte-avions d’escorte n’étaient pas à négliger.
Et ce beau monde était entouré d’une cour nombreuse de croiseurs et de destroyers – tous les jours ou presque, un nouveau navire venait s’ajouter aux forces alliées. Et leurs marins nous disaient que ce n’était rien en comparaison de ce qui grandissait dans les arsenaux américains… » (Yvon Lagadec, op. cit.)
Une grande partie des forces alliées dans le Pacifique Sud-Ouest est momentanément concentrée à Nouméa, en raison de l’arrivée de l’escadre de renfort qui a traversé l’Océan Indien.
Trois cuirassés de classe South Dakota : le South Dakota, l’Indiana et le Massachusetts. Les deux cuirassés rapides français Dunkerque et Strasbourg. Le croiseur de bataille anglais Renown.
Les grands porte-avions Enterprise et Hornet. Les porte-avions d’escorte Long Island, Copahee, Sangamon et Santee.
Six croiseurs lourds “classiques”, les Américains Louisville, Minneapolis, Northampton, Pensacola et Portland, plus le Français Tourville. Cinq croiseurs américains dotés de canons de 6-pouces à tir rapide, les Helena, Phoenix et Saint-Louis (15 x 6-pouces) et les Cleveland et Columbia (12 x 6-pouces). Cinq croiseurs légers, l’Australien Brisbane (ex Jamaica), et quatre Américains relativement anciens, les Detroit, Milwaukee, Omaha et Raleigh. Deux croiseurs anti-aériens, les Américains Juneau et San Diego.
Et un grand nombre de destroyers : quatre Français (Le Hardi, Le Foudroyant, L’Adroit, Casque), quatre Hollandais (Isaac Sweers, Van Ghent, Van Nes, Witte de With) , un Australien (Arunta) et… cinquante et un Américains : Blue, Buchanan, Dewey, Helm, Hull, Jarvis, Ralph Talbot, Wilson (survivants de la première bataille de Savo), Aaron Ward, Anderson, Barton, Benham, Ellett, Farenholt, Gilmer, Grayson, Gridley, Hughes, Humphreys, Lang, Maury, McCall, Mustin, Russel, Balch et Selfridge (survivants des Salomon Orientales et/ou de la deuxième bataille de Savo), Coghlan, Duncan, Lansdowne, Lardner, Woodworth (arrivés en renfort de la Côte Ouest en septembre-octobre), Beatty, Cowie, Doran, Fitch, Forrest, Knight, Mervine, Quick (écran des deux cuirassés arrivés par l’Océan Indien), Bailey, Bancroft, Barton, McCalla, Meade, Murphy, Rodman, Fletcher, Jenkins, Nicholas, O’Bannon et Saufley (écran des porte-avions d’escorte arrivés par l’Océan Indien).
Par ailleurs, cette énumération ne tient pas compte de la force d’escorte (dont le navire amiral reste la Jeanne d’Arc) ni des croiseurs légers et destroyers de transport rapide (le principal de ces navires étant l’Emile-Bertin).
Sans doute l’Indiana et un écran de destroyers vont-ils être envoyés à Pearl Harbor soutenir les cinq cuirassés anciens déployés à Pearl ou sur la Côte Ouest, sans doute l’un des porte-avions d’escorte au moins doit-il poursuivre les navettes avec Pearl Harbor pour transporter des avions de renfort, mais il y a là de quoi constituer une puissante force aéronavale et une puissante force de combat de surface. Cette dernière est commandée par l’amiral Scott. Il dispose donc de deux grands cuirassés, deux cuirassés rapides, un croiseur de bataille et un bon nombre de croiseurs et de destroyers. Il doit évidemment en laisser un certain nombre aux porte-avions pour les escorter et il est prévu que, s’il peut éventuellement utiliser les deux CLAA, il ne devra en aucun cas les risquer en combat de surface – mais cela lui laisse encore des forces très importantes.

Guadalcanal
Les gros obusiers de 9,2 pouces commencent à être disposés dans des positions longuement préparées, retranchées et bien camouflées derrière Red Beach. Les hommes du Génie américain sont anxieux de savoir si leurs préparations conviennent bien à ces engins qu’ils ne connaissent pas. Ils sont ravis d’entendre les officiers australiens leur dire que leur travail est au moins aussi bon que ce qu’ils ont connu de mieux durant l’Autre Guerre. La plupart des officiers et quelques sous-officiers de cette batterie de six obusiers sont en effet des vétérans de la Première Guerre, tous volontaires. Ce jour là est officiellement constituée la Solomon Islands Heavy Howitzer Battery, rattachée à la 1ère Division de l’AMF.
Les félicitations des Australiens sont un baume au cœur des sapeurs du bataillon du Génie divisionnaire. En effet, l’aérodrome de Tenaru étant toujours sous le feu japonais, ils viennent de “livrer” aux aviateurs alliés une piste de fortune construite à Tetere. Mais la nature du sol ne leur a pas permis de faire mieux qu’un terrain capable d’accueillir des avions à faibles performances et certes pas des Wildcat ou des Dauntless, avec leurs pneus à haute pression. Les Marines sont très déçus et le font savoir ! Il faudra réussir à dégager Tenaru pour contrôler l’espace aérien de la région.

Iles Salomon
Les six G3M3 équipés de radar continuent leur surveillance nocturne de la chaîne d’îles. Malgré leur faible nombre et la fiabilité incertaine de leurs appareillages, ils commencent à avoir une idée des mouvements des navires de ravitaillement alliés. Cependant, ils ont aussi attiré l’attention d’autres patrouilleurs de la nuit…
« Les radars allemands envoyés au Japon par le train au début de 1942 avaient été au passage dûment examinés par les services de renseignement soviétiques, NKVD and GRU. Très vite, Staline comprit qu’il avait politiquement intérêt à partager ces informations avec les Alliés, pour obtenir d’eux toute l’aide qu’ils pourraient lui fournir lors de la confrontation, qu’il savait inéluctable, avec Hitler. Il démontrait ainsi aux Occidentaux sa bonne volonté ; de plus, cela lui permettait d’affaiblir le Japon, lui ôtant tout souci sur ses frontières asiatiques. Mieux encore, le passage par l’URSS des trains de matériel entre l’Allemagne et le Japon lui permettait de renseigner les Alliés sans risquer de compromettre les réseaux d’espionnage soviétiques en Allemagne et au Japon.
En janvier 1942, les Alliés, ainsi renseignés, décidèrent l’envoi sur le théâtre Pacifique d’équipes et de matériel de contre-mesures électroniques (ECM, brouillage) et d’écoute (ESM, détection passive) qui avaient démontré leur utilité en Europe.
Dès 1939, à la demande de la Marine Nationale, le groupe américain ITT avait commencé à développer des moyens de goniométrie puissants pour localiser les sous-marins. Ce procédé (avec des brevets français) fut par la suite exploité par tous les Alliés. De même, scientifiques et techniciens français étaient très attentifs au développement de ce qu’on appelle aujourd’hui contre-mesures électroniques (y compris la détection passive, ESM). Il faut rappeler que si un radar a une portée (par exemple) de 20 nautiques, il peut être détecté par un récepteur opérant sur sa fréquence au double de cette portée (soit, ici, 40 nautiques). C’est encore plus vrai pour les radars aéroportés.
Cette culture des ECM/ESM diffusa vite des équipes françaises aux anglaises. Au début de 1942, Français et Britanniques avaient donc pris de l’avance du point de vue technique, mais les Américains (USAAF et US Navy) n’allaient pas tarder à rattraper leur retard (ils passeraient même en tête dès la mi-1943).
De leur côté, ayant pris conscience de l’état des travaux français après leur victoire dans la Campagne de France, les Allemands développèrent une doctrine de silence radar que les Japonais allaient finir par imiter, en fonction de leur propre expérience.
Les “renifleurs de radars” arrivèrent en juillet dans le Pacifique et leurs premiers exploits eurent lieu lors de la bataille des Salomon Orientales.
Début novembre, toutes les forces aériennes alliées dans le secteur se méfiaient des radars Freya. En effet, que ces derniers soient de fabrication allemande ou japonaise, ils émettaient sur une longueur d’onde détectée par les radios VHF équipant les avions alliés de l’époque et les pilotes et radios alliés entendaient dans leurs écouteurs une sorte de gazouillis caractéristique. En revanche, un radar Würzburg, travaillant sur une fréquence bien plus élevée, ne pouvait pas être détecté de la sorte, non plus que les appareillages aéroportés développés en Allemagne en 1941, qui émettaient dans la bande des 53 cm. Repérer ces engins était le travail des “renifleurs” (snoopers, pour les Anglo-Américains).
Suivant les consignes britanniques, la RAAF et la RAN avaient mis sur pied une unité de 16 avions, dont six Hudson, deux Whitley, trois Wellington, deux Defiant et trois Catalina. Ce “Special Purpose Squadron” ou SPS opérait de la côte nord-est de l’Australie, avec un détachement à Port Moresby.
Les Français avaient chargé de cette tâche deux Amiot 351 et quatre LeO-451 de l’Armée de l’Air, ainsi que quatre Hudson et trois Catalina de l’Aéronavale. Ces appareils étaient basés à Nouméa, avec des détachements selon les besoins. L’unité mixte ainsi formée avait été baptisée Groupe de Transport V/17 (appellation évidemment tout à fait fictive).
Un commandement centralisé des unités d’ECM/ESM alliées (SPS, GT V/17, et par la suite unités de l’USAAF et de l’US Navy) avait été établi à Sydney. C’est ainsi que, quelques jours après le début des patrouilles des G3M japonais équipés de radars, l’état-major allié fut informé de la présence de ces indiscrets. L’objet de leur curiosité était évident – surveiller les navires alliés profitant de la nuit pour ravitailler Guadalcanal. »
(Extrait de l’ouvrage collectif Dans les coulisses de la guerre secrète, Paris, 1965)


12 novembre
Tarawa
Trois transports débarquent sur l’atoll de quoi construire des défenses puissantes et améliorer l’aérodrome. Il ajoute aussi 450 hommes à la garnison, qui compte déjà 1 500 hommes. En effet, ne pouvant plus espérer s’emparer de la Nouvelle-Calédonie ni même des Fidji ou des Samoa, et le terrain de Guadalcanal étant contrôlé (sinon utilisé) par les Alliés, l’amiral Yamamoto a décidé de renforcer Tarawa pour en faire une nouvelle base d’où désorganiser le trafic maritime allié.

Guadalcanal
Le DDT australien Stuart et le CL français Emile-Bertin livrent à Red Beach une grande quantité de munitions pour les gros obusiers de 9,2 pouces des Australiens et les 155 mm des Marines. Cette plage a été choisie car elle est plus proche des positions de tir des pièces ; or, le temps presse !
Le débarquement des obus ne prend qu’une heure ; pendant ce temps, des barils de 44 gallons chargés de nourriture sont poussés à la mer. Ils sont immédiatement rassemblés par de petites vedettes néo-zélandaises, des bateaux Higgins et d’autres petites embarcations, puis ils sont remorqués jusqu’au rivage, où Marines et soldats australiens en prennent livraison. Cette méthode rapide a été mise au point les semaines précédentes. Elle est très appréciée tant par l’USMC que par l’AMF, d’autant plus qu’une fois les barils vidés, on peut les couper en long pour obtenir deux demi-cylindres qui font, une fois couverts de terre, d’excellents toits pour des abris, invulnérables à toute autre chose qu’un coup direct.
La suite des événements montre que la rapidité du débarquement est bel et bien capitale. Tanaka est en effet dans la Baie avec son Jintsu et trois destroyers, en mission de ratissage et de bombardement de harcèlement, au moment où l’Emile-Bertin et le Stuart s’éloignent de Red Beach. Alliés et Japonais se repèrent à peu près en même temps, à environ 6 000 mètres. Les deux adversaires ouvrent le feu, mais les navires alliés mettent immédiatement le cap à l’est et accélèrent. Aucun obus ne touche sa cible et Tanaka renonce à poursuivre les deux bâtiments, qui disparaissent dans la nuit.


13 novembre
Guadalcanal
Les obusiers australiens de 9,2 pouces sont maintenant en place, de même que l’artillerie des Marines. De son côté, l’infanterie américaine intensifie son activité au sud des pistes de Tenaru, sur les pentes nord de Bloody Ridge.
Malgré la médiocrité de la piste de Tetere, quinze Wirraway et douze Boomerang du Squadron 22 de la RAAF se posent au crépuscule. Ils sont immédiatement camouflés. Le terrain est humide, spongieux et à peine utilisable. Le seul atterrissage des 27 avions a déjà passablement abîmé la piste, mais les pilotes vont devoir faire avec… Seul bon point : les Japonais ne se sont apparemment pas rendu compte de l’arrivée des avions australiens.
Dans la nuit, l’amiral Scott mène en personne dans la Baie la Task-Force 34.1 (BB Indiana et Massachusetts, CL Columbia, DD Beatty, Cowie, Doran, Fitch, Forrest, Knight, Mervine, Quick) afin, dit-il, de « donner à l’Indiana un peu d’action avant de l’expédier à l’arrière » (c’est à dire à Pearl Harbor, sur l’ordre de Nimitz). Les deux cuirassés et le croiseur effectuent un bombardement dévastateur de 70 minutes contre Bloody Ridge et les positions japonaises le long de la rivière Lunga.
Les forces japonaises à Guadalcanal appellent Rabaul et Truk à l’aide, mais la Marine Impériale a été totalement surprise. Seul Goto est dans la région et il est au large de Bougainville. Tanaka doit protéger un convoi de renfort vers Milne Bay et Lae. Iishi et ses vedettes ne peuvent qu’assister au bombardement – chaque fois qu’ils tentent de s’approcher, ils sont aperçus et repoussés par l’escorte des cuirassés.


14 novembre
Truk
Réunion d’état-major dans la matinée à bord du Musashi. « L’épisode de la nuit dernière, indique Ugaki, confirme que l’ennemi s’est considérablement renforcé. Il est évident qu’une action majeure contre nos positions sur Guadalcanal est à craindre dans le proche avenir. »
« Pour y faire face, répond Yamamoto, j’ai l’autorisation de Tokyo d’utiliser le Musashi, quoique les réparations du Yamato soient encore loin d’être achevées . Kondo est en route pour nous rejoindre avec le Hyuga et le Yamashiro, qui ont été remis en état après les quelques dommages subis lors de la prise de Singapour. Ils escortent un convoi de combustible, qui nous sera fort utile – les cuirassés sont affreusement gloutons. Le Mutsu nous manque, malheureusement, il n’est pas encore opérationnel. »
– Nous pourrions disposer du Hiryu et du Shokaku, rappelle Ugaki. Leurs groupes aériens sont à l’entraînement, mais ils brûlent de passer à l’action.
– Non, non, répond Yamamoto. Pour engager les porte-avions, je tiens à disposer d’au moins deux divisions (quatre navires).
– Et les trois croiseurs de bataille de la Flotte Combinée ?
– Non plus, ce sont les seuls navires de ligne à pouvoir accompagner les porte-avions.
Yamamoto soupire : « Notez d’adresser un rapport à l’amiral Nagano, précisant que si nos cuirassés ont pu compenser l’absence du Kido Butai pendant le renouvellement de ses groupes aériens, il sera sans doute très bientôt nécessaire que les porte-avions reprennent le relais. C’est précisément pour cela que les trois classe Kongo qui les escortent doivent être préservés. »

Iles Salomon
Les deux camps accentuent leurs opérations aériennes, mais les Alliés, qui évitent de se servir des avions basés à Tetere pour ne pas détruire leur fragile piste, alignent beaucoup moins d’hydravions que les Japonais et ces derniers ont l’avantage. Le ravitailleur d’hydravions australien Zealandia, mouillé à Malaita, n’a pas été repéré, mais son efficacité opérationnelle est amoindrie par une utilisation intensive du matériel et l’épuisement de l’équipage. Néanmoins, ses Floatfire usent les forces ennemies, les Walrus assurent des transports d’urgence vitaux et les Swordfish à flotteurs se font un nom dans leur glorieuse famille en attaquant de nuit le trafic naval japonais.
Au crépuscule, les reconnaissances alliées effectuées dans le “Slot” signalent « Quatre destroyers ». C’est une erreur, mais le PBY américain responsable a l’excuse d’avoir dû fuir au même moment une patrouille d’hydravions de chasse japonais. En fait, il s’agit de l’amiral Goto, cap au sud-est avec deux croiseurs lourds, les Mikuma et Mogami, escortés de quatre destroyers.

Guadalcanal
L’amiral Crace a reconstitué une “ABDF-Fleet”. Autour de son navire amiral, le croiseur de bataille britannique HMS Renown, il a rassemblé deux Australiens, le croiseur léger HMAS Brisbane et le destroyer HMAS Arunta, les quatre destroyers hollandais HrMs Van Ghent, Van Nes, Witte de With et Isaac Sweers , plus le croiseur lourd français MN Tourville, qui vient d’arriver dans le Pacifique Sud-Ouest. En ricanant, ses coéquipiers lui ont déjà décrit la région comme « un lieu très désagréable pour vivre, mais un très bon endroit pour se faire couler. »
Cette ABDF-Fleet effectue en début de nuit un nouveau bombardement des positions japonaises. L’effet de 6 x 380, 8 x 203 et 8 x 152 est moins brutal que celui des 18 x 406 et 12 x 152 de l’artillerie américaine la veille, mais extrêmement désagréable pour l’Armée japonaise, qui accuse la Flotte de négligence.
Goto n’est pourtant pas loin et se rue dans la Baie, mais il rate la flotte de Crace de moins d’une demi-heure. Frustrés, ses croiseurs bombardent à l’aveuglette les positions alliées, détruisant par pure chance (et sans le savoir) un Wirraway et un Boomerang dans leur nids camouflés à Tetere. Goto repart ensuite vers le nord, harcelés par les Swordfish du Zaelandia.


15 novembre
Iles Salomon
Les deux camps effectuent dans la journée diverses sorties de bombardement aérien sans pertes ni grands résultats, en raison de l’épaisse couverture nuageuse.
A terre, les forces du général Vandegrift entament leurs dernières préparations.
A l’ouest de Truk, le sous-marin USS Seal attaque un convoi partant pour le Japon et coule deux cargos totalisant 6 500 GRT. Il échappe sans dommage aux escorteurs.
Dans la chaîne des Salomon, les navires de Goto sont signalés par des Coastwatchers cap au nord, mais peu avant midi, ils reçoivent l’ordre de repartir pour Guadalcanal « pour y détruire des navires ennemis opérant dans le secteur pendant la nuit. » Ils sont cette fois aperçus par le sous-marin MN Sfax, qui ne peut se rapprocher assez pour attaquer.
Les Japonais espèrent en réalité pouvoir surprendre quelques transports rapides alliés en route vers Aola Bay. De fait, le CL MN Lamotte-Picquet et deux DDT de l’US Navy ont une mission prévue pour cette nuit-là. Mais les Alliés savent pertinemment que les Japonais ont pisté leurs allées et venues grâce à des avions équipés de radar et Scott a prévu une force de couverture, qui doit aussi maintenir la pression sur les troupes japonaises en les bombardant.
La force de couverture se compose des quatre vieux croiseurs légers Detroit, Milwaukee, Omaha et Raleigh (tous de classe Omaha) et de quatre destroyers vétérans de la première bataille de Savo, les Blue, Buchanan, Dewey et Helm. Scott a mis son pavillon sur l’Omaha – il a décidé de mener lui-même cette petite escadre pour se rendre compte de ses possibilités. Alors que le soleil se couche, les onze navires alliés commencent à accélérer vers Guadalcanal. Un G3M3 en patrouille les repère au radar, mais se contente de signaler que les transports rapides alliés prévus sont au rendez-vous…
A 23h30, Goto approche de Savo, à l’entrée de la Baie, cap à l’est-sud-est avec le Mogami (amiral), précédé par les destroyers Arare et Asashio et suivi par le Mikuma, le Kasumi et le Yamagumo. Peu après, Scott commence à longer la rive nord de Guadalcanal, cap à l’ouest, ses huit navires en ligne de file, d’abord l’Omaha et ses trois frères, puis les quatre destroyers (les transports rapides se sont dirigés vers Aola).


16 novembre
Guadalcanal
Bataille de Pointe Cruz
01h15 – Les vedettes PT-38 et PT-48 aperçoivent les navires de Goto et se lancent dans une spectaculaire attaque à grande vitesse. Tactique spectaculaire en effet, mais peu efficace. L’écume que soulèvent les vedettes est immédiatement repérée par les Japonais, qui ouvrent le feu avec tout ce qu’ils ont en dehors des 8-pouces des croiseurs lourds. Les traçantes et les gerbes soulevées par les obus font vite perdre aux vedettes leurs repères de visée, mais elles s’acharnent, en zigzaguant à grande vitesse, à trouver une position de tir, tandis que les navires de Goto manœuvrent avec autant d’ardeur pour éviter des sillages de torpilles dont la plupart sont imaginaires. A ce moment, les Japonais croient avoir affaire à six ou huit vedettes ! Finalement, les Américains tirent leurs torpilles en mauvaise position et aucune n’atteint son but.
Scott observe avec intérêt cette action, grâce aux messages radio des vedettes puis à son radar. Il se rapproche en longeant la côte, profitant du fait que les Japonais sont occupés avec les vedettes et que leur radar a des difficultés en raison de la proximité de la terre. De plus, bien que Scott l’ignore, les radars à basse fréquence allemands utilisés par les Japonais sont plus affectés par le temps orageux que les appareils américains.
01h35 – Scott ordonne à son escadre de monter à 28 nœuds et de venir plein nord. Très vite, il se retrouve en travers de la route de Goto et lui barre le T.
La formation japonaise a pendant ce temps perdu son ordonnance initiale. L’Arare et l’Asashio se retrouvent à 2 000 mètres par tribord avant du Mogami, suivi par le Mikuma, 1 000 mètres en arrière et un peu à bâbord, avec les deux autres destroyers plus en arrière. Goto lui-même a tourné son attention vers le rivage, où il espère trouver des transports en train de décharger – faute de quoi, il envisage de bombarder les positions alliées.
01h41 – Les deux forces s’aperçoivent à peu près en même temps, mais les Américains s’y attendent et les Japonais sont totalement surpris. Les vigies de l’Omaha identifient les deux destroyers les plus proches et les deux croiseurs lourds comme des croiseurs légers.
01h42 – Scott donne l’ordre d’ouvrir le feu. Les quatre destroyers tirent sur l’Asashio, à 5 000 mètres, les Raleigh et Detroit sur l’Arare, à la même distance, et les Omaha et Milwaukee sur le Mogami, 700 mètres plus loin environ. Les destroyers lancent aussi leurs torpilles, mais ce sera sans résultats.
Le tir américain est rapide et précis et les deux destroyers de tête japonais, vite gravement touchés, sont la proie des flammes. La lueur des incendies gêne un moment la visée des artilleurs de l’Omaha et du Milwaukee, mais le Mogami est touché lui aussi.
01h44 – C’est le tournant de l’action : un obus de 6 pouces explose sur la passerelle du Mogami, tuant ou blessant tous les hommes présents. Goto lui-même, blessé à la tête par des éclats de verre, est assommé et reste inconscient durant plusieurs minutes vitales. Momentanément décapité, le Mogami dévie de sa course et abat sur bâbord (vers le large) et le Mikuma est obligé de manœuvrer brutalement pour l’éviter. Le Mogami reçoit une douzaine d’obus de 6 pouces avant d’ouvrir lui-même le feu. De plus, il tire court, ayant pris les classe Omaha pour des destroyers “four-pipers”. Le Mikuma est plus précis et un obus de 8 pouces détruit la cheminée 3 de l’Omaha.
01h50 – Des obus incendient les deux hydravions du Mogami, illuminant brillamment le croiseur. Son commandant en second, qui a atteint la passerelle, ordonne de rompre le combat contre ce qu’il croit être, en observant les éclairs de départ des coups, six ou sept croiseurs ennemis. Au moment où il fait demi-tour, le navire lance quatre torpilles, mais toutes ratent.
Plusieurs incendies font rage sur les superstructures du croiseur qui s’éloigne et Scott le décrira comme « brûlant de la proue à la poupe, mais continuant à faire parler son armement principal. » L’amiral américain est trop optimiste. Le Mogami est touché, mais il n’est pas gravement atteint et ses capacités combatives sont intactes.
Le Mikuma suit son navire amiral, tout en tirant vite et bien. Il encadre plusieurs fois le Detroit, qu’il touche de cinq obus de 8 pouces. La légèreté des cloisons du croiseur américain le sauve, car un seul obus explose, perçant un large trou dans la poupe, tandis que le choc met hors service la tourelle arrière. L’obus provoque aussi une avarie des transmissions du gouvernail et le Detroit quitte la ligne de bataille sur tribord. Le Mikuma bascule alors son tir sur le Raleigh (le dernier de la ligne américaine) ; il pourrait lui causer de graves dégâts, mais les obus perforants japonais traversent les superstructures sans les dévaster. Bientôt le Mikuma est lui aussi touché par une douzaine d’obus de 5 et de 6 pouces, mais comme pour le Mogami, ces dommages ne réduisent pas sa puissance. Pourtant, se trouvant débordé par le nombre, le Mikuma se retire lui aussi derrière un rideau de fumée.
L’Arare et l’Asashio, brûlant férocement, sont laissés en pâture aux Américains. Le premier explose sous leurs tirs et l’Asashio sombre.
L’action s’achève. Scott affirme avoir coulé deux croiseurs légers japonais et durement endommagés deux croiseurs lourds. Le Detroit gouvernant aux hélices avec le pont arrière au ras des flots, Scott abandonne l’idée d’un bombardement pour raccompagner son éclopé vers la sécurité. Cette décision porte ses fruits. Le Detroit parvient à donner 22 nœuds et quitte sans mal la baie, quoiqu’il zigzague quelque peu. A l’aube du lendemain, après des heures de dur travail, son gouvernail fonctionnera à nouveau et sa poupe sera à peu près hors d’eau.
Pendant ce temps, blessé et furieux, Goto remet de l’ordre dans son escadre pendant que ses équipages épuisés éteignent les incendies et réparent les dommages les plus gênants.
02h30 – Les incendies éteints, les Japonais rentrent à nouveau dans la Baie, espérant y retrouver l’ennemi. A leur grande déception, une fois au large de Pointe Cruz, ils ne retrouvent personne d’autre que les survivants des destroyers coulés.
03h05 – Les quatre bâtiments repartent dans le Slot vers le nord-ouest à 32 nœuds, les deux croiseurs encadrés par les deux destroyers. Le Mikuma est en tête, sa passerelle n’ayant pas subi les dégâts soufferts par celle du navire amiral et ses vigies n’ayant pas eu de pertes. Après l’expérience qu’il vient de vivre, Goto n’a plus envie de se fier aux radars…
« La bataille de Pointe Cruz fut la première vraie victoire de l’US Navy dans une action de nuit contre la Marine Impériale. Plus encore que ses suites immédiates, elle améliora considérablement le moral des équipages alliés et fit de Scott une figure importante de la Marine américaine. » (Jack Bailey, Un Océan de flammes – La guerre aéronavale dans le Pacifique)

Bataille de Pointe Cruz – Les suites
04h18 – Une vigie du Mikuma (toujours en tête) repère un sous-marin en surface (probablement le Français Sfax… à moins que la vigie n’ait cru voir un sous-marin inexistant) et le commandant du Mikuma ordonne de virer à fond sur bâbord. Mais le Mogami vire moins serré et éperonne le flanc bâbord de son jumeau sous la passerelle, défonçant les réservoirs de mazout du Mikuma, derrière lequel commence à s’étendre une longue traînée huileuse.
La proue du Mogami se brise, pliée presque à angle droit devant sa tourelle de 8 pouces avant. Sa vitesse tombe à 12 nœuds. L’équipage fait de son mieux, mais au lever du jour, le Mogami ne peut toujours pas dépasser 14 nœuds.
Goto (qui, au moment de la catastrophe, venait de descendre se faire soigner convenablement à l’infirmerie) est effondré. L’apparition d’une patrouille d’hydravions de chasse A6M2-N de Rekata Bay ne le déride pas. De fait, si les hydravions abattent un PBY vers 06h25, celui-ci a eu le temps de signaler les navires japonais et les Coastwatchers en ont fait autant.
08h15 – Goto est attaquer par neuf B-17 venus de La Tontouta, qui ont été détournés d’un raid contre Bloody Ridge. Les Forteresses abattent deux A6M2-N sans perte de leur côté, mais leurs bombes tombent loin des navires Japonais.
10h30 – Deux J1N arrivés de Buin et sept A6M2-N interceptent six Manchester de la RAAF ; ils en abattent deux et perdent un troisième hydravion de chasse. Les bombes des Manchester ratent leur but, mais pendant ce temps, quatre Beaufort de la RAAF se glissent au ras des vagues. L’un est abattu par une DCA très active, mais les trois autres attaquent le Mikuma. Ils lancent de très près et une torpille touche le croiseur, aggravant les dégâts de la collision (il semble que les aviateurs alliés n’aient pas attaqué le Mogami en raison de son allure lamentable : il a l’air plus mal en point qu’il n’est).
11h40 – Deux vagues de neuf et six B-25 américains approchent. Les bimoteurs sont interceptés à 12 milles environ, à 1 500 m, par huit A6M2-N et trois J1N qui en abattent quatre (et perdent un ACM2-N de plus). Un B-25 est abattu par la DCA, mais les dix autres placent trois bombes sur le Mikuma. L’une démolit la catapulte tribord et déclenche un incendie, l’autre détruit l’une des tourelles de 5 pouces, mais la dernière frappe les tubes lance-torpilles et les Longues Lances explosent, ravageant la partie centrale du navire, qui stoppe. Pendant ce temps, le Mogami est touché sur la tourelle Y par une bombe qui massacre ses servants et détruit la tourelle ; de plus, trois near-misses mettent temporairement hors service la turbine bâbord externe.
Ce sera la dernière attaque de la journée (quoique des B-20 de la RAF, trop rapides pour l’escorte de chasse, pistent ce qui reste de l’escadre de Goto).
Cependant, le coup heureux des B-25 sur le Mikuma a des conséquences dramatiques. Après deux heures de lutte contre l’incendie, l’officier en second (le commandant a été grièvement blessé) donne l’ordre d’évacuer le bord et le navire coule peu après.
Quand le Kasumi, le Yamagumo et le Mogami amputé de sa proue atteignent Rabaul, Goto, au désespoir, songe au suicide. Il faut un message de Yamamoto lui-même pour l’en dissuader.

Truk
Le sous-marin USS Seal intercepte un convoi japonais approchant du grand port. Il attaque en plongée à 13h30 et coule le gros transport Boston Maru, chargé d’équipements et de matériel militaire. Mais l’escorte est efficace et le Seal, incapable de se dégager, endommagé par des grenades sous-marines, doit faire surface. Il est alors canonné, éperonné et coulé par le DD Okikaze. Ce vieux bâtiment de la classe Minekaze (1920-1925) a été rééquipé et spécialisé dans la lutte ASM (suppression des tubes lance-torpilles et d’une chaudière, ajout de plusieurs lance-grenades, d’une soute contenant 72 grenades ASM, d’un Asdic d’assez bonne qualité…). Bien que sa vitesse ait été réduite à 28 nœuds, l’Okikaze est devenu un excellent navire anti-sous-marin.

Suva
Huit G4M1 effectuent un bombardement de nuit, visant le North Carolina, toujours amarré là. Le cuirassé est légèrement touché, mais les docks de Suva souffrent beaucoup et deux petits bateaux de pêche sont détruits. Cependant, la RAAF réplique : trois Defiant ont été déployés à Suva. Un seul est opérationnel, mais il parvient à détruire un G4M1. Le bombardier s’écrase dans les collines au-dessus de la ville, consolant un peu les habitants.


17 novembre
Guadalcanal
Toute la nuit, les vedettes rapides des deux camps sont en maraude dans la Baie. Celles d’Iishi coulent de deux torpilles un caboteur de 400 GRT dans le Sealark Channel.
Les MTB américaines repèrent un petit convoi à 25 milles de Guadalcanal. Apprenant rapidement leur métier, les PT-48 et PT-60 attaquent sans faire rugir leurs moteurs, restant invisibles en naviguant à petite vitesse dans l’obscurité. Le convoi (deux chalutiers de 250 GRT et deux chasseurs de sous-marin de classe Cha) est pris par surprise. L’un des transports est foudroyé par une torpille.
Bataille de Bloody Ridge
02h00 – Un violent bombardement se déchaîne sur le flanc sud-est de Bloody Ridge. La voix des 9,2 pouces domine le débat, mais les 18 et 25-livres de l’AMF et les canons de 155 mm des Marines ne sont pas en reste. Le plan de feu respecte un modèle classique de la Première Guerre : les points forts de la défense, identifiés par les reconnaissances des semaines précédentes, ont droit aux obus les plus lourds, tandis que les canons de moindre calibre se chargent de saturer la zone.
La faible artillerie japonaise tente de faire de la contre-batterie, mais sans succès. Les petits canons de 70 et 75 et les quelques 105 et 155 dirigent alors leur tir sur les points de départ supposés de l’offensive. Ce tir cause quelques pertes aux Australiens, mais finalement assez peu, car les vétérans de l’Autre guerre ont fait la tournée des unités pour enseigner les leçons durement acquises vingt-cinq ans plus tôt : se retrancher solidement et en sortir dès que possible pour suivre de près l’avancée du barrage d’artillerie.
05h00 – Le barrage est transformé en encagement de la zone attaquée et l’infanterie australienne s’élance. La brigade est soutenue par seize chars (3 Sentinel, 5 Valentine “Echidna”, 2 Matilda I et 1 Matilda II, plus 5 Stuart des Marines). Ces blindés s’avèrent très utiles contre les nids de mitrailleuses, installés dans de petits tunnels ou dans de solides bunkers faits de troncs de cocotier et de terre. Les Sentinel excellent dans ce rôle, bien qu’ils cèdent la place aux Matilda sur les pentes les plus raides.
08h30 – Les Australiens ont pris la partie sud de la crête, mais ils se heurtent à des tirs violents venus des hauteurs de l’autre côté de la Lunga et à une série de féroces contre-attaques lancées par des groupes d’hommes embusqués dans des tunnels criblant la surface de Bloody Ridge. L’infanterie demande des fumigènes pour la dissimuler aux autres positions japonaises, tandis qu’un combat acharné se poursuit jusque tard dans la nuit pour nettoyer la crête. Dans l’après-midi, les deux camps utilisent des lance-flammes. Les Australiens perdent du monde, mais la combinaison lance-flammes, chars et grenades leur permet d’avoir raison une à une des poches de résistance japonaises, et les sapeurs font s’effondrer à l’explosif les systèmes de tunnels creusés depuis six semaines par leurs adversaires.
Toute la journée, les 25 avions de Tetere exécutent un grand nombre de sorties. La piste se dégrade rapidement, mais ce phénomène est en partie compensé en ne faisant que partiellement les pleins de carburant des appareils pour les alléger. Très actifs, les Wirraway brisent plusieurs contre-attaques, repérant et attaquant les troupes japonaises qui se concentrent dans des zones invisibles aux observateurs au sol. Les canons des Boomerang jouent aussi un grand rôle en leur permettant de réagir vite et efficacement contre les petits groupes de Japonais qui tentent de s’infiltrer entre les unités alliées.
Dans la soirée, les Marines entament eux aussi une attaque, sur les pentes nord de Bloody Ridge. Les Américains avancent de 100 à 200 mètres, rétrécissant encore l’espace laissé aux Japonais qui tiennent la crête.
Dans la nuit, trois contre-attaques de l’Armée Impériale n’arrivent à reprendre que quelques centaines de mètres carrés avant d’être taillées en pièces. Une bonne coordination entre Australiens et Marines permet en effet aux Alliés de prendre systématiquement en enfilade les troupes japonaises, d’où qu’elles viennent.


18 novembre
Chine
Six B-17C de la CATF attaquent le port charbonnier de Tsingtao, endommageant les quais. Les appareils sont interceptés par des Ki-43, mais ces derniers se montrent parfaitement inefficaces contre les quadrimoteurs.

Guadalcanal
Bataille de Bloody Ridge
Vers midi, la situation sur la crête se stabilise. Les Alliés en occupent près de la moitié. La 1ère Brigade de la 1ère Division AMF (2e, 33e et 41e bataillons) a subi environ un tiers de pertes – le chiffre est élevé, mais pas exceptionnel par rapport aux standards de la Première Guerre. Le commandant de l’un des bataillons, vétéran des années 1917-18, observe ainsi : « C’était pire que Hamel, mais ce n’était rien du tout comparé à Fromelles, Pozières ou Passchendaele. »
Secoués par cette offensive, les Japonais ont manqué de gros calibres pour répondre, mais non de munitions. Ils ont ainsi pu contenir l’offensive alliée et empêcher la prise de toute la crête. Cependant, si l’ensemble de Bloody Ridge reste disputé, il paraît bel et bien impossible pour les Japonais de continuer à utiliser la crête pour rendre impossible la réparation – voire l’utilisation – par les Alliés du terrain de Tenaru.


19 novembre
Guadalcanal
Bataille de Bloody Ridge
La première journée a nettement entamé les réserves de munitions pour les gros et très gros calibres, mais surtout, des combats au contact acharnés se poursuivent sur Bloody Ridge, où les Japonais surgissent de chaque creux de terrain. Vandegrift ordonne alors d’interrompre l’attaque pour consolider les gains de la veille. Les forces alliées sur la crête commencent à créer une série de points forts capables de se soutenir mutuellement au lieu de créer une ligne de front classique. C’est certainement la meilleure façon de faire face aux multiples infiltrations japonaises, qui vont de l’action d’un tireur isolé à la contre-attaque d’une compagnie. Les Australiens se mettent ensuite à pourchasser et exterminer l’un après l’autre les groupes de Japonais embusqués un peu partout.
Le succès de l’attaque de la veille trouble beaucoup l’état-major japonais. La découverte que les Alliés ont été capables de construire un terrain d’aviation à Tetere est un véritable choc. Voir le contrôle du ciel au-dessus de Guadalcanal basculer de manière décisive est une sombre perspective, et la possibilité pour les Alliés d’utiliser le terrain de Tenaru est encore plus inquiétante. En effet, ni Rekata Bay ni Buin ne pourraient compenser l’effet d’un terrain allié à Tenaru. Mais si la reprise de Tenaru apparaît nécessaire, les Japonais doivent aussi penser aux terrains de Milne Bay et de Buna-Gona-Sanananda, qui sont en grand danger. L’Armée Impériale n’a tout simplement pas assez de monde dans le Pacifique Sud-Ouest pour faire face sur les trois fronts. De plus, Yamamoto souligne que Tarawa doit aussi être renforcé, car dès que les avions basés là-bas commenceront à vraiment gêner le trafic allié, l’atoll deviendra une cible pour les forces alliées.
L’aviation japonaise lance donc plusieurs raids dans la journée contre le terrain de Tetere. Les performances des Boomerang ne leur permettant guère de faire face à des bombardiers à haute altitude, ces bombardements sont assez efficaces, mais le commandement japonais estime qu’ils ne suffiront pas à écarter la menace.


20 novembre
France occupée
Une opération combinée avec la Résistance française permet à la RAF de détruire le mini-sous-marin japonais HA-40 dans le train qui le transportait vers l’Allemagne, entre Alençon et Chartres (voir Annexe 42-8-6, Seconde partie – Opération Noël). Les plans de la machine ont voyagé par avion, mais la perte de l’engin lui-même est néanmoins un rude coup pour les sous-mariniers allemands. Il semble qu’il avait été envisagé, après avoir conduit une campagne d’essais approfondie, de remettre le HA-40 en service actif dans la Manche.

Tokyo
Cinq B-17F de la ROCAF, portant chacun 2 500 lb de bombes, exécutent un nouveau raid d’une grande hardiesse, cette fois contre la capitale japonaise ! Le centre de la cité (l’attaque vise les immeubles du ministère de la Guerre) subit des dégâts notables : les bombes et les incendies qu’elles allument provoquent la mort de 120 civils. Les bombardiers sont d’abord interceptés par des Ki-43, mais ils ne subissent aucune perte et abattent même deux des chasseurs ! Alors qu’ils sont sur le chemin du retour, ils sont rattrapés par quelques-uns des nouveaux Ki-61 versés à la défense de la Métropole. Ces derniers ont plus de succès, abattant l’un des quadrimoteurs et endommageant gravement un autre, qui rentre à sa base mais sera irréparable.
Cette attaque couronne un gros travail d’adaptation des appareils. Pour obtenir le rayon d’action nécessaire, les B-17 ont dû être allégés et pourvus de réservoirs supplémentaires. Les mitrailleuses latérales, deux de celles placées dans le nez et celle du radio ont été enlevées (économisant aussi le poids de deux mitrailleurs), un réservoir d’essence a été monté dans la soute à bombes et des réservoirs largables accrochés entre les moteurs internes et le fuselage. Ce travail est important mais peut cependant être effectué sur le terrain. Ainsi modifiés, les B-17F peuvent emporter jusqu’à Tokyo 4 000 lb de bombes, à condition de bénéficier d’un bon vent dans le dos sur une des parties du trajet et d’éviter le vent dans le nez sur l’autre partie. Pour cela, les Chinois possèdent un réseau convenable de recueil de données, mais ils profitent surtout des prévisions météo de l’Armée Impériale, transmises dans un code que les Américains ont facilement cassé.

Tarawa
Quatre G3M attaquent un cargo isolé repéré par un H8K loin à l’ouest des îles Equatoriales (ou îles de la Ligne). Le navire, un Liberty ship, est pris par surprise par les avions arrivant de l’ouest en fin de journée. Incendié, il ne coule pas immédiatement et l’appel de détresse de l’équipage est entendu. Le jour suivant, les marins, qui ont passé la nuit dans leurs canots de sauvetage près du navire en feu, sont recueillis par un Clipper de la Pan-Am habituellement chargé de transporter du courrier. L’épave sera signalée plusieurs fois les semaines suivantes, dérivant à travers le Pacifique Central. Puis elle sera oubliée jusqu’à ce que, trois mois plus tard, elle soit repérée par le cuirassé chilien Almirante Latorre, en manœuvre au large de Valparaiso. Remorquée jusqu’au rivage, la coque incendiée témoignera encore de la solidité de sa construction par soudure. Elle sera finalement utilisée comme cible et coulée par les Chiliens en 1943.
_________________
Casus Frankie

"Si l'on n'était pas frivole, la plupart des gens se pendraient" (Voltaire)
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Casus Frankie
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 13715
Localisation: Paris

MessagePosté le: Lun Oct 06, 2008 10:13    Sujet du message: 21 au 30 novembre Répondre en citant

21 novembre
Tokyo
Peu après le coucher du soleil, trois B-17C de la ROCAF attaquent Tokyo. Ces trois machines ont été allégées de toutes leurs mitrailleuses sauf celles de queue afin d’emporter 4 000 lb de bombes et bien assez de carburant pour rentrer à leur base avec une confortable réserve. Les bombes (et quelques tracts mordants) tombent un peu partout dans la ville, causant peu de réels dommages. Par pur hasard, l’une d’elles touche le mur extérieur du Palais Impérial, ouvrant une large brèche dans la maçonnerie sans faire de blessés. L’explosion de fureur des Japonais sur les ondes fait grand plaisir à de nombreux Chinois, mais provoque des massacres dans la région de Pékin, où des colonnes de soldats « agissant spontanément », selon le communiqué de l’état-major, incendient plusieurs quartiers.

Guadalcanal
Les Marines étudient les possibilités de franchissement de la Lunga.
De leur côté, les Japonais ont établi des ponts submergés entre leurs positions sur la rive ouest et celles sur Bloody Ridge, qui prend de plus en plus l’aspect d’un saillant menacé. La question qui se pose à eux devient de pouvoir empêcher l’utilisation de l’aérodrome par les Alliés. Parmi les quelques renforts qu’ils ont reçus depuis le débarquement des Marines figurent 24 mortiers lourds, disposés à l’ouest de la Lunga – encore faut-il assurer leur ravitaillement en munitions. Les allées et venues des petits transports entre Lambi Bay et Pointe Cruz se multiplient, non sans attirer l’attention des Alliés sur Lambi Bay.
Le ravitailleur d’hydravions Zealandia, épuisé par trois mois d’activité incessante, est obligé de quitter Malaita pour aller se faire réparer Sydney. Ses appareils (Floatfire, Swordfish et Walrus) se redéploient à Tulagi pour y poursuivre les opérations, mais l’assistance d’un ravitailleur américain serait la bienvenue.
Cependant, le remplacement des Marines par des troupes fraîches de l’US Army se prépare en Nouvelle-Calédonie.


22 novembre
Pacifique Sud-Ouest
L’escadre japonaise – le groupe des cuirassés, celui des porte-avions et la flottille de Tanaka – poursuit son entraînement à Truk et à Seeadlerhafen (dans les îles de l’Amirauté).


23 novembre
Sydney
Les vieux croiseurs légers HMS Danae et Dragon (contre-amiral Colvin) font escale en Australie pour un peu de repos, entraînement et rééquipement avant de partir pour Port Moresby. Les équipages britanniques s’inquiètent quelque peu devant l’attitude des ouvriers du chantier naval de la Royal Australian Navy, à Garden Island, qui semblent avoir une obsession : installer des mitrailleuses de .303 et de .50 ainsi que des canons Œrlikon de 20 mm dans tous les coins possibles. Les officiers sont encore plus inquiétés par les informations qu’ils reçoivent. L’un d’entre eux commente : « Il semble que nos deux navires soient sur le point d’entamer le chapitre le plus passionnant de leur longue vie – mais aussi celui que l’on nous prédit être le plus court. »

Truk
Yamamoto appareille vers le sud avec ses trois cuirassés. Il a ordonné aux Shokaku et Hiryu, escortés par les Hiei et Haruna, de le suivre à distance pour lui assurer une couverture aérienne.

Tarawa
Trois nouveaux navires apportent du Japon des ouvriers, du ciment et des canons – trois 8-pouces et quatre 5,5-pouces.


24 novembre
Iles Salomon
Les escadres japonaises se retrouvent en mer à l’est de Bougainville avant de mettre le cap au sud.
L’escadre de bombardement est commandée par Yamamoto lui-même. Elle compte trois cuirassés, le Musashi (Yamamoto), le Hyuga (Kondo) et le Yamashiro, six croiseurs lourds en trois divisions (Aoba et Kinugasa, Atago et Chokai, Kumano et Suzuya) et quatre flottilles de destroyers conduites chacune par un croiseur léger (Nagara et 4 DD, Kinu et 5 DD, Naka et 6 DD, Sendai et 6 DD). Cette escadre est accompagnée du vieux destroyer Nokaze, chargé de ravitailler le navire-hôpital Hikawa Maru.
L’escadre de reconnaissance est commandée par Tanaka. Il a avec lui son Jintsu et six DD, plus les croiseurs lance-torpilles Kitakami et Ooi.
L’escadre de soutien est commandée par Yamaguchi. Elle comprend les porte-avions Shokaku, Hiryu et Zuiho, escortés par les croiseurs de bataille Haruna et Hiei (dont les canons en casemate ont été pour la plupart supprimés pour laisser place à des canons AA), le croiseur porte-hydravions Tone, le croiseur léger Isuzu et 8 destroyers.


25 novembre
Iles Salomon
Yamamoto progresse vers Guadalcanal. La lenteur des deux cuirassés de Kondo (ils ne peuvent donner que 25 nœuds au maximum) le gêne, mais il lui faut faire avec ce qu’il a…


26 novembre
Iles Salomon
Les forces japonaises sont repérées par les coastwatchers, mais les patrouilles de chasse et le mauvais temps empêchent les avions de reconnaissance alliés de donner des renseignements précis. Plusieurs raids de bombardement sont lancés un peu à l’aveuglette, mais échouent à trouver leur cible au milieu des épais nuages qui couvrent toute la zone entre la Nouvelle-Calédonie et San Cristobal. Informé, Scott décide de ne pas bouger. Cette décision lui sera violemment reprochée – il est pourtant évident que, quoi qu’il tente, il est déjà trop tard pour que la flotte alliée intervienne autour de Guadalcanal avant que l’escadre japonaise ne soit repartie.
Tanaka passe Savo deux heures après le coucher du soleil et ratisse la Baie, mais toutes les embarcations légères alliées, averties de l’arrivée d’une puissante force japonaise, se sont mises à l’abri. La Baie est déserte, en dehors des deux navires-hôpitaux. Le Wanganella est contrôlé par le Nokaze, qui conduit quatre officiers australiens et le représentant de la Croix-Rouge suisse inspecter l’Hikawa Maru. Les Australiens et le Suisse sont invités à observer le transfert de six infirmières et de 35 tonnes de médicaments et de matériel médical sur le navire-hôpital japonais. Ils retourneront sur le Wanganella le lendemain, dûment informés de l’identité, de la route, du chargement et du jour d’arrivée d’un prochain navire de ravitaillement (un neutre). Les marins australiens devaient décrire le comportement des Japonais comme « très scrupuleux, très raides, très stricts et… corrects au sens teuton du mot. » Une lettre de Yamamoto leur a été remise, disant combien il appréciait le travail des deux navires et affirmant que les forces sous son contrôle feraient tous leurs efforts pour éviter de gêner leurs activités. La lettre autorise le capitaine du Hikawa Maru à négocier par l’intermédiaire du Wanganella l’utilisation d’un hydravion-ambulance de chaque camp pour évacuer les blessés et malades des deux navires et leur apporter des fruits frais et du ravitaillement médical.
Pendant ce temps, les marines et l’AMF découvrent une autre facette de la rigueur japonaise. Les deux vieux cuirassés (douze pièces de 356 chacun) exécutent deux heures de bombardement et le Musashi se joint à eux pendant une heure, de 23h00 à minuit, tirant ses énormes obus avec des charges réduites pour diminuer l’usure des tubes. Les six croiseurs lourds donnent eux aussi de la voix, mais la puissance des trois navires de ligne est telle que leur participation est à peine remarquée. Les positions alliées souffrent beaucoup ; la base d’Aola est gravement endommagée et la piste de Tetere est rendue inutilisable, tandis que la plupart des avions qui ont survécu à huit jours d’utilisation intensive sur un terrain de plus en plus dégradé sont détruits.
Peu après minuit, le silence revient sur Guadalcanal (pour ceux que les explosions n’ont pas rendu sourds) et les cuirassés de la Flotte Combinée quittent la Baie…


27 novembre
Nagoya
Après une semaine de préparation et de ravitaillement des terrains avancés en carburant, Chinois et Américains lancent un nouveau raid contre le Japon avec tous les B-17 opérationnels en Chine, au total 31 de l’USAAF et 8 de la ROCAF. La cible est à nouveau à Nagoya : c’est cette fois l’énorme usine de moteurs Mitsubishi – l’une des plus vaste du monde, avec une surface de près de 350 000 m2. La formation alliée survole la Mer du Japon puis traverse la chaîne montagneuse d’Honshu. Les vols précédents ont constaté un trou dans la couverture radar dans ce secteur et, avec un temps un peu nuageux et un peu de chance, le raid bénéficie à nouveau de la surprise. La météo sur l’objectif n’est pas idéale, mais la grande taille de la cible permet un bombardement précis, d’autant qu’aucun intercepteur n’arrive avant que les bombes soient lâchées.
L’usine est durement touchée. Si les dommages ne sont pas aussi sévères que ceux infligés à l’usine Akashi, 15% des immeubles sont pratiquement détruits et 30% gravement endommagés, les légères parois anti-incendie en tôle ondulée recouverte d’amiante se montrant extrêmement vulnérables au souffle des explosions et aux projections d’éclats et de débris. Après le bombardement de l’usine Akashi, Mitsubishi a cependant pris des précautions. Des protections anti-souffle (principalement des murs de sacs de sable) ont évité la destruction de la plupart des machines-outils. Le réseau de guetteurs établi par la firme elle-même a donné l’alarme quelques minutes avant la chute des bombes, permettant à la plupart des ouvriers de se mettre à l’abri dans des tranchées hâtivement creusées.
Une fois de plus, les Ki-43 basés à Nagoya se montrent incapables d’intercepter les attaquants après le bombardement, mais cette fois, huit Ki-61 réussissent à les rattraper quarante minutes plus tard. Ils abattent un B-17 et en endommagent deux, perdant cependant un des leurs. L’un des B-17 endommagés est ensuite achevé par des Ki-44, mais le reste de la formation s’échappe sans autre difficulté.
« L’état-major et les industriels japonais découvrirent avec consternation qu’ils n’avaient pas pour l’instant les moyens d’éviter la répétition de pareilles attaques et que celles-ci pouvaient avoir des conséquences graves. Deux raids relativement modestes avaient provoqué une baisse de la production de Ha-40 de 60% pendant deux mois et obligé Mitsubishi à piocher dans sa réserve de pièces pour poursuivre sa production. L’échelle du bombardement n’avait en elle-même rien d’effrayant, mais un raid de ce genre par semaine réduirait la production de moteurs des usines de Nagoya de 20 à 40% de façon permanente.
Mitsubishi et Kawasaki réagirent relativement vite. La production de nombreux composants du Ha-40 fut dispersée chez des sous-traitants installés dans de petites villes autour de Nagoya, parfois en y envoyant des machines extraites des ruines des ateliers. Certains bâtiments détruits furent reconstruits mais partiellement enterrés et parfois reliés par des tunnels, l’ensemble étant camouflés par la création de véritables plantations pour tenter de les fondre dans le paysage environnant. D’autres industriels décidèrent de lancer directement la production de leurs nouveaux modèles dans de nouvelles installations aussi décentralisées que possible.
Les militaires, de leur côté, commencèrent à mettre sur pied un programme cohérent de défense aérienne du Japon, mais la tâche était immense : DCA, chasseurs de nuit, réseau d’alerte radar fiable… L’état-major jugea plus efficace et plus direct de lancer des offensives en Chine destinées à occuper les terrains d’où partaient les bombardiers. Mais réussir ces opérations était plus vite dit que fait… »
(D’après C. Mathieu, L’Armée Impériale japonaise dans la Seconde Guerre Mondiale)

Iles Salomon
Les cuirassés de Yamamoto s’échappent sans dommage vers Truk, grâce au mauvais temps et à la couverture aérienne assurée par les chasseurs des porte-avions de Yamaguchi. Ceux-ci abattent plusieurs avions de reconnaissance et sept B-25 sur 18 de l’unique tentative pour attaquer la flotte. Frustrés, les aviateurs alliés se tournent contre Lambi Bay, où leurs bombes font des dégâts parmi les stocks de munitions rassemblés pour être envoyés à Guadalcanal.


28 novembre
Truk
Les reconnaissances aériennes confirment à Yamamoto que le bombardement de la nuit du 26 au 27 a été efficace. Le commandement de l’Armée sur Guadalcanal indique d’ailleurs que « l’ennemi se tient tranquille depuis lors, ce qui n’est pas étonnant d’après notre expérience des bombardements du même genre que nous avons nous-mêmes subis il y a quelques jours. »
Il semble que les deux camps sur l’île sont affaiblis et que celui qui pourra le plus vite se renforcer pourra prendre l’avantage. Mais lorsque Yamamoto presse l’état-major de l’Armée Impériale d’envoyer des renforts, il lui est répondu qu’il sera impossible d’envoyer de nouvelles troupes dans le secteur avant la fin de l’année.
« Cela veut dire, note Ugaki, que l’ennemi a devant lui au moins un mois pour envoyer des troupes sur Guadalcanal – or, nous savons qu’il dispose effectivement de troupes nombreuses dans la région. Il faut donc que la Marine affronte l’ennemi pour l’empêcher de se renforcer, puis – en janvier si tout va bien – qu’elle mène à bien l’acheminement de nos propres renforts.
Pareille tâche apparaît impossible ! Les navires américains sont chaque jour plus nombreux et il semble que l’ennemi commence à apprendre, à notre contact, l’art du combat de nuit. Dans chaque engagement d’envergure, nous avons subi de lourdes pertes, même si nous en avons en général infligé davantage. Il est heureux que nous ayons encore de quoi livrer une bataille majeure, mais nous n’avons pas de quoi en livrer deux ! L’amiral Yamamoto et moi comprenons parfaitement ce que cela veut dire. La force cuirassée doit encore une fois faire face à l’ennemi, alors que les porte-avions ne sont pas encore prêts pour assurer la relève.
Entourés par des ennemis puissants, nous devons livrer une guerre navale sur deux fronts avec une marine capable de lutter sur un seul. »
Yamamoto est lui aussi marqué en constatant que l’horizon stratégique s’assombrit. Comme il le raconte dans ses Mémoires : « C’est ce jour-là, après un succès qu’il ne nous était pas possible d’exploiter, que nous avons compris que désormais, l’initiative allait nous échapper de plus en plus. Nous n’en avons rien dit, mais nous savions que la guerre était à un tournant qui nous était inexorablement défavorable. »
Yamamoto et Ugaki informent Kondo et Yamaguchi. Tous deux comprennent très vite la situation. « Nous n’avons plus que trois cuirassés opérationnels et deux en réparations, dénombre Kondo, alors que l’ennemi en a trois modernes et au moins autant d’anciens dans le Pacifique, plus deux autres dans l’Océan Indien. »
– Et nos croiseurs de bataille ? propose Yamaguchi.
Yamamoto refuse aimablement : « Nous avons cinq grands porte-avions et un porte-avions léger à couvrir, même si trois d’entre eux sont encore en réparations. Les Haruna, Hiei et Kirishima pourraient être les seuls navires capables de leur éviter le destin du Glorious, car l’ennemi a trois croiseurs de bataille dans la région. »
– Plus tous les autres, grogne Kondo. Et comme Ugaki et Yamaguchi le regardent avec étonnement, il ajoute : « Vous savez ce qui s’est passé ces dernières semaines en Italie. Combien de temps pensez-vous que nos ennemis seront encore obligés de laisser en Méditerranée une grande partie de leurs flottes ? »

Guadalcanal
Après la nuit difficile qu’il a vécue, Vandegrift fait le point sur les dommages subis par ses forces. Les dépôts de ravitaillement et de munitions ont beaucoup souffert et un certain nombre de canons ont été détruits – comparativement, les pertes humaines sont relativement réduites. La piste de Tetere a été pratiquement effacée, ainsi que la plupart des ses avions.
A Nouméa, le rapport de Vandegrift conduit à décider la relève de la 1ère Division de Marines. La question s’est posée de la remplacer par la 2e USMC, mais l’état-major américain a finalement préféré utiliser la division Americal et la 25e DI. Plusieurs mois seront nécessaires pour remettre à neuf la 1ère USMC tout en diffusant son expérience dans les 2e et 3e USMC. Il est prévu que les trois divisions de l’USMC pourront ainsi être utilisées dans les assauts prévus à partir de la mi-1943.


29 novembre
Truk
Les deux premiers sous-marins de défense des bases insulaires de type KS-A, les RO-101 et RO-102, arrivent à Truk pour évaluation opérationnelle, accompagnés du RO-100, unique représentant du plus classique type KS, qui permettra des comparaisons utiles.
Yamamoto, Kondo, Yamaguchi et Ugaki inspectent ces petits bâtiments (535 tonnes) et sont surpris d’apprendre que les bateaux de type HA en préparation seront deux fois plus petits ! Une série de réunions est programmée pour expliquer à l’état-major les capacités de ces nouveaux types d’engins et d’envisager la meilleure façon de les utiliser.
Ugaki consigne cependant dans son journal des réflexions dubitatives : « Bien que l’utilité et les capacités de ces sous-marins soient certaines et que leurs successeurs de type HA soient encore plus prometteurs, je ne peux m’empêcher de songer qu’il s’agit du début du développement d’armes produites sous le coup de l’urgence. Ce sont les armes d’une puissance de rang inférieur. Ce retour à la “Jeune école” [En français dans le texte japonais] est de mauvais augure. Ces sous-marins sont construits pour défendre, non pour attaquer. C’est regrettable et inquiétant. C’est pourquoi j’ai demandé à leur commandant et à Yoshida, le représentant de la 6e Flotte à Truk, de réfléchir à la possibilité d’utiliser ces bâtiments de façon offensive. »


30 novembre
Truk
Yamaguchi est ravi de la performance de ses porte-avions. Beaucoup d’équipages ont été en pour la première fois en zone d’opérations et ils se sont bien comportés. « Ce ne sont plus des novices, dit-il à Yamamoto, même s’ils ont encore besoin d’heures de vol » – ce qui explique la poursuite d’un programme d’entraînement intensif.
Les chasseurs embarqués japonais sont maintenant pour la plupart des Mitsubishi A6M3 mod.22 “type Zéro” équipés d’un moteur Sakae 21 et d’un réservoir agrandi qui leur donnent le même rayon d’action que les A6M2 à moteur Sakae 12, moins rapides, qu’ils remplacent. L’obsession du père du Zéro, Jiro Horikoshi, ingénieur en chef de Mitsubishi, reste le poids. C’est pourquoi, malgré les résultats des durs combats des premiers mois de la guerre, ces appareils n’ont toujours pas de réservoirs auto-obturants, d’extincteurs ni de blindage du cockpit. [Les A6M3 mod.22 restent aussi difficiles que les A6M2 à contrôler aux ailerons au-dessus de 200 nœuds. Le programme d’amélioration lancé par Jiro Horikoshi va permettre d’y porter partiellement remède, élevant cette vitesse à 240-250 nœuds grâce à des ailerons agrandis sur l’A6M3 mod.42, qui entrera en service en janvier 1943. L’A6M3 mod.52, dotés d’échappements propulsifs qui lui font gagner plus de 10 nœuds, arrivera en février. Après l’échec de l’A6M4 mod.53 à turbocompresseur, viendra l’heure de l’ultime famille du “type Zéro”, avec l’A6M5 à moteur Kinsei-62. Les A6M5 mod.64 entreront en service à partir de septembre 1943. Les avions de la variante A6M5 mod.74, entrant en service en janvier-février 1944, seront les premiers Zéro dotés de blindage du cockpit, de réservoirs auto-obturants et d’extincteurs. Moins vifs que leurs aînés, ils n’en sauveront pas moins la vie de bien des jeunes pilotes japonais dans la dernière partie du conflit. Enfin, l’A6M6 mod.84, dotés d’un longeron principal renforcé et d’un lance-bombe de 250 kg pour répondre à la demande de l’état-major réclamant un chasseur-bombardier, entrera en service courant 1944.]
Le bombardier-torpilleur standard de la Marine Impériale reste le Nakajima B5N2 (Kate). Son successeur, le B6N Tenzan (Jill), connaît de grosses difficultés de mise au point. Le moteur Nakajima Mamoru envisagé pour le B6N1 s’est révélé inadapté. A la suite d’une évaluation de l’appareil par une mission allemande en décembre 1941, dont les résultats ont provoqué la disgrâce de plus d’un ingénieur de Nakajima, il a été décidé de remotoriser l’appareil avec un moteur Mitsubishi MK4T Kaisei 25, l’avion devenant le B6N2. Mais le MK4T, qui motorise les G4M, est très demandé. De plus, les épouvantables pertes subies par les flottilles de Kate lors des batailles de la Mer de Corail et des Salomon Orientales ont poussé la Marine à réclamer un blindage – mais aux dépens de la charge offensive et/ou des possibilités de décollage à pleine charge à partir d’un porte-avions (les porte-avions d’escorte resteront d’ailleurs équipés de B5N2). Du fait de toutes les modifications nécessaires et du manque relatif de MK4T, le premier B6N2 Tenzan de pré-production vient à peine de sortir des chaînes ; la production en série ne commencera qu’en février 1943 et les unités de conversion opérationnelles ne seront équipées qu’en mai.
Pour des raisons assez semblables, l’Aichi D3A (Val) est toujours le principal bombardier en piqué embarqué japonais. Le Yokosuka D4Y1 Suisei (Judy) aurait déjà dû le remplacer, mais son aile ne tient pas les contraintes de la ressource après un piqué – défaut rédhibitoire pour un bombardier en piqué ! Il faut changer les longerons et les points d’attache de l’aile et modifier le tôlage de surface. Les Suisei aptes au bombardement en piqué n’apparaîtront en unité, au Japon, qu’en avril 1943 et n’équiperont un premier porte-avions qu’à partir de juillet [Le trou est comblé, tant bien que mal, par des améliorations du D3A, les D3A2 et D3A3, mieux protégés que leur aîné D3A1 et (pour les A3) équipés du moteur Mitsubishi Kinsei-62 (au lieu du Kinsei-54).].
Si l’on trouve déjà des D4Y sur les porte-avions de Yamaguchi, c’est comme appareils de reconnaissance rapide [Courant 1943, les porte-avions japonais embarqueront aussi quelques Suisei de chasse de nuit, équipés d’un dérivé du radar allemand FuG 202.].
Au contraire des Zéro, tous les bombardiers reçoivent maintenant des réservoirs auto-obturants (la paroi du réservoir est recouverte d’un enduit épais de 3 mm qui évite que le moindre impact provoque des fuites de vapeurs d’essence et une explosion fatale, mais n’empêche pas l’incendie, ce qui obligera à équiper aussi les appareils d’extincteurs).

Nouméa
L’amiral Scott apprend avec satisfaction qu’il va dans les prochains jours récupérer quelques éclopés des batailles précédentes – le croiseur lourd USS San Francisco et le destroyer USS Monssen, remis en état à Pearl Harbor, et le croiseur léger USS Omaha, rapidement réparé en Australie.
_________________
Casus Frankie

"Si l'on n'était pas frivole, la plupart des gens se pendraient" (Voltaire)
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
loic
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 8936
Localisation: Toulouse (à peu près)

MessagePosté le: Lun Oct 06, 2008 13:49    Sujet du message: Répondre en citant

Cool, l'Histoire redémarre !
Quelques coquilles/étrangetés :
- Goto est attaquer par neuf B-17 => é
- A Nagoya, leur cible est les usines aéronautiques Akashi [...] => la tournure est un peu bizarre
- [...] plus le croiseur lourd français MN Tourville [...]. En ricanant, ses coéquipiers lui ont déjà décrit la région [...] => bizarre de parler ainsi d'un navire
- [...] et perdent un ACM2-N de plus). => A6M2-N

Sinon, quand je vois le nombre de destroyers qui accompagent la force de bombardement japonaise, alors que les pertes FTL (16 DD, plus les 2 de Goto, plus tous les endommagés) sont déjà conséquentes, je me dis qu'un point sur l'état de la flotte niponne serait le bienvenu. Une comparaison pourrait utilement être faite avec ceci : http://niehorster.orbat.com/014_japan/42-07-14_navy/_ijn.html

Ici on trouve :
- 21 DD avec le groupe principal (+1 vieux)
- 6 DD avec le groupe de reco de Tanaka
- 8 DD avec le groupe aéronaval en soutien
Sachant qu'il y en a deux rescapés avec le groupe de Goto
Ca fait un peu beaucoup, je pense ...
_________________
On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ...


Dernière édition par loic le Lun Oct 06, 2008 22:48; édité 2 fois
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Casus Frankie
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 13715
Localisation: Paris

MessagePosté le: Lun Oct 06, 2008 19:28    Sujet du message: Répondre en citant

Merci de ta relecture.
Je remanie les tournures effectivement maladroites.
Quant aux DD japonais, quelles seraient tes propositions (of course, Mark a dû multiplier la production des chantiers navals nippons) ?
_________________
Casus Frankie

"Si l'on n'était pas frivole, la plupart des gens se pendraient" (Voltaire)
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
loic
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 8936
Localisation: Toulouse (à peu près)

MessagePosté le: Lun Oct 06, 2008 22:05    Sujet du message: Répondre en citant

Je ne pense pas qu'il ait multiplié les constructions, mais je dois vérifier. Car le japonais a aussi ses convois à escorter et il maintient pas mal de forces vers Singapour (à voir, en fait on n'en sait rien !).
Plus ce qu'il y a en Nouvelle-Guinée.
Actuellement on pourrait avoir un deuxième raid sur Tokyo avec pas grand chose pour poursuivre les responsables ...
_________________
On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ...
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
loic
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 8936
Localisation: Toulouse (à peu près)

MessagePosté le: Lun Oct 06, 2008 23:21    Sujet du message: Répondre en citant

Première erreur : le CL Naka a été torpillé par un SM US lors de la prise de l'île Christmas en avril et il est indispo jusqu'en décembre (OTL il ne repart du Japon qu'en avril 43).
_________________
On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ...
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
loic
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 8936
Localisation: Toulouse (à peu près)

MessagePosté le: Mar Oct 07, 2008 07:42    Sujet du message: Répondre en citant

Casus, c'est à ton tour de faire une erreur : tu dis bien que l'Aoba et le Kinugasa doivent être reconstruits en CLAA au Japon. Mais tu les cites quand même le 24 novembre dans l'escadre jap.
Soi-dit en passant, Goto avait déjà été (je cite) "grièvement blessé par un obus de 8 pouces" le 9 août. Ce gars a la peau dure !
_________________
On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ...
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Manu Militari



Inscrit le: 28 Aoû 2007
Messages: 57

MessagePosté le: Mar Oct 07, 2008 10:38    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour,

loic a écrit:
Soi-dit en passant, Goto avait déjà été (je cite) "grièvement blessé par un obus de 8 pouces" le 9 août. Ce gars a la peau dure !
Juste une idée comme ça, pour expliquer le tournant de la bataille.

On supprime la nouvelle blessure qui fait un peu "super héros" et on remplace par un simple malaise d'une minute ou deux ...

"La plupart des historiens s'accordent pour souligner l'impact de sa blessure sur son commandement lors de cette nouvelle bataille nocturne.
Goto n'est pas totalement remis de ces blessures. Si son intellec est toujours aussi affuté, sa résistance physique et son temps de réaction sont fortement amoindri. Ses faits vont avoir un impact disproportionnée."

... plus bas ...

texte initial a écrit:
Quand le Kasumi, le Yamagumo et le Mogami amputé de sa proue atteignent Rabaul, Goto, au désespoir, songe au suicide. Il faut un message de Yamamoto lui-même pour l’en dissuader.


texte modifié a écrit:
Quand le Kasumi, le Yamagumo et le Mogami amputé de sa proue atteignent Rabaul, Goto, au désespoir, songe au suicide. Il ressasse l'avertissement du médecin concernant sa sortie prématurée. Il faut un message de Yamamoto lui-même pour l’en dissuader.
Ces petites modifications ont l'avantage de montrer que même les militaires les plus consciencieux doivent écouter les médecins 8)


PS : je suis conscient des hasard de la bataille mais quand même
1. une blessure au 8 pouces (joli calibre) ... et survivre ... Shocked
2. un obus de 6 pouces explose sur la passerelle du Mogami, tuant ou blessant tous les hommes présents ... et Goto survit encore ... Idea Vous penserez à me refiler le numéro de portable de son ange gardien, il a démontré des compétences professionnelles exceptionnelles. Wink

Salutations
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
patzekiller



Inscrit le: 17 Oct 2006
Messages: 3940
Localisation: I'am back

MessagePosté le: Mar Oct 07, 2008 11:14    Sujet du message: Répondre en citant

parallèlement en novembre doit se derouler l'ops spé du surcouf et des narwhal vers palembang, des DD jap auraient pu etre récupérés dans ce secteur, ce qui par contrecoup aurait facilité le travail d'insertion des commando et plus tard les campagnes anti petroliers des casab et consorts.

entre le usines de moteurs d'avions, les puits de petroles et guadalcanal qui va finir par tomber, le debut d'année 43 risque d'etre difficile pour les japonais...

on pressent malgrés tout par le gros rassemblement de BB et de CV en préparation que la doctrine de la bataille decisive reste toujours en vigueurs au sein de l'EM japonais.
_________________
www.strategikon.info
www.frogofwar.org
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
loic
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 8936
Localisation: Toulouse (à peu près)

MessagePosté le: Mar Oct 07, 2008 12:19    Sujet du message: Répondre en citant

Tout juste.
Et d'ailleurs les pertes subies jusqu'ici montrent que certaines unités ont déjà été déplacées de secteurs comme la barrière d'Indonésie. Mais comme les dispositions de l'IJN au fil du temps n'ont pas été suivies (sauf peut-être par Mark), c'est difficile à évaluer.
Patz, quand tu auras besoin d'évaluer les forces jap dans la zone de Palembang, n'hésite pas à demander.
_________________
On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ...
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Casus Frankie
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 13715
Localisation: Paris

MessagePosté le: Mar Oct 07, 2008 17:08    Sujet du message: Répondre en citant

Aoba, Kinugasa...
Loïc, tu te doutes d'où vient l'erreur (mais j'aurais dû la voir).

Correction :
L’escadre de bombardement est commandée par Yamamoto lui-même. Elle compte trois cuirassés, le Musashi (Yamamoto), le Hyuga (Kondo) et le Yamashiro, quatre croiseurs lourds en deux divisions (Atago et Chokai, Kumano et Suzuya) et trois flottilles de destroyers conduites chacune par un croiseur léger (Nagara et 4 DD, Kinu et 5 DD, Sendai et 6 DD). Cette escadre est accompagnée du vieux destroyer Nokaze, chargé de ravitailler le navire-hôpital Hikawa Maru.

Goto : Moui, en fait, j'aurais dû là aussi me méfier.
Mea maxima culpa : j'avais oublié (quelque part entre Rommel en Normandie et le convoi C-14) que Mark m'avait demandé "Combien d'indisponibilité pour Goto", il disait 3 semaines, et que je lui avais dit non, 3 mois, et voilà...
Manu M, merci de m'avoir indiqué une piste pour m'en sortir.

Résultats :

9 août
A bord de l’Aoba, Goto ordonne de venir sur tribord et de lancer ses quatre dernières torpilles, juste avant qu'un un obus de 8 pouces touche sa passerelle et que Goto lui-même soit assez gravement blessé.

1 novembre
Goto (encore mal remis de ses blessures du 9 août: il a notamment toujours un bras en écharpe) prend le commandement d’une nouvelle 6e Division, avec les CA Mogami et Mikuma et quatre destroyers

16 novembre
(...) un obus de 6 pouces explose sur la passerelle du Mogami, tuant ou blessant plus ou moins gravement tous les hommes présents. Goto lui-même n’est que superficiellement blessé par des éclats de verre, mais il est commotionné et reste incapable de commander durant plusieurs minutes vitales.

(...) Quand le Kasumi, le Yamagumo et le Mogami amputé de sa proue atteignent Rabaul, Goto, au désespoir, songe au suicide. Il ressasse qu’il n’aurait pas dû passer outre l’avis des médecins et que son état de faiblesse dû à ses blessures du mois d’août l’a empêché de réagir convenablement. Il faut un message de Yamamoto lui-même pour le dissuader de mettre fin à ses jours.
_________________
Casus Frankie

"Si l'on n'était pas frivole, la plupart des gens se pendraient" (Voltaire)
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
marc le bayon



Inscrit le: 19 Oct 2006
Messages: 1004
Localisation: Bretagne

MessagePosté le: Mar Oct 07, 2008 17:52    Sujet du message: Répondre en citant

PS : je suis conscient des hasard de la bataille mais quand même
1. une blessure au 8 pouces (joli calibre) ... et survivre ... Shocked
2. un obus de 6 pouces explose sur la passerelle du Mogami, tuant ou blessant tous les hommes présents ... et Goto survit encore ... Idea Vous penserez à me refiler le numéro de portable de son ange gardien, il a démontré des compétences professionnelles exceptionnelles. Wink

Salutations[/quote]
Bonsoir
En temps de guerre je sais pas, mais certains on parfois BEAUCOUP de chance...
Donc tout est possible.
Perso j'en suis a 2 morts cliniques par mort violente ( une voiture de plein fouet pour la premiere, et coincé dans une maison en feu avec une cage thoracique arrachée pour la seconde )
Et j'ai pas l'impresion d'etre un miraculé.
@+
Marc
_________________
Marc Le Bayon

La liberte ne s'use que si l'on ne s'en sert pas
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé MSN Messenger
dathi



Inscrit le: 08 Oct 2008
Messages: 1
Localisation: Syracuse, NY, USA

MessagePosté le: Ven Oct 17, 2008 19:39    Sujet du message: Re: Novembre 42 dans le Pacifique Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:


9 novembre
Nagoya
A la grande consternation de l’état-major japonais, seize B-17F (huit de la ROCAF et huit de la CATF) venant de Chungking made effectuent une audacieuse attaque en plein jour sur Nagoya.


quelque chose restant du texte anglais, non?

Citation:
Ils soupçonnent que Madame Tchang est pour beaucoup dans l’organisation de ce coup d’audace et de propagande,

encore le même date.
Sad le 9 novembre.

Je ne comprends pas cette phrase. C'est bien possible que c'est seulement la faute de mon français assez faible.


ah,...
je m'excuse. C'est seulement ma deuxieme poste ici, et j'ai choisi une option incorrect. Ça devait être sous titre de 'Novembre 42 dans le Pacifique'

Note de Loïc : c'est rectifié
_________________
David Houston
un Canadien errant
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé Envoyer un e-mail
Casus Frankie
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 13715
Localisation: Paris

MessagePosté le: Ven Oct 17, 2008 22:38    Sujet du message: Re: Novembre 42 dans le Pacifique Répondre en citant

dathi a écrit:
Casus Frankie a écrit:


A la grande consternation de l’état-major japonais, seize B-17F (huit de la ROCAF et huit de la CATF) venant de Chungking made effectuent une audacieuse attaque en plein jour sur Nagoya.


quelque chose restant du texte anglais, non?


You're right, sorry.

[quote="dathi"][quote="Casus Frankie"]
Citation:
Ils soupçonnent que Madame Tchang est pour beaucoup dans l’organisation de ce coup d’audace et de propagande,


Je ne comprends pas cette phrase. C'est bien possible que c'est seulement la faute de mon français assez faible.[/color]

I'm afraid it is. "They suspect Mrs Chang is one of the main organizers of this bold operation of propaganda." (no time to refine the translation, but you got the idea)
_________________
Casus Frankie

"Si l'on n'était pas frivole, la plupart des gens se pendraient" (Voltaire)
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Montrer les messages depuis:   
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    Fantasque Time Line Index du Forum -> Suivi de la chrono Toutes les heures sont au format GMT + 1 Heure
Page 1 sur 1

 
Sauter vers:  
Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas voter dans les sondages de ce forum


Powered by phpBB © 2001, 2005 phpBB Group
Traduction par : phpBB-fr.com