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loic
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MessagePosté le: Mar Juil 01, 2008 06:27    Sujet du message: Répondre en citant

SVP, ouvrons un autre fil de discussion pour cette question du Proche et Moyen-Orient, d'Israël et de la Shoah. À ce sujet, je rappelle que la chrono contient déjà des éléments (Irak 1941 - d'ailleurs Mark Bailey suggérait de faire intervenir l'Allemagne, car en juin 41 FTL, elle se tourne les pouces).

Pour François-Poncet, je suis d'accord.
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mar Juil 01, 2008 09:14    Sujet du message: Répondre en citant

Tu as raison, c'est ce que j'aurais dû faire pour répondre sur le Liban (c'est pas ma faute, M'sieur, c'est Menon-marec qu'a commencé).
Si quelqu'un a une idée de la façon dont l'Allemagne pourrait intervenir en Irak dans les conditions FTL, qu'il n'hésite pas à ouvrir un autre fil !
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Casus Frankie

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Menon-Marec



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MessagePosté le: Mar Juil 01, 2008 09:47    Sujet du message: Hou, le vilain! Répondre en citant

C'est pas beau de dénoncer ses petits camarades qui font rien que du labeur.
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patzekiller



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MessagePosté le: Mer Juil 02, 2008 20:35    Sujet du message: Répondre en citant

pour moi c'est que dalle en ftl, pas de syrie vichiste, expulsée d'afrique, pas de propagande et toujours pas de turquie... donc ras
des fois, je soupçonne mark d'un peu trop jouer à world in flame Wink
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mer Juil 02, 2008 20:45    Sujet du message: Répondre en citant

patzekiller a écrit:

des fois, je soupçonne mark d'un peu trop jouer à world in flame Wink


Je rappelle que WiF est à l'origine un jeu AUSTRALIEN. Rolling Eyes

Par ailleurs, dans le genre "le moyen-orient, nid d'espions" on peut bien s'amuser avec des coloriages.
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Jeu Juil 03, 2008 11:42    Sujet du message: Que faire de Daladier ? (la suite 2, toujours par Menon-M) Répondre en citant

8 octobre 1941
Alger
Le lieutenant François Coulet a mis à profit son long trajet de retour pour entamer la rédaction de deux rapports aussi confidentiels l’un que l’autre.
Le premier porte sur des informations glanées au hasard des conversations de couloir et des coffee-breaks durant les pourparlers franco-américains sur le matériel ferroviaire.
« Pour me résumer, écrit Coulet, M. Louis Armand sera mieux à même d’évoquer les aspects techniques que moi. Je crois cependant utile de relever chez nos interlocuteurs plus que des réticences à nous informer de manière exhaustive dans ce domaine. J’en ai, pour ma part, déduit que les Américains – ou l’Industrie américaine, mais ne dit-on pas que “ce qui est bon pour Baldwin Works est bon pour les États-Unis” – souhaiteraient éliminer, aussi vite que les circonstances les y autoriseront, aussi complètement que possible, et pour aussi longtemps que possible, la concurrence des constructeurs de locomotives européens en général et français en particulier. Leur insistance à vouloir, par exemple, inclure dans les modalités de paiement le droit d’utiliser le “traitement intégral Armand” sans verser de royalties en porte témoignage.
D’autre part, j’ai cru comprendre que les aciéristes américains n’ont apprécié que modérément notre décision d’édifier une aciérie en Algérie. D’où les difficultés que nous avons éprouvées sur l’achat des cinq machines articulées type Norfolk & Western. On redoutait, à l’évidence, qu’elles ne soient employées aux fins d’accélérer la construction des installations de Bône (ce qui n’est pas faux, semble-t-il).
En bref, je crois pouvoir avancer, avec la prudence qui s’impose, qu’il nous faut sans cesse garder à l’esprit la vraie nature du Prêt-Bail. S’il reste, de notre point de vue, l’instrument de notre victoire – tout au moins l’un de ses instruments essentiels, il apparaît aussi, dans la pensée des Américains, comme un Cheval de Troie qui doit leur conférer, à moyen terme, l’hégémonie technique, économique, financière, donc politique, sur l’ensemble de la planète. Ce que nous leur devrons, nous le paierons cher.
On déplorerait l’outrecuidance d’un fonctionnaire de mon rang qui s’autoriserait à lancer des mises en garde, mais je croirais manquer à mes devoirs si je n’attirais pas l’attention du Département et, à travers lui, du Conseil de Défense nationale et du Gouvernement, sur ces perspectives. »
Ce rapport sera remis à une dactylo assermentée qui le reproduira, sous le timbre “Très Confidentiel”, à une dizaine d’exemplaires.
Le second rapport de Coulet revêt une forme sortant de l’ordinaire. Il l’a transcrit à la main entre Prestwick et Lisbonne, il en a appris par cœur les deux pages et il l’a ensuite brûlé dans un cendrier, au bar du vieux terrain de Povõa de Santa Iria, avant même de commander un verre de vinho verde. On ne saurait préserver le secret avec plus d’efficacité. [Nous n’en connaissons aujourd’hui le contenu que par la version qu’en donne François Coulet dans ses souvenirs.] Le début de ce compte-rendu vaut d’être cité in extenso pour sa concision et la tranquille assurance qui transparaît :
« À l’évidence, les objectifs assignés par monsieur le Président du Conseil à ma mission officieuse ont été atteints :
1) Le président Roosevelt et son entourage ont admis, ne serait-ce qu’entre les lignes, qu’ils manipulent à leur guise l’ambassadeur Léger en jouant de sa vanité et de l’étendue bien connue de sa confiance en lui-même.
2) Je confirme mon message “Le requin a mangé du lion” : nous avons l’accord de la Présidence et du Département d’État pour l’envoi à Washington d’un des anciens Présidents du Conseil qui y remplacerait l’ambassadeur Léger. Le veto fulminé contre M. Tardieu ne paraît s’expliquer que par une jalousie et des rivalités de prime donne : à la Maison Blanche, on ne lui pardonne pas d’avoir mis en œuvre le premier un New Deal à la française. Mais la voie est libre pour M. Daladier ou pour M. Blum.
3) Je suis porteur d’une lettre privée de Mr Cordell Hull proposant l’arrivée à Alger de l’amiral Leahy à l’ambassade (“Clémentine préfère le poisson”). Il succèderait à Mr William Bullitt, considéré comme francophile à l’excès et demeuré trop proche de M. Georges Bonnet. Cette lettre ne m’a été remise qu’un quart d’heure avant le décollage de mon avion, par mon homologue chargé des négociations ferroviaires (qui devait bien se demander ce qu’elle contenait !). Si j’interprète bien le propos de Mr Hull, je ne serais pas surpris de voir l’amiral arriver incessamment à Alger, à l’improviste, en mission exploratoire.
4) L’un de mes interlocuteurs m’a dit en propres termes (en français) : « Nous entrerons très bientôt en guerre à vos côtés, rassurez-vous, mais, pour ne pas nous heurter au Congrès, nous devons encore attendre, de la part d’Hitler ou des Japonais… comment dites-vous… l’occasion qui fera le larron. » Je crois qu’il faisait fond davantage sur l’Empire du Soleil Levant que sur le Reich. »


9 novembre 1941
Alger
11h30 – François Coulet rend compte de sa mission aux États-Unis à Paul Reynaud, Georges Mandel et Charles de Gaulle, entourés de leurs directeurs de cabinet respectifs. Il lui est demandé de rencontrer Albert Lebrun au début de l’après-midi dans le même but.


11 novembre 1941
Alger
10h15 – L’amiral Leahy assiste à la cérémonie commémorative de l’armistice de 1918, devant le monument aux morts. Son hydravion Boeing 314 Clipper réquisitionné par la Navy a amerri la veille vers 18h00 en rade d’Alger, après un vol au départ de l’Anacostia Naval Air Station, sur le Potomac, via les Açores. Malgré trente-deux heures de voyage, l’amiral paraît en très bonne forme.
En raison des circonstances, le défilé, ouvert par un escadron à cheval du 1er RSAR en burnous et turban de tradition, ne rassemble que les élèves des écoles d’officiers (Saint-Cyr à Cherchell, Navale à Arzew, Salon à Meknès), de sous-officiers et d’officiers mariniers.
Viennent ensuite une compagnie du 6e BCA qui se reforme à Chréah, une compagnie du 5e RI en cours de reconstitution près de Constantine avec de jeunes mobilisables français venus des colonies comme de l’étranger et avec des évadés de France [Quinze mille jeunes hommes environ ont franchi les Pyrénées durant la belle saison 1941, malgré l’intensification des patrouilles allemandes et la mauvaise volonté de la Guardia Civil.], deux sections du 3e Tirailleurs sénégalais, deux sections du Régiment d’Infanterie Coloniale du Maroc et un goum du 4e GTM. Une compagnie du 2e REI ferme la marche. Les motorisés se limitent à deux pelotons de chenillettes Renault à canon de 25 mm du 1er RCA, aux douze 105 C de la batterie-école du 60e RAC tractés par des 4 x 4 Dodge et à cinq P 107 Unic du Génie. Sauf les Spahis, tout le monde porte la tenue de campagne.
La garde d’honneur est montée au pied du monument par une section de fusiliers de Mers el Kébir et une section de l’Infanterie de l’Air de Palestro. C’est la clique de la Musique principale de la Légion qui exécute les sonneries réglementaires.
Les initiés remarquent parmi les assistants la présence du nouveau nonce apostolique, Mgr Giovanni Roncalli, qui remplace Mgr Valerio Valeri, rappelé au Vatican à la demande discrète mais ferme de Paul Reynaud, qui le jugeait trop proche des anciens défaitistes. Le ministre de Suisse Walter Stücki fait là sa dernière apparition publique, puisqu'il va
regagner Berne. Le nom de son successeur n'est pas encore connu, mais on l’espère moins compréhensif des positions de l’Axe.
16h30 – La Censure reçoit pour consigne du ministère de l’Information de laisser paraître très largement les dépêches et les articles sur l’arrivée à Alger de l’amiral Leahy et sur l’audience que le président Lebrun lui a accordée à 15h00, en présence des membres du Conseil de Défense nationale. Havas Libre précise que l’amiral a été introduit dans le bureau du chef de l’État par le chef du Protocole, comme s’il s’agissait d’une remise de lettres de créance. La dépêche AHL insiste : « Dans les milieux informés, on considère que ce cérémonial inhabituel a la valeur d’un symbole, comme le fait que l’amiral Leahy ne portait qu’une seule décoration sur son placard de barrettes : la Médaille interalliée de la Victoire 1918. »
Étant donné que les matériels vus dans la matinée sont tous connus des Allemands et des Italiens, les clichés des photographes passent sans encombre. Ils apparaîtront le lendemain dans les quotidiens britanniques et américains, sous le titre « French Army shows its Strength and Muscle », mais les articles seront relégués en page intérieures par les nouvelles de l’opération Retribution.


21 novembre 1941
Alger
La marquise de Crussol, qui adoucit le veuvage d’Édouard Daladier, se montre aussi discrète qu’Hélène de Portes l’était peu. Elle a pu rejoindre la capitale de la France au combat en septembre via Collioure, Barcelone, Madrid et Lisbonne, grâce au sauf-conduit délivré par le consulat général du Portugal à Marseille. Elle a été accueillie par les Espagnols avec une mauvaise humeur appuyée, mais bien reçue sur les rives du Tage.
À peine arrivée, Marie-Lou, comme le tout-Alger l’appelle après le tout-Paris, a ouvert un salon. On s’y retrouve entre gens de bonne compagnie, pour parler, sans trop de médisance, de choses et d’autres - pas seulement de politique. « Je veux, dit-elle à ses hôtes, que vous vous comportiez comme dans la chanson de Gilles et Julien. » [Chansonnier suisse, Jean Villard, dit Gilles, est l’auteur-compositeur des célèbres Trois Cloches chantées par Édith Piaf et les Compagnons de la Chanson. Son cabaret de Lausanne, “Le Coup de Soleil”, fut le haut-lieu d’un authentique esprit de résistance au Reich. La chanson à laquelle la marquise de Crussol fait allusion, En serez-vous ?, est un chef d’œuvre d’ironie des années 30 : « Autrefois, avant la guéguerre, / On cultivait les belles manières / Et l’on vivait amicalement. / On se retrouvait à chaque première / (c’était charmant, sous les lumières) / En bonne compagnie vraiment. »]
On y débat ce soir du sort de Jean Giraudoux, interné par les Allemands, avec d’autres personnalités du Pouvoir, des Lettres, des Arts et de l’Économie, depuis la fin d’août 1940, dans le château des Hohenzollern à Sigmaringen. On a pu savoir par la Croix-Rouge qu’il ne s’agit ni d’une prison au sens strict, ni d’un camp de concentration, mais que le régime n’y est pas moins sévère et la nourriture guère moins médiocre.
– Pauvre Jean, déplore-t-on. Le voici dans le rôle du Limousin chez Siegfried !
On s’interroge aussi sur la signification à donner au passage de l’amiral Leahy, qui n’a séjourné à Alger que cinq jours.
Présent “chez Marie-Lou”, Daladier n’a pas été informé de la mission de François Coulet aux États-Unis. Mais il a de l’expérience, du coup d’œil et il sait lire entre les lignes : « Envoyer ici son principal conseiller militaire, c’est une manière, pour Roosevelt, de dire à tous, notamment à l’Axe, que son pays, déjà passé de la neutralité passive à la neutralité active, entre dans la phase de non-belligérance. Tout pour les Alliés, sauf la guerre. Mais c’est une position à la longue intenable. Les États-Unis vont participer au conflit. »
– Le croyez-vous vraiment ?
– La question n’est plus si mais quand. Reste seulement, en effet, à déterminer à quel moment Tokyo considèrera que l’attitude américaine ne lui laisse plus aucun autre choix que l’irréparable. Ce ne sera pas plus tard que février de l’an prochain, à mon avis, et, peut-être, plus tôt encore. Dans ce cas, l’amiral Leahy, dans un premier temps, se chargerait de représenter l’Amérique auprès de la France ou de la Grande-Bretagne. Il l’a certainement indiqué à Lebrun. Je prends les paris.
Marie-Louise de Crussol lui lance un regard d’admiration.
Le journaliste Hubert Beuve-Méry, chargé d’un éditorial quotidien sur Radio Alger en attendant, dit-on ici ou là, le lancement d’un journal où il tiendrait le premier rang, notera sur ses carnets, en rentrant chez lui : « Daladier n’a jamais manqué de lucidité, décidément, et il possède de l’intelligence à revendre. À Munich, comme pendant la Drôle de Guerre, seul le caractère lui a fait défaut. »


28 novembre 1941
Alger
Tous les journaux d’Afrique du Nord consacrent leur une à la nomination d’Édouard Daladier à Washington, avec le titre d’ambassadeur et haut représentant de la République française aux États-Unis. L’Agence Havas a annoncé la nouvelle la veille à 20h47, avec tout l’apparat réservé aux événements d’importance : dans l’ordre d’urgence un flash, un bulletin, un urgent, le texte intégral du communiqué de la Présidence du Conseil, un papier d’éclairage, de nouveau en urgent la première déclaration de l’impétrant, une synthèse des réactions dans les “milieux autorisés”, un commentaire rassemblant des propos tenus off the record par certains membres du gouvernement (en l’occurrence, mais leurs noms ne sont pas cités, Mandel, Zay, Dautry et De Gaulle) et enfin une synthèse générale de 1 200 mots.
Chacune des dépêches était précédée et suivie de sonneries de téléscripteur et portait la mention “EMBARGO ABSOLU AU 28 NOVEMBRE 1941 A 01 H 30 GMT OU 02 H 30 PARIS”. Radio Alger n’a utilisé la nouvelle dans ses bulletins d’information qu’à partir de 6 heures, heure à laquelle ces informations ont été également routées sur les destinations desservies par radio.
Le rédacteur en chef du Figaro Libre, Pierre Brisson, résume le sentiment général dans son éditorial : « Non sans amertume, Édouard Daladier ne faisait pas mystère de se voir à peu près inutile dans sa fonction de vice-président du Conseil. “Je me sens, disait-il à ses amis, comme la roue de secours d’une voiture qui ignore les crevaisons.”
Il n’ignorait pas, lui, que les décisions soi-disant prises par le Conseil de Défense Nationale avaient été auparavant – et elles le sont plus que jamais – mises au point par MM. Reynaud, Mandel et de Gaulle avec l’aval du président de la République. On conte qu’à l’issue d’une de ses célèbres colères, au cours de laquelle il s’en était pris personnellement au président du Conseil, puis à M. Georges Mandel [Selon des notes retrouvées après son décès dans les archives privées de Paul Reynaud, Daladier l’aurait taxé d’hypocrisie et de malhonnêteté : « Tu n’est qu’un salaud, et je te crache à la gueule ! » se serait-il écrié. À Mandel, que personne ne tutoyait, il aurait lancé : « Votre Clemenceau tuait à l’épée ou au pistolet. Vous, il vous faut le lacet de soie des eunuques du sérail ! »], Daladier s’est résigné in fine à ce nouveau poste dont l’importance répond à ses capacités.
La France, nous en sommes persuadés, ne pourra que se féliciter d’être représentée à Washington par un personnage aussi éminent par son intelligence que par son expérience. Quant à l’amitié franco-américaine, elle se portera mieux d’être aux mains d’un homme qui met au-dessus de tout les intérêts de son pays sans oublier un seul instant le respect dû à la dignité de ses hôtes.
Souhaiter bonne chance à Édouard Daladier, c’est aussi souhaiter bonne chance à la France. »
Curieusement, aucun journal n’accorde plus de six lignes à Alexis Léger, qui devient pourtant à la fois conseiller diplomatique du Gouvernement et inspecteur général des Relations extérieures.
« Je suis soulagé, écrit ce soir-là le général de Gaulle à son ami Nachin. Nos rapports avec Washington vont enfin prendre le tour qu’ils auraient toujours dû revêtir. Nul ne discernait mieux que Paul Reynaud les fondements de la relation de la France et des États-Unis, mais le système, les routines, et cette sorte de prééminence reconnue à Londres, l’avaient jusqu’alors empêché de mener une politique conforme à l’honneur, au rang et aux intérêts de la France. Il était temps que les choses coïncident avec ce qu’elles sont. » [Cette phrase a été reprise par le général de Gaulle dans le premier tome de ses Mémoires, Le Sursaut, mot pour mot ou presque.]

Il y a encore un épilogue (provisoire ?) à venir.
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loic
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MessagePosté le: Jeu Juil 03, 2008 12:22    Sujet du message: Répondre en citant

Des chenillettes Renault à canon de 25 mm en novembre 1941 ? Ca me paraît un peu obsolète ...
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Menon-Marec



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MessagePosté le: Jeu Juil 03, 2008 12:50    Sujet du message: Chenillettes obsolettes Répondre en citant

Pas si obsolètes que ça, si l'on sait qu'elles sont, hors défilé, déployées à la frontière du Maroc espagnol - puisqu'il faut bien continuer de dissuader Franco d'accorder trop à l'Axe et le menacer assez pour que ses services améliorent un peu le sort des évadés de France.
En fait, compte tenu de la pénurie de troupes, le 1er RCA, outre cette fonction de dissuasion, doit aussi jouer le rôle d'unité de souveraineté et de régiment d'instruction. Vaste programme, admettons-le.
Amts, ainsi que l'on écrit à l'AFP.
M-M.
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Fantasque



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MessagePosté le: Jeu Juil 03, 2008 13:24    Sujet du message: Répondre en citant

C'est très bon.

Un seul point à ajouter. En bon diplomate, Coulet a du rencontrer Eleanor ou du moins une personne proche de la "First Lady".

FDR, qui avait un certain nombre de choses à se faire pardonner, a laissé sa femme prendre une importance politique certaine entre 38 et 43. Eleanor Roosevelt était par ailleurs une personne d'une grande intelligence, qui était très influente au sein du Parti Démocrate mais aussi du grande syndicat AFL-CIO. Elle a incarné la ligne des "pro-guerre" et des anti-fascistes résolus, avec des sympathies pour des gens venant de l'extrême-gauche.

FTL, elle devrait être un des points d'appui de la diplomatie si ce n'est secrète du moins discrète des Français.
Ses liens avec Hollywood ne sont pas non plus à ignorer. Elle joua un rôle important dans le projet de film sur de Gaulle en dépit des prévenances (admirez la litote diplomatique) de son époux envers le Général. C'est Steinbeck qui en écrivit le scénario avec l'aide d'Hémingway.
Le film eut-il été tourné, c'eut été un objet assez inéressant à voir avec du recul (Gary Cooper devait incarner de Gaulle...).
Ses liens avec La Guardia, alors maire de New York, furent mis à profit lors de la visite officielle du Général aux Etats-Unis en 44.

F
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Menon-Marec



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MessagePosté le: Jeu Juil 03, 2008 13:36    Sujet du message: Hélène au nord? Répondre en citant

Merci des compliments, et va pour Eleanor, bien sûr. Elle s'est adressée à Coulet, en aparté, lors d'un déjeuner offert par Louis Armand auquel elle a tenu à assister - par exemple.
Quant aux prévenances, ça serait-y pas des préventions, par hasard?
Amts, ainsi que l'on écrit à l'AFP.
M-M.
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Martel



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MessagePosté le: Jeu Juil 03, 2008 14:43    Sujet du message: Et non pas à l'ouest... Répondre en citant

Bonjour,

Chapeau bas...

Je savais les relations Reynaud/Daladier exécrables mais à ce point...

En parlant Eléonor, cf la visite des époux curie aux USA et les liens entre Mme Rooselvelt et Irène Joliot curie.

Quelqu'un remplace t'il Daladier en tant que reine d'angleterre du gouvernement ? ( suivant le principe de Reynaud appliqué au maréchal ? : mieux vaut l'avoir dedans que dehors ?)

Pour MM, je transpire sur l'AOI, et après je pense commettre quelques lignes sur deux sujets qui tiennent à coeur l'un à reynaud, l'autre à Mandel :

soit respectivement, le vote des femmes...et le mode de scrutin.
Si MM a des idées sur le sujet, ...


Cela devrait faire quelque bruit à l'assemblée.

Cdlt

Martel
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"Enfin le cardinal a terminé son sort.
Français, que dirons nous de ce grand personnage ?
Il a fait la paix, il est mort :
Il ne pouvait pour nous rien faire davantage. "
Epithaphe anonyme du Cardinal de Mazarin.
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Jeu Juil 03, 2008 15:41    Sujet du message: Répondre en citant

On peut ainsi remanier le § 4 du rapport oral de Coulet :

4) Lors d’un déjeuner offert par M. Armand, j’ai eu le plaisir d’être assis à côté d’une grande dame de la vie politique américaine, qui nous montre beaucoup d’amitié et qui est fort proche de la présidence. Elle m’a dit en propres termes (en français) : « Nous entrerons très bientôt en guerre à vos côtés, rassurez-vous, mais, pour ne pas nous heurter au Congrès, nous devons encore attendre, de la part d’Hitler ou des Japonais… comment dites-vous… l’occasion qui fera le larron. » Je crois que Mrs Eleanor Roosevelt faisait fond davantage sur l’Empire du Soleil Levant que sur le Reich. »

Menon-Marec : ?
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Menon-Marec



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MessagePosté le: Jeu Juil 03, 2008 15:43    Sujet du message: Là, bravo! Répondre en citant

Banco, cher Léonard! Chapeau, cher Michel-Ange!
Am-mts (c'est plus court)
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Lun Juil 07, 2008 19:45    Sujet du message: Daladier, fin (ou à suivre ?) Répondre en citant

6 décembre 1941
Washington DC
Arrivé l’avant-veille seulement dans la capitale fédérale à bord d’un Stratoliner spécial d’Air France piloté par Henri Guillaumet, Édouard Daladier présente ses lettres de créance au président Franklin Roosevelt.
Le Département d’État avait d’abord fixé cette cérémonie protocolaire à l’après-midi du lundi 8 décembre. Mais Cordell Hull s’est ravisé, afin que l’amiral William Leahy, nommé de son côté ambassadeur des États-Unis à Alger, puisse y assister avant de quitter le lendemain même Washington en empruntant le Boeing 314 déjà utilisé pour son aller-retour du mois de novembre. Les commentateurs américains, reproduits in extenso par Reuters et Havas Libre, ont déjà souligné que les ambassadeurs des gouvernements en exil de Tchécoslovaquie, de Pologne, de Norvège, des Pays-Bas, de Belgique, du Luxembourg, de Grèce et de Yougoslavie, ont eux aussi été conviés à la Maison Blanche pour cette occasion.
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Sam Juil 12, 2008 11:20    Sujet du message: Le Waterloo des Etoiles Répondre en citant

Menon-Marec a encore frappé...

18 juin 1940
Toulouse
Le général de Gaulle déjeune en tête-à-tête avec son officier d’ordonnance, le capitaine Geoffroy de Courcel. Pendant le repas, le général emploie à deux reprises une expression qu’on entendait souvent dans sa bouche durant la Drôle de Guerre, « l’étable à ganaches », pour désigner le commandement dans son ensemble. Il vitupère sans frein « les incapables comme Freydenberg, les insuffisants tel Blanchard et les inaptes du genre de ce pauvre Georges ! » Soudain, il tape sur la table et annonce, laissant Courcel stupéfait : « Demandez- de quoi écrire. Nous allons enfin la nettoyer, l’étable à ganaches ! »
C’est donc sur une feuille de papier à l’en-tête de la Grande Brasserie du Capitole que le général, de son écriture si caractéristique, rédige le texte que les historiens ont pris l’habitude de dénommer “le Waterloo des Étoiles”. Il trace, en quelques lignes, son programme de réorganisation de la hiérarchie militaire :
« La bataille en cours depuis le 10 mai a mis en évidence la faillite d’un système, les faiblesses de l’autorité et les méfaits des amitiés partisanes.
Sans préjuger des faits d’armes ou des défaillances des uns et des autres durant les jours à venir, il y aura lieu, dès la stabilisation, de renouveler les hauts cadres de notre armée sans passion et sans préjugé mais sans faiblesse, à l’exemple de Joffre à l’automne 1914.
J’estime qu’il faudra mettre à l’écart a priori, outre les sanctions à prononcer contre certains, tous les généraux d’armée et de corps d’armée en activité au 1er mai 1940. Le gouvernement appréciera au cas par cas les exceptions à apporter à cette règle.
Je considère qu’on devra aussi se débarrasser de la moitié, au moins, des généraux de division et de brigade. Le ministre attendra les propositions du généralissime.
Ces mesures devront être étendues, dans des conditions à préciser ultérieurement, à la Marine et à l’Armée de l’Air, ainsi qu’aux différents corps de l’Armement, du Génie maritime et des Constructions aéronautiques. »
Sitôt de retour dans son bureau, De Gaulle en fait taper cinq exemplaires, timbrés Très Secret, destinés à Albert Lebrun, Paul Reynaud, Georges Mandel, Raoul Dautry et aux archives du ministère. Puis il lance à son aide de camp :
– Soyons Romains, Courcel ! Dressons nos listes de proscription !
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