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Divers épisodes "Les oubliés" - 1942/1943
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le poireau



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MessagePosté le: Mer Mai 09, 2018 15:44    Sujet du message: Répondre en citant

C'est possible en FTL un français engagé volontaire dans la RAF ?

Mais à part les échanges institutionnels entre les deux forces aériennes j'entends.
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demolitiondan



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MessagePosté le: Mer Mai 09, 2018 16:00    Sujet du message: Répondre en citant

On a bien des officiers de liaison et des unités mixtes. C'est le truc classique pour se débarrasser des Casses-co..lles ou des illuminés comme notre pilote !
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Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mer Mai 09, 2018 16:03    Sujet du message: Répondre en citant

Simple : quand un officier est trop pénible, on le nomme officier de liaison.
C'est ce qui pourrait arriver à Clostermann.
Que rien n'empêchera de devenir Squadron-Leader, sinon peut-être que la guerre va se terminer trop tôt !
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Etienne



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MessagePosté le: Mer Mai 09, 2018 16:05    Sujet du message: Répondre en citant

Demozay était officier de liaison auprès d'un wing de la RAF en 40. OTL, il est devenu pilote de chasse dans la RAF, mais FTL?
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mer Mai 09, 2018 16:10    Sujet du message: Répondre en citant

Etienne a écrit:
Demozay était officier de liaison auprès d'un wing de la RAF en 40. OTL, il est devenu pilote de chasse dans la RAF, mais FTL?


Selon sa mentalité, il peut rester à ce poste ou demander à intégrer une unité de l'AdA.
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Casus Frankie

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demolitiondan



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MessagePosté le: Mer Mai 09, 2018 16:11    Sujet du message: Répondre en citant

Il est un peu particulier, pour un cas particulier. Je ne serait pas surpris qu'il y ait des échanges entre RAF et ADA. La suite ! 8)

Le vent frais ranima le jeune français alors qu’il descendait vers le sol. Vite, trop vite à son gout, malgré la large corolle de son parachute déployée au-dessus de lui, voile blanchâtre jeté dans le flot bleu marine de la nuit. Car son regard était irrésistiblement attiré vers le bas.

En effet, au-dessous de lui, c’était l’Enfer, comme dans la Divine Comédie de Dante. Les rues, illuminées comme en plein jour, traçaient des sillons de feu dans le paysage. Les immeubles, aux toits disparus, étaient autant de bouches, de foyers, innombrables Baals avides de sacrifices et dont les volutes se dispersaient dans le ciel. Et lui, ainé de la famille Mercx, puis Hautcoeur, qui s’apprêtait à être immolé dans le brasier ! Un bâtiment sombre, toutefois, se détachait, mais il était trop loin pour le distinguait pour le moment. Un instant, le naufragé du ciel ferma les yeux, pour une prière à son Père, quel qu’il soit.

Le hasard voulu qu’il les ouvre à nouveau pour porter son regard sur la batisse qui avait attiré son attention, devenu l’Eglise Saint-Nicolas, vague phare de bonté au milieu de la tempête. Se rapprochant du sol, toujours trop près à son gout, il observait les flammes lécher le noble édifice. Il lui semblait presque voir de la lumière à l’intérieur … Des réfugiés en prière, les reflets des incendies sur les vitraux, une illusion issue de son délire ? Peut-être les trois à la fois ? Dans un fracas épouvantable, la maison de Dieu s’effondra, et flamba de plus belle ! Mon Dieu, pourvu qu’il n’y ait personne à l’intérieur, jura Hautcoeur, qui réalisait pour la première fois ce que son métier infligeait. Mais il n’eut pas le temps de pousser plus avant son horreur, car la tempête de flamme, attisée par l’appel d’air en provenance de la Nef, le souleva dans l’air et le propulsait par-dessus l’Elbe, au Sud. Loin de la ville et du carnage, mais surtout vers la forêt de Wilhemsburg. Il passa à travers elle à grand vitesse, suspendu à son parachute parmi les arbres tel un jouet jeté par un enfant capricieux. Au sol, il s’était cassé le bras sur les branches, et saignait abondamment du front.

Il fallut longtemps au pilote pour trouver un abri. Il se savait intrus ici, et se doutais du sort que lui ferait la population si d’aventure on le trouvait. Perdu et en état de choc, il finit par entrer au hasard dans une modeste masure, incongrue et à l’allure presque amicale après tout ce qu’il avait vécu. Il montait à l’étage par un vieil escalier grinçant, pour arriver dans une grande pièce obscure seulement percée d’une fenêtre. Un chevalet, des miroirs … Un atelier de peinture ! Mais Hautcoeur n’avait pas la tête à l’Art. Il tomba sur le sol, fermant les yeux pour un instant de repos. Juste un seul instant.
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Etienne



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MessagePosté le: Mer Mai 09, 2018 16:18    Sujet du message: Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:
Etienne a écrit:
Demozay était officier de liaison auprès d'un wing de la RAF en 40. OTL, il est devenu pilote de chasse dans la RAF, mais FTL?


Selon sa mentalité, il peut rester à ce poste ou demander à intégrer une unité de l'AdA.


Le souci, c'est que dans l'AdA, il ne peut pas être pilote, n'ayant aucun brevet!
OTL, il a fait semblant d'être pilote face aux Anglais, et il a effectivement pris les commandes de l'avion de liaison, sans avoir jamais piloté auparavant, jusqu'à prendre un bimoteur pour ramener en Angleterre les mécanos d'un squadron! A ce niveau, il ne faisait aucun doute pour les Anglais qu'il était vraiment pilote, et il l'ont envoyé en OTU direct.
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DMZ



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MessagePosté le: Mer Mai 09, 2018 16:19    Sujet du message: Répondre en citant

Des traçantes contre des bombardiers entre 4 et 6.000 m ?
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mer Mai 09, 2018 16:22    Sujet du message: Répondre en citant

Etienne a écrit:
il a effectivement pris les commandes de l'avion de liaison, sans avoir jamais piloté auparavant, jusqu'à prendre un bimoteur pour ramener en Angleterre les mécanos d'un squadron!


Shocked Il avait un ange gardien très compétent !
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Casus Frankie

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Hendryk



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MessagePosté le: Mer Mai 09, 2018 16:31    Sujet du message: Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:
Shocked Il avait un ange gardien très compétent !

À quoi peut bien servir un manche à balai
Qu'est-ce que j'ai dit qui vous fait cet effet
Le fait que je m'effraie d'affronter
Dans la cabine de pilotage
Tous ces cadrans, tous ces leviers
Qui semblent narguer mon courage

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Etienne



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MessagePosté le: Mer Mai 09, 2018 16:43    Sujet du message: Répondre en citant

demolitiondan a écrit:
Chers amis, ce soir on lorgne du coté de la nuit, pour quelque chose de fantastique, mais pas vraiment gai :

Chevalier du ciel


Hambourg, Nuit du 22 juillet 1943

Assis à son poste de pilote, le pilote et flight officer Jean Hautcoeur observait défiler [en trop?] l’obscurité par-delà les larges ailes de son Halifax. On voyait à peine l’extrémité de cet appareil, par cette nuit quasiment sans lune. Vraiment, il ne regrettait pas son engagement volontaire dans le Bomber Command.

Seul porter des coups aux teutons comptait pour le français. Elevé dans le mépris de l’ennemi d’outre-Rhin, il partait en croisade chaque nuit de mission, ignorant les doutes et peurs de ses collègues anglo-saxons (1). Seule la vengeance importait. Vengeance pour sa mère morte lors des bombardements d’artillerie sur Reims, lors de la première guerre ! Vengeance pour son pays occupé et martyrisé sous la botte teutonne ! Et même vengeance pour son père, obscur capitaine d’infanterie ayant combattu à Verdun et au Matz, mort durant l’entre-deux-guerres après une misérable carrière de peintre dadaïste. Le pauvre avait été broyé par ce qu’il avait vécu, était devenu pacifiste et mourut renié de tous, son fils compris.

Mais ce soir, ce qu’il l’animait, le tenait éveillé, c’était évidemment l’opération Gomorrah. Dans le ventre de son Halifax, et de tous les bombardiers autour de lui, plus de 2.5 tonnes d’acier pour les germains. Et, à ce qu’on lui avait dit, une nouveauté incendiaire. Arrivant au-dessus de la ville, illuminée par les incendies et les pathfinders, il goûtait un air d’apocalypse, indifférent et méprisant envers les faisceaux de projecteurs et les traçantes qui montaient vers le ciel, accompagnées de volutes de chaleur. Oui ce soir, le pilote français était peut-être un simple bloc de haine, qui souriait à la vision d’une ville aux rues de feu, éclairage mortel d’une architecture en cours de démolition.

Un impact, une chaleur, un regard. L’aile droite a encaissé un tir pile entre les deux moteurs, et flambe abondamment. .

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Etienne



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MessagePosté le: Mer Mai 09, 2018 16:49    Sujet du message: Répondre en citant

demolitiondan a écrit:
Il est un peu particulier, pour un cas particulier. Je ne serait pas surpris qu'il y ait des échanges entre RAF et ADA. La suite ! 8)

Le vent frais ranima le jeune français alors qu’il descendait vers le sol. Vite, trop vite à son goût, malgré la large corolle de son parachute déployée au-dessus de lui, voile blanchâtre jeté dans le flot bleu marine de la nuit. Car son regard était irrésistiblement attiré vers le bas.

En effet, au-dessous de lui, c’était l’Enfer, comme dans la Divine Comédie de Dante. Les rues, illuminées comme en plein jour, traçaient des sillons de feu dans le paysage. Les immeubles, aux toits disparus, étaient autant de bouches, de foyers, innombrables Baals avides de sacrifices et dont les volutes se dispersaient dans le ciel. Et lui, aîné de la famille Mercx, puis Hautcoeur, qui s’apprêtait à être immolé dans le brasier ! Un bâtiment sombre, toutefois, se détachait, mais il était trop loin pour le distinguer pour le moment. Un instant, le naufragé du ciel ferma les yeux, pour une prière à son Père, quel qu’il soit.

Le hasard voulut qu’il les ouvre à nouveau pour porter son regard sur la bâtisse qui avait attiré son attention, devenue l’Eglise Saint-Nicolas, vague phare de bonté au milieu de la tempête. Se rapprochant du sol, toujours trop près à son goût, il observait les flammes lécher le noble édifice. Il lui semblait presque voir de la lumière à l’intérieur … Des réfugiés en prière, les reflets des incendies sur les vitraux, une illusion issue de son délire ? Peut-être les trois à la fois ? Dans un fracas épouvantable, la maison de Dieu s’effondra, et flamba de plus belle ! Mon Dieu, pourvu qu’il n’y ait personne à l’intérieur, jura Hautcoeur, qui réalisait pour la première fois ce que son métier infligeait. Mais il n’eut pas le temps de pousser plus avant son horreur, car la tempête de flammes, attisée par l’appel d’air en provenance de la Nef, le souleva dans l’air et le propulsait par-dessus l’Elbe, au Sud. Loin de la ville et du carnage, mais surtout vers la forêt de Wilhemsburg. Il passa à travers elle à grand vitesse, suspendu à son parachute parmi les arbres tel un jouet jeté par un enfant capricieux. Au sol, il se cassa le bras sur les branches, et vit qu'il saignait abondamment du front.

Il fallut longtemps au pilote pour trouver un abri. Il se savait intrus ici, et se doutait du sort que lui ferait la population si d’aventure on le trouvait. Perdu et en état de choc, il finit par entrer au hasard dans une modeste masure, incongrue et à l’allure presque amicale après tout ce qu’il avait vécu. Il montait à l’étage par un vieil escalier grinçant, pour arriver dans une grande pièce obscure seulement percée d’une fenêtre. Un chevalet, des miroirs … Un atelier de peinture ! Mais Hautcoeur n’avait pas la tête à l’Art. Il tomba sur le sol, fermant les yeux pour un instant de repos. Juste un seul instant.

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demolitiondan



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MessagePosté le: Mer Mai 09, 2018 17:10    Sujet du message: Répondre en citant

Pas vraiment des tracantes, mais des obus éclairants oui. Et quelque fois des 20 mm éclairants pour les pathfinders. Je doute que les pilotes fassent la différence de toute façon dans la confusion Crying or Very sad

Merci Etienne, je te promet de faire un effort pour la suite : 8) Références, références pour la suite .

Hautcoeur rouvrit les yeux dans une inspiration, surpris de s’être égaré un instant par-delà le temps et l’espace. Combien d’heures était-il resté au sol ? De nombreuses à l’évidence, car la pièce avait changé. Eclairée à l’aide de bougies, elle dégageait désormais une atmosphère chaude, presque intime, à l’opposé de l’atelier oublié et obscur qu’il avait quitté avec l’inconscience. Son bras le faisait toujours souffrir, et sa tempe lui cognait douloureusement, par-dessous le sang séché qui maculait son front. Mais il avait toujours le sabre de son beau-père à la main, qui lui servait de canne dans sa fuite éperdue. Et il n’était pas seul ! En face de lui se trouvait un homme détendu, qui chantonnait et sifflotait tout en jouant du pinceau sur une large toile. Il reconnaissait cette silhouette, cet air débonnaire …

Père ?

Tu es enfin réveillé fiston !
lui répondit l’homme sans se retourner.

Mais vous êtes … mort ! Risqua Hautcoeur dans une expiration de surprise.

Le peintre amateur se retourna, le pinceau à la main. Sa moustache frissonnait de contrariété.

Ne m’embête pas avec des détails voyons ! Puis il reprit gaillardement son ouvrage, jetant plusieurs coups de pinceau rageurs vers le chevalet.

Voilà … voila … voilà ! C’est fini ! Viens voir fils ! lui lança-t-il d’un air excité mais autoritaire.

Le pilote naufragé se leva avec difficulté, pour se diriger vers la toile. Indifférent à son état physique et lamentable, le paternel arborait un air fier, celui de l’artiste qui vient d’achever son œuvre et en est satisfait.

Ça te plait ? Lui demanda-t-il d’un ton enjoué.

Hautcoeur contempla la toile, où dominaient deux teintes seulement. Le noir du deuil et le gris de la cendre. Le tableau représentait l’intérieur effondré de la nef d’une cathédrale gothique, dont les arcs-boutants fracassés se dressaient pathétiquement vers le ciel. Au pied de chaque mur, des monceaux de corps empilés, figés dans des postures de souffrance et de terreur, les bras étirés vers le ciel comme pour un dernier appel au secours. Et au centre, figure principale et incontournable de l’œuvre, une femme, la Vierge-Marie peut-être, carbonisée et tenant un enfant mort dans les bras. Elle pleurait des larmes de sang, seule touche de couleur chaude sur l’ensemble.

Pas étonnant que ça ne se vende pas. Qu’est-ce que c’est ? Lanca Hautcoeur, horrifié.

Son père le regarda d’un air désolé. Je sais bien que je ne suis pas Picasso. Mais je crois que tu sais très bien ce que c’est. Puis, d’une démarche égale, il se rapprocha de lui, presque à toucher Hautcoeur, à embrasser son visage martyrisé.

Papa, arrête de jouer, ce n’est pas le moment. Dit le jeune pilote, en détournant le regard, agacé mais mal à l’aise.

Son père retourna alors vers son établi. Ouvrant négligemment un tiroir, il en tira une pipe, qu’il entreprit d’allumer. Puis, à moitié assis sur le meuble, il regarda sa progéniture avec circonspection et peut-être mépris, en tirant sur la bourre.

Je peux t’assurer que ce n’est pas un jeu. Le regard du peintre revint, badin, vers sa toile, qu’il désigna d’un large geste du bras, mais toujours la pipe fumante en main. Alors, tu as eu ce que tu voulais, regarde ? Puis son regard, dur d’acier, transperça Hautcoeur alors qu’il lançait d’un air las : Je suppose que tu es fier de ton œuvre, toi aussi.

Pas encore cette conversation. Ces idées de pacifistes. Cette bonne conscience … La réponse se fit agacée. Nous avons déjà eu cette conversation de nombreuses fois à Pigalle. Ce n’est pas ma faute, je ne fais que défendre mon pays.

La réponse lui vint sur un ton léger. Alors pourquoi t’es-tu porté volontaire ? Pourquoi cet enthousiasme à porter la Mort ? Puis de nouveau, la simple évidence énoncée dans le silence. Pourquoi es-tu ici, si ce n’est par tes choix ?

Je vais sauver mon pays avec les anglais, je vais …

Tu ne vas rien sauver du tout, tu n’es pas doué pour ça … à l’évidence.
L’interrompit le peintre en désignant de nouveau la toile.

Ce n’est pas ma faute, c’est Hitler et les allemands qui ont …

Oui, c’est vrai. Mais ce n’est pas eux qui te font nier la vérité simple, inaltérable. Celle qui hurle que tu as piloté cet engin de malheur toutes ces nuits pour devenir quelque chose que tu n’es pas : un héros.


Il tira une nouvelle bourre. Alors, Ca fait quoi d’être un héros ?

Après tout ce qu’il avait vu et vécu, le terme parut obscène à Hautcoeur. Une envie de vomir lui remonta dans la gorge. Son père perçu évidemment son malaise.

Je sais que la vérité est difficile à entendre. Tu es le seul qui reste de la famille … mais il faut mieux un héros mort qu’un criminel vivant. Il va falloir trancher ce point ici et maintenant. Voyons si tu assume tes actes jusqu’au bout.

Sur ces paroles, il posa sa pipe, pour passer trivialement devant le miroir … et sortir dans un geste vif une arme qu’il braqua vers son fils. Lequel porta instinctivement la main à sa ceinture, pour constater que malheureusement l’étui était vide. Son pistolet d’ordonnance ? Quand ?

Il n’eut pas le temps de poser la question, car le peintre déclara d’une voie sépulcrale : Je compte jusqu'à cinq, puis je tire sur la gâchette.

Hautcoeur ne voulait pas mourir, pas dans une masure abandonnée de tous. Mais comment se défendre face à l’apparition ? Sa canne ? Son sabre ? Il sortit la vénérable épée de cavalerie, qu’il ponta vers son géniteur d’un geste qu’il aurait aimé théâtral. Ce qui ne fut pas le cas, tant sa jambe le tancait douloureusement.

Vous n'êtes pas réel, tout cela est dans ma tête. Se défendit Hautcoeur.

L’adversaire lui répondit d’un air amusé : En est tu bien sûr ? UN !

Hautcoeur persistait : Tout est de ta faute ! Si tu avais battu les boches en 18 …

Si c’est ce tu penses de moi et que tu crois alors frappe ! Deux !


Les pensées tournaient, confuse dans l’esprit du blessé. Je n’ai jamais voulu faire de mal ! tenta un Hautcoeur désespéré, qui pleurait presque devant la cruauté de la situation.

Personne ne le veut jamais … lui répondit Mercx désolé, mais sur le ton de la simple évidence. Trois.

Un long silence suivit, alors que les deux êtres se faisaient face.

Est-ce vraiment ce que tu veux ? Cria le peintre. Et Hautcoeur d’abattre le sabre sur son père, ainsi que le miroir derrière lui, qui s’effondra en morceaux sur l’aviateur. Alors qu’il retombait dans l’inconscience, la voix du paternel lui parvint distinctement, une dernière fois :

Il faut un homme fort pour effacer la vérité quand elle se tient nue devant soi. Tu es plus fort que moi à ce jeu-là, à l’évidence. Moi, je n’ai jamais pu oublier le Chlore et les tranchées nettoyées à la pelle. Mais peu importe ce qui se passe ensuite désormais. Tout simplement, je te conseillerai de ne pas être trop dur avec toi. Après tout, même maintenant, après tout ça, après tout ce que tu as fait, tu as encore une famille et un chez-toi où rentrer. La Chance … Conclut la voix d’un ton moqueur, avant de disparaitre dans l’obscurité.
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Dernière édition par demolitiondan le Mer Mai 09, 2018 21:36; édité 3 fois
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Archibald



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MessagePosté le: Mer Mai 09, 2018 17:20    Sujet du message: Répondre en citant

Et ben...
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...
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demolitiondan



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MessagePosté le: Mer Mai 09, 2018 20:59    Sujet du message: Répondre en citant

Je n'ai pas que des textes gais Archibald, d'ailleurs si tu suis la campagne des Salomons, j'ai un coloriage "très fun" aussi ... 8) Mais je vais très bien, on se rassure, c'est juste que la guerre c'est moche et sale, faut aussi le dire de temps en temps ... Quand on voit la communication que l'on fait desssus, les japonais avec leurs mascottes Kawai, la Turquie avec ses enfants martyrs, l'Iran avec ses clés du Paradis en plastiques distribuées aux recrues ... Bref la fin.

Le matin se levait, rouge de soleil et de la lueur des incendies. Le Sergent Mikhaer de la Flak guidait une patrouille de réservistes à travers la ville. On avait vu le parachute d’un pilote de « Terrorflieger » tomber dans le coin. Simple ramassage, il était évident qu’il n’allait pas courir bien loin, si tant est qu’il ait survécu à son atterrissage.

Derrière lui, les jeunes maugréaient et piaffaient. Ils avaient vu leur ville se faire détruire et rêvaient de se faire justice, avant d’aller sur le front triompher des bolcheviques. Pauvres naïfs ! Le sergent avait fait l’offensive Michael en 1918, il savait que la guerre est tout sauf un jeu ou une occupation romantique. Dans les livres, c’est toujours les autres qui meurent. Mais dans la vie, on est l’autre de quelqu’un, et un jour c’est pour toi que sonne le glas.

Passant devant une masure abandonnée, le sous-officier remarquant une large trace de sang en travers de la porte. Surement notre homme … ou à défaut quelqu’un qui avait surement besoin d’aide. Il entra, sans consulter le reste de la patrouille qui continuait à explorer la route.

Monté à l’étage, il poussa l’entrée de l’atelier, pour tomber sur un spectacle dérangeant. Le pilote allié qu’il cherchait était là, face à un miroir brisé, un sabre dans la main gauche et un pistolet dans la main droite. Il avait du l’entendre venir, mais pourtant le futur prisonnier ne réagissait pas à sa présence. Le contournant par la droite avec prudence et tout en lançant les somations d’usage, Mikhaer détailla son aspect, ainsi que son visage. L’homme était blessé, mais rien d’inattendu. Par contre, il émanait de son être, de son regard, un air envoûté et absent. Un éclat du miroir lui avait coupé la joue, blessure supplémentaire qui saignait abondamment, jusqu’à atteindre le drapeau français cousu sur sa poitrine. Mikhaer tenta le français, pas de réponse.

Vous allez me suivre, il ne vous arrivera rien. Vous êtes prisonnier, mais il faut que vous me donniez vos armes.


Si les excités d’en bas le voyaient ainsi, ils étaient capables de l’abattre puis de plaider la résistance. Si tant est que quelqu’un demande des comptes … Mais le brave Feldgrau n’était pas de ceux-là,, et la nuit avait déjà eu assez de morts (1). Prenant sur lui, il s’approcha délicatement de l’aviateur et avança sa main vers le pistolet pour saisir l’arme.

Hautcoeur se laissa faire. Puis le sabre tomba au sol. Gott in Himmel cet homme est en état de choc ! Mikhaer le guida doucement vers l’escalier, la main sur l’épaule, puis le sortit dans la rue. La patrouille considéra la prise, peut-être frustrée. Les réservistes n’auraient pas leur vengeance. Un camion Opel Blitz, garé en contrebas s’avança, et l’on fit monter le prisonnier à l’arrière. Toujours aussi placide et indifférent, à l’agacement de ses geôliers. Le sergent monta également pour l’accompagner au commissariat le plus proche. De là, ca ne serait plus son problème, mais celui des StalagLufts.

Le trajet était long et cahoteux, dans un décor lunaire de ce qui fut une ville magnifique. Des regards de haine et de colère pesaient sur le français. Soucieux pour son prisonnier, et ce malgré toute la destruction dont il était témoin, Mikhaer tenta de lier conversation avec celui qui était, après tout, un autre humain, n’en déplaise à la propagande du régime.

Vous avez de la chance d’avoir survécu à tout ça. Risqua t’il dans un mélange de reproche et de curiosité.

La réponse lui parvient, à peine audible. Et qui vous dit que je l’ai fait ?
………
C’était une journée d’automne magnifique. Hautcoeur était de retour au manoir familial, après l’armistice et la Victoire. Mais il lui restait une dernière démarche à accomplir, avant de quitter définitivement le métier des armes.

C’est pour celle-ci qu’il était debout, devant la tombe de son beau-père, mort récemment. Le jardinier l’avait guidé ici, dans un esprit de recueillement. Le brave homme, la casquette glissée entre les mains, prit la parole.

Monsieur est mort il y a quelques mois à peine. C’est malheureux que vous n’ayez pas pu être là pour le revoir et lui dire ‘Au Revoir’.Enfin, évidemment vous l’avez pas fait exprès, faites excuses Monsieur … Juste il m’a dit de vous dire, qu’il était fier de vous, qu’il aurait aimé que tous soient aussi braves, deviennent comme vous quoi.

Le bras raide de sa blessure de guerre, Hautcoeur s’avança à toucher le marbre, et y déposa le fourreau du sabre qui lui avait été confié jadis. D’un ton déterminé et amer, il rendit sa propre sentence.

Il avait tort.

Et Hautcoeur-Mercx s’en retourna sans un regard, sous les chênes centenaires jetant des volées de feuilles marrons, démonstration parmi tant d’autres d’une nature toujours plus généreuse que l’humanité en bien des domaines.

(1) Il est bien connu que de nombreux pilotes alliés furent exécutés ou lynchés par l’armée ou la population allemande, notamment durant les derniers mois du conflit.
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Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste


Dernière édition par demolitiondan le Mer Mai 09, 2018 21:33; édité 1 fois
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