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Asie-Pacifique, Janvier 1944
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Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    Fantasque Time Line Index du Forum -> 1944 - Asie-Pacifique
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Jeu Juil 01, 2021 00:06    Sujet du message: Asie-Pacifique, Janvier 1944 Répondre en citant

Patzekiller, Anaxagore, Hendryk, Tyler, votre serviteur…


L’Indochine fête le Têt

1er janvier
Campagne de Birmanie
Des Chindits volants
Mandalay
– Une cérémonie a lieu sur l’aéroport pour célébrer le déploiement à partir de Rangoon, dès cet après-midi, du 1er Air Commando Group. Ce groupe aérien, que l’on dirait aujourd’hui composite, a pour but spécifique de soutenir les opérations spéciales en territoire ennemi – autrement dit, la prochaine campagne des Chindits. Cette unité est née sous le nom de “Projet 9” au cours d’un séminaire sur les nouvelles utilisations de l’arme aérienne lors d’une conférence interalliée, quand le général Henry H. Arnold a présenté son rapport sur les opérations en Birmanie des Chindits, décrites par la presse comme une vraie épopée. Bénéficiant de puissants soutiens, dont celui du Premier ministre en personne, le “Projet 9” s’est concrétisé sous la forme de ce 1er ACG. Celui-ci, commandé sur le terrain par les Lt-colonels Cochran et Alison (chef d’opération), disposera de son propre matériel et de ses propres spécialistes, dont des contrôleurs aériens avancés et le 900e Airborne Engineer (une unité du génie aérotransportée et spécialisée dans la construction de pistes).
L’élément aérien du 1er ACG est composé de deux squadrons de chasse, les 5e et 6e FS, doté de P-51A, dont quelques appareils armés de canons de 40 mm. Il comprend aussi un squadron d’appui au sol avec des B-25H dont les pilotes viennent tous de la chasse, cornaquant leur monture non comme un bombardier moyen, mais comme une sorte de chasseur-bombardier, une véritable artillerie volante. Le groupe comprend également un squadron de transport, le 319e TCS sur C-47, dont le rôle sera de parachuter, de ravitailler et de remorquer 150 planeurs Waco (voire de les récupérer grâce à un système de perche). Ils seront appuyés dans ces missions par une douzaine d’UC-64 Norseman. Enfin, pas moins d’une centaine d’appareils légers L-1 et L-5 sont prévus pour les évacuations sanitaires.
Cependant, la hiérarchie des 10e et 14e Air Force est plus que circonspecte devant cette unité qui sort des sentiers battus, et surtout de leurs organigrammes. Ainsi, les chasseurs P-38 demandés lui ont été refusés, priorité étant donnée, par exemple, à l’approvisionnement des 449e et 459e FS de la 10e Air Force. La 14e Air Force semble même avoir une dent contre ces nouveaux venus, qui n’ont pas hésité à débaucher certains pilotes du 23e FG, ex-Tigres Volants.

Campagne d’Indochine
Bonne année…
Dien-Bien-Phu
– Les soldats de la base Epervier fêtent comme ils le peuvent la nouvelle année chrétienne. Hô Chi-minh fera poliment acte de présence à la soirée organisée par Jean Sainteny, mais la plupart des Vietnamiens suivent le calendrier lunaire chinois. L’année n’est pas encore finie pour eux.
Le représentant de la République française se fend d’un bref discours de vœux radiodiffusé par l’émetteur de la base. Néanmoins, plus que des souhaits, il prédit pour 1944 la fin de la guerre en Europe et même au Vietnam ! Sa voix prend des accents lyriques lorsqu’il évoque « le Japon Impérial moribond, en déroute sur tous les fronts, qui ne recule devant aucune abjection pour terroriser et affamer ceux qui cherchent à échapper à sa poigne tyrannique ». Il termine en promettant que les peuples d’Indochine ne sont pas oubliés par le gouvernement et que la France œuvre activement à mettre fin au cauchemar des trois dernières années.


2 janvier
Campagne de Birmanie
Activité aérienne
Birmanie occupée
– Le programme du jour est le suivant : pendant que des Spitfire des Sqn 17, 67 et 113 escortent des Beaumont pour un raid contre un des terrains aux alentours de Tavoy, les Mosquito du Sqn 47 d’une part et les Blenheim du Sqn 4 BVAS, couverts par les Beaufighter du Sqn 27, d’autre part, survolent la côte entre Ye et Tavoy en mission Rhubarb. Plus au sud, les B-25 des 490e et 491e BS font de même jusqu’à Mergui, appuyés par quelques B-25 à nez plein du 1er ACG, arrivés la veille, et escortés par les P-40 des Burma Banshee. La réaction de la chasse japonaise est faible, aucune perte n’est à signaler.
Le long du front, les hommes de la 5e DI britannique, pour leurs derniers jours sur le front, aperçoivent les premiers Mustang du 1er ACG. Les transports du Group, eux, seront peu à peu intégrés au flux logistique allié entre deux entraînements.

Campagne d’Indochine
Les marges de l’Histoire
Lao Kai
– Le général de division Cazin est depuis quinze jours dans le nord de l’Indochine. Il doit faire face à une situation préoccupante. Le ravitaillement de l’armée du Tonkin est au plus bas : une grande partie a été dilapidée en vain dans l’offensive ratée sur Hanoi ou pour venir en aide aux insurgés. Et ce n’est pas le pire : les pertes du Ve Quoc – l’armée régulière du Vietminh – sont très lourdes. Les unités françaises ont heureusement moins souffert, mais aucune n’était déjà bien vaillante avant le début des combats.
L’Empire britannique a installé sur l’île de Ceylan un centre de formation pour les recrues venues des comptoirs d’Inde, mais il s’agit du seul centre de recrutement “français” en Asie du Sud-est et il n’envoie des renforts qu’au compte-goutte. À moins qu’on se souvienne de l’Indochine en haut lieu, peu de chance de recevoir un nouveau Bataillon complet, comme le 1er BMP, cadeau d’Alger, expédié avec les compliments de l’Oncle Sam… loin du Pacifique où il était censé servir. Eh oui, on ne braconne pas sur le terrain de chasse américain. Le renfort le plus notable a finalement été… le général Charles Mast, venu remplacer Maurice Martin comme commandant des troupes en Indochine.
Amusé par l’étrange chemin qu’a suivi son raisonnement, Cazin secoue la tête. En soupirant, il augmente le débit de l’antique lampe à pétrole qui éclaire son bureau, une simple table pliante dans un bâtiment officiel miteux. La carte qui le nargue a presque les airs d’un ennemi personnel.
Avant cette folie à Hanoi, l’armée du Tonkin était sur le point de chasser les Japonais de Cao Bang. Tout était prévu, préparé. Les raids aériens pour attendrir les fortifications avaient même déjà commencé.
A présent, ils avaient abandonné le terrain et toutes leurs positions autour de Cao Bang, Bac Kan, Cho Don et Cho Moi. Et si les troupes régulières ont souffert, ça a été pire encore pour les bo-dois qui se sont sacrifiés sans compter – seuls quelques poignées de survivants ont regagné les lignes de l’armée régulière. Oh, les Japonais ont également eu des pertes, bien sûr… Mais ils sont en défense, c’est moins sensible.
Depuis, on s’est battu à Bac Kan et Thai Nguyen, et seules les sorties de l’aviation de la base Épervier ont pu éviter que la retraite se transforme en débâcle. Même les sanctuaires vietminh des montagnes de Dai Thu et de Dinh Ca ont été abandonnés.
Pour se rassurer, le général Cazin se dit que les chefs japonais doivent être bien plus en colère qu’il ne l’est. Après tout, le simple fait que les soldats impériaux aient renoncé à suivre leur retraite jusqu’à Lao Kai en dit long sur le respect qu’ils portent à leur ennemi. Après le désastre de Dien-Bien-Phu, les Nippons n’osent plus s’aventurer trop loin de leurs bases. Ils sont obligés de rester sur la défensive.
Les historiens du futur se contenteront peut-être de raconter l’invasion de l’Indochine, puis la bataille de Dien-Bien-Phu, et tout le reste de la reconquête se résumera à mentionner en une ligne la date et le lieu de la reddition des Japonais. Cela paraît toujours si facile, une fois couché entre les pages d’un livre… Mais pour l’encre de cette unique ligne, combien de sang devront encore verser les Franco-Indochinois ?

Guerre sino-japonaise
Opération Bailu (préparatifs)
Birmanie
– Un important remue-ménage a lieu sur le front de Birmanie : toute la 5e Armée chinoise est en train de plier bagage. Depuis le revirement de la Thaïlande, la situation stratégique est devenue suffisamment stable pour que les Alliés n’aient plus besoin de renforts chinois dans la région. On peut même dire que ce n’est pas sans quelque soulagement que les Britanniques, en particulier, voient les troupes de Tchang Kai-chek repartir. Restent encore les 6e et 66e Armées, mais leur rapatriement est prévu pour le début du printemps. Qui sait combien de temps elles seraient restées en Birmanie si l’état-major chinois n’avait pas décidé de les rappeler! Des années peut-être…


3 janvier
Campagne de Birmanie
Préparatifs
Birmanie
– Sur le front, les Alliés commencent un mouvement de relève en triangle. La 19e Division Indienne quitte ses positions pour aller relever la 5e DI britannique à l’ouest, laquelle est retirée pour passer en réserve générale et être réorganisée et recomplétée. Les positions précédemment occupées dans les collines par la 19e Division Indienne seront reprises par la 7e Division Indienne du major-général Messervy, dont plusieurs bataillons ont l’habilitation “Jungle”.

Opération Stoker – Nouveau raid des B-24 sur Sabang, escortés par les dragons à double queue des 449e et 459e FS. Mais ce matin, les Ki-43 du 24e Sentai les attendent en force. Ils n’empêchent pas le bombardement, mais réussissent à abattre un Liberator et deux P-38 au prix de sept chasseurs.
A la nuit tombée, des Ki-21 du 62e Sentai s’en prennent à Port Blair, infligeant des dégâts mineurs. Guidés par le radar de la base, les Beaufighter du Sqn 176 réussissent à les intercepter ; deux bombardiers sont endommagés, l’un d’eux devra se poser à Sumatra.

Campagne d’Indochine
On fait avec ce qu’on a
Lao Kai
– Après un crochet par Dien-Bien-Phu, le colonel Giap arrive enfin à Lao Kai et se présente au général Cazin. Dans l’après-midi, les deux hommes réunissent leurs officiers pour une conversation à bâtons rompus qui oscille entre le jeu de guerre et l’échange d’idées sur de multiples sujets. Cazin s’étant amèrement répandu sur l’erreur de vouloir secourir Hanoi alors que les Japonais jouissaient encore d’une large supériorité dans le cadre d’une guerre classique, Giap détourne plusieurs fois la conversation, l’air de ne pas avoir entendu. Mais même un Asiatique peut arriver à bout de patience.
– Général, était-ce une erreur ? Oui ! Une faute stratégique ? Oui ! Mais pouvions-nous faire autrement ?… Non ! Les habitants de Hanoi n’en pouvaient plus. Ils se sont soulevés, et ils sont morts de plus pouvoir supporter qu’on viole leurs femmes, qu’on tue leurs enfants, qu’on les humilie, qu’on les vole et qu’on les affame. Oui, leur venir en aide était une absurdité, sous le seul angle de la chose militaire. Cependant, rester assis à les regarder mourir nous aurait mis au même rang que leurs bourreaux. Ils ne nous l’auraient pas pardonné et cela nous aurait beaucoup plus coûté que de perdre des batailles. Je pense… je pense que votre actuel Président du Conseil le comprendrait très bien.
Gap respire profondément avant de reprendre.
– À présent, nous pouvons dire que nous avons souffert aussi durement que les habitants d’Hanoi ont souffert de la répression et ils nous croiront. Les survivants nous croiront. Ils n’auront pas l’impression d’avoir été abandonnés. C’est à nous qu’ils confieront leur revanche et nous ferons payer les Japonais, vous pouvez m’en croire.
Pendant un long silence gêné, Giap ne quitte pas Cazin du regard. Ce dernier reste muet, incapable de répondre quoi que ce soit.
– Bon… Ce point étant réglé, passons à nos projets. Les forces vietnamiennes dans le nord du Tonkin comptent 30 000 hommes. La Division 308, les guérilleros du-kich, les tu-vê qui défendent les villages et surtout les xung-phong, nos corps francs, spécialistes des coups de main sur les arrières de l’ennemi. J’ai aussi ramené de la base Épervier le Trung Doan Thy Do, la garde d’élite du président Hô. Le major Thai va vous expliquer le plan de bataille que nous avons imaginé.
Le major Thai est le bras droit de Giap. Formé à l’école de guerre chinoise, il est chargé de traduire les idées de son supérieur en instructions compréhensibles pour les militaires de métier. Cazin ne l’aime guère. L’homme est pontifiant, imbu de lui-même et ne cache guère son racisme. Le général l’écoute pérorer, expliquer comment il placera ses six “bataillons” pour arrêter l’ennemi. À part lui, Cazin a envie de sourire : “Division 308” et maintenant des “bataillons”. La Division 308 a les effectifs d’un régiment sans armes lourdes et les six bataillons n’ont que 300 à 350 hommes chacun, avec seulement 25 FM, 6 mitrailleuses et 4 mortiers à eux tous.
On pourrait croire que les Vietminh souffrent d’un ego surdimensionné. En fait, ils pratiquent une politique d’intimidation. Les “divisions” du Vietminh n’opérant que rarement en un seul bloc, même leurs officiers subalternes ne connaissent rien de plus que l’unité dont ils font partie. Capturés et interrogés, ils intoxiquent les Japonais en parlant de grandes formations qui n’existent que sur le papier.
On fait avec ce que l’on a. L’Indochine est une guerre du pauvre où le plus petit avantage doit être exploité.

Un U-boot pour l’Océan Indien
Bergen (Norvège)
– L’U-1062 appareille de la base de la 12. Unterseebootsflottille, pour plus de quatre mois de voyage. Il doit en effet rejoindre Singapour ou Sœrabaya, où les sous-marins allemands du groupe « Mousson » opérant dans l’Océan Indien font relâche.
L’U-1062 est un sous-marin Type-VIIF, dont seuls quatre exemplaires ont été commandés. Le plus gros de la famille des Type-VII, il est spécialisé dans le transport des torpilles, dont il peut embarquer jusqu’à 39 exemplaires. Il est néanmoins capable d’attaquer, mais il est dépourvu de canon de 88 mm.


4 janvier
Campagne d’Indochine
La 56e Division piégée
Mytho (Cochinchine)
– Si depuis une dizaine de jours le Tonkin est calme – c’est à dire qu’il n’y a que des actes de sabotages et des tirs nocturnes contre les postes de garde… donc tout est calme selon les normes particulières de cette guerre – Mytho et la Cochinchine n’ont pas cette chance. Vietminh et Hoa-Hao continuent à s’entre-déchirer dans l’arrière-pays. Ce qui n’empêche d’ailleurs pas les premiers de multiplier les coups de mains contre les avant-postes japonais dans le delta du Mékong. Finalement, c’est la Binh Xuyen qui gêne le moins l’occupant. Il faut dire que l’époque de sa splendeur est à présent bien passée. Après la mort de plusieurs de ses chefs, la Triade est à présent en proie à des divisions intestines qui ont à plusieurs reprises dégénéré en combats qui ont ensanglanté Cholon.
Mais cinq jours après la troisième bataille de Mytho, la mainmise japonaise sur la ville est pour le moins incertaine. Dans la crainte des habituelles exactions des guerriers du Soleil Levant, la plupart des habitants ont fui… c’est devenu une habitude avant ou après chaque bataille pour Mytho. C’est donc sur une ville dépeuplée, ravagée et déjà pillée que la soldatesque s’est abattue. Cependant, le général Matsuyama a donné des ordres clairs pour limiter les ravages. À sa grande surprise, non seulement ils ont été obéis mais même devancés. En fait, les hommes qui ont reçu quartier libre sont restés avec leurs camarades, l’arme au poing. Le moral est bas parmi les troupes épuisées. Même si la plupart refuseraient de l’admettre, ils sont terrifiés.
Dès le 1er janvier, le lieutenant-général Yuzo Matsuyama avait ordonné à ses patrouilles de rechercher les notables de la ville et de les ramener – courtoisement – à l’hôtel de ville, où le général a installé le QG de la 56e Division. Ils n’ont récupéré que quelques médecins, restés – qu’ils aient été formés à l’européenne ou à la chinoise – pour donner les premiers soins à une population dans une misère presque totale. Impossible de constituer un semblant d’administration civile avec eux. Quand aux collaborateurs pro-japonais, ils ont quitté Mytho avant sa prise par les Viets ou ont été exécuté après celle-ci.
Mais Matsuyama a un problème encore plus urgent : rétablir l’électricité et les communications. Toutes les lignes de téléphone et de télégraphe sont coupées, quant à la voie de chemin de fer vers Saigon, elle a été largement sabotée. Le port a été ravagé et pillé de fond en comble par la Binh Xuyen. De plus, sans énergie, il n’y a plus non plus d’eau courante et les problèmes d’hygiène vont rapidement devenir ingérables.
Pire encore, un de ses officiers d’état-major apprend au général que les stocks de nourriture sont bas dans la ville. Pour la ravitailler, il n’y a plus qu’une seule solution, aller chercher des vivres au Cambodge grâce aux sampans qui ont servi au transport de la 56e Division. Parce que bien sûr, toutes les jonques qui se trouvaient à quai ont pris la fuite à l’arrivée des Japonais.
Enfin, à l’extérieur de la ville, les reconnaissances effectuées se heurtent de tous côtés à des Vietminh en train de se retrancher et doivent faire demi-tour.
En écoutant les coups de feu qui retentissent jusqu’au cœur de Mytho une fois la nuit tombée, Yuzo Matsuyama ferme les yeux, soudain épuisé. Il a parcouru des centaines de kilomètres dans des conditions effroyables avec un seul but, reprendre la cité aux mains des rebelles. La Division Dragon, méritant son glorieux surnom, a réussi sa mission en dépit des obstacles. Pourtant, le lieutenant-général ne ressent aucun triomphe. Bien au contraire, la sombre prémonition de sa propre chute le hante.
Qu’a-t-il réussi en fait ? Il est encerclé dans une ville certes facile à défendre, mais pratiquement privée d’eau potable et à court de vivres. Il ne peut attendre aucun secours puisqu’il était lui-même le renfort… Et l’ennemi se prépare déjà à l’assiéger. Les perspectives sont sombres.
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houps



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Localisation: Dans le Sud, peuchère !

MessagePosté le: Jeu Juil 01, 2021 07:59    Sujet du message: Répondre en citant

2 janvier
Campagne de Birmanie
Activité aérienne
Birmanie occupée


"...Le long du front, les hommes de la 5e DI britannique, pour leurs derniers jours sur le front, aperçoivent les premiers Mustang du 1er ACG. ..."

"front front, front front, par son treillis l'troupier
front front, front front, de l'homme trempe l'acier..."

Que Berthe Sylva me pardonne Embarassed

Guerre sino-japonaise
Opération Bailu (préparatifs)
Birmanie –

"
Un important remue-ménage a lieu sur le front de Birmanie : toute la 5e Armée chinoise est en train de plier bagage. Depuis le revirement de la Thaïlande, la situation stratégique est devenue suffisamment stable pour que les Alliés n’aient plus besoin de renforts chinois dans la région...Restent encore les 6e et 66e Armées, mais leur rapatriement est prévu pour le début du printemps. Qui sait combien de temps elles seraient restées en Birmanie si l’état-major chinois n’avait pas décidé de les rappeler!"

Je me garderais d'utiliser certain verbe ici, Very Happy mais on peut remplacer le second terme par " tels renforts" ou "son renfort" et le dernier par "si leur état major de tutelle" ?

3 janvier
Campagne de Birmanie
Préparatifs
Birmanie –


"...La 19e Division Indienne quitte ses positions pour aller relever la 5e DI britannique à l’ouest, laquelle est retirée pour passer en réserve générale et être réorganisée et recomplétée. Les positions précédemment occupées dans les collines par la 19e Division Indienne seront reprises par la 7e Division Indienne du major-général Messervy, dont plusieurs bataillons ont l’habilitation “Jungle”...."

"La 19e Division Indienne s'en va relever ...." Question


4 janvier
Campagne d’Indochine
La 56e Division piégée
Mytho (Cochinchine)

Quand aux collaborateurs pro-japonais, ils ont quitté Mytho avant sa prise par les Viets ou ont été exécuté après celle-ci.

D'après Laure, "exécutés"...
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Timeo danaos et dona ferentes.
Quand un PDG fait naufrage, on peut crier "La grosse légume s'échoue".
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DMZ



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MessagePosté le: Jeu Juil 01, 2021 08:09    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
– Général, était-ce une erreur ? Oui ! Une faute stratégique ? Oui ! Mais pouvions-nous faire autrement ?… Non ! Les habitants de Hanoi n’en pouvaient plus. Ils se sont soulevés, et ils sont morts de ne plus pouvoir supporter qu’on viole leurs femmes, qu’on tue leurs enfants, qu’on les humilie, qu’on les vole et qu’on les affame.

Giáp n'a-t-il pas un français aussi châtié que celui d'Hồ Chí Minh ?
Même sous le coup de l'émotion, je doute qu'il l'oublie.

Citation:
Gap respire profondément avant de reprendre.

Et Sisteron... Non, ça n'est pas sur la route du Tour, cette année.
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Etienne



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MessagePosté le: Jeu Juil 01, 2021 09:03    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Quand aux collaborateurs pro-japonais, ils ont quitté Mytho avant sa prise par les Viets ou ont été exécuté après celle-ci.

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MessagePosté le: Jeu Juil 01, 2021 14:14    Sujet du message: Re: Asie-Pacifique, Janvier 1944 Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:

Il comprend aussi un squadron d’appui au sol avec des B-25H dont les pilotes viennent tous de la chasse, cornaquant leur monture non comme un bombardier moyen, mais comme une sorte de chasseur-bombardier, une véritable artillerie volante.

Bouh, je proteste, il y a plagiat des tactiques de mon commandant Nguyen Van Hinh d'Epervier Razz
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Jeu Juil 01, 2021 15:41    Sujet du message: Répondre en citant

5 janvier
Campagne de Birmanie
Forte activité aérienne
Birmanie occupée
– Les Beaumont, Beaufighter et Mosquito s’infiltrent en longeant la frontière thaïe pour s’en prendre aux terrains aux alentours de Tavoy. Le raid fait peu de dégâts, en dehors de quelques hangars démolis ou d’appareils déjà immobilisés, et les bimoteurs repartent par la mer sans être inquiétés. La chasse japonaise réagit pourtant, mais elle est attendue par les Spitfire des Sqn 17, 67 et 136 placés en couverture. Les violents combats aériens qui s’ensuivent rognent encore une fois le potentiel des Sentai : six appareils sont abattus contre seulement trois Spitfire, plus un qui s’écrasera à l’atterrissage – le pire est peut-être que le 64e Sentai perd l’as Watanabe, titulaire de sept victoires.
Au-dessus du front, les Hurricane de la RIAF travaillent aujourd’hui avec les P-40 du 80e FG. Si ces derniers n’assument pas leur habituel travail d’escorte des B-25 des 490e et 491e BS, c’est que ceux-ci, sont escortés par des P-51 du 1er ACG et couverts par les P-38 venus des Andaman pour attaquer l’aérodrome de Kampong Ulu. Les dommages au sol sont modérés avec quelques bâtiments détruits et des trous dans la piste. Mais dans les airs, les quelques Hien disponibles sont trop peu nombreux pour s’opposer efficacement à ce raid : les Toryu sont très maladroits face aux chasseurs occidentaux et les Hayabusa commencent vraiment à souffrir de la comparaison avec les dernières productions américaines. Un bombardier est très endommagé (il sera ferraillé) et deux P-38 sont abattus (le pilote de l’un d’eux réussit à se parachuter en mer, où il sera récupéré) – mais les Japonais perdent en échange un Ki-61, un Ki-45 et trois Ki-43.

Campagne d’Indochine
Comptabilité militaire
Luang-Prabang (Laos)
– Le général de brigade Bourdeau est depuis plusieurs jours plongé dans un assommant mais indispensable travail de bureau. Chaque fusil, chaque cartouche rendu par les Lao-Issaras retournés à leurs villages doit être compté, stocké et redistribué. En effet, par une sorte de jeu de vases communicants, alors que les anciens rentrent chez eux, beaucoup de jeunes gens enthousiastes veulent rejoindre l’armée royale laotienne. Certes, les nouveaux venus ne combleront ni en nombre, ni en expérience le vide creusé par les départs, mais on n’y peut rien.
Après des années dans ce pays et (surtout !) dans cette guerre, Bourdeau a rapidement accepté la situation. « Au Laos, faisons comme les Laotiens » se dit-il. Et si le Premier ministre et prince Souphanouvong affirme qu’il faut laisser ces gens rentrer chez eux alors que la guerre n’est pas finie, il a sûrement raison, c’est lui qui dirige ce pays.
Le général a beaucoup moins facilement accepté que le 10e RIC voie aussi partir ses anciens. Il ne s’agit pas cette fois d’irréguliers, mais bien de soldats français, ou du moins de Laotiens engagés dans une unité combattant sous le drapeau tricolore. D’abord arc-bouté sur des notions d’honneur et de servitude militaires, Bourdeau a fini par se résigner lorsque le prince Souphanouvong lui a rappelé que les hommes de sa division ne s’étaient pas battus pour la France – pas de leur point de vue du moins. Pour eux, ils étaient d’abord les frères d’armes des Lao-Issaras. Si on les traitait différemment, ils ne comprendraient pas et déserteraient… avec leur équipement ! Or, le 10e RIC bénéficie d’un armement normalisé et relativement moderne constitué de fusils Berthier 1902/ M16 (rechambrés en 7,5 x 54 cal.) de tirailleur indochinois. Dans cette guerre où la majorité des unités franco-indochinoises doivent se contenter de fusils encore plus anciens et/ou de calibres variés, cet équipement homogène facilite grandement le travail de l’intendance.
Enfin, il ne sert à rien de ruminer sur le passé, il faut se dépêcher de réattribuer les armes et de former rapidement – bien trop rapidement – les conscrits. Des renforts sont aussi arrivés de Dien-Bien-Phu, des irréguliers vietminh. Car une nouvelle offensive a été programmée. Elle commencera au matin du 25 janvier.
Une date qui n’a pas été choisie au hasard : il s’agit du premier jour de l’année du Singe.


6 janvier
Campagne de Birmanie
Blitz à l’anglaise
Birmanie occupée
– Ce matin, la piste et les installations de Kampong Ulu sont un champ de désolation. Dans la nuit, l’alerte a sonné et les projecteurs se sont mis à fouiller les ténèbres, mais il n’y a d’abord eu que deux appareils, qui sont passés à grande vitesse avant de revenir pour larguer de petites charges incendiaires. Un moment, les soldats du Tenno ont cru l’alerte passée : les intrus étaient repartis, les charges n’avaient fait aucun dégât et se consumaient aux abords de la piste, bref cela avait tout l’air d’un raid de nuisance… Mais bientôt, un autre bruit de moteurs s’est rapproché dans la nuit, plus puissant, plus menaçant. Les Halifax et les Wellington basés à Mandalay venaient pilonner le terrain, leur visée guidée par les marqueurs largués par des Mosquito du Sqn 47, jouant le rôle de pathfinders comme en Europe.
Un peu avant l’aube, d’autres bruits de moteurs ont résonné au loin. C’était les B-24 des 436e et 493e BS, en route pour l’aérodrome de Saigon Tan-Son-Nhut. Les mêmes sont repassés en sens inverse dans la journée et ont eu la satisfaction de constater que le ciel était vide de Japonais : même les éclopés sur trois moteurs sont rentrés sans problème, couverts par des patrouilles de P-38.

Campagne d’Indochine
Dominos
Cambodge
– Un climat étrange règne sur la “République khmer” de Son Ngoc Thanh, un malaise presque imperceptible. Bien sûr, le leader se pavane toujours et publie dans son journal Nagaravata un brûlot anti-Alliés après l’autre. Avec les derniers événements, il ne manque pas de sujets d’invective.
La neutralisation de la Thaïlande a engendré la libération du Laos comme la chute d’un domino en fait tomber un autre. Oh, Son Ngoc Thanh n’a évidemment pas prononcé le mot « libération ». Mais il a bien été obligé d’en parler à la radio, ne serait-ce que pour fustiger le « gouvernement de fantoches à la solde des colonialistes » du prince Souphanouvong. Et puis il y a eu la pluie de bombes lâchée par les avions anglais et, peut-être pire pour le moral, le passage de la 56e Division du général Yuzo Matsuyama, harcelée, épuisée… déjà défaite, en route vers sa mort. Personne ne s’y est trompé.
Alors, quelque chose a changé. Le peuple, inquiet, ne boit plus les déclarations du Chef et la ferveur des premiers temps a disparu. Même le clergé bouddhiste prend à présent ses distances vis-à-vis du président autoproclamé. Sur les photos, les proches de Son Ngoc Thanh peinent à paraître radieux en évoquant l’avenir de la République khmer. Quant aux Japonais, leur ambassadeur se contente de promesses. Ils ne semblent plus s’intéresser au pays… L’ont-ils jamais vraiment considéré comme un élément important de leur politique ? Non, ils ont pris cette terre en passant, entre la Thaïlande et Saigon, pour sécuriser le Vietnam. Mais la Cochinchine leur glisse à présent entre les doigts et s’ils luttent de toutes leurs forces pour s’y maintenir, ils ne sont pas prêts aux mêmes efforts pour le Cambodge. Un nouveau domino tremble…


7 janvier
Campagne d’Indochine
RAS
Cochinchine, Annam, Tonkin
– Rien à signaler aujourd’hui. Enfin, des avant-postes attaqués, des fils téléphoniques coupés, des attentats et des patrouilles qui essuient des coups de feu… L’ordinaire de l’Indochine pour le soldat japonais.


8 janvier
Campagne de Birmanie
Forte activité aérienne
Birmanie occupée
– Les P-51 du 1er Air Commando Group continuent leur apprentissage en participant à la mission Circus du jour. Accompagnés des Spitfire anglais, ils doivent fixer la chasse japonaise pendant qu’un raid massif se développe vers Mergui. En effet, les Mitchell, accompagnés de leurs habituels comparses à tête de mort du 80e FG, mais également des Beaumont des Sqn 45, 84 et 3rd BVAS et des Beaufighter du Sqn 27 s’infiltrent dans le dos des Spitfire et des Mustang pour descendre plus au sud en passant par l’intérieur de terres. La réaction des appareils des 11e et 77e Sentai restant en couverture de Tavoy est tardive. En effet, les opérateurs radar japonais n’ont compris que très tard qu’un raid était en approche du fait de la quantité d’échos à traiter plus au nord. Les dommages sont cependant modérés, une partie des bombes tombant sur la jungle proche, mais les attaquants repartiront indemnes par la côte.

Rangoon – A la nuit, un raid massif de Ki-21 venant de Malaisie mais aussi d’Indochine s’en prend au port de Rangoon. Soudain, une explosion gigantesque secoue les appareils en vol : un transport de munitions en cours de déchargement a été touché et se désintègre, endommageant quatre autres cargos. Les Beaufighter de chasse de nuit du Sqn 176 ont abattu deux Sally, mais n’ont pu gêner la précision du bombardement. Un autre squadron de chasse de nuit est demandé à Londres, mais en attendant son hypothétique arrivée, il est décidé que les bombardiers lourds anglais, dès qu’ils auront terminé les missions programmées au profit des Français en Indochine, dans une semaine environ, commenceront à s’intéresser aux terrains de Malaisie.

Opération Stoker – Les B-24 des Andaman et leur escorte de Lightning retrouvent leurs missions habituelles en allant une fois de plus traiter un aérodrome du nord de Sumatra. Aujourd’hui, la cible est Medan. Quelques Ki-43 du 24e Sentai essaient de s’interposer, mais ils en seront pour leurs frais, perdant deux appareils sans pouvoir faire mieux qu’endommager un Liberator.

Campagne d’Indochine
RAS
Cochinchine, Annam, Tonkin
– Toujours rien à signaler.


9 janvier
Campagne d’Indochine
La règle du jeu
QG des forces japonaises en Indochine (Hôtel Métropole, Hanoi)
– Le général Andou Rikichi regarde la carte déployée sur le mur avec un rien de perplexité. Devant l’officier de renseignements au garde-à-vous, il plante une épingle de coudrier à tête rouge sur la localité de Baò Lac, à la frontière avec la Chine. Les Colonisateurs et leurs valets communistes ont été repérés en nombre dans cette région. Mais qu’y font-ils ? Ils ne peuvent pas déjà être assez forts pour relancer une attaque vers Cao Bang ? Pas après la défaite qu’ils viennent de subir. Les services de renseignements évaluent les pertes ennemies à plus de trois mille réguliers et sans doute plus de cinq mille irréguliers. Sans compter les pertes en matériel ! L’ennemi étant surtout ravitaillé à dos d’homme ou d’animal – les Japonais ont fini par le comprendre – il lui faudra des mois pour remplacer ce qui a été abandonné.
Le général relit le message et feuillette les excellents clichés rapportés par un avion de reconnaissance Ki-15 [Babe]. On reconnaît des caissons d’artillerie tirés par des chevaux. Oui, ce sont bien des troupes du colonisateur français, probablement des pièces du 4e Régiment d’Artillerie Coloniale. Ils passent comme ça, en plein jour, par la route de Bac Me – et sans craindre de bombardement !
Sous l’effet de nouvelles crampes d’estomac, le général grimace. Que doit-il faire ? Ordonner une attaque aérienne… et sacrifier combien d’avions ? Pour quels résultats ? Le temps de réunir une force suffisante et de l’envoyer sur place, l’ennemi aura disparu. Après plusieurs mois dans l’enfer de cette guerre, Andou Rikichi a bien assimilé la règle du jeu que lui imposent ses adversaires : « Si tu avances, je recule. Si tu t’arrêtes, je te harcèle. Si tu repars, j’attaque ! » Intellectuellement, le général admire le courage et la maîtrise de ses nerfs qu’il faut pour ne jamais dévier de cette doctrine. Pour ses adversaires, c’est la clef de la victoire… Rikichi enrage de blasphémer ainsi, même en pensée, mais il le sent bien, le Japon est en train de perdre cette guerre. Ici, et peut-être aussi en Chine. Les Américains ont déjà des troupes au Laos [Le général Rikichi prend pour des troupes américaines celles de la Force Publique belge, formées de Congolais noirs commandés par des Belges blancs et portant des uniformes américains.], peut-être vont-ils débarquer en Indochine !
Resté silencieux depuis un bon moment devant la carte, le général se souvient soudain que son subordonné attend ses ordres.
– Renforcez la garnison de Cao Bang, mais ne vous laissez pas aller à poursuivre l’ennemi ! Ce serait presque à coup sûr tomber dans un piège !
Alors même qu’il donne cet ordre, Rikichi frissonne intérieurement. Comment remporter la victoire en restant sur la défensive ?


10 janvier
Campagne de Birmanie
Front aérien
Birmanie occupée
– Au-dessus du front et immédiatement derrière, les Beaumont prêtent main forte aux Hurribomber dans leur chasse aux dépôts ou aux positions d’artillerie, dûment couverts par les Spitfire des Sqn 17, 113 et 136. Une fois n’est pas coutume, les Warhawk américains opèrent avec les Beaufighter britanniques dans le secteur de Mergui et quelques engagements s’ensuivent. Bien qu’en infériorité numérique, l’expérience des Américains et la puissance de feu des Anglais paye : quatre Hayabusa et deux Shoki sont descendus ou détruits au sol contre deux P-40 et un Beaufighter. Retour de mission, les pilotes de l’USAAF se disent impressionnés par la puissance de feu du bimoteur – avec son arsenal (4 x 20 mm et 6 x .303 en version chasse), jamais l’expression « one shot kill » n’a été aussi justifiée.

Rangoon – Les C-47 du 1er Air Commando Group ont été mis à contribution pour ramener des Andaman le 42e Royal Marines qui avait été envoyé là bas en urgence quelques mois plus tôt. Cette unité formée aux opérations amphibies et aux actions de commando est placée en réserve générale.

Campagne d’Indochine
Alliance de circonstance
Entre Cho’re et Cao Bang, Tonkin
– La pluie dégouline, clapotant au sol, recouvrant l’écorce et les feuilles des arbres d’une humidité suintante où grouillent les parasites. La seule chose restée sèche dans l’équipement du capitaine Lamarquier est la carte de la région, bien à l’abri dans un étui imperméable au fond de sa sacoche. Le capitaine doit trouver un chemin permettant le passage de l’artillerie jusqu’à Cao Bang. Rien de très facile, mais les Vietminh de son escorte ne semblent pas s’en rendre compte… ou plutôt – c’est ce qui l’inquiète – ils ne voient pas en quoi transporter des pièces de 75 mm dans ce chaos de vallées encaissées couvertes d’une végétation tropicale pose le moindre problème. Chaque fois qu’ils entrent dans un village, ils comptent les adultes et les préviennent de leur prochaine réquisition. De nombreux coolies suivent déjà le convoi depuis les Hautes Terres. Bientôt, des milliers de paysans pourront frayer un chemin aux canons.
Comme Lamarquier examine les collines proches à la jumelle, un bruit le fait se retourner. Deux Vietnamiens en uniforme approximatif grimpent vers lui. Le “capitaine” Nguyen Bac, assez grand pour un Asiatique, a la minceur d’un loup affamé. Ses petites lunettes rondes lui donnent un air d’intellectuel, mais le Français ressent une profonde antipathie pour cet homme pourtant chargé de le protéger. C’est un patriote au caractère tranché – pour dire les choses gentiment… En fait, c’est un vrai fanatique ! Le “lieutenant” s’appelle aussi Nguyen… Nguyen Hoan Phuc, mais il n’est pas apparenté à son chef. Petit, gros, suant et chargé du barda de son chef en plus du sien, il court presque pour rester trois pas derrière lui.
– Alors, capitaine Lamarquier ?
L’officier français tend ses jumelles au Vietminh.
– Regardez par ici, entre les deux collines. Il y a un gros rocher. Pour passer, je pense qu’il faudra bâtir une rampe avec des troncs d’arbre. Qu’en pensez-vous, capitaine Nguyen ?
– Nous bâtirons votre rampe, capitaine, il n’est rien d’impossible pour notre peuple. Vous savez, mes ancêtres ont chassé les Chinois de l’empire Tang, ils ont arrêté les armées de Koubilaï Khan, alors nous ne craignons pas les Japonais. Les conquérants restent un temps dans ce pays, juste assez pour creuser leur tombe… Les plus sages repartent d’eux-mêmes, n’est-ce pas, capitaine Lamarquier.

Voilà pourquoi il n’aime pas le “capitaine” Nguyen. Il ne fait même pas semblant d’aimer les Français. Selon les jours, il est méprisant ou menaçant. Mais jamais il ne condescend à considérer Lamarquier comme autre chose qu’un poids mort et il ne manque jamais de le lui rappeler.
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Hendryk



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MessagePosté le: Jeu Juil 01, 2021 16:03    Sujet du message: Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:
7 janvier
Campagne d’Indochine
RAS
Cochinchine, Annam, Tonkin
– Rien à signaler aujourd’hui. Enfin, des avant-postes attaqués, des fils téléphoniques coupés, des attentats et des patrouilles qui essuient des coups de feu… L’ordinaire de l’Indochine pour le soldat japonais.

Les envahisseurs du pays se succèdent et jamais aucun d'entre eux ne daigne apprendre quoi que ce soit des mésaventures de ses prédécesseurs... Heureusement, en FTL le Vietnam post-1945 se verra épargner cet énorme gâchis.
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demolitiondan



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MessagePosté le: Jeu Juil 01, 2021 18:29    Sujet du message: Répondre en citant

Quand tu es un pays dit sous-développé et que tu poutre les invasions de 3 puissances majeures en 30 ans ...
_________________
Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste
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borghese



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MessagePosté le: Jeu Juil 01, 2021 18:41    Sujet du message: Répondre en citant

demolitiondan a écrit:
Quand tu es un pays dit sous-développé et que tu poutre les invasions de 3 puissances majeures en 30 ans ...



L'Afghanistan?
Bon ok, pas en 30 ans Very Happy
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Volkmar



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MessagePosté le: Jeu Juil 01, 2021 23:37    Sujet du message: Répondre en citant

L'Afghanistan est la meilleure preuve que si les Français sortent d'Indochine sans se battre, c'est quand même un best case pour la France et une deuxième inflexion majeure après la mort d'Hélène de Portes =o
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Ven Juil 02, 2021 09:23    Sujet du message: Répondre en citant

Ils ne sont pas sortis d'Indochine sans se battre… mais contre les Japonais.
Et ils sortent parce qu'ils n'ont pas le choix (1) On n'a plus d'argent pour faire les idiots dans un pays qui n'a même pas de pétrole. (2) Pour se battre, il a fallu faire ami-ami avec les indépendantistes, et on a signé un traité finalement très avantageux.
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MessagePosté le: Ven Juil 02, 2021 09:29    Sujet du message: Répondre en citant

11 janvier
Campagne de Birmanie
Front aérien
Opération Stoker
– L’objectif du jour est Sigli. Opérant à 18 000 pieds, les box de Liberator voient arriver les chasseurs japonais de loin et ont tout le temps d’accomplir leur mission pendant que l’escorte s’interpose. Les dommages à l’aérodrome sont très lourds. En l’air, les Lightning prouvent une fois de plus leur supériorité sur les Oscars du 24e Sentai : trois sont abattus contre un P-38, dont le pilote sera récupéré au large.

Campagne d’Indochine
En garnison
Cao Bang
– La nuit est tombée depuis plusieurs heures. La ville de Cao Bang a la forme d’une larme, étroite au sud, elle s’enfle au nord. Bâtie au confluent de la Song Bang-Giang et de son affluent la Song Hiêm, elle est entourée de trois côtés par les eaux. La péninsule n’est réellement ouverte que vers le sud. A l’est, un service de bac relie la ville à la route de Quang-Uyên. A l’ouest, un pont enjambe la Song Hiêm à l’ouest, et la route continue en direction de Nguyên-Binh.
Dans les années Trente, alors que la menace du Japon commençait à peser sur le Vietnam, la décision de fortifier la ville a conduit à construire plusieurs ouvrages de type Maginot pour barrer le passage entre les deux rivières. Les casemates ont souffert de l’assaut japonais de 1941. Les garnisons encerclées ont fini par se rendre ou par se faire tuer et les bunkers sont à présent occupés par les envahisseurs. Nul n’a encore sérieusement tenté de les chasser de cette position.
Cependant, la vie de la garnison n’est pas de tout repos. La moitié des avant-postes qui gardent la route de Lang-Son sont constamment attaqués. Entre eux, les Japonais l’admettent à voix basse : si les Vietnamiens le voulaient vraiment, ils pourraient facilement détruire ces petites unités dispersées. Cependant, ils n’en font rien… et les Nippons commencent à comprendre pourquoi.
Pour ravitailler Cao Bang malgré les attaques contre les avant-postes, il faut des convois avec une escorte nombreuse. En attaquant simplement ici ou là avec quelques centaines d’hommes, les Vietnamiens en immobilisent des milliers, obligeant l’envahisseur à utiliser ses ressources pour les ravitailler au loin et à s’épuiser à la tâche. Si la route de Lang-Son était vraiment coupée, les Japonais évacueraient Cao Bang et pourraient redéployer leurs troupes ailleurs, où elles seraient plus utiles.
Des sentinelles maussades déambulent, aux aguets. Il arrive que des Viets traversent la Song Hiêm à la nage pour attaquer un factionnaire, ou qu’un mortier envoie quelques obus.
Cependant, ce n’est pas ce qui est au programme cette nuit. Un bourdonnement de moteurs provoque la ruée des Japonais vers les abris anti-aériens. Des bombes tombent en sifflant et ouvrent des cratères dans de grandes lueurs orangées. Pierre et terre retombent au loin. Les quelques 25 mm qui forment toute la DCA de la ville lâchent des rafales impuissantes vers le ciel. Les ennemis sont trop hauts, dissimulés par la nuit. En contrepartie, leur bombardement manque de précision.


12 janvier
Campagne de Birmanie
Front aérien
Birmanie
– L’action aérienne la plus notable de la journée est un raid de Ki-21 “Sally” sur Moulmein. Des entrepôts seront incendiés et quelques voies de chemins de fer abîmées, mais le trafic reprendra dés le lendemain soir.
Pendant ce temps, la 2e DI britannique achève de se déployer dans la région de Rangoon. C’est une unité fraîche et “bonne de guerre”, mais elle reste pour l’instant en réserve générale. Son entraînement aux opérations amphibies en fait une unité précieuse dans le cadre d’une future opération contre la Malaisie, opération qui ne peut avoir lieu immédiatement ne serait-ce qu’à cause du manque de navires spécialisés, mobilisés en Europe, dans le Pacifique Central, ou pour soutenir les Australiens en Nouvelle-Guinée.

Campagne d’Indochine
Talisman
Sur la route de Cao Bang (Tonkin)
Le caporal Kazuya Kujo touche sa poitrine dans un geste familier. Accroché à une chaîne, un anneau orné d’un petit rubis lui rappelle son adolescence, son voyage en Europe… et une promesse. Cette bague, c’est lui qui l’avait offerte à celle qu’il aimait, une Française. Mais la jeune fille la lui avait rendue avec un rien d’espièglerie. Elle la lui avait rendue en lui disant de revenir lui proposer l’anneau lorsqu’il pourrait transformer ses vœux d’enfant en actes d’adulte.
C’était en 1938. Il est maintenant adulte, mais le monde n’est pas devenu plus simple pour autant. Bien au contraire. Parfaitement francophone, Kujo a été envoyé par l’Armée là où il pourrait se rendre utile. C’est à dire en Indochine…
La peur lui serre le ventre.
La patrouille vient de franchir un petit ruisseau quand des coups de fusil se sont soudain mis à claquer. Ça vient de la droite, des bâtiments de bois d’un de ces minuscules villages qui se trouvent sur la route. Le lieutenant Mitsuya – un bâtard que Kujo déteste – a déjà réagi. Il ordonne au jeune homme de mettre son FM en batterie pour couvrir l’attaque du hameau.
Le caporal Kazuya obéit, parce que ce sont des ordres intelligents. Quand ce n’est pas le cas, il explique poliment le problème. Mais ça, les officiers ne l’acceptent ni ne le comprennent. Un soldat obéit comme un chien fidèle, sans poser de question et surtout, surtout, il ne dit pas à son supérieur qu’il se trompe, quoi qu’il puisse penser à part lui.
L’œil collé au viseur minimaliste du FM type 96, Kazuya voit deux Vietnamiens en tenue noire et chapeaux de paille… Des paysans, mais avec des fusils dans les mains. Son arme tressaute comme à l’entraînement, deux brèves rafales pour ne pas l’échauffer l’arme et surtout pour ne pas vider trop vite le chargeur de seulement 30 balles. Il en a quatre autres attachés sur la poitrine et c’est tout ! Là-bas, les hommes boulèrent.
Kazuya Kujo lève les yeux pour suivre la bataille. Avec les arbres et les buissons, il n’aperçoit ce qui se passe autour de lui que par des trouées, mais les claquements presque continus des fusils l’informent assez. L’ennemi… le Vietminh… dispose de grenades en nombre et l’assaut bute sur un véritable mur de déflagrations.
– Kazuya, arrête de rêver !
Le lieutenant vient de passer derrière son souffre-douleur. Non loin, quelques soldats relèvent la tête en dépit de la situation. Ils attendent la suite.
– Je ne rêve pas, mon lieutenant. J’utilise mes yeux. Je n’ai pas beaucoup de balles, alors j’attends une bonne cible.
– Kso !

Le lieutenant serre les poings tout en crachant cette grossièreté. Il paraît sur le point de frapper son subordonné, mais fait demi-tour en jurant à voix basse.
Kazuya Kujo est issu d’une famille militaire, une famille traditionaliste où les enfants sont élevés dans la discipline et l’obéissance, mais comme il n’était que le troisième fils, son père avait cédé à sa mère, qui voulait qu’il reçoive une éducation différente de celle de ses aînés promis à l’Armée. Il avait étudié et s’était révélé doué pour les langues – l’anglais, mais aussi le français, un choix inhabituel au Japon. Aujourd’hui, parce qu’il a séjourné en Europe, il est considéré par beaucoup comme « décadent » et « empoisonné par l’esprit des Blancs ». Il n’a aucun ami parmi les troufions. Contrairement aux autres, Kujo a résisté au lavage de cerveau. Il ne participe pas aux exactions contre la population civile. Plusieurs fois, ses camarades l’ont battu comme plâtre sous les yeux des officiers.
Ses supérieurs se seraient volontiers débarrassés de lui, mais trois choses les en ont empêchés. D’abord, sa famille compte bon nombre d’officiers, dont certains de haut rang, et personne ne veut les froisser. Ensuite, son courage et ses talents de tireur sont connus et appréciés de tout le régiment. Enfin… L’Armée japonaise en Indochine a grand besoin de traducteurs. Or, avec une facilité déroutante, Kujo a appris assez de vietnamien, qu’il mêle à de moins en moins de français, pour se faire comprendre.
Cependant, la relative tolérance de ses chefs ne va pas plus loin que de le laisser en vie. Il reste le souffre-douleur de ses compagnons. Le lieutenant Mitsuya lui a dit plus d’une fois « Je te briserai ! » Pour lui, c’est devenu une question d’honneur – de ce qu’il considère comme l’honneur. Il aura le dessus sur celui qui sape son autorité, il le transformera en un automate comme les autres, qui obéira sans ajouter un mot. Car Kazuya Kujo n’a pas voix au chapitre quand il s’agit de déterminer ce que le caporal Kazuya doit faire, dire et même penser.
Deux grenades artisanales explosent devant le rocher qui abrite le jeune Japonais. Calmement, il se redresse et tire par courtes rafales. Une fois… deux fois… trois fois. Les deux assaillants les plus proches sont tombés, mais le percuteur claque dans le vide. Il s’abrite à nouveau et change de chargeur. Plus que quatre, en comptant celui-ci !
Il se relève alors que les Vietnamiens avancent une nouvelle fois, quelques coups de fusil claquent à ses oreilles. Le FM tressaute dans ses mains. Il ne vérifie pas le résultat de son attaque et replonge derrière son abri avant de ramper un peu plus loin. Des grenades tombent tout autour, déchiquetant les buissons, labourant le sol. Kazuya sent un éclat lui déchirer le mollet. Il se redresse et balaye les assaillants d’une longue rafale. Le clac final l’informe qu’il vient de vider un autre chargeur. Encore trois.
Il se met à parler en français, sans même s’en rendre compte, s’adressant à une absente : « Je dois vivre ! J’ai une promesse à remplir ! » Il lui semble qu’une chaleur étrange émane de l’anneau et de son rubis, comme d’un talisman qui le protègerait.
Son arme à nouveau rechargée, il couvre sa fuite d’une rafale et court comme un dératé, en zigzaguant entre les arbres. Tout autour, l’escarmouche tourne au carnage pour les Nippons, les tirs viennent à présent de trois côtés – un piège !
Kazuya se plaque derrière un grand rocher qui sert déjà de forteresse à trois autres Japonais. Empoignant son FM, il vide ce qui reste de son chargeur pour faire reculer l’ennemi et recharge son arme. Reste deux !
Il tend l’oreille. Un peu refroidis par leurs pertes, les Vietnamiens sont en train de se réorganiser, s’interpellant sans précautions à haute voix.
– Ils vont attaquer par la droite, traduit-il à ses camarades.
Deux des soldats acquiescent et dégoupillent des grenades type 91, qu’ils lancent du bon côté. La double explosion sème la mort parmi les assaillants, qui reculent. Le caporal Kazuya encourage leur fuite de trois rafales précises qui couchent deux hommes de plus.
Suit une pause. Kujo tend l’oreille. L’ennemi semble avancer des deux côtés de la route, il va les encercler.
– Replions-nous en courant. Il faut repasser le ruisseau par le pont de singe.
Le pont en question ne peut être franchi qu’en file indienne, la planche étant juste assez large pour une personne. Une fois passé le ruisseau, ils seront un peu à l’abri. Et autour du pont, des soldats japonais résistent encore. Les quatre hommes s’élancent. Aux abords du pont, Kazuya se jette au sol, dans la boue, car tous les arbres servent déjà de cachette à un ou deux de ses camarades.
Il balaye du regard le secteur d’où viennent les ennemis. Ils restent pour l’instant à couvert, mais à deux reprises, Kazuya aperçoit une silhouette. Il écrase la détente et vide son chargeur. Sans savoir s’il a atteint sa cible, il se met sur le dos pour remplacer le chargeur vide. Plus qu’un.
Des grenades traversent les airs avant de détoner, hachant la végétation et précédant une ruée des Viets. Il tire presque par réflexe… une rafale… deux… Comme au ralenti, il voit ses camarades tomber, ensanglantés, mais les balles quittent le canon de son arme et trouvent des cibles, trouant des poitrines, perçant des bras, faisant exploser des têtes.
Un silence surpris succède à la cacophonie de feu et de sang. Le claquement final du percuteur résonne comme le tonnerre. Sans une seule balle, le FM était juste un poids. Kazuya le laisse là et s’élance vers le pont, le franchit dans l’élan. Des balles sifflent, mais son talisman le protège.
De l’autre côté, la plupart des Japonais sont morts. Parmi les blessés, Kazuya reconnaît le lieutenant Mitsuya. Des éclats lui ont percé les intestins. Dans cet enfer végétal, c’est la mort assurée… une sale mort.
– Pas fichu de… crever… Kazuya ? Trop… décadent… pour mourir comme il faut !
Mitsuya persifle encore. Kujo ramasse le sabre et le pistolet Nambu de l’officier.
– Moi, je crois que vivre et faire des choses dont on puisse être fier, c’est plus important que mourir en héros. Mais je vais vous rendre deux services, mon lieutenant. D’abord, je vais vous achever. Ensuite, je dirai à votre famille que vous vous êtes battu courageusement. Oh, vous avez violé des malheureuses et massacré des innocents… mais vous avez été courageux. Vous êtes mort en héros !
Kujo arme le pistolet et tire.
Puis il poursuit, comme si le lieutenant pouvait encore l’entendre : « Il y a quelqu’un que je veux retrouver. Je ne peux pas mourir. L’amour est plus fort que la haine, mon lieutenant. »
Sous sa vareuse, il touche l’anneau et son rubis.



13 janvier
Campagne de Birmanie
Front aérien
Birmanie occupée
– Des B-25 américains escortés par les P-40 des Burma Banshee mènent des missions Rhubarb au sud de Tavoy, tandis que les Blenheim et Beaumont du BVAS, escortés par les Beaufighter du Sqn 27, sillonnent la côte au nord. Aucune perte n’est à déplorer car les Sentai japonais ont fort à faire face aux missions Circus des Sqn 17, 67, et 136, qui servent une fois de plus d’écran ou de diversion. La mission principale est en effet conduite par des Beaumont des Sqn 45 et 84, qui tentent de bombarder l’installation radar de la ville. La mission est toutefois un échec : apprenant de leurs erreurs, les Japonais ont créé de toutes pièces un faux site qui sert efficacement de leurre. La journée se solde par la perte de quatre appareils alliés contre six japonais (trois Hayabusa et trois Shoki).

Campagne d’Indochine
Feintes
QG des forces japonaises en Indochine, Hôtel Métropole (Hanoi)
– La salle de conférence n’est qu’à moitié remplie par les officiers supérieurs et leurs ordonnances. La fumée des cigarettes épaissit l’air. Les rideaux sont tirés et seul le léger bourdonnement du projecteur de diapositives se fait entendre.
– Ce cliché est de meilleure qualité, mon général.
Andou Rikichi lisse sa moustache et se rencogne dans son fauteuil en observant le long serpent d’hommes qui sinue dans les collines au sud-ouest de Cao Bang.
– Très bien, ça suffit ! Rallumez.
Tandis que les militaires de moindre rang se précipitent pour exaucer le général, ses subordonnés directs tournent leurs chaises vers les documents ouverts sur leurs sous-mains. Le gouverneur militaire de l’Indochine se met soudain à aboyer comme le pitbull dont il a le faciès.
– Alors, l’un d’entre vous va-t-il encore prétendre que nous avons anéanti la moitié des effectifs des colonisateurs ?
Les officiers restent droits sur leurs sièges, laissant passer l’orage. Aucun ne désire prendre la parole. Toutefois, le général Andou Rikichi ne l’entend pas ainsi !
– Eh bien ? Personne ne s’exprime ? Dois-je vous donner l’ordre de répondre ?
Le colonel Kitai Ishibashi se redresse : « Mon général, il n’y a que deux possibilités. Soit nous ne savons plus compter les corps ni les fusils et votre colère est des plus justifiée. Soit nous nous sommes trompés sur les capacités des colonisateurs à former et équiper des troupes. »
Son voisin, le major Wuriu Sengu, un colosse, prend à son tour la parole : « Mon respecté supérieur a bien résumé la question. J’aimerais toutefois soulever un point, si vous me le permettez, mon général. »
– Faites !
– Il existe une autre possibilité : celle que nous ne nous soyons trompés ni sur les capacités de l’ennemi, ni sur ses pertes.

Andou Rikichi fronce les sourcils derrière ses lunettes rondes : « Expliquez-vous, major. S’ils sont aussi affaiblis, cet assaut est absurde ! »
– Votre Excellence, la bonne question à se poser est alors : pourquoi, malgré leurs pertes, ils tiennent tellement à attaquer Cao Bang !

Les officiers discutent encore un moment, mais ils sont incapables d’avancer la moindre hypothèse.

Base Épervier (Dien-Bien-Phu) – Le colonel Devèze toque et attend que le secrétaire du chef d’état-major l’introduise auprès du général Alessandri. Ce dernier grimace en découvrant la mine préoccupée du commandant des forces aériennes en Indochine.
– Que se passe-t-il colonel, vous avez votre tête des mauvais jours.
– Je vous apporte le rapport des observateurs aériens qui accompagnent le 4e RAC.
– Depuis quand jouez-vous les courriers ?
– Depuis que les nouvelles m’inquiètent. Je trouve qu’on tire un peu trop sur la corde ! Les Japonais ne sont pas idiots, ils vont bien finir par comprendre que nous laissons passer leurs appareils de reconnaissance.

Alessandri prend un air patient.
– Colonel, nous ne risquons pas grand-chose. Au pire, les buveurs de saké n’avaleront pas l’hameçon. Ce ne sera pas la fin du monde. Si vous m’expliquiez ce qui vous chagrine tant ?
Devèze, percé à jour, fait contre mauvaise fortune bon cœur.
– Je me sens mal à l’aise que tant d’énergie soit dépensée dans une diversion. Toute l’opération “Année de la Victoire” me rend nerveux.
Alessandri croise les mains sous son menton.
– Ou alors vous ne supportez pas que le nom de code soit une idée de l’oncle Hô et que les Vietminh y jouent le rôle le plus important.
– Peut-être…
– Laissez la politique à Sainteny. Si tout se passe bien, une grande partie du Vietnam pourrait être libérée en économisant le sang de nos hommes. Et pour cela, il faut que les Japonais continuent de regarder dans la mauvaise direction. Cela dit… Colonel ?
– Mon général ?
– Renforcez la couverture aérienne du 4e RAC. Vous avez raison, leurs avions d’observation ont rapporté assez de photos. Des appareils qui ne reviennent pas les inquiéteront davantage.
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loic
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MessagePosté le: Ven Juil 02, 2021 10:39    Sujet du message: Répondre en citant

2 janvier
Citation:
Qui sait combien de temps elles seraient restées en Birmanie si l’état-major chinois n’avait pas décidé de les rappeler!

Manque un espace devant le point d'exclamation.

8 janvier
Citation:
ils doivent fixer la chasse japonaise pendant qu’un raid massif
A la nuit, un raid massif

Un doublon
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On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ...
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DMZ



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MessagePosté le: Ven Juil 02, 2021 11:33    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Pierre et terre retombent au loin.

PierreS ?

Citation:
Là-bas, les hommes boulèrent.

Le reste du texte est au présent.
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houps



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MessagePosté le: Ven Juil 02, 2021 12:45    Sujet du message: Répondre en citant

11 janvier
Campagne d’Indochine
En garnison
Cao Bang –

"... A l’ouest, un pont enjambe la Song Hiêm à l’ouest, et la route continue en direction de Nguyên-Binh...."

Est-ce moi qui y suis, à l'ouest ? Parce qu'à force d'être à l'ouest de l'ouest, on finit par se retrouver à l'est de l'est, non ?
_________________
Timeo danaos et dona ferentes.
Quand un PDG fait naufrage, on peut crier "La grosse légume s'échoue".
Une presbyte a mauvaise vue, pas forcément mauvaise vie.
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