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Février - Mars 43 - Equilibres Belges
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Capu Rossu



Inscrit le: 22 Oct 2011
Messages: 2530
Localisation: Mittlemeerküstenfront

MessagePosté le: Mar Aoû 26, 2014 12:35    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour,

Citation:
Ils auront aussi des cours de tirs donné par un officier français venant d’une unité bizarre (dixit l’armurier du bataillon).


Tiens, tiens, il semblerait qu'un certain lieutenant Terropi du 113° rôde dans les parages.

@+
Alain
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dado



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Localisation: Lille

MessagePosté le: Mar Aoû 26, 2014 12:59    Sujet du message: Répondre en citant

Excellente idée les noms de blindé en flamand, rien de mieux pour familiariser rapidement le 2ème régiment de grenadiers avec leur nouveau matériel Smile
La gestion des conflits linguistiques est toujours aussi intéressante.
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Wil the Coyote



Inscrit le: 10 Mai 2012
Messages: 1901
Localisation: Tournai (Belgique)

MessagePosté le: Mar Aoû 26, 2014 13:01    Sujet du message: Répondre en citant

Capu Rossu a écrit:
Bonjour,

Citation:
Ils auront aussi des cours de tirs donné par un officier français venant d’une unité bizarre (dixit l’armurier du bataillon).


Tiens, tiens, il semblerait qu'un certain lieutenant Terropi du 113° rôde dans les parages.

@+
Alain


Se serait fortuit..... Very Happy Very Happy
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lebobouba



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Localisation: Devant son écran

MessagePosté le: Mar Aoû 26, 2014 19:16    Sujet du message: Répondre en citant

Des chars belges baptisés avec des noms de bières, logique aprés tout...

Ca risque d'etre un creve-coeur pour les Teutons (grands amateurs de mousse) de tirer sur Piedboeuf, Duvel, Chimay, Mort subite, Liefmans, Leffe, Blanche de Charleroi et bien d'autres...

Bon, énumérer tout cela m'a donné soif... Ivrogne
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Capu Rossu



Inscrit le: 22 Oct 2011
Messages: 2530
Localisation: Mittlemeerküstenfront

MessagePosté le: Mar Aoû 26, 2014 20:40    Sujet du message: Répondre en citant

Bonsoir,

Citation:
Le soir, Devos s’efforce de mettre les choses au clair avec Callens : « Excuses-moi pour l’incident de tout à l’heure, cela ne se produira plus. Je ne connaissais pas bien ce soldat, contrairement à mes autres hommes. Il était au 3e Bataillon et on me l’a affecté dernièrement. »


Si on mettait le sujet devant, on aurait "tu m'excuses" ou plus exactement "tu m'excuseras" soit la 2ème personne du singulier.

@+
Alain
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dado



Inscrit le: 12 Nov 2013
Messages: 995
Localisation: Lille

MessagePosté le: Mar Aoû 26, 2014 20:45    Sujet du message: Répondre en citant

Oui mais il s'agit ici d'impératif je crois, donc pas de s à la deuxième personne du singulier.
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LaMineur



Inscrit le: 12 Oct 2009
Messages: 414

MessagePosté le: Mer Aoû 27, 2014 09:57    Sujet du message: Répondre en citant

Exact dado. Pas de s donc.
Il y aurait peut-être 2500 bières en Belgique aujourd'hui (dixit wikipedia). Combien en 1940 ? Faudra quand même limiter la mécanisation de la Force Publique, sinon ça va poser problème.
Par ailleurs, quand des appels radios du type "on a du monde qui arrive, envoyez d'urgence Trois Monts, Faro, Chimay", il sera bon de préciser de quoi on cause....
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Wil the Coyote



Inscrit le: 10 Mai 2012
Messages: 1901
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MessagePosté le: Mer Aoû 27, 2014 11:11    Sujet du message: Répondre en citant

C'ets pas mieux que "Gigondas, Cote de Blaye et Medoc sont déja sur place" Surprised
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Hendryk



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MessagePosté le: Mer Aoû 27, 2014 13:19    Sujet du message: Répondre en citant

lebobouba a écrit:
Ca risque d'etre un creve-coeur pour les Teutons (grands amateurs de mousse) de tirer sur Piedboeuf, Duvel, Chimay, Mort subite, Liefmans, Leffe, Blanche de Charleroi et bien d'autres...

Mort Subite, comme nom pour un char, ça sonne bien...
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Benoit XVII



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MessagePosté le: Mer Aoû 27, 2014 14:02    Sujet du message: Répondre en citant

Hendryk a écrit:

Mort Subite, comme nom pour un char, ça sonne bien...


C'est clair que par rapport à Gueuze Framboise...
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Merlock



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Messages: 2776
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MessagePosté le: Mer Aoû 27, 2014 17:32    Sujet du message: Répondre en citant

LaMineur a écrit:
Exact dado. Pas de s donc.
Il y aurait peut-être 2500 bières en Belgique aujourd'hui (dixit wikipedia). Combien en 1940 ? Faudra quand même limiter la mécanisation de la Force Publique, sinon ça va poser problème.
Par ailleurs, quand des appels radios du type "on a du monde qui arrive, envoyez d'urgence Trois Monts, Faro, Chimay", il sera bon de préciser de quoi on cause....


Wil the Coyote a écrit:
C'ets pas mieux que "Gigondas, Cote de Blaye et Medoc sont déja sur place" Surprised


Celles-là il faudra les replacer dans un futur récit ou BD, j'insiste! J'insiste! J'insiste! J'insiste!!!!! Applause
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Wil the Coyote



Inscrit le: 10 Mai 2012
Messages: 1901
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MessagePosté le: Mer Aoû 27, 2014 19:06    Sujet du message: Répondre en citant

J'ai bien une petite inspiration....je vais y travaillé....
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Dim Aoû 31, 2014 22:43    Sujet du message: Répondre en citant

Et cette petite gâterie de Wil Coyote et Sa Sainteté réunis.


20 février
Des noms pétillants
Sfax
– Le capitaine Gailly commande l’Escadron A du I/1er Lanciers, rattaché à la 1ère Brigade de la 4e DI belge. Tout en observant les AU-75 mod.41/42 du 2e Grenadiers au stand de tir, il se remémore son parcours depuis avril 40.
A l’époque lieutenant, il commandait un peloton d’ACG1… Quel fiasco, ce char ! Enfin, si on pouvait appeler ça un char. Peu avant la bataille de Gembloux, il avait discuté avec des officiers du 13e Dragons. Eux avaient de bon chars, des Somua S-35. Mais le pire était que le commandement ne savait que faire de son unité.
Après les Dix-Huit Jours, il s’était retrouvé rattaché au CRI de Cavalerie et évacué sur l’Afrique du Nord. Le commandement et les politiciens avaient enfin compris qu’il fallait des unités mécanisées. On l’avait nommé capitaine et on lui avait confié un escadron de chars rattaché à une brigade d’infanterie. Bien sûr, il aurait préféré être affecté à la Tancrémont, mais bon, il n’avait pas trop à se plaindre. Son chef de brigade était un bon officier, pragmatique et à l’écoute de ses subordonnés.
Appuyé sur son SAV-41, il embrasse du regard « ses » chars et ne peut s’empêcher de sourire. En effet, lors des entraînements avec les instructeurs français, ses hommes ont appris que les Français donnaient un nom à chaque char et que, dans le régiment avec lequel le I/1L s’entraînait, tous les blindés avaient reçu des noms de grands vins. Les chefs de char belges ayant demandé à baptiser eux aussi leurs engins, il avait été d’accord et aussitôt, il avait vu jaillir les noms de bières belges typiques !
Le capitaine Gailly a maintenant sous les yeux « Orval », « Chimay », « Leffe », « Vieux Temps », « Stout », « Rodenbach », « Rochefort », « Palm », « Lambic »… Il y a aussi « Gueuze Framboise », ainsi baptisé par le maréchal des logis Vandesteen (quand il a le dos tourné, tout le monde se pose des questions sur ses mœurs et se demande s’il va peindre son canon de la couleur idoine). Enfin, le margis Vanharpen, quelque peu pervers, a choisi « Hoegaerden » (1) , qu’il s’amuse à proposer de prononcer à ses visiteurs français…
Le lieutenant Semal, commandant en second de l’escadron, un peu facétieux, a baptisé son blindé « Orge ». Quant à Gailly, il a joué de son grade pour s’adjuger « Mort Subite », il en sourit encore.
Seuls deux blindés ont échappé à la bière. Leurs chefs de char, tous deux Bruxellois et fervents amateurs de football, les ont appelés « Daring » et « Union » (2) . Mais ils ont promis de respecter une trêve jusqu’à la fin de la guerre.
Le chef de corps de Gailly a failli avoir une attaque lors de la première inspection, mais après avoir vu les blindés des Français, il a reconnu qu’il n’y avait pas de quoi : « Après tout, ce sont des noms bien de chez nous, très patriotiques ! ». Enfin, le chef de brigade, ayant lui aussi le sens de l’humour, a décidé que l’indicatif radio de l’Escadron A serait « Brasseur » !
– Ils se débrouillent bien avec leurs nouveaux matériels, commente le lieutenant Semal.
– Oui en effet, répond Gailly, sortant de sa songerie.
– Il y en a un qui fait but à chaque tir !
– J’ai vu, le « Marieke ».
– Un vrai tireur d’élite. Heureusement qu’il est de notre côté.
Alors que le 2e Grenadiers tire ses derniers obus, une unité de légionnaires arrive pour s’entraîner. Certains légionnaires, voyant le drapeau belges sur les flancs des chars de l’escadron de Gailly, commencent à siffler « Le Boudin ». Mi-agacé, mi-amusé, Gailly interpelle un officier de la Légion : « Lieutenant ! »
– … Oui, mon capitaine !
– Vous avez vu les cibles, là-bas ? dit Gailly en désignant les cibles du « Marieke ».
– … Oui mon capitaine.
– Alors, pensez-vous que nous sommes toujours des tireurs au cul ?
– Euh… Eh bien non mon capitaine, de bons tireurs mais pas des tireurs au cul !
– Ah, il me semblait bien. Bonne journée et bon tir, lieutenant !
– Merci mon capitaine.
Et, se tournant vers ses hommes : « Celui qui siffle encore « le Boudin » en présence des Belges me fera 4 jours ! »
………
– Bien Semal, on y va.
Gailly prend alors la radio : « Brasseur 1 à tous les Brasseurs, moteurs en marche, les Grenadiers ont fini de tirer, on rentre au quartier. Brasseur 2 ouvre la marche. »

1 - Selon la graphie d’époque. Aujourd’hui Hoegaarden.
2 - Le Daring et l’Union St-Gilloise, deux clubs de football de Bruxelles, sont ennemis héréditaires…
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Wil the Coyote



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MessagePosté le: Lun Sep 01, 2014 19:08    Sujet du message: Répondre en citant

Toutes ressemblances avec des personnages connus de la cultures belges seraient fortuites... 8) 8)
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mer Sep 03, 2014 06:58    Sujet du message: Répondre en citant

Toujours par Wil Coyote, revu par Benoit XVII


27 février
Equilibres belges
Quartier Lys-Leie, bureau du chef de corps du 3e Chasseurs à Pied, Sfax
– Par courtoisie, le colonel Weyts partage son bureau avec le colonel Herbiet, des Grenadiers. Celui-ci est ravi : « Je ne te remercierai jamais assez pour ton accueil. J’espère que mes collègues de la 1ère Division te recevront aussi bien en Angleterre. Je les tiens au courant de ce qui se passe ici, et je peux te dire qu’ils ont une foule de question pour toi et tes hommes. »
– Nous serons heureux de leur répondre. Est-ce que tout va bien pour tes bataillons ?
– Oui, les hommes s’habituent bien à leur nouveau matériel. Nous venons d’en envoyer vingt à la base aérienne pour les cours… hmm, les cours FAC – Forward Air Controller, c’est ça ?
– Oui. Et c’est fort utile : grâce à eux, l’appui aérien est bien plus précis.
– Tant mieux. En 40, nos avions – si on en avaient – auraient aussi bien pu être au Congo ! Bon, je te laisse, je vais assister aux exercices de tirs mortier du 2e Bataillon.
– Je reste, soupire Weyts, j’ai une foule de papiers à signer…
– Par contre, ça, c’est toujours la même chose !
– Hélas !
………
PC du I/2 Grenadiers – « Ah, Van Strijdonck, j’ai les résultats des tirs mortiers et antichar de notre compagnie d’appui. Ils sont excellents. Vous pourrez les féliciter de ma part. »
– Merci, Major. C’est vrai qu’ils se débrouillent bien.
– Apparemment, les cours qu’ils ont eus ont été efficaces ! D’après Balleger, notre bataillon sera bientôt prêt. Il pense qu’il reste juste quelques réglages à faire dans la coordination entre les Compagnies et l’Appui.
– De quoi se mêle-t-il, celui-là ! ronchonne Van Strijdonck à voix basse.
– Pardon, Capitaine ?
N’en pouvant plus, Van Strijdonck lâche sa bille : « Je me demandais de quoi se mêle ce Wallon, mon major ! Lui et ses hommes du 3e Chasseurs nous toisent à longueur de journée. Certains font mine de baragouiner le flamand, mais ils n’ont aucune sympathie à notre égard, en fait, ils nous méprisent ! »
Naessens grogne de mécontentement. Apparemment, les observations d’Hellenbosch au sujet de Van Strijdonck étaient fondées !
– Cela suffit, capitaine ! Depuis que je suis ici, je n’ai vu à aucun moment les Wallons toiser les Flamands, comme vous dites. Je me demande où vous avez appris ce mot d'ailleurs, “toiser”... bah. Ils nous apportent leur expérience sur la façon d’utiliser le matériel. Beaucoup, même si vous ne voulez pas le voir, font des efforts pour que notre intégration se passe au mieux. Rien ne les obligeait à rebaptiser le Quartier en Lys-Leie, ni à faire de leur mieux pour trouver des hommes parlant le flamand, pourtant ils l’ont fait. Qu’avez-vous contre eux ?
– Ils ont peut-être changé le nom du quartier, mais il y avait plein d’autres indications qui n’avaient pas été traduites, contrairement au règlement. Regardez, insiste Van Strijdonck en ouvrant un carnet jaune et noir, même le panneau des toilettes ! Pourtant, “Toiletten”, ce n'est pas si compliqué, même pour des Wallons ! C’est sûr, ce sera comme sur l’Yser, les Fransquillons vont nous commander uniquement en français ! Je vais faire un rapport sur ces problèmes de traduction.
– Allons donc ! A la dernière réunion de brigade, les échanges se sont faits dans les deux langues, non ? Et puis vous y étiez, vous, sur l’Yser ? Moi oui. Alors la propagande nationaliste, je sais ce qu’elle vaut. Maintenant, capitaine, je vous donne l’ordre, et je dis bien l’ordre, de cesser vos remarques sur les soldats provenant des Provinces Wallonnes. Compris ? Et votre rapport, je vous laisse deviner où vous pouvez le mettre !
– A vos ordres mon major.
– Et pour en finir, vous devriez de temps en temps sortir du Quartier. Vous pourrez constater que nos hommes et ceux du I/3 Chasseurs sont souvent ensemble en ville et que ça se passe bien.
Van Strijdonck fulmine mais ne répond rien.
– Autre chose ?
– Oui mon major. Le commandant de la Cie d’Appui est exempt pour la semaine. Il s’est blessé à l’entraînement.
– Oui, j’ai appris. Rien de grave, d’après les médecins.
– J’aimerais prendre la Cie d’Appui demain pour différents exercices.
– Bien. Faites.
On frappe à la porte.
– Mes respects mon major.
– Capitaine Balleger ! Entrez.
– Puis-je disposer, mon major ? demande Van Strijdonck.
– Oui, allez vérifier que les marquages sur les véhicules ont bien été faits.
Van Strijdonck sort sans un regard pour Balleger.
– Il ne m’apprécie pas de trop.
– Je suis au courant !
– Il a un… préjugé contre les Wallons. Mais bon, c’est son problème.
– Cela ne vous choque pas ? s’étonne le major.
– Je m’en moque ! Je n’ai qu’un but, major, foutre les Boches hors du pays et leur ôter l’envie d’y revenir. Alors, franchement, les états d’âmes du capitaine Van Strijdonck sont le cadet de mes soucis.
– Vous, en revanche, vous n’aimez vraiment pas les Allemands !
– Etiez-vous sur la Lys, mon major ?
– Non, nous nous étions déjà repliés en Bretagne pourquoi ?
– J’étais lieutenant et je commandais un peloton de mitrailleurs. Le 25 mai, nous avions repoussé plusieurs assauts ennemis. Mais le 26 au matin, ils ont à nouveau attaqué, mais cette fois, en faisant quelque chose d’horrible. Ils ont avancé en poussant des prisonniers belges devant eux !
– Ce n’est pas possible ! s’exclame Naessens, horrifié.
– Hélas, c’est vrai. C’est le pire souvenir de ma vie. J’ai crié à mes mitrailleurs d’ouvrir le feu, de tirer quand même. Certains m’ont obéi en fermant les yeux. Ensuite, j’ai été voir mon commandant de compagnie et je lui ai dit que, quels que soient les ordres de l’état-major, je ne me rendrais pas. Avec plusieurs de mes hommes, nous avons su rejoindre Dunkerque et nous avons embarqué.
– Je comprends mieux votre attitude, commente Naessens après un silence.
Balleger reprend son souffle, puis : « Major, vos hommes sont pratiquement prêts. Il y a bien quelques ajustements à faire, mais l’utilisation de l’armement et des véhicules ne pose aucun problème. »
– Merci. Je vais organiser une réunion entre les officiers de nos deux unités pour vous remercier.
– Nous n’avons fait que notre travail, major, et avec plaisir.
– Puis-je vous demander d’assister demain aux exercices de la Cie d’Appui ? Mon second doit la prendre en charge, en l’absence de son chef habituel.
– Il risque de mal le prendre.
– S’il vous fait des difficultés, venez me voir.


28 février
Equilibres belges
Quartier Lys-Leie, terrain d’exercice, Sfax
– Le capitaine Van Strijdonck vérifie méticuleusement la tenue des hommes de la Cie d’Appui. Joos et Bert se demandent pourquoi ils ont mérité ça – « On n’est plus en avril 40, on a autre chose à faire ! » pensent-ils.
A l’écart, le capitaine Balleger les observe. Il fait signe au sergent Callens : « Bonjour Callens ! »
– Mes respects mon capitaine.
– Quel est leur programme, pour aujourd’hui ?
– Ils vont au stand de tir.
– Où sont les camions ?
– Ils y vont à pied, mon capitaine.
– Pardon ? Mais il y a au moins 20 kilomètres. Qui vous a dit cela ?
– Joos, euh je veux dire le sergent Devos. Le capitaine, là, a dit que ce serait un bon entraînement pour eux. A mon avis, il n’a pas compris ce que signifiait le mot “Motorisé” !
– Une bonne marche avant un tir, ce n’est pas mal, mais il faut faire attention ! On a beau être en février, le soleil va taper aujourd’hui, et pas comme en Angleterre !
– Il a dit que si les Wallons savent le faire, les Flamands aussi.
– Oui, mais il faudrait lui dire que par un temps pareil, nous n’y allons pas à pied !
Pendant ce temps, Van Strijdonck achève de haranguer ses troupes : « Et n’oubliez pas, “Alles voor Vlaendenren, Vlaenderen voor Kristus” » (1). Mais seuls deux hommes (dont le soldat Vercruysse) reprennent en chœur le slogan ; les autres ne bronchent pas, certains détournent même le regard, ce qui agace prodigieusement le capitaine.
– Tout le monde ici en tenue de combat et paquetage dans une heure, ordonne-t-il.
Les chefs de peloton donnent leurs ordres.
– Callens, j’ai bien compris ?
– Oui mon capitaine, je le crains.
– Ne bouge pas, je reviens.
Balleger se précipite vers Van Strijdonck : « Capitaine, vous comptez aller à pied au stand de tir, avec paquetage complet ? Vous ne voulez pas demander des camions ? »
– Avez-vous des doutes sur mes capacités de commandement ?
– Absolument pas. Puis-je vous accompagner ?
– Si cela vous chante…
Balleger retourne vers le sergent Callens : « Sergent, ça va faire du vilain. Allez discrètement chez l’adjudant Delville. Vous lui demandez de ma part de préparer cinq GMC plus un Dodge de commandement. Qu’il prévoie de l’eau. Ensuite vous allez me chercher deux infirmiers et leurs trousses de secours. Moi, je vais me mettre en tenue de campagne, comme les hommes de la Cie d’Appui, j’arrive. »
Mais chez Delville, le sergent Callens tombe nez à nez avec le major Fellies, qui s’étonne des demandes de Balleger : « Hé bien, mon major, le capitaine pense qu’il risque d’y avoir du vilain, ça va taper dur aujourd’hui. »
– Et vos hommes n’ont pas l’habitude de marcher en zone désertique, intervient Delville.
– En effet. Préparez les véhicules et le matériel. Je vais attendre le capitaine avec vous.
Quand Balleger arrive, Fellies se contente de lui dire de donner ses ordres.
Balleger explique à Delville ce qu’il attend de lui : « Vous partirez une heure après nous et vous mettrez la radio sur cette fréquence. Essayez de rester hors de vue, mais dès que je vous appelle, vous rappliquez.
– Quels seront nos indicatifs ?
– Je serai Tournai et vous Escaut.
Le major intervient : « J’accompagnerai l’adjudant Delville, mais je ne veux pas être vu, compris ? »
………
Il y a une grande différence entre faire un trajet en véhicule sans trop prêter attention à la direction que l’on prend car le chauffeur connaît le chemin et diriger une colonne à pied sans se tromper de route. Le capitaine Van Strijdonck en fait l’amère expérience, car, pour éviter les remarques méprisantes qu’il prévoyait, il n’est pas passé au Bureau Opérations prendre une carte… et il préférerait mourir de soif que demander son chemin au capitaine Balleger.
Les hommes, eux, commencent à la trouver mauvaise. La poussière, la soif et le soleil qui tape… Et certains, dont Joos et Bert, pensent que le capitaine est perdu et le murmurent de plus en plus fort. Au bout de deux heures, le chef de peloton Mortier va demander de faire une pause. Il revient vers ses hommes, l’air stupéfait : « Il m’a répondu : “Un Flamand ne s’arrête pas devant un Wallon !” »
– Il faut lui dire une fois que nos ennemis ne sont pas les Wallons, mais les Allemands, mon lieutenant ! s’exclame Joos.
Au bout d’une heure de plus, il est clair que la colonne est perdue et quelques hommes commencent à se sentir mal. Victime d’un coup de chaleur, un soldat du peloton anti-aérien s’effondre.
– Mon capitaine, nous devons nous arrêter, lance le chef des Anti-Chars, sinon on va les perdre !
– Bien, on s’arrête. Mais vous en rendrez compte, lieutenant ! grogne Van Strijdonck, qui sort son carnet pour noter quelque chose.
Après avoir échangé quelques mots avec les autres officiers, Balleger, furieux, se dirige vers Van Strijdonck : « Capitaine, nous allons parler d’officier à officier. Je ne sais pas ce que je vous ai fait, ni tous ceux du 3e Chasseurs. Et je dois vous dire que je m’en fous. Mais sachez que votre façon de vous comporter avec vos hommes est scandaleuse. Maintenant, avant que tous vos hommes meurent de soif parce que vous êtes trop imbu de votre personne, je vais appeler des renforts par radio. »
– Je ne vous permets pas…
– Et moi je ne vous permets pas de mettre la vie de vos hommes en danger pour un entraînement inutile. Nous en avons trop besoin pour lutter contre l’ennemi. Mais il faudrait d’abord que vous appreniez qui est l’ennemi ! Enfin, je vous rassure, nous règlerons cela tantôt.
Les hommes de la compagnie d’appui sont soulagés de voir arriver les camions du QM et les infirmiers. Douze soldats souffrent de coup de chaleur.
– Capitaine, je ne ferai pas de rapport sur cet épisode. Tout restera entre nous pour le moment. Je propose que les 12 soldats malades retournent au Quartier avec un des GMC et le Dodge, le reste pourra se rendre au stand de tir.
– Bien, allons-y, crache Van Strijdonck.
Caché dans le Dodge, Fellies a tout entendu, mais ne bouge pas. « Il faudra que j’en discute avec le colonel Herbiet » se dit-il.
– Merci mon capitaine, dit à Balleger le lieutenant des Anti-Chars en montant dans le camion.
– De quoi, lieutenant ? Il ne s’est rien passé, d’accord ?
– D’accord, mon Capitaine, mais Radio Cuisine va fonctionner, vous savez !
………
Dans la soirée, Balleger est appelé au bureau du major Felies : « Capitaine, j’étais dans le Dodge hier, j’ai tout entendu, pourquoi n’avez-vous pas rédigé un rapport sur cet incident ? »
– Mon Major, il en aurait profité pour se donner l’air persécuté par les Wallons. Je lui laisse encore une chance. Après on règlera ça de manière officielle. Mais je pense qu’il va se cantonner dorénavant à son rôle de commandant en second. Si j’ai bien compris, la plupart de vos hommes ne l’apprécient pas du tout.
– Je sais. D’ailleurs je pensais à le relever de son poste.
– Sans un rapport et sans raison précise, cela ne passera pas, sauf votre respect, mon Major. Il devrait se calmer quand le 3e Chasseurs sera parti.
– J’espère. Et puis, au feu, en 40, il s’est bien comporté. J’espère que ça ira en Italie.
– J’espère, même si je ne serai pas là pour le voir.
Le major sourit. « Pas si sûr ! » pense-t-il.

Note
1 - “Tous pour la Flandre, la Flandre pour le Christ !” Le sigle AVV-VVK est gravé sur la Tour de l’Yser, près de Dixmude, monument pour la paix devenu haut lieu du nationalisme flamand.
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