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La Vengeance d'Héphaïstos (CARTHAGE)
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sting01



Inscrit le: 30 Juil 2010
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MessagePosté le: Sam Avr 20, 2013 11:57    Sujet du message: Répondre en citant

Capu Rossu a écrit:
Bonsoir,

Franck a écrit :

Citation:
ET CONTINUE !!!!
J'ai dit.


Il aurait dû écrire :

Citation:
ET CONTINUE !!!!
Hugh ! J'ai dit.
LOL !

@+
Alain


J'en suis a me demandesi Capu n'a pas des origines Iberiques, periode guerre civile (reference a un fameux discour se terminant par J'ai dit; formule assez courante outre pyrenees ).
_________________
La can can-can, cancouillote,
c'est pas fait pour les francois.

Anscarides je suis ne,
heritier de la Comte je serai.
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Sam Avr 20, 2013 16:58    Sujet du message: Répondre en citant

sting01 a écrit:
J'en suis a me demandesi Capu n'a pas des origines Iberiques, periode guerre civile (reference a un fameux discour se terminant par J'ai dit; formule assez courante outre pyrenees ).


Ho dicho ?
A quel discours fais-tu allusion ?
_________________
Casus Frankie

"Si l'on n'était pas frivole, la plupart des gens se pendraient" (Voltaire)
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Capu Rossu



Inscrit le: 22 Oct 2011
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MessagePosté le: Sam Avr 20, 2013 17:24    Sujet du message: Répondre en citant

Bonsoir,

Afin de ne pas laisser notre ami Sting01 dans l'erreur, je précise que je n'ai pas d'origines ibériques.
Descendant de natifs d'une île méditerranéenne, mes origines sont génoises. Je ne dis pas italienne car le changement de propriété de la dite-île s'est fait une centaine d'années avant le Risorgimento et donc la création de l'Italie.
Le "Hugh ! J'ai dit" fait plutôt allusion à des éléments de dialogues dans les westerns. par contre, que personne ne me demande si cette phrase était vraiment dite par nos frères rouges ou une invention des visages pâles scénaristes d'Hollywood car je ne saurai répondre.

@+
Alain
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Vincenzo03



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MessagePosté le: Sam Avr 20, 2013 17:47    Sujet du message: Répondre en citant

Capu Rossu a écrit:
Bonsoir,

Afin de ne pas laisser notre ami Sting01 dans l'erreur, je précise que je n'ai pas d'origines ibériques.
Descendant de natifs d'une île méditerranéenne, mes origines sont génoises. Je ne dis pas italienne car le changement de propriété de la dite-île s'est fait une centaine d'années avant le Risorgimento et donc la création de l'Italie.
Le "Hugh ! J'ai dit" fait plutôt allusion à des éléments de dialogues dans les westerns. par contre, que personne ne me demande si cette phrase était vraiment dite par nos frères rouges ou une invention des visages pâles scénaristes d'Hollywood car je ne saurai répondre.

@+
Alain


Totale invention d'Hollywood. Un magnifique documentaire est passé il y a quelques semaines sur Arte à ce sujet: les indiens et Hollywood. Il y a une anecdote géniale. Dans un des John Ford (She wore a yellow ribbon si je me souviens), il y a un dialogue entre un jeune lieutenant et un chef indien. Ford avait trouvé de vrai navajos qui jouaient les indiens des plaines. Ceux-ci devaient répondre aux injonctions de petit c..n d'officier de cavalerie dans leur langue et personne, pendant des années n'a cherché à savoir ce qu'ils disait. Or, les figurants indiens avaient changé les dialogues et par exemple, les réponses au petit lieutenant se terminaient toutes par:" sale visage pâle à la langue fourchue comme celle du serpent qui se vautre dans la merde."
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Plus vous saurez regarder loin dans le passé, plus vous verrez loin dans le futur.
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Ce n'est pas parce qu'une erreur se répand qu'elle devient vérité.
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Capu Rossu



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Messages: 2530
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MessagePosté le: Sam Avr 20, 2013 19:53    Sujet du message: Répondre en citant

Bonsoir

Citation:
Dans un des John Ford (She wore a yellow ribbon si je me souviens), il y a un dialogue entre un jeune lieutenant et un chef indien. Ford avait trouvé de vrai navajos qui jouaient les indiens des plaines. Ceux-ci devaient répondre aux injonctions de petit c..n d'officier de cavalerie dans leur langue et personne, pendant des années n'a cherché à savoir ce qu'ils disait. Or, les figurants indiens avaient changé les dialogues et par exemple, les réponses au petit lieutenant se terminaient toutes par:" sale visage pâle à la langue fourchue comme celle du serpent qui se vautre dans la merde."



Un seul commentaire : GENIAL ! Drool Smile

@+
Alain
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sting01



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Messages: 1450
Localisation: Thailande

MessagePosté le: Dim Avr 21, 2013 08:08    Sujet du message: Répondre en citant

Capu Rossu a écrit:
Bonsoir,

Afin de ne pas laisser notre ami Sting01 dans l'erreur, je précise que je n'ai pas d'origines ibériques.
Descendant de natifs d'une île méditerranéenne, mes origines sont génoises. Je ne dis pas italienne car le changement de propriété de la dite-île s'est fait une centaine d'années avant le Risorgimento et donc la création de l'Italie.
Le "Hugh ! J'ai dit" fait plutôt allusion à des éléments de dialogues dans les westerns. par contre, que personne ne me demande si cette phrase était vraiment dite par nos frères rouges ou une invention des visages pâles scénaristes d'Hollywood car je ne saurai répondre.

@+
Alain


En fait je faisais reference au discour fameux fait par Miguel de Unamuno a Slamanque :

Et pour persuader il vous faudrait avoir ce qui vous manque : la raison et le droit dans votre combat. Il me semble inutile de vous exhorter à penser à l’Espagne. J’ai dit.

Le j'ai dit etant une tournure assez frequente en Castillan classique , du moins lorsque l'interlocuteur est une personne ayant une authorite morale.

Donc dois je comprendre que tu viens de l'ile de beaute? Je pensais que les genois etaient minoritaire , ou tres rare.
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Anaxagore



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MessagePosté le: Mer Avr 24, 2013 09:37    Sujet du message: Répondre en citant

Mais pourquoi il y a tant de personnes qui morigènent sur ce qui fait justement le gag ?! Un pistolet pour dame entre les mains du général !

C'est pas non plus comme s'il avait tiré avec "moustique" ! Le plus petit pistolet du monde, calibre 2,5mm, grand comme une ancienne pièce de 5 francs.
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Ecoutez mon conseil : mariez-vous.
Si vous épousez une femme belle et douce, vous serez heureux... sinon, vous deviendrez un excellent philosophe.


Dernière édition par Anaxagore le Mer Avr 24, 2013 09:54; édité 2 fois
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Wil the Coyote



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Messages: 1901
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MessagePosté le: Mer Avr 24, 2013 09:44    Sujet du message: Répondre en citant

Pas de problèmes avec le 6.35, en fait il y a 2 gags: le pistolet ET la benne à ordure.... cela vaudrait une illustration et la une de LIFE...
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loic
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MessagePosté le: Sam Mai 11, 2013 22:04    Sujet du message: Répondre en citant

Discussion sur l'armement poursuivie ici.
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En principe (moi) ...
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Lun Mar 14, 2016 11:27    Sujet du message: Répondre en citant

J'ai l'immense plaisir de vous annoncer la suite toute prochaine de ce récit pilpatant.

J'ai entre les mains une petite vingtaine de feuillets que je déchiffre avec bonheur, tel l'archéologue penché sur les manuscrits de la mer Morte… Wink
_________________
Casus Frankie

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Anaxagore



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MessagePosté le: Lun Mar 14, 2016 12:44    Sujet du message: Répondre en citant

Génial !
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dado



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MessagePosté le: Lun Mar 14, 2016 17:30    Sujet du message: Répondre en citant

La suite! La suite! Laughing
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lebobouba



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Messages: 359
Localisation: Devant son écran

MessagePosté le: Lun Mar 14, 2016 19:00    Sujet du message: Répondre en citant

YES !!! Very Happy
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Thomas27



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Localisation: Lyon

MessagePosté le: Lun Mar 14, 2016 21:30    Sujet du message: Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:
J'ai l'immense plaisir de vous annoncer la suite toute prochaine de ce récit pilpatant.

J'ai entre les mains une petite vingtaine de feuillets que je déchiffre avec bonheur, tel l'archéologue penché sur les manuscrits de la mer Morte… Wink

Ce qui m'amène à la question "Comment va Carthage" on ne le "vois" plus depuis quelques temps.
(Je suis pas mieux, mais même quand je ne commente pas je vous lu autant que possible).
_________________
Ma boutique : https://www.redbubble.com/fr/people/Artof-ThomasD/shop?asc=u
Mes livres: http://www.amazon.fr/-/e/B0191PGYUE?ref_=pe_1805951_64028601
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Casus Frankie
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Messages: 13715
Localisation: Paris

MessagePosté le: Jeu Mar 24, 2016 15:34    Sujet du message: Répondre en citant

Bon… J'ai dû soumettre Carthage à des pressions interdites par les Conventions de Genève, ou à peu près.

Donc, la suite !




La vengeance d’Héphaïstos, Livre Deux

La dolce vita !


Charles se leva en maugréant, une semaine gâchée, des subordonnés bêtes à en mourir, on n’est plus servi, sa mère le lui disait toujours ! Après avoir ajusté sa tenue, il se prépara pour l’inspection, la pire, celle d’Yvonne, il soupira fort en se coiffant d’un coquet bonnet de police et entra dans le salon où son épouse s’affairait à quelque ouvrage de crochet, un tableau monstrueux à proprement parler quoique de fort petite taille, on y voyait un cerf entouré par des chiens et qui s’apprêtait à passer un très mauvais quart d’heure, enfin, c’était pour les œuvres des petites sœurs, la kermesse approchait, il fallait bien se dévouer en un esprit tout de charité… Il toussota discrètement pour attirer l’attention de son épouse qui le scruta par dessus ses lunettes en lui intimant l’ordre de tourner sur lui-même, ce à quoi Charles se prêta de bonne grâce mais rien n’y fit, la sentence tomba comme un couperet : il faisait dans le style grec, paraissait-il, avec son bonnet pourtant crânement posé sur le côté.
Charles se renfrogna subitement et gagna sa voiture après avoir pris congé quelque peu froidement.
Depuis l’attentat, les mesures de sécurité avaient été considérablement renforcées, outre une automitrailleuse d’âge vénérable qui ouvrait désormais la marche comme elle pouvait et une Citroën asthmatique pleine de chaussures à clous qui suivait, il devait monter dans une grosse Packard Le Baron 180 d’état-major à sept places, blindée, surchauffée et toute barbouillée de kaki, cadeau de nos chers amis américains qui faisait amèrement regretter la Panhard et Levassor découverte d’antan, chienne de vie !
Mais tout cela n’était rien au regard de la présence insupportable de son nouvel aide de camp, le lieutenant Le Bobinnec, ah parlons-en du Bobinnec ! Un officier sûrement de fortune et de basse extraction, tout frais émoulu du stage des SAS britanniques et qu’on avait attribué au ministre en remplacement du titulaire légèrement abîmé lors de l’attentat, des bouts de verre dans les yeux qu’on lui enlevait à petites doses, je t’en f…trai des bouts de verre, une vraie désertion vitupérait Charles, il dirait son fait au titulaire dès son inéluctable retour mais en attendant, il lui faudrait supporter l’insupportable, à savoir ce Bobinnec qui s’ingéniait à le contrarier en toute occasion et qui le traitait avec une ironie respectueuse autant que glaciale, bref une horreur à béret, porté à l’anglaise en plus !
Le Bobinnec lui ouvrit aimablement la porte avec un demi-sourire prétendument respectueux. Charles s’affala sur la banquette dans une atmosphère changée, il faisait subitement frais dans la voiture et il s’en étonna auprès de l’artilleur à lunettes qui lui servait désormais de chauffeur, le titulaire végétant lui aussi depuis trop longtemps dans quelque service hospitalier spécialisé, le binoclard lui narra alors sa lecture relativement difficile de la notice d’utilisation de la voiture qui lui avait pris une bonne semaine bien qu’il ait été répétiteur d’anglais au lycée d’Alger avant son rappel à l’activité, un terme technique l’avait particulièrement arrêté : « air cooler » ! Un rafraîchisseur d’air ? Serait-ce possible ? Il avait fini par oser appuyer sur le bouton et l’air ambiant était soudainement devenu frais dans la belle Américaine, Charles grogna pour une fois un remerciement indistinct et s’enquit un peu distraitement de la santé de son voisin ; avec beaucoup d’aménité, ce dernier, inspecteur divisionnaire de son état, lui répondit que tout allait très bien mais qu’ils avaient oublié Le Bobinnec, Charles se retourna et avisa au travers de la lunette arrière une silhouette aisément reconnaissable qui gesticulait sur le trottoir, dans un élan de lassitude il ordonna au chauffeur de faire demi-tour pour récupérer l’officier d’ordonnance oublié.
Jules Maigret nageait dans un bonheur relatif, il faudrait soit que la rame les attende, soit qu’elle fasse demi-tour, dans les deux cas ils allaient perdre du temps et manquer aux règles les plus élémentaires de la sécurité, du moins telles que déterminées par Monsieur le Contrôleur Général après l’attentat. Un soir bien obscur, Jules avait eu une entrevue de légende avec ce patron très inquiétant qui lui avait donné un gros coup de chaud en retraçant méticuleusement toute sa carrière depuis ses débuts, dans le Nord, il avait évoqué des épisodes que même Maigret avait oubliés, de vieilles histoires de vols miteux ou d’escroqueries lamentables sur lesquelles il s’était fait la main il y a si longtemps – le vieillard, car il était hors d’âge, avait conclu abruptement en affirmant que les hommes, quels qu’ils soient, étaient indubitablement tous coupables, même vous, Maigret, et même moi ! Avant de le charger de la protection rapprochée du Ministre, la belle affaire !
Le Bobinnec fut, après récupération, vertement tancé par son ministre et condamné illico à la relégation en place avant auprès de l’artiflot. Une fois la vitre de séparation relevée, il passa à ce dernier une savonnée de premier ordre pour l’avoir abandonné sur le trottoir, seul et sans défense face au ministre, l’artilleur protesta de sa bonne foi en déclarant qu’il était obsédé par la commande du « air cooler », ça lui prenait tout son temps, lui volait toute son énergie en le dévorant tout cru, il en oubliait même les règles les plus élémentaires de la conduite automobile et avec ce carrosse à boîte automatique, rien n’était simple !
Ils arrivèrent enfin au ministère, où Charles dut affronter les regards discourtois d’une section de la Légion étrangère qui se bidonnait positivement devant son bonnet de police, il entendit même, injure suprême, une voix teintée d’un fort accent russe qui demandait doucereusement si l’on avait vu passer l’étoile filante, le sergent Poutiloff avait encore frappé. Charles décida d’ignorer, en d’autres temps, la foudre se fût abattue sur ces mécréants… Ils eurent une activité débordante ce jour-là avec bien cinq heures de voiture, courant les inspections, les fêtes régimentaires et autres inaugurations de chrysanthèmes, une belle journée vraiment et dans la fraîche atmosphère d’un véhicule bien tempéré, mais Charles maugréait toujours, il avait la désagréable impression que tous se gaussaient de lui et de son fichu bonnet de police.
Son retour à domicile fut incontestablement moins glorieux, il avait de la peine à parler autrement qu’avec une voix enrouée et, le temps passant, n'émettait plus que des sortes des coassements qui furent remarqués sans délai par Yvonne, réagissant immédiatement, celle-ci lui prescrivit des fumigations accompagnées de gargarismes au miel et le mit illico à la diète, Charles se promit solennellement en guise de représailles d’envoyer toute sa petite famille, gouvernante comprise, en vacances au bon air de la montagne dans une station conseillée par Mandel, Chréa pour ne pas la nommer, le destin, une fois de plus, était en marche !
………………………
Le lendemain, Charles partit fort tôt pour le ministère, un Conseil de Défense l’y attendait, il sortit sans s’être soumis à son habituelle inspection matinale mais en ayant laissé sur la table de nuit un petit mot qui contenait des instructions fort précises pour les vacances qui commençaient le lendemain. D’ici là, c’était décidé, il dormirait au ministère, la situation l’exigeait, il se passait de drôles de choses en Mer Égée qui nécessitaient toute son attention, il passa sa valise au chauffeur qui la chargea dans le coffre pendant que les chaussettes à clous s’ébrouaient sur le trottoir en prenant des poses avantageuses d’incorruptibles dans la belle ville de Chicago protégeant un témoin clé, pour une fois Le Bobinnec se tenait à carreau, Jules, quant à lui, pointait de façon aléatoire un gigantesque Trench Gun dont il connaissait très vaguement le maniement… Trois minutes plus tard, la rame s’ébranla dans de pitoyables pétarades, décidément il faudrait faire réviser l’allumage de l’automitrailleuse, des flammes sortaient même de l’échappement, dans la Packard, un silence de plomb régnait, les quatre aphones ne pipaient mot en regardant dans le vague, l’artilleur avait coupé la commande de climatisation et mis un peu de chauffage, il devait bien faire 38° à l’intérieur du véhicule, Jules, frissonnant, serra un peu plus son foulard en émettant une sorte de gargouillis des plus réjouissants auquel Charles répondit par son habituel coassement, les gens de l’avant se contentant de hocher la tête, après une petite demi-heure ils furent tous avalés sans rémission par la grande porte cochère du ministère.
Charles était inquiet, cette bataille qui s’annonçait sur un front bien secondaire prenait des proportions inimaginables, c’était une pompe aspirante branchée directement sur le cœur de la France Combattante qui avait des moyens somme toute limités par essence, les Angliches, comme à leur habitude, n’y allaient que d’une fesse, se battre et mourir pour Limnos lui semblait bien paradoxal mais le Conseil de Défense lui avait démontré l’existence d’un schwerpunkt potentiel et ce fichu Giraud avait pris le mors aux dents, il n’y avait pas à délayer plus outre !
Il regarda la pendule et ouvrit une jolie boîte de bois clair qui trônait sur un guéridon à droite de son bureau, décrocha le combiné, attendit la tonalité et appuya deux fois sur la touche portant le chiffre 2, une incroyable série de crachotements lui répondit, puis des borborygmes de plus en plus puissants furent audibles, Charles détestait le téléphone et tous ces trucs de télégraphiste mais c’était bien pratique pour joindre, par exemple, le Premier Britannique par le 22 et cela en toute discrétion, on le lui avait assuré, un système de brouillage intégré. Il reconnut sans peine l’organe unique de Winston, ce dernier s’enquit d’abord de sa santé et de celles des siens en un français des plus parfaits mais, Charles le savait, cela n’allait pas durer bien longtemps, la passion faisait toujours perdre son français au Premier d’Angleterre !
Charles fut concis et patient, insistant par moments et même cauteleux mais il en allait de la grandeur de l’Angleterre et du destin de la France tout court, de la renaissance du glaive brisé qu’il fallait reforger, à bout d’argument, Winston finit par dire simplement dans son sabir inimitable : « I’ll pull over your têtes the Achilles’ bouclier ! ».
Moins de douze heures plus tard, une escadre de navires rapides autant que britanniques menée par le HMS Dido fendait les flots de la Méditerranée, c’était là l’essentiel du bouclier d’Achille, on verrait bien à l’usage si c’était un substitut acceptable.
Charles se sentait mieux, beaucoup mieux, mais il y avait encore quelques petites choses déplaisantes qu’il lui fallait régler, de biens petits cailloux dans ses souliers, d’abord se prendre une matinée rien que pour lui, ce n’était tout de même pas une affaire !
…………
Le jour suivant, c’est un Charles déguisé en parfait pékin qui franchit la porte du ministère, feutre taupé en tête, une Player’s au coin de la bouche, la moustache avantageuse, il faisait même des moulinets avec sa canne en sifflotant la Marche Lorraine, il s’était retourné plusieurs fois pour voir s’il était suivi mais bernique, finalement ces flics étaient des lourdeaux faciles à berner, un qui rigolait moins c’était Jules, un peu en avant sur le trottoir d’en face, il fallait le suivre le doublemètre ! Tout comme les équipages des deux voitures, celle qui suivait et celle qui précédait, c’était tout un problème de places de stationnement et de véhicules qui se dépassaient mais Charles allait quelque part, pour sûr, et qu’avait-il bien pu demander au sergent Poutiloff, ci-devant sous-chef de poste, qui avait rempli en s’appliquant, rouge et suant, un petit papier que Charles avait fourré dans sa poche incontinent, mystère.
Jules avait bien manqué le perdre quand Charles avait pris l’autobus, il avait couru pour grimper sur la plateforme dont le contrôleur avait obligeamment retiré la chaîne à la vue de sa carte de police et ils étaient tous deux descendus à l’arrêt de la rue Michelet. Charles, après avoir déchiffré une plaque de cuivre, était tout de go entré au 21, suivi à dix pas de Jules qui avait eu juste le temps de déchiffrer les mots suivants « Ludmilla Poliakoff, képissière et chapeaux à façon ». Charles toqua à la porte de gauche au rez-de-chaussée, l’huis lui fut tout à plein déclos pendant que Jules suait sang et eau dans le local à poubelles, il était beaucoup trop couvert pour la saison, si elle avait été là, Madame Maigret l’en eût prévenu.
Charles se retrouva dans une pièce étrange aux murs tapissé de massacres d’animaux divers, de coiffures militaires de tous types et de quelques miroirs judicieusement agencés, il y avait aussi des instruments à la vocation indéfinie dont une espèce de machin qui ressemblait à un casque hérissé de piquants tournés vers l’intérieur, on eût dit une salle de torture médiévale en plein Alger moderne ! Une dame strictement vêtue d’un tailleur de teinte indéfinissable qui eût tout à fait convenu à Yvonne lui demanda avec un fort accent russe s’il voulait une coiffure ou une consultation, dans un premier temps Charles se demanda s’il n’avait pas fait erreur, mais la blonde aux yeux verts qui lui parlait lui évoquait quelque chose, un vieux souvenir, il tomba dessus en moins de deux secondes, c’était bien ça, Pierrette du Grand Six à Lille, la maison où il croisait Pétain tous les jeudi soir !
Il répondit d’une voix quasi inaudible qu’il venait pour un képi, la blonde lui fit un beau sourire et le fit assoir sur un gros fauteuil de bois noir au dossier bien droit en lui demandant s’il voulait une version cavalerie ou infanterie, infanterie énonça Charles dans un coassement avant qu’elle se saisisse de l’inquiétant casque aux pointes tournées vers l’intérieur pour le lui poser sur la tête avant de s’emparer d’une feuille cartonnée qu’elle inséra dans la partie haute de l’appareil, puis elle appuya sur un petit levier et ressortit la feuille cartonnée toute piquetée comme par des aiguilles. La blonde lui dit ensuite que c’était la forme de son crâne et qu’il lui faudrait bien la conserver, elle ajouta, mutine, qu’il avait le front haut, signe d’intelligence et qu’il lui rappelait quelqu’un qu’elle avait connu il y a bien longtemps sous d’autres cieux…
Charles toussota et s’enquit poliment du prix de l’objet de ses vœux en version Général de Brigade, le chiffre le fit tousser derechef et si fort qu’elle lui proposa gentiment une affaire à saisir, un képi de confection qui lui était resté sur les bras et qui était posé sur un support ad-hoc sur la cheminée entre les gigantesques andouillers d’un cervidé gigantesque, tout cela faisait soit képi de viking remontant la Seine pour de fructueuses rapines, soit officier général on ne peut plus cocu, comme le Ministre se renfrognait, elle ajouta tranquillement les mots suivants : « Tu sais Charrles, je vais te fairre un prrix, comme avant ! » Charles soupira fort, elle était reconnue, mais lui aussi ! Elle déclara alors : « Charrlinou, tu as une sale tête, tu devrrais consulter, suis-moi ! »
Elle l’agrippa par la manche et poussa une porte, l’atmosphère était toute différente, une pièce bien obscure avec un tout petit lumignon au dessus de la table, de lourdes tentures aux murs et un parfum obsédant qui imprégnait tout, Charles en avait des haut-le-cœur, elle le poussa, presque avec violence, dans un profond fauteuil crapaud où Charles s’engloutit malgré sa grande taille, elle s’assit à ses côtés sur un petit tabouret et lui prit la main, Charles était affreusement gêné, le passé n’autorisait tout de même pas tout, il allait parler quand elle lâcha sa main et passa derrière un paravent dans un coin de la pièce, Charles était plus qu’angoissé quand il vit le petit tailleur arriver pièce par pièce sur le dessus du paravent, il allait se lever pour mettre fin à ce périlleux entretien quand il la vit réapparaître vêtue d’une ample tenue indigène et portant turban. Ele se dirigea vers la petite table, s’assit derechef sur son tabouret et dévoila une superbe boule de cristal qu’elle caressa bientôt des deux mains, presque avec tendresse, elle lui demanda de baisser quelque peu l’abat-jour ce qui ne manqua pas d’angoisser de nouveau Charles, puis bizarrement, elle ferma les yeux en rejetant la tête en arrière, prit de nouveau la main de Charles qu’elle serra à la briser et se mit à parler indistinctement d’une voix qui n’était pas la sienne, une voix masculine et caverneuse qui ne laissa pas d’angoisser encore le ministre et même Jules Maigret – ce dernier avait enfin triomphé de la serrure avec un crochet en fil de fer mais n’osait passer la porte de la petite pièce…
Ludmilla-Pierrette, roulant des yeux blancs et l’écume aux lèvres, énonça clairement et sans accent les mots suivants : « Je te vois, simple mortel, toi qui cherches un chef pour en ceindre ton front, tu auras les lauriers de la victoire, mais je vois des flots de sang qui coulent sur ma terre, des oiseaux, toutes sortes d’oiseaux, les petits becquetant les plus gros qui tournoient et tombent vers le sol, je vois un chariot que j’aurais pu construire qui monte le chemin depuis la mer tout en crachant du feu, des trirèmes, beaucoup de trirèmes et qui prennent l’eau, je vois le subrécargue et le fils d’Esculape qui fouissent la terre sans relâche et des baudets qui braient dans le petit matin, je te laisse petit homme, je dois forger le glaive qui me tuera peut-être ! »
Charles et Jules en restèrent comme deux ronds de flan, hébétés, anéantis, Ludmilla sembla s’éveiller et parla avec son accent russe en annonçant à Charles que la consultation était terminée et le pressa de passer dans la grande pièce où elle réapparut peu après dans son tailleur de teinte indéfinissable, Charles ne manifesta aucun étonnement devant la présence de l’inspecteur divisionnaire, au point où il en était, il acceptait tout.
Ludmilla lui posa le képi sur la tête et lui annonça qu’il lui allait comme un gant, elle l’emballa dans un carton idoine et lui parla ensuite de la petite note, Charles toussa de nouveau à l’énoncé du chiffre, elle lui avait fait une réduction substantielle mais il y avait le prix de la consultation qui faussait tout ! Les deux hommes fouillèrent longuement leurs portefeuilles respectifs pour faire l’appoint, le pauvre Jules supportant le plus gros de la somme, en les mettant gentiment à la porte, elle tendit un autre carton à Jules en lui disant de le remettre à son chef, le ministre, Monsieur Mandel, avant mercredi sans faute, la petite note était dedans, puis elle ajouta pour Charles de bien vouloir revenir la visiter, ils parleraient du vieux temps, elle déposa un petit baiser sur sa joue qu’il lui rendit sur la main et elle referma la porte d’entrée, Jules s’enquit alors de Charles pour savoir s’il connaissait cette dame, point du tout mon ami lui répondit Charles en faisant des moulinets avec sa canne tout en sifflotant le réveil version infanterie, ils reprirent l’autobus à l’arrêt Michelet.
Charles résolut de ne point parler de tout cela à qui que ce soit et surtout pas à Yvonne, il est des choses qu’on n’évoque pas devant des gens qui ne pourraient les comprendre, c’est comme ça !
………………………
Le Conseil du mercredi fut des plus animés, Georges et Charles y avaient fait une entrée remarquée et furent tout aussi remarquables dans leurs énoncés, leur sortie fut triomphale sous les crépitements des flashs de la presse, ils étaient beaux comme des ministres, le melon de Georges et le képi de Charles attiraient tous les regards, dans le brouhaha de la sortie, Georges se pencha vers Charles et lui susurra à l’oreille que l’Axe allait sortir dans la presse l’affaire des dépouilles, Paul était préoccupé, il fallait faire quelque chose d’urgence, dans l’heure, les trois Armées et une foule de services civils reçurent des ordres précis, la bataille pouvait commencer, tout était blindé et re-blindé.

(à suivre…)
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