Fantasque Time Line Index du Forum Fantasque Time Line
1940 - La France continue la guerre
 
 FAQFAQ   RechercherRechercher   Liste des MembresListe des Membres   Groupes d'utilisateursGroupes d'utilisateurs   S'enregistrerS'enregistrer 
 ProfilProfil   Se connecter pour vérifier ses messages privésSe connecter pour vérifier ses messages privés   ConnexionConnexion 

Ukrainiens et Baltes FTL, 1941-1942

 
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    Fantasque Time Line Index du Forum -> 1942 - Discussions
Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant  
Auteur Message
patrikev



Inscrit le: 28 Mai 2010
Messages: 1774

MessagePosté le: Jeu Oct 18, 2012 20:48    Sujet du message: Ukrainiens et Baltes FTL, 1941-1942 Répondre en citant

Début d'un travail (à préciser et compléter) sur les régions disputées entre l'URSS et le IIIe Reich. Des pages très sombres, et nous n'en sommes qu'au début.

19 mars 1941.
Berlin


L’amiral Canaris a enfin un temps de répit entre deux crises. Il a appris la scène pénible de la veille entre Hitler et Jeschonnek et les nouveaux contretemps au lancement laborieux d’Ostmond, dont l’échec – probable – pourrait bien rejaillir sur l’Abwehr. Il est urgent de se couvrir en flattant le "plus grand projet" du Füher. L’amiral n’a pas de mal à faire approuver la création discrète de deux "bataillons auxiliaires" ajoutés au "800e régiment d’instruction et de construction Brandenburg" et composés de volontaires ukrainiens : l’un appelé "Nachtigal", rossignol, parce que ces Slaves sont d’excellents chanteurs, et l’autre "Roland", on ne sait plus pourquoi. Officiellement, ils ne sont là que pour aider le contre-espionnage et les quatre régiments de la police d’occupation en Pologne. En fait, les nationalistes ukrainiens – au moins leurs chefs rivaux, Andriy Melnyk et Stepan Bandera – assurent que les 40 millions d’Ukrainiens qui gémissent sous le joug soviétique seraient prêts à accueillir les Allemands en libérateurs. Ce qui arrivera peut-être un jour si les SS évitent d’afficher trop ouvertement leur mépris pour les "sous-hommes" slaves.

20 mars 1941
Berlin


Chaque fois que Canaris avance un pion, le SS-Gruppenführer Heydrich, chef du SD, en fait autant. Aujourd’hui, il obtient la signature de Keitel – au nom du Führer – pour un accord négocié entre le SD et le quartier-maître général Eduard Wagner, responsable de l’intendance et des services de l’arrière, qui autorise les Einsatzgruppen ("groupes d’intervention") SS à éliminer les éléments hostiles à l’arrière d’un front encore à venir. Encore une fois, c’est le "plus grand projet" de Hitler qui se prépare.

8 mai 1942
Riga (RSS de Lettonie)


Rapport ultra-secret du premier adjoint au commissariat du peuple aux Affaires intérieures de Lettonie, Ivan Zujans, au premier secrétaire du Comité central du Parti communiste letton, Janis Kalnberzins, sur la nécessité de créer une nouvelle école de police incluant des élèves lettons.

Le 8 mai 1942.

Conformément aux instructions du commissaire du peuple, le camarade Béria, nous avons intensifié notre action contre les agents de l’émigration et les Ayszarguis* encore présents sur le territoire de la RSS de Lettonie. Nous sommes parfaitement conscients de la nécessité de redoubler de vigilance contre les forces réactionnaires. Notre situation, si elle est loin d’être parfaitement stabilisée, est cependant largement meilleure qu’il y a quelques mois.

L’opération des 13-14 juin 1941, menée avec tous les moyens disponibles à l’époque, avait été un échec partiel et nous avait valu de légitimes reproches du camarade Béria, puisqu’un tiers environ des suspects inscrits sur les listes avaient échappé à l’arrestation. La cause principale de cet échec avait été la pénurie de personnel fiable connaissant la langue lettone, ce qui avait occasionné des retards et un manque de coordination entre les services ; la lenteur de l’opération avait également entraîné de nombreuses indiscrétions, et dans de nombreux cas, nous avions dû nous contenter de déporter la famille du principal suspect faute de le trouver à son domicile.

Depuis cette date, nos recherches incessantes, notamment celles entreprises dans les forêts par les bataillons de chasse**, ont permis l’arrestation d’une grande partie de ceux qui s’étaient échappés en juin. D’autres, en petit nombre, ont pu gagner des pays étrangers : nous comptons sur la vigilance de nos services extérieurs pour éviter que leurs calomnies ne ternissent l’image de la patrie du Prolétariat. Certains n’ont pas donné signe de vie depuis des mois, et nous avons des raisons de croire qu’ils sont morts comme des rats dans leur tanière.

Nous disposons à présent d’un certain nombre d’agents compétents, comme les camarades A*** et F***, pour l’étude des documents et les interrogatoires, ainsi que d’informateurs choisis dans les différents milieux sociaux, de sorte qu’il est de plus en plus difficile aux réactionnaires de dissimuler leurs complots.

La dissolution des armées territoriales de transition des trois républiques de Lituanie, Lettonie et Estonie, et leur intégration dans la glorieuse Armée Rouge, ont aussi allégé notre travail de surveillance. L’envoi des conscrits dans d’autres régions de l’Union soviétique leur permet de découvrir les réalisations du socialisme tout en les mettant hors de portée des espions infiltrés de l’émigration.

Cependant, il importe de battre le fer sans le laisser refroidir. Il serait bon que le Comité central promulgue une loi ordonnant aux organes du Parti et du Komsomol de la RSS de Lettonie d’envoyer à l’école de police de Riga 10 communistes et 10 membres des jeunesses communistes de la nationalité titulaire, conformément à la politique léniniste-staliniste des nationalités, pour y recevoir la formation tchékiste, sous la direction des camarades A*** et F***, en plus de leurs autres tâches. L’immeuble de l’actuelle école de police, 4 rue Allazhi, serait assez vaste pour abriter cette formation en plus des services actuels. Nous demandons aussi à l’autorité militaire que les élèves en âge de conscription soient maintenus dans nos services pendant leur période.

Commissariat du Peuple aux Affaires intérieures de la RSS de Lettonie

Zujans


*Ayszarguis: formation paramilitaire nationaliste ayant appuyé le régime autoritaire du président Karlis Ulmanis jusqu’à l’invasion soviétique ; terme local pour désigner les éléments antisoviétiques.

** Istrebitel'nnyj batal'on, unités du NKVD chargées de la traque des espions et fugitifs en zone rurale.
_________________
- Votre plan comporte un inconvénient majeur.
- Commençons par le plus facile: capturer la bête.
- Le voilà, l'inconvénient majeur.
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
patrikev



Inscrit le: 28 Mai 2010
Messages: 1774

MessagePosté le: Dim Nov 25, 2012 03:07    Sujet du message: Répondre en citant

Suite des événements à partir de Barbarossa. Certaines dates sont incertaines: j'ai encore un doute sur la date et les conditions d'entrée des Allemands à Riga et à Daugavpils/Dünaburg/Dvinsk. Pour l'orthographe, il faudra aussi se décider entre Lvov et L'vov. Je commence à avoir une bibliographie assez épaisse qui me permettra d'enchaîner sur les Einsatzgruppen, puis sur la guerre des partisans, plus précoce qu'OTL.


18 mai 1942
Barbarossa
2 – Le Front Nord et la Baltique

Kaunas, capitale de la Lituanie entre les deux guerres, est prise par les Allemands dès le second jour de l’offensive. Les quelques prisonniers politiques qui restent – la plupart ont été déportés vers l’Est au cours des derniers mois – sont libérés in extremis dans un wagon oublié à la gare. Parmi eux, un Français, Georges Matoré, enseignant à l’université locale, maintenu sur place "parce que personne ne savait dans quelle catégorie me ranger", dira-t-il.
Les rares hommes politiques lituaniens qui ont échappé à la déportation se rassemblent à l’ancien palais présidentiel pour demander la restauration de l’indépendance. Mais les Allemands accueillent très froidement leurs revendications. Dans la soirée, Algirdas Klimaitis, chef d’un petit groupe d’ "activistes", entre en contact avec le SS-Brigadeführer Franz Stahlecker, chef de l’Einsatzgruppe A ("groupe d’intervention" SS). Stahlecker l’encourage à entamer une "auto-épuration" de la ville de façon à ce que les Allemands y apparaissent mêlés le moins possible. Des centaines de Juifs sont raflés et massacrés dans le garage Lietükis, rue Vytautas, "de la façon la plus cruelle", selon la très discrète protestation d’un des ministres du gouvernement lituanien mort-né. Les tueries se poursuivent les jours suivants ; elles auraient fait 3 800 morts selon Stahlecker, mais il est possible que le SS ou ses exécutants lituaniens se soient vantés. Le maréchal von Leeb, chef du groupe d’armées Nord, est parfaitement informé de ces violences qui ont lieu presque sous son nez, mais il note dans son journal que "la seule chose qui reste à faire est de s’en tenir à l’écart".
La plupart des victimes du massacre sont des Juifs orthodoxes, reconnaissables à leur tenue. Les éléments modernes de la communauté, en partie compromis avec l’occupant soviétique, ont été évacués vers l’intérieur de la Russie, y compris les petites danseuses du ballet Latuvia. Les combats prolongés entre Liepaja et Vilnius donneront le temps à une grande partie des civils juifs de Lituanie d’échapper à la conquête allemande.



25 mai 1942
Barbarossa
3 – Le Front d’Ukraine et la Mer Noire

Les Allemands de la 3e Division de Chasseurs de montagne progressent dans la région montagneuse autour de Mostyska. La guerre de Finlande avait laissé une image médiocre des garde-frontières soviétiques, peu équipés pour l’offensive : ici, dans leur élément, ils se révèlent des artistes de l’embuscade. Ils laissent passer la première ligne allemande et tirent dans le dos de la seconde, de préférence sur les officiers. Il faut les réduire un à un. Encore quelques jours et, si les blindés de Kleist arrivent à percer au nord, les chasseurs de montagne entreront à Lvov. Les paysans ukrainiens leur font bon accueil et leur offrent le pain et le sel, avec leurs femmes en robes brodées, couronne de fleurs sur la tête. Les Allemands ont avec eux les auxiliaires ukrainiens des bataillons Nachtigal et Roland qui entreprennent d’épurer à leur façon les conseils de village. Les anciens cadres communistes ou juifs sont bâtonnés pour marquer l’anniversaire de la mort de Simon Petlioura, ancien chef nationaliste de l’Ukraine, assassiné par un "Juif bolchevik" en 1926. Depuis que les Soviétiques ont occupé la région en 1939, les habitants ont subi la collectivisation et presque tous (Juifs compris) ont eu un parent ou un ami déporté par le NKVD.


30 mai
3 – Le Front d’Ukraine et la Mer Noire

A Lvov, les troupes soviétiques finissent leur évacuation pendant la nuit. Dans la matinée, les Chasseurs de montagne allemands et leurs auxiliaires ukrainiens entrent dans la ville. L’accueil des habitants est enthousiaste, du moins pour ceux qui sortent dans les rues, c'est-à-dire les Ukrainiens ethniques, car les Polonais (la moitié des 300 000 habitants avant la guerre) et les Juifs (près d’un tiers) évitent de se montrer. Les sympathisants de l’OUN (Union des nationalistes ukrainiens), portant le brassard au trident, commencent à s’afficher.
Les Ukrainiens ouvrent les prisons pour y chercher leurs parents et amis emprisonnés. A leur déception, elles sont presque vides : l’enquête menée par le procureur militaire Tomforde révélera que plusieurs milliers de captifs ont été déportés vers l’Est dans les semaines précédentes. Les arrestations de masse avaient commencé un mois avant Barbarossa : il est de plus en plus clair que l’attaque allemande n’a pas été une surprise pour les Soviétiques. Nikita Khrouchtchev, secrétaire général du Parti en Ukraine, se vantera plus tard de son habileté à éliminer les "ennemis du peuple" sans laisser de traces.
Ce n’est qu’à la prison Brygidki (un ancien monastère transformé en geôle par les Habsbourg) qu’on trouve un charnier de quelques dizaines de cadavres, des détenus récents et deux aviateurs allemands abattus par les gardes du NKVD lors de l’évacuation. Les photographes de la propagande allemande, convoqués sur les lieux, ne manquent pas de mettre en valeur cette preuve de la bestialité bolchevique.
Dans la journée, des civils ukrainiens attaquent les maisons et boutiques juives, promènent les « Juifs bolcheviks » dans les rues à coups de bâton et les obligent à laver et enterrer les corps trouvés dans la prison. Plusieurs centaines de Juifs (les estimations varient de 300 à 700) sont tués par les émeutiers. Les auxiliaires du Bataillon Nachtigall, en uniforme allemand, ont joué un rôle controversé dans ce pogrom : certains au moins ont pris part aux violences, sans qu’il y ait eu d’ordre général (*).
Dans la soirée, un groupe de cadres de l’OUN, conduit par le jeune Yaroslav Stesko, arrive en ville. Stesko, avec la permission tacite des autorités allemandes, s’installe à la station de radio locale (où les Allemands viennent à peine de poser un nouvel émetteur) et lance une proclamation d’indépendance de l’Ukraine. Il répétera l’émission le lendemain matin. Cet "Acte de proclamation de l’Etat ukrainien", assorti, au moins dans une de ses versions, d’une déclaration d’alliance "avec la Grande Allemagne national-socialiste et son Führer Adolf Hitler", été dicté par son chef, Stepan Bandera, mais contre l’avis de l’autre chef nationaliste, Andriy Melnyk , et surtout sans l’approbation de Berlin qui prendra très mal cette initiative (**) .

-------
(*) Le capitaine Theodor Oberländer, officier de l’Abwehr et "conseiller politique" du Bataillon Nachtigall, a tenu une place très controversée dans les événements de Lvov. Les procès d’après-guerre ont établi qu’il avait au moins fermé les yeux sur le premier pogrom de Lvov, mais qu’il n’était pas responsable du second, mené un mois plus tard sous la conduite des SS de l’Einsatzgruppe C. Oberländer mènera une carrière politique marginale dans l’extrême-droite allemande après la guerre. Le général Hans Kreysing, chef de la 3. GebirgsDivision, passera trois ans en détention avant d’être relâché. Le colonel Karl Wintergast, commandant de la place de Lvov, le major Friedrich Wilhelm Heinz, qui dirigeait les opérations de l’Abwehr à Lvov, et le lieutenant Hans-Albert Herzner, chef allemand du bataillon Nachtigall, seront acquittés.
(**) Selon le partage dicté par les Allemands, les partisans de Bandera (OUN-B), supervisés par l’Abwehr, devaient opérer en Galicie, et ceux de Melnyk (OUN-M), soutenus par la Wehrmacht et le SD, en Bukovine. Melnyk comptait proclamer un « Conseil national ukrainien », mais seulement après la prise de Kiev, qui, comme on sait, n’arrivera jamais.



3 juin
3 – Le Front d’Ukraine et la Mer Noire

A Lvov, l’Einsatzgruppe C prend possession de la ville et procède, pour commencer, à l’exécution de 25 intellectuels polonais : Lvov, bien que située dans une région à majorité ukrainienne, est un important foyer de culture polonaise.

5 juin
Cracovie (Gouvernement général de Pologne)

Stepan Bandera, chef nationaliste ukrainien, est arrêté : sa "proclamation d’indépendance" dictée la semaine précédente dépassait nettement les limites tolérées par le Reich nazi. Il sera transféré à Berlin, et, quelques mois plus tard, au camp de concentration de Sachsenhausen. Cependant, plusieurs milliers de nationalistes ukrainiens continuent de servir l’occupant allemand comme policiers auxiliaires ou administrateurs locaux.

(..) juin 1942
Barbarossa
2 – Le Front Nord et la Baltique

A Riga, l’Einsatzgruppe A encourage de nouveau l’ "auto-épuration" en lâchant les volontaires nationalistes lettons du Pērkonkrusts sur le quartier juif. Les synagogues sont incendiées, 400 à 800 Juifs massacrés. Ce résultat est tout de même en-deçà des espérances nazies : malgré une propagande intensive pour présenter les Juifs comme responsables des crimes communistes, la masse de la population ne suit pas.

(..) juin 1942
Barbarossa
2 – Le Front Nord et la Baltique

Le lendemain de la prise de Daugavpils, la ville est ravagée par un incendie, probablement dû à des bombes incendiaires laissées par les destructeurs du NKVD. Mais la propagande allemande accuse la communauté juive, sans qu’on voie quel avantage elle aurait eu à brûler sa propre ville. Les Allemands, aidés par des policiers auxiliaires lettons, forcent des Juifs à enterrer les morts civils et militaires, puis à creuser leur propre tombe avant d’être abattus.

29 juin
Berezne (Ukraine)

Le lendemain de la prise de la ville, les Allemands procèdent, selon une routine déjà bien établie, à l’enregistrement de Juifs encore présents sur place. Puis, toujours selon la routine, les adultes sont remis au Sonderkommando (unité spéciale SS) du Standartenführer Paul Blobel qui les fait fusiller dans le cimetière juif. Il reste 90 enfants juifs en attente d’exécution, enfermés dans une grange à l’écart de la ville, sans que personne ne songe à leur donner à manger ou à boire. Les deux aumôniers (catholique et protestant) de la 297e Division d’Infanterie vont signaler leur cas à un officier de l’état-major, le lieutenant-colonel Helmuth Groscurth. Celui-ci ordonne d’ajourner l’exécution pour en référer au chef de la 6e Armée, le maréchal von Reichenau. Une discussion s’ensuit entre Reichenau, Blobel et le capitaine Willy Riedel, commandant de la place de Berezne : ils conviennent que l’ordre d’exécution des enfants n’a pas été rédigé dans les formes, qu’il faut donc l’annuler et en rédiger un autre. Cet exercice de bureaucratie macabre se termine par la mise à mort des enfants le 6 juillet.
L’épisode de Berezne n’est nullement exceptionnel, mais il est un des rares dont nous ayons le récit détaillé de source allemande, car Groscurth, profondément choqué, avait conservé des copies des documents. Les archives de la 6e Armée, comme de beaucoup d’autres unités ayant participé à des actions comparables, semblent avoir été soigneusement expurgées vers la fin de la guerre.




(…) juillet
3 – Le Front d’Ukraine et la Mer Noire

Second pogrom de Lvov. Beaucoup plus organisé et plus sanglant que le précédent (entre 2 000 et 5 500 morts), il est orchestré par les SS de l’Einsatzgruppe C, mobilisant pour la circonstance les policiers auxiliaires ukrainiens et les éléments antisémites locaux. Il s’agit d’éliminer les résistants potentiels, après les inquiétudes causées par la contre-attaque soviétique des jours précédents, et de préparer le regroupement de la communauté juive en ghetto, qui sera effectif en octobre.

Les limites de l’auto-épuration
La politique d’« auto-épuration » des territoires conquis, c’est-à-dire d’élimination des Juifs présentée comme un mouvement spontané de la population autochtone, s’est révélée décevante du point de vue nazi. Des unités de partisans antisoviétiques se réclamant de groupes tels que le LAF (Front des activistes lituaniens) en Lituanie, le Pērkonkrusts en Lettonie et l’OUA en Ukraine occidentale ont montré de bonnes dispositions à cette fin, mais ils réclament en échange une autonomie que les Allemands ne sont pas du tout disposés à leur accorder. En Biélorussie, l’Einsatzgruppe B a rencontré dès le début un manque flagrant de coopération dans la population locale. Même dans les pays baltes, un rapport de l’Einsatzgruppe A note avec regret que "les actions spontanées de nettoyage sont insuffisantes, notamment du fait que l’ardeur de la population faiblit rapidement". Les Allemands se résignent à dissoudre les groupes nationalistes, même si beaucoup de leurs hommes sont recyclés dans les différentes polices auxiliaires. La décision est prise pour la Lituanie dès le 20 mai, pour l’Ukraine le 1er juin. En Lettonie, du fait de la prolongation des combats, les volontaires lettons garderont une relative autonomie jusque fin juillet. Au total, les quelques dizaines de pogroms "spontanés", dans les villes et les villages, n’ont fait que quelques milliers de morts. Et les éléments les plus dangereux du point de vue nazi, les membres du Parti communiste et leurs familles, ont généralement été évacués avant l’arrivée des Allemands.

(…) juillet
Bielorussie

Rapport du service de renseignement de la 9e Armée allemande sur la situation économique du district de Vitebsk. Compte-rendu caractéristique de la politique de « terre brûlée » menée par les Soviétiques.
La centrale électrique a été détruite, les réserves d’eau potable sont très basses, et les industries, principalement textiles, ont été anéanties. Une usine textile employait 15 000 personnes. Dans le district rural autour de Vitebsk, les Russes ont déployé des équipes de destruction qui ont systématiquement détruit des installations vitales et des villes entières. Ces équipes comprennent 10 à 15 hommes et sont assistées par les Komsomols. Peu avant que les Soviétiques n’abandonnent Vitebsk, un grand nombre d’ingénieurs industriels et d’ouvriers ont été évacués. Il apparaît que les Soviétiques procèdent à un vaste regroupement des ouvriers d’industrie dans la région de la Volga afin d’y construire des centres industriels ou de renforcer ceux existants avec de la main-d’œuvre qualifiée.

Ukraine
Directive du général Karl von Roques, commandant des forces de sécurité du groupe Sud : "Il faut persuader la population que nous sommes justes. Chaque fois qu’il sera impossible de découvrir d’un acte de sabotage, on ne devra pas en rendre responsables les Ukrainiens. Dans de tels cas, les représailles ne devront viser que les Juifs et les Russes".
_________________
- Votre plan comporte un inconvénient majeur.
- Commençons par le plus facile: capturer la bête.
- Le voilà, l'inconvénient majeur.


Dernière édition par patrikev le Jeu Déc 06, 2012 00:41; édité 2 fois
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
patrikev



Inscrit le: 28 Mai 2010
Messages: 1774

MessagePosté le: Lun Déc 03, 2012 00:02    Sujet du message: Répondre en citant

Suite des événements dans les territoires occupés à l'Est. Le général de l´Homme de Courbière (Prussien descendant de huguenots français) devrait commander la région marseillaise au moment d'Overlord-Provence.

10 août 1942
Moscou et Kharkov

"L’ordre est donné, il partira à l’Ouest, elle dans le sens opposé. Les Komsomols partaient combattre pour défendre notre pays": dans ce chant d’une autre guerre, on a simplement changé les derniers mots qui étaient "dans la guerre civile". Plusieurs centaines de jeunes femmes ont reçu leur convocation au siège du Parti communiste d’Ukraine, transféré à Kharkov, ou à celui du PC de Biélorussie, provisoirement replié à Moscou. Leurs points communs : elles sont originaires des territoires occupés, en bonne condition physique, avec un pedigree politique et social au moins acceptable (pas de koulak ou de contre-révolutionnaire dans la famille). Elles reçoivent un entraînement accéléré, apprennent à manier le fusil Mosin-Nagant, le pansement ou la grille de chiffrage, à poser une charge d’explosifs. Bientôt, elles partiront combattre à l’arrière des lignes ennemies.

Novograd-Volynskij (Ukraine)
Le maréchal von Reichenau, chef de la 6e Armée, s’inquiète sérieusement des groupes armés qui se dessinent sur ses arrières dans les zones boisées du nord de l’Ukraine. Il envoie une instruction à tous ses commandants d’unités, ordre qui sera approuvé par son chef le maréchal von Rundstedt et qui lui vaudra les félicitations du Führer :

"Le but essentiel de la guerre contre le système judéo-bolchévique est la complète destruction et l’éradication de l’influence asiatique dans le cercle de la culture européenne. La mission de la troupe va donc au-delà de la simple tâche du soldat. Le soldat à l’Est n’est pas seulement un combattant mais le porteur d’une implacable idée ethnique et le vengeur des Allemands et des peuples apparentés pour toutes les atrocités qu’ils ont subies. De ce fait, le soldat doit avoir conscience de la nécessité d’une vengeance dure mais juste sur les sous-hommes juifs. Ceci a pour but d’étouffer dans l’œuf tous les soulèvements qui sont le plus souvent déclenchés par les Juifs."


19 Août
Rovno (Ukraine)

De violentes explosions ravagent plusieurs bâtiments utilisés par les Allemands et leurs collaborateurs locaux, faisant plusieurs centaines de morts et blessés, pour les deux tiers ukrainiens. C’est par pur hasard qu’Erich Koch, commissaire du Reich en Ukraine, échappe à la bombe qui le visait : il était en déplacement avec le professeur Volodymyr Kubiyovych, un de ses principaux collaborateurs locaux, pour étudier un problème de délimitation entre son territoire et celui de son collègue Hinrich Lohse, commissaire du Reich pour l’Ostland (Biélorussie et Lituanie).
La population juive de Rovno, qui comptait plus de 30 000 personnes avant la guerre, a été fortement réduite par les évacuations soviétiques et les fuites spontanées. La partie restante, essentiellement des femmes, enfants et vieillards, est immédiatement délogée de force et "invitée" à faire ses bagages pour être transférée à Kostopil. Elle n’arrivera jamais jusque-là : plus de 7 000 Juifs sont abattus dans la forêt de Klevan par les hommes de l’Einsatzgruppe C avec le concours du 320e Bataillon de police, de la 213e Division de sécurité de la Wehrmacht (général René de l´Homme de Courbière) et de la police auxiliaire ukrainienne (*).

(*) Les attentats de Rovno avaient été organisés par Dmitri Medvedev, chef des opérations du NKVD pour les territoires ukrainiens occupés. Un monument soviétique célébrant cette action sera élevé après la guerre sur la place principale de Rovno. Cependant, compte tenu du grand nombre de victimes ukrainiennes et de la sévère répression soviétique dans la région après le départ des Allemands, ce monument sera contesté par les nationalistes ukrainiens et finalement déplacé. Les rancunes seront durables : encore en 2009, Kirill, patriarche de Moscou, en visite en Ukraine, sera prié de ne pas se rendre à Rovno "pour raisons de sécurité".
_________________
- Votre plan comporte un inconvénient majeur.
- Commençons par le plus facile: capturer la bête.
- Le voilà, l'inconvénient majeur.


Dernière édition par patrikev le Jeu Déc 06, 2012 00:51; édité 4 fois
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Palantir



Inscrit le: 09 Oct 2007
Messages: 58
Localisation: Colmar

MessagePosté le: Lun Déc 03, 2012 13:01    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
"parce que personne ne savait pas dans quelle catégorie me ranger", dira-t-il.


on ne dit pas plutôt "parce que personne ne savait dans quelle catégorie me ranger" ?
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé MSN Messenger
patrikev



Inscrit le: 28 Mai 2010
Messages: 1774

MessagePosté le: Lun Déc 03, 2012 18:30    Sujet du message: Répondre en citant

Palantir a écrit:
Citation:
"parce que personne ne savait pas dans quelle catégorie me ranger", dira-t-il.


on ne dit pas plutôt "parce que personne ne savait dans quelle catégorie me ranger" ?


Exact. Faute d'inattention, je rectifie. J'en profite pour reformuler le passage sur le massacre de Rovno. J'ai suivi à peu près le canevas OTL mais avec quelques modifications FTL: avance allemande moins rapide, donc évacuation des communautés juives plus réussie, et passage à l'acte plus rapide des équipes de choc du NKVD.
_________________
- Votre plan comporte un inconvénient majeur.
- Commençons par le plus facile: capturer la bête.
- Le voilà, l'inconvénient majeur.
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
patrikev



Inscrit le: 28 Mai 2010
Messages: 1774

MessagePosté le: Jeu Déc 06, 2012 00:47    Sujet du message: Répondre en citant

Texte complété (en vert).
_________________
- Votre plan comporte un inconvénient majeur.
- Commençons par le plus facile: capturer la bête.
- Le voilà, l'inconvénient majeur.
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Montrer les messages depuis:   
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    Fantasque Time Line Index du Forum -> 1942 - Discussions Toutes les heures sont au format GMT + 1 Heure
Page 1 sur 1

 
Sauter vers:  
Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas voter dans les sondages de ce forum


Powered by phpBB © 2001, 2005 phpBB Group
Traduction par : phpBB-fr.com