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1940 - La France continue la guerre
 
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Intégrale 1942 "Fabrice(s) à Waterloo"
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Wil the Coyote



Inscrit le: 10 Mai 2012
Messages: 1901
Localisation: Tournai (Belgique)

MessagePosté le: Jeu Déc 12, 2013 09:31    Sujet du message: Répondre en citant

Je ne pense pas, car si je me rappel bien, lors de son passage à l'hopital, les auteurs nous ont bien fait comprendre que son infirmière, serait bien plus que cela après guerre....du moins il me semble.

Vivement la suite des exploit du LV Lagadec. Si cela continue, il terminera la guerre CPC ou CPF.
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Jubilé



Inscrit le: 03 Jan 2013
Messages: 794

MessagePosté le: Jeu Déc 12, 2013 09:34    Sujet du message: Répondre en citant

Ce passage sur les WAAF m'a fait rappeler ce très vieux souvenir de lecture, issu de la bibliothèque de jeunesse de mon père.

http://francejohn.pagesperso-orange.fr/cwe_worrals.htm

La vraisemblance technique était très faible, même pour un jeune ado pour moi. Elle pilotait un "reliant" (plus sûr du nom) qui semblait être un defiant muni de mitrailleuses dans les ailes Very Happy
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FREGATON



Inscrit le: 06 Avr 2007
Messages: 3994
Localisation: La Baule

MessagePosté le: Jeu Déc 12, 2013 09:44    Sujet du message: Répondre en citant

Wil the Coyote a écrit:
Je ne pense pas, car si je me rappel bien, lors de son passage à l'hopital, les auteurs nous ont bien fait comprendre que son infirmière, serait bien plus que cela après guerre....du moins il me semble.


Hum, peut-être... mais n'oublions pas que Lagadec est un marin, l'adage "une femme dans chaque port" reste applicable Embarassed
_________________
La guerre virtuelle est une affaire trop sérieuse pour la laisser aux civils.
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Casus Frankie
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 13715
Localisation: Paris

MessagePosté le: Jeu Déc 12, 2013 09:55    Sujet du message: Répondre en citant

FREGATON a écrit:
Le LV Lagadec a bien sûr bénéficié d'une autorisation officielle du ministre de la guerre pour arborer ses décorations étrangères... DFC & PH...


Bien entendu ! Autorisation accordée avec plasir, pour en mettre plein la vue à nos Alliés !
_________________
Casus Frankie

"Si l'on n'était pas frivole, la plupart des gens se pendraient" (Voltaire)
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raven 03



Inscrit le: 20 Mar 2009
Messages: 1164
Localisation: loire (42)

MessagePosté le: Jeu Déc 12, 2013 10:05    Sujet du message: Répondre en citant

bonjour
merci pour les commentaires...
j'avoue volontiers que je n'etais pas vraiment à l'aise au depart.

Oups pour les WAAC ,il me semblait bien ecrire une anerie mais je ne sais pas combien d'acronymes j'ai dans la tete et parfois je melange.

Pour les decorations etrangeres , il me semble que c'est systematique et que l'autorisation de la porter arrive avec le brevet de la decoration en question, (c'est mon cas pour celles que j'ai recues) surtout à cette epoque troublée ou les bananiers sont secoués de maniere energique.

Pour le reste , soyez patient ....quelques reponses sont dejà approuvées.

Fantasque , malheureusement , je n'ai pas le Docavia en question.

Une derniere chose :
un grand merci à Frank pour , tout d'abord supporter mes nombreuses aneries et surtout d' avoir corriger mon style d'ecriture aussi leger que le Yamato et le Musashi lancés à pleine vitesse..... Embarassed Embarassed Laughing Brick wall
et en plus il continue... Laughing Twisted Evil
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Fantasque



Inscrit le: 20 Oct 2006
Messages: 1336
Localisation: Paris

MessagePosté le: Jeu Déc 12, 2013 10:29    Sujet du message: Répondre en citant

Je vais essayer de les scanner. Elles valent le détour.....et donnent une bonne idée du caractère de Lecarme.
_________________
Fantasque
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raven 03



Inscrit le: 20 Mar 2009
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Localisation: loire (42)

MessagePosté le: Jeu Déc 12, 2013 10:30    Sujet du message: Répondre en citant

j'oubliais..
Fregaton ,franchement ...les deferlantes de WAVES... Mr. Green Twisted Evil Shame on you Laughing Laughing Laughing
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raven 03



Inscrit le: 20 Mar 2009
Messages: 1164
Localisation: loire (42)

MessagePosté le: Jeu Déc 12, 2013 10:32    Sujet du message: Répondre en citant

Fantasque a écrit:
Je vais essayer de les scanner. Elles valent le détour.....et donnent une bonne idée du caractère de Lecarme.


Merci ,je suis preneur ,
j'ai dejà une petite idée du caractere de Lecarme apres avoir trouvé un bio sur le wouebe.
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ladc51



Inscrit le: 17 Oct 2006
Messages: 1263
Localisation: Paris

MessagePosté le: Jeu Juin 12, 2014 06:45    Sujet du message: Intégrale Fabrice 1942 - Les lettres des Pyrénées Répondre en citant

Bonjour,

avec retard, j'ai retrouvé qques lettres des Pyrénées datant de 1942... les voici :


22 Janvier 1942
Des lettres pour les Pyrénées
Dans la montagne au sud d’Alger


Cher Papa, chère Maman

Votre lettre est bien arrivée hier. J’ai été à la fois très content d’avoir de vos nouvelles mais aussi très triste de découvrir que les conditions de vie sont devenues encore plus difficiles cet hiver. J’ai tremblé à la lecture du récit de l’expédition en train de Maman et Dédé (si jeune pour un voyage si dangereux !). Pourquoi aller si loin, juste pour aller chercher du cochon ! Je vous imagine tremblant de froid dans le compartiment de 3e classe mal chauffé, vos lourdes valises contre vous, sursautant à chaque passage d’un contrôleur. Vous devez terriblement manquer de viande pour prendre de tels risques, bravant à la fois les polices de Laval et les Allemands… Dès que je pourrai, je vais essayer de vous envoyer un paquet avec des conserves américaines, on appelle ça du singe mais c’est du bœuf, j’espère qu’il arrivera. Mais surtout, s’il vous plaît, soyez prudents.

Pour ma part, après ma formation au peloton de sous-officier, je suis de retour au sein du 4e Bataillon de Chasseurs à Pied. Je suis désormais sergent-chef et je commande un groupe de combat de 12 hommes. C’est une lourde responsabilité, mais avec l’expérience et la formation, je m’en sens capable. J’ai retrouvé plusieurs anciens camarades dans mon groupe de combat : le caporal Lopez et son fusil-mitrailleur, les chasseurs Martin et Rodriguez, et bien sur Ahmed, notre chauffeur. Il y a aussi des nouveaux, y compris plusieurs jeunes qui viennent à peine de finir leurs classes. Nous avons repris l’entraînement, tant à pied qu’à bord de notre véhicule de combat, un semi-chenillé M3 américain (un gros camion blindé tout-terrain avec des chenilles à la place des roues arrière).
Mais la grande nouveauté est notre participation aux travaux publics. Nous avons quitté le camp il y a deux semaines, avec notre section, pour nous rendre dans un petit village indigène dans les montagnes au sud, près de la ville de Miliana. Nous intervenons dans ce village pour aider à réparer l’école de garçons et à construire une école de filles. Le capitaine nous a expliqué que le gouvernement a lancé dès l’été 1940 un grand programme d’éducation des populations musulmanes, et que c’est à la fin de cette année que l’école de garçons a été construite (sans doute un peut trop vite puisqu’il faut la réparer aujourd’hui). Le nouveau bâtiment que nous construisons va abriter la classe des filles. Nous sommes heureux de ces travaux qui nous sortent un peu de l’ordinaire et encore plus fiers de participer à « l’œuvre civilisatrice de la France » (comme dit le capitaine), pour aider à notre tour ces Algériens qui nous ont si bien accueilli à notre arrivée pendant l’été 40, avec le peu qu’ils avaient. Les villageois nous ont reçus avec enthousiasme : ils disent leur reconnaissance pour l’aide que la République et l’Armée leur apportent depuis plus d’un an, qui les sort un peu de la misère ; le premier élève a quitté le village en septembre dernier pour gagner le lycée de la ville, sa famille est très fière et espère qu’il deviendra instituteur…

J’ai un peu discuté avec la future institutrice : elle s’appelle Marie, c’est une fille de colons, elle n’a que 20 ans mais elle voulait s’engager pour servir comme son père et ses deux frères ; sa mère l’a convaincue de choisir plutôt ce travail, qui lui permet de rester près de sa famille et de continuer à l’aider. Comme elle a son Certif’, après six mois de formation, elle a été affectée à cette nouvelle école (il fallait une femme : déjà que les Musulmans étaient réticents à l’idée d’envoyer leurs filles à l’école, aucun n’aurait accepté de les confier à un homme !). Marie est pleine d’enthousiasme, elle rêve de donner à ces filles une éducation et, qui sait, peut-être de les aider à sortir leurs familles de la misère ; elle est aussi très patriote et souhaite donner l’amour de la France à ces enfants. Sur son invitation, nous avons visité la ferme de sa famille, à près d’une heure de marche du village. C’est une ferme pauvre par rapport à celles de notre Roussillon, mais c’est un havre de luxe par rapport aux villages musulmans ! Presque tous les hommes sont à l’armée : le frère aîné de Marie s’était engagé en 1939, son père et son jeune frère ont été mobilisés depuis, le premier à l’été 40 et le second l’année dernière, quand il a eu ses 18 ans. En leur absence, c’est sa mère qui fait marcher la ferme, aidée de ses ouvriers agricoles algériens. Le grand-père est un brave homme qui participe aux tâches autant qu’il le peut, malgré ses 65 ans, mais il parait un peu dépassé par le changement, enfermé dans ses « c’était mieux avant » : il bougonne et ne cesse de se lamenter sur les aides attribuées aux Indigènes, comme on dit ici. Plusieurs ouvriers agricoles ont quitté la ferme pour s’installer à leur compte en profitant de ces aides et il dit que ces gens ne comprennent que la force, que notre générosité se retournera un jour contre nous. Il rappelle sans cesse les difficultés et l’hostilité qu’ont dû affronter ses parents à leur arrivée en Algérie il y a 70 ans, et à quel point leur travail a transformé la région… Quoi qu’il en soit, j’ai donné un coup de main à la ferme : j’ai taillé les vignes, ce qui m’a rappelé ces derniers hivers, avec Papa, avant la guerre…

Cette parenthèse ouvrière et agricole prend fin demain. Nous avons reçu ce soir l’ordre de revenir au campement ; c’est dommage, nous devions rester encore une semaine, nos travaux ne sont pas encore finis, mais après tout nous sommes soldats et c’est la guerre…

Quoi qu’il en soit, j’espère que nous nous reverrons bientôt, prenez bien soin de vous.

Je vous embrasse tous bien fort,

Votre fils, Bertin.


18 Avril 1942
Des lettres pour les Pyrénées
Aux environs de Tripolis, en Grèce


Cher Papa, chère Maman

Je vous écris une fois de plus d’un endroit exotique : Tripolis est en Grèce, plus exactement dans le Péloponnèse, regardez dans l’atlas que Marraine Phine m’a offert pour ma Communion ! Je commence à me demander si le colonel Duluc ne m’a pas porté malchance en m’offrant l’Odyssée : par combien d’étapes me faudra-t-il encore passer, comme Ulysse, avant de rejoindre ma maison ?

Cette année, je visite donc une région de Grèce que je ne connaissais pas ! Nous y sommes arrivés il y a près de deux mois. Après notre retour au campement, toute la brigade Leclerc a été mise en état d’alerte, puis nous avons gagné Alger pour embarquer sur des navires avec nos véhicules et matériels. Contrairement à l’année dernière, nous avons cette fois embarqué hommes et véhicules ensemble sur des navires modernes, un peu comme le ferry que Tante Françoise et Oncle Eugène avaient pris pour aller en Corse avec leur voiture. Nous n’avons appris notre destination qu’après deux jours de mer et nous avons débarqué fin février directement dans nos véhicules sur une plage grecque, les pieds bien au sec !

Ma seconde campagne grecque est bizarre et très différente de la première. Au début, c’était facile : les fantassins débarqués quelques heures avant nous avaient dégagé la plage et repoussé l’ennemi (des Italiens). Nous avons foncé vers le nord par de mauvaises routes de montagne très sinueuses (oui, pire que chez nous, même si ça grimpe moins haut !). Il n’y a pas eu beaucoup d’accrochages et seulement deux combats sérieux : nos adversaires étaient secoués et leur résistance était fragile. Ne croyez pas que les Italiens sont de mauvais soldats, mais cette fois ils étaient débordés et pris à revers en pleine retraite, sans doute comme nos troupes dans le Nord en mai 40… Le lieutenant pensait qu’on arriverait jusqu’à la ville de Patras, de l’autre côté du Péloponnèse, mais on nous a faire perdre du temps en route en nous ordonnant d’encercler et de capturer un bataillon ennemi, et pendant ce temps les Italiens ont reçu des renforts, des Allemands d’une unité d’élite de montagne. Et puis le mauvais temps s’est mis de la partie : d’abord la pluie, qui nous a privés du soutien de notre aviation, puis la neige. Quand on pense à la Grèce, on pense souvent à la chaleur torride de l’été, mais en hiver dans les montagnes du Péloponnèse, il fait très froid ! Les fantassins ont pris le relais, notre unité est repassée en réserve.

Après un court repos, nous avons été rappelés pour défendre Tripolis, attaqué par les Panzers de Rommel, le fameux « Renard des Balkans » qui nous avait fait tant de mal en Albanie et en Grèce l’an dernier (et déjà en France en 40, paraît-il). Les combats ont été rudes, mais contrairement à l’an dernier, grâce à notre chasse et à nos canons anti-aériens (quand ce n’était pas grâce à la météo, exécrable pour tout le monde), nous n’avons pas trop souffert des bombardements des Stukas. Nos nouveaux chars sont aussi bons que ceux des Allemands et la mission de notre bataillon était de les suivre au plus près pour tenir le terrain conquis et empêcher l’infanterie ennemie de s’infiltrer. Mes hommes ont été très courageux, même ceux pour qui c’était le baptême du feu. A force d’acharnement, de résistance, de décrochages puis de contre-attaques, nous avons bloqué l’avance des Boches. Cette fois, nous n’avons pas été battus, la prochaine fois, nous gagnerons ! Mais même quand ça va mieux, la guerre est dure et sale : mon groupe de combat a eu plusieurs blessés ; pire, le petit Rodriguez et Andrieu, qui en était à sa deuxième campagne, resteront à tout jamais en Grèce, dans de pauvres tombes que nous avons mis des heures à creuser dans le sol rocailleux. Moi, je m’en suis sorti sans une égratignure : le lieutenant m’a dit que c’était l’expérience…

Les civils grecs nous ont beaucoup aidés. Ils sont pauvres, mais ils sont fiers et ils donnent tout ce qu’ils ont pour aider leurs libérateurs. Grace à eux, nous n’avons pas trop souffert du froid. Ils ont même participé aux combats, nous avons souvent vu des gamins venir guider nos tirailleurs ou nos goumiers dans les montagnes, ou des vieilles femmes apporter les munitions aux soldats en première ligne. Les hommes qui restaient sont pour la plupart allés s’engager dans l’armée grecque. Dans ces conditions, il ne peut pas être question de reculer et de les abandonner à la vengeance des Fritz !

Les combats se sont calmés, chacun reprend ses forces. L’intendance suit, nous ne manquons de rien ; j’ai même reçu deux lettres de Marie, vous savez, l’institutrice de Miliana. Mais aucun courrier de Bages : j’espère que vous allez tous bien et que ma dernière lettre vous est parvenue. J’espère aussi que les traditionnels orages de Pâques ne vont pas abîmer la vigne et que la récolte sera bonne cette année. Portez vous bien, soyez prudents : quoi qu’il paraisse, cette guerre aura une fin…

Je vous embrasse tous bien fort,

Votre fils, Bertin.



12 novembre 1942
Des lettres pour les Pyrénées
Dans la région d’Alger


Cher Papa, chère Maman

Votre dernière lettre est arrivée ce matin. Quelle peur rétrospective j’ai eue en la lisant ! Je n’ose pas imaginer votre angoisse, et surtout celle de Tata Jeannette ! J’espère que cousin Michel aura eu suffisamment peur et que ça lui passera le goût des bêtises : même à seize ans, il faut être stupide pour oublier l’heure du couvre-feu sous prétexte qu’on discutait avec un copain, puis pour décider de rentrer quand même à la maison ! Il a déjà eu de la chance que la patrouille allemande l’arrête sans lui tirer dessus ! Et Tata Jeannette, apprenant au matin le sort de son fils, obligée de supplier Monsieur le Maire de l’emmener en voiture à Perpignan, pour implorer le Préfet d’aller quémander à la Kommandantur la libération de ce stupide garnement… Heureusement, si on peut dire, elle est veuve de guerre depuis 39 et elle n’a aucun proche en Algérie (une chance qu’on n’ait pas le même nom), ça a dû l’aider à obtenir que Michel soit sorti au dernier moment de ce train qui allait emporter délinquants, juifs et « terroristes » vers le camp de Paris, dernière étape avant les camps en Allemagne, je le crains. C’est pas une vie d’avoir tout le temps peur comme ça, de Laval ou des Boches, je pleure de rage et d’impatience de venir vous libérer !

Finalement, je vais croire que la guerre est plus facile pour moi que pour vous. Je suis une nouvelle fois revenu à notre camp dans la plaine près d’Alger après une nouvelle campagne que j’ai traversée sain et sauf.
Depuis ma précédente lettre, les événements se sont enchaînés. Nous sommes encore restés quelques semaines en Grèce, en réserve d’un front désormais plutôt calme. A la fin du printemps, alors que nous commencions à prendre goût au retour des beaux jours, nous avons été relevés et nous sommes rentrés en Algérie, où, sans nous laisser le temps de souffler, il a fallu nous familiariser avec de nouveaux matériels tout droit arrivés d’Amérique, en particulier de nouveaux chars qui surclassent tout ce que les Allemands nous ont opposé jusqu’ici. En même temps, on a vu arriver des nouveaux pour remplacer nos morts et blessés graves ; dans mon groupe de combat, nous avons accueilli quatre jeunes hommes, dont deux « indigènes musulmans », tout juste sortis de leurs classes. J’ai fait de mon mieux pour les instruire en essayant d’en faire de vrais soldats, je mesurais avec angoisse l’écart entre la théorie qu’on leur a enseignée et l’expérience pratique que j’ai désormais acquise. Ensuite, nous sommes partis en grande manœuvre de division. Notre ancien commandant de brigade, le général Leclerc, a pris la tête de toute la division : avec lui, c’est sur, nous irons jusqu’à Paris et Strasbourg, comme il l’a promis en 40 ! Mais il ne nous a pas laissé un jour de repos : un entraînement tactique suivait un cours théorique, avant de passer aux exercices physiques ou cours de mécanique… Fin août, on a quand même eu quelques jours de détente au bord de la mer, l’occasion pour beaucoup d’entre nous d’apprendre à nager.

En fait, c’était le calme avant la tempête ! Début septembre, la division entière a été mise en alerte, puis nous avons gagné le port d’Alger pour embarquer à nouveau sur ces drôles de navires (on dit des chalands de débarquement). Nous avons navigué au milieu d’une vraie armada, la mer était couverte de navires de guerre, nous étions sans cesse survolés par notre aviation. Cette fois le trajet a été plus court : la Sicile, ce n’est pas loin de l’Afrique du Nord ! Enfin, nous portions la guerre sur le territoire de nos adversaires ! Des Italiens seulement, oui, mais le tour des Allemands viendra.

Cette campagne de Sicile a été particulièrement bizarre. En face, on n’a vu aucun Allemand, uniquement des Italiens, dont le comportement était totalement imprévisible : certains régiments se sont rendus au premier coup de canon (le lieutenant m’a dit plus tard qu’ils étaient composés de réservistes locaux qui n’avaient aucune envie de transformer leur village en champ de bataille), d’autres se sont battus héroïquement en rendant coup pour coup jusqu’à la dernière cartouche… Tant pis pour eux. Notre aviation avait la maîtrise complète du ciel et nous apportait un soutien bienvenu à chaque point de résistance. Le terrain très accidenté et la météo difficile nous ont posé de nombreuses difficultés : il y a eu beaucoup d’embouteillages de chars et de semi-chenillés sur les petites routes sinueuses, dans l’angoisse de l’apparition d’avions ennemis ou d’un bombardement d’artillerie… A plusieurs reprises, il a fallu pousser dans le ravin un véhicule en panne qui bloquait notre colonne. Le général Leclerc nous menait à fond de train, utilisant chaque route ou même chaque sentier pour contourner les résistances les plus dures, exigeant que nos colonnes soient constamment en mouvement, et le colonel Dodart des Loges (le nouveau chef de notre brigade) nous faisait régulièrement progresser avec une organisation bizarre, en groupements mêlant chars, infanterie et artillerie : c’était très différent de ce que nous avions jusque-là dans nos manuels, mais c’était redoutablement efficace… Nous avons conquis la partie ouest de la Sicile avant de nous rabattre vers le centre et d’appuyer l’infanterie dans sa progression vers Messine.

En tout, la campagne a duré un gros mois, y compris une pause bienvenue pour rétablir nos colonnes de ravitaillement qui ne suivaient pas le rythme, au moment où la météo s’est vraiment dégradée. Elle s’est révélée aussi difficile que cet hiver en Grèce, mais cette fois nous avons constamment avancé (plus ou moins vite, mais toujours vers l’avant) et nous avions un moral au beau fixe. J’ai même dû plusieurs fois calmer l’euphorie de certains de mes hommes, car même dans la victoire, la guerre est dangereuse : j’ai perdu deux gars (deux nouveaux, les vieux grognards disent que c’était écrit, que c’est un crime d’envoyer au casse-pipe des gamins si mal formés ; je crois qu’ils ont oublié qu’ils étaient eux-mêmes encore moins bien formés en mai 1940). Nous avons eu beaucoup de chance de ne compter que des blessés quand notre semi-chenillé est tombé dans une embuscade au détour d’un lacet de montagne, heureusement qu’Ahmed sait piloter en marche arrière et qu’il a des réflexes rapides, heureusement aussi que cette mécanique américaine et solide et que les Italiens n’avaient pas de canon antichar ! Ne vous inquiétez pas pour moi, je m’en suis encore sorti avec quelques égratignures bien vite oubliées.

A la mi-octobre, la Sicile conquise, notre division a été envoyée au repos dans le sud de l’île. Notre campement était proche de celui d’une brigade de la Légion et j’ai été très heureux de retrouver Juanito : il avait gagné une belle cicatrice, mais semblait toujours très en forme. Nous avons partagé plusieurs soirées de chants et de fête, à dévorer ricotta et caccio cavallo (des fromages locaux) généreusement arrosés de ce vin de Sicile si fort qu’il donne mal à la tête… J’ai cependant bien fait de ne pas suivre ce charmeur quand il a décidé de séduire une belle du village voisin ; il a jeté son dévolu sur une nommée Irina, qui avait l’air de le trouver à son goût, mais les parents de la jeune fille n’ont pas apprécié et les Siciliens ont le sang chaud et le sens de l’honneur chatouilleux. Il y a eu beaucoup de tension, des plaintes auprès du commandement, il paraît que certains Siciliens voulaient se venger sur un de nous, peu importe lequel, et puis, par bonheur, Juanito a été appelé ailleurs avec sa brigade, et ils ont plié bagages dans la nuit.

Nous sommes restés une partie de l’automne dans la douceur de la Sicile, un peu frustrés de ne pas avoir pu poursuivre nos ennemis en Italie même, mais satisfaits néanmoins de pouvoir nous reposer et attendre tranquillement le retour d’hôpital de nos camarades blessés. Notre division a été progressivement ramenée en Algérie ces dernières semaines, à temps pour envoyer un détachement au défilé du 11 novembre. Nous avons une fois de plus retrouvé notre camp, j’aurai peut-être cette fois le temps de retourner voir Marie comme je le lui ai promis.

Soyez plus prudents que jamais, il me tarde tant de vous revoir.

Je vous embrasse,

Votre fils, Bertin.
_________________
Laurent
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Capu Rossu



Inscrit le: 22 Oct 2011
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MessagePosté le: Ven Juin 13, 2014 19:22    Sujet du message: Répondre en citant

Bonsoir,

Ladc51 a écrit :

Citation:
18 Avril 1942
Des lettres pour les Pyrénées
(...) Contrairement à l’année dernière, nous avons cette fois embarqué hommes et véhicules ensemble sur des navires modernes, un peu comme le ferry que Tante Françoise et Oncle Eugène avaient pris pour aller en Corse avec leur voiture.


Qua la brigade Leclerc ait emprunté l'un des nouveaux LST construit aux USA, d'accord. Mais Tante Françoise, Tonton Eugène et leur voiture n'ont pas pu prendre un ferry pour leurs vacances en Corse avant guerre.
En effet (OTL) il n'existe pas de car ferry sur les lignes de Corse avant 1960 et guère plus tôt sur les lignes transmanches. Sur le transmanche on trouve seulement trois train-ferry en 1939 et basta. En Manche comme en Méditerranée, les voitures sont embarquées et débarquées à l'aide de grues ou des cornes de charges des navires et voyagent en cale. Das notre FTL, comme tout ce qui se passe avant le POD est strictement identique à l'OTL, cette portion de phrase est à supprimer.

Citation:
12 novembre 1942
heureusement aussi que cette mécanique américaine est solide et que les Italiens n’avaient pas de canon antichar !


@+
Alain
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ladc51



Inscrit le: 17 Oct 2006
Messages: 1263
Localisation: Paris

MessagePosté le: Sam Juin 14, 2014 16:11    Sujet du message: Répondre en citant

Zut, une phrase à revoir !

Merci de nous éviter l'anachronisme ; c'est la limite de la partie inventée de ces lettres...
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Laurent
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