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1940 - La France continue la guerre
 
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L'Espagne
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requesens



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MessagePosté le: Mar Aoû 06, 2019 20:27    Sujet du message: Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:
Ah ! Mais c’est bien y Giroud ?


Si señor, así es.
_________________
"- Tous les allemands ne sont pas nazis, monsieur !
- Oui, je connais cette théorie, oui."
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mer Aoû 07, 2019 18:34    Sujet du message: Répondre en citant

25 mars 1944
Plus Ultra !
Negrin se tourne vers ses compatriotes
Alger
– Ces jours-ci, Juan Negrin enrage en pensant à sa situation encore deux ans plus tôt. Qu’elle semble loin l’époque où le gouvernement d’Alger lui dépêchait régulièrement un vieil officier, ancien des Brigades Internationales, pour l’informer des opérations en cours et des hauts faits des Espagnoles combattant au sein de la Légion. Fin 1942 ou début 1943, au moment du basculement de l’Italie, le vétéran avait cessé de venir – muté à un poste d’instructeur à l’autre bout de la Méditerranée. Puis, les bons tuyaux venant de diverses autorités politiques ou militaires s’étaient faits de plus en plus rares. Et bien sûr, depuis que la quasi-totalité des administrations et QG ont, au moins symboliquement, réemménagé dans le sud de la France, Negrin n’a plus guère de nouvelles que celles que colporte la presse. Une fois que tout le monde sera réinstallé de l’autre côté de la Méditerranée, aura-t-on le bon goût de lui allouer un logement sur la Côte d’Azur, ou est-il destiné à être oublié à Alger ?
Mais voilà que le Premier ministre (ou ex-Premier ministre, c’est selon) de la République espagnole vient d’apprendre par une voie détournée (un légionnaire d’une DBLE “espagnole” en convalescence a parlé à un membre de sa famille qui connaît bien… etc…) que le gouvernement français a demandé à l’état-major de faire en sorte que les unités “espagnoles” de la Légion, les DBLE Ebro et Teruel et la BMLE Brunete, soient tenues éloignées de la frontière pyrénéenne, y compris pendant leurs périodes d’un repos bien gagné. Il s’agirait d’éviter « toute provocation » vis-à-vis de l’armée franquiste.
Aucun doute, ces unités, que Negrin voyait comme le fer de lance d’une armée républicaine revenant les armes à la main pour affronter Franco une fois l’Allemagne vaincue, resteront strictement cantonnées à la guerre des Français. Dire qu’à la demande de l’état-major, il a fait passer une note dans le Sud-Ouest pour que les maquisards républicains espagnols s’engagent dans la Légion…
Se sentant de plus en plus délaissé par son protecteur français, Juan Negrin prend la décision déterminante de prendre contact avec Martinez-Barrio. Les Cortès doivent se réunir prochainement. Il en va de l’avenir de la République ! Plus question de compter sur un protecteur, quel qu’il soit, pour infléchir le destin de l’Espagne !
………
Mexico – Negrin ne peut que l’espérer, mais à l’autre bout du monde, Martinez-Barrio partage cette idée. D’autant plus qu’il s’inquiète de la montée en puissance de la faction monarchiste, dont le Cercle Culturel Pablo Iglesias, sur lequel Indalecio Prieto a la main, commence à vanter les mérites en Amérique Latine. Le même Prieto dont des rumeurs de plus en plus insistantes au sein de la diaspora républicaine espagnole affirment que les déplacements récents à Lisbonne et Casablanca, officiellement pour le compte de la JARE, lui ont en fait servi à négocier avec les monarchistes, voire avec Don Juan en personne !


9 mai 1944
Una, Grande, Libre
Franco tend la main aux Anglais
Londres
– Jacobo Fitz-James Stuart, 17e duc d’Albe, duc de Berwick, de Liria et Jerica et d’Arjona, comte-duc d’Olivares, marquis de Carpio, de Coria, de La Mota, de Moya, de Sarria, de Barcarrota, de Villanueva del Fresno, de Villanueva del Rio, de la Albaga, d’Eliche, de San Leonardo, d’Osera et de Tarazona, comte de Lemos, de Siruela, de Lerin, d’Osorno, de Monterrey, de San Esteban de Gormaz, de Miranda del Castanar, de Modica, de Vilalba, d’Andrade, de Gelves, de Galve, de Casarrubios del Monte, de Fuentes de Valdepero, d’Ayala, de Santa Cruz de la Sierra et de Fuentidena, comte de Tinmouth, vicomte de la Calzada, baron Bosworth, pair d’Espagne et connétable de Navarre est l’aristocrate le plus titré d’Europe. On ne s’étonnera pas qu’il fasse preuve d’un sens certain de l’étiquette et d’un raffinement sans faille en société. Hélas, il se trouve que le duc d’Albe est depuis cinq ans l’ambassadeur du régime franquiste en Angleterre. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que le Caudillo n’a pas eu la même éducation que Fitz-James Stuart – aussi ce dernier est-il quelque peu gêné de la tournure du message qu’il est chargé de transmettre au ministre des Affaires Étrangères de Sa Majesté.
« Des trois nations européennes fortes et viriles qui subsistent aujourd’hui sur notre continent dévasté – le Royaume-Uni, l’Espagne et l’Allemagne, seules l’Espagne et le Royaume-Uni peuvent à présent choisir de développer une profonde amitié mutuelle » déclare le duc d’Albe au nom du Caudillo. Voyant la mine interloquée d’Anthony Eden, l’ambassadeur espagnol tente de s’expliquer sur les raisons de cette main tendue aux Anglais “par dessus” la France de la part du régime franquiste. D’abord, la défaite subie par la France quatre ans auparavant est l’une des plus importantes de l’Histoire moderne. Sa capitale est toujours provisoire et qui sait ce qui va advenir de son gouvernement d’union nationale infiltré par les communistes, maintenant qu’il a pu remettre les pieds en métropole ! Quant à l’Allemagne, si elle est toujours debout, il semble évident qu’elle succombera bientôt à la manœuvre en tenailles qui se dessine à l’échelle du continent. Et comme les puissances alliées semblent fermement décidées à exiger une reddition sans conditions…
Eden est pour le moins surpris de cette manœuvre de la part de l’Espagne. Franco se rappelle ainsi à la mémoire des diplomates britanniques, il est vrai fort occupés depuis plusieurs mois par le devenir de l’Europe Centrale et Balkanique et par l’organisation générale du monde d’après-guerre. Les conférences de Bretton Woods et de Dumberton Oaks (celle-ci bat actuellement son plein) sont là pour rappeler que le nouvel ordre de la planète est en train de se dessiner. Et il semble que l’Espagne – l’Espagne de Franco ! – veuille y avoir sa place !
Anthony Eden est francophile certes, mais il n’en reste pas moins britannique. Il sait que l’allié français s’est beaucoup appuyé sur la diaspora républicaine espagnole pour guerroyer depuis l’époque du Grand Déménagement et s’est attaché à soutenir le gouvernement en exil de Juan Negrin… sans oublier de renouer des contacts “normaux” avec le régime de Franco. Si Eden (contrairement à son second Cadogan, qui participe à la conférence de Dumberton Oaks) est partisan de sanctions contre le régime de Franco, il sait aussi qu’il faut manœuvrer avec prudence concernant ce pays dont personne n’a envie de le voir devenir un refuge européen pour fascistes de tout poil, ni le voir basculer dans une nouvelle révolution rouge qui en ferait une autre Bulgarie ou Roumanie… Il compte donc mettre la question espagnole à l’ordre du jour de la prochaine réunion du War Cabinet, quand bien même l’euphorie de la seconde phase de la deuxième campagne de France dominera probablement les débats. Car il est grand temps que le War Cabinet et le Premier ministre prennent une décision tranchée concernant cette Espagne qu’on a tenté de ménager tout au long du conflit tout en la regardant un peu de travers. Doit-on prendre la main tendue par les franquistes ? La repousser ? Ou la trancher ?


18 mai 1944
Una, Grande, Libre
Des Anglais bien embarrassés
Londres
– Le succès foudroyant d’Overlord a agréablement surpris tout le monde. Les bookmakers londoniens ont même lancé un nouveau pari : le Rhin sera-t-il atteint avant la fin du mois de mai ? Evidemment couplé au traditionnel : la guerre sera-t-elle finie pour Noël ? Deux questions qui ont de quoi faire se vider bien des portefeuilles et faire fantasmer beaucoup de monde, tant à l’arrière que sur le front…
Lors de la réunion du War Cabinet, Anthony Eden a un peu de mal à retenir l’attention des autres participants. Autour de la table, que préside évidemment le Premier ministre Winston Churchill, se tiennent les habitués : le vice-Premier ministre Clement Attlee, le Chancelier de l’Échiquier (équivalent du ministre du Trésor) Sir John Anderson, le secrétaire d’Etat à l’Intérieur Herbert Morrisson, le ministre du Travail Ernest Bevin, le ministre de la Reconstruction Lord Woolton et enfin le ministre de la Production Oliver Lyttelton. Se sont joints à eux pour cette réunion le numéro 2 des Affaires Étrangères Sir Alexander Cadogan (tout juste rentré de la conférence de Dumberton Oaks) et le ministre de l’Économie de guerre Lord Selborne.
L’Espagne, sujet assez peu évoqué, arrive en dernier. Certains membres du War Cabinet s’étonnent même qu’il en soit question. « L’Espagne a vu la lumière et a rejoint les Nations Unies ? » demande innocemment une voix anonyme. L’assistance commence à pouffer et à disperser son attention, mais Eden reprend la balle au bond.
– Non. Mais il s’agit bien de la place qu’accorderont les Nations Unies à l’Espagne dans le concert des nations après la guerre.
L’attention est quelque peu captée. Eden peut donc parler du message transmis par le duc d’Albe quelques jours plus tôt sur la virilité des nations européennes. Quelques rires précèdent des réactions plus élaborées. L’un fait mention de la « triple guerre » chère à Franco, qui des années après fait toujours autant rire. L’autre évoque la virilité des différentes nations en termes qui, quelques années plus tard, seraient à coup sûr qualifiés de racistes et sexistes, ou au moins de déplacés dans une enceinte officielle. Ces plaisanteries passées, Eden reprend le sujet que lui seul semble aujourd’hui trouver important.
– Quelle réponse donnons-nous à ce surprenant message de Franco ? Et surtout, maintenant qu’elle est totalement isolée de l’Allemagne, qu’allons-nous faire de l’Espagne ? Le régime franquiste a collaboré avec les Allemands pendant une bonne partie de la guerre. Il n’a cessé de commercer avec eux, leur vendant notamment du tungstène si précieux pour l’industrie de guerre, qu’à la suite de deux embargos décidés par les Américains et nous-mêmes. Mais depuis, les Américains semblent se soucier de l’Espagne autant que de la Yougoslavie. Quant aux Français, ils maintiendront les unités espagnoles de leur Légion Étrangère aussi loin que possible de la frontière des Pyrénées – il ne manquerait plus qu’ils lancent une Reconquista depuis le Val d’Aran ! Mais Negrin est toujours hébergé par le gouvernement de Marseille et Léon Blum semble beaucoup l’apprécier. Cependant, les Français sont évidemment focalisés sur la libération de leur territoire et semblent vouloir ménager la chèvre républicaine et le chou franquiste tant que la guerre contre l’Allemagne n’est pas terminée. Ma question est la suivante, Gentlemen : et nous, que faisons-nous ?
– Un régime fasciste pourrait-il continuer à exister en Europe après la guerre ? Ce serait scandaleux,
s’insurge Attlee, leader de l’opposition de Sa Majesté, anti-franquiste et pro-républicain convaincu.
– Un régime officiellement reconnu par nos services diplomatiques, néanmoins ! tempère Bevin, ce qui ne manque pas de faire sourire les Conservateurs présents, Bevin et Attlee étant tous deux Travaillistes.
– Quoi qu’il en soit, sanctionner Franco, peut-être… Mais pour quoi faire ? demande Cadogan d’un ton faussement neutre, alors qu’il a son idée bien arrêtée sur la question et compte bien profiter de l’occasion pour faire entendre son opinion, dût-elle s’opposer à celle de son supérieur, Eden.
Il ne faut pas confondre soutenir le remplacement de Franco et déclencher une nouvelle guerre civile. D’autant plus que nos rapports commerciaux avec l’Espagne sont assez bons ces derniers temps… Et largement à notre avantage ! rappelle Anderson.
– L’opposition à Franco est profondément désorganisée. Cinq ans après la fin de la guerre, ils sont toujours aussi désunis ! Il y a le Comité Barrio-Prieto au Mexique, le gouvernement de Negrin à Marseille – où seul Negrin est encore actif – et puis la résistance communiste en Espagne… et à Moscou ! Et puis il y a un prétendant à la couronne bien mollasson – pour ne pas dire que c’est une véritable girouette qui ne s’anime que quand le vent souffle d’un côté ou de l’autre, résume Cadogan.
– Un retour à la monarchie pourrait être intéressant, répond Eden en fixant Cadogan. Même si ce n’est pas au Royaume-Uni de décider à la place des autres pays quel système politique doit s’appliquer chez eux. Mais nous ne cessons de discuter, le Premier ministre et moi, avec messieurs Roosevelt et De Gaulle, sur les principes et idéaux qui devront animer le concert des nations en Europe. Et dans les conditions actuelles, il est certain que l’Espagne ne pourrait pas en faire partie.
– Certes. Mais après la guerre, l’état économique de notre continent en ruines sera catastrophique,
réagit Cadogan, qui semble lancé dans un véritable duel avec son supérieur. Regardez Salonique ! Belgrade ! Lyon ! Et qui sait Paris ? Nous ne pourrons nous offrir le luxe de sanctions économiques prises à des fins purement politiques !
– J’attire votre attention, Gentlemen, sur le fait que des sanctions économiques contre Franco, en plus d’être désastreuses pour notre économie, seraient assez injustes. Sans doute, ce régime a commis des atrocités. Mais bien moins horribles que celles commises par ceux qui l’ont précédé au pouvoir en Espagne,
commente Lord Selborne.
Attlee manquant de s’étouffer, Selborne conclut sa sortie en lançant : « La non-belligérance espagnole en 1940 nous a épargné bien des tourments et nous devrions en être grandement reconnaissants à Mr Franco. »
Il est temps que Churchill s’exprime : « Gentlemen, il ne s’agit pas de faire un cours d’histoire ni de fantasmer sur ce qui aurait pu se passer… Nous ne sommes pas là pour ça. Nous sommes là pour parler du présent et surtout de l’avenir de l’Espagne. Il faut lancer un avertissement à Franco, mais à quel point cet avertissement doit-il être sévère ? Et que faire si Franco n’en tient pas compte ? Par bonheur, les Français gardent pour le moment leurs Espagnols loin de l’Espagne, ce qui nous épargne une guerre pyrénéenne qui rendrait la situation dans le Sud-Ouest de la France et en Catalogne totalement incontrôlable, mais qu’en sera-t-il après la victoire sur l’Allemagne ? Je vous écoute depuis tout à l’heure parler de la raison qui primerait sur l’idéologie. Ce genre de propos est courant, je les ai entendus dans d’autres bouches. et il est vrai qu’il est très mesuré. Mais si, il y a quatre ans, nous avions tous, Anglais et Français, fait primer ce qui semblait être la raison, nous ne serions pas à l’heure qu’il est assis autour de cette table. Vous parlez de raison et d’idéologie ? Laissez-moi vous rappeler ce qui s’est passé en Bulgarie il n’y a pas si longtemps. Il était raisonnable de ne pas mettre à mal le ravitaillement de nos armées pour se précipiter à Sofia, car leur cible était Berlin et non Sofia. Mais désormais, il n’y a plus de royaume de Bulgarie et l’idéologie qui anime ceux qui sont au pouvoir actuellement est bien différente de celle de ceux qui nous avaient appelés à l’aide. Mon intime conviction est que les tendances politiques espagnoles sont nombreuses, mais que les extrémités de ce spectre ne sont souhaitables ni pour l’Espagne, ni pour l’Europe, ni pour le Royaume-Uni. A droite, le régime de Franco a soutenu nos ennemis, sans les rejoindre certes, mais en leur facilitant la tâche et dont l’idéologie est proche de la leur. Mais à gauche, la Révolution communiste guette ! Car un retour de Negrin au pouvoir entraînerait une nouvelle guerre civile. Et je ne souhaite pas voir l’Espagne basculer dans un camp où des pays raisonnables et mesurés sont déjà tombés et dont ils n’auront pas la possibilité de s’échapper. Entre les deux, il y a la monarchie. Une monarchie équilibrée et tolérante, bien entendu, qui saurait préparer un retour harmonieux à la démocratie dans ce pays. »
Après cette conclusion quelque peu lyrique, Churchill reprend son souffle.
– Nous pourrions mener des actions concertées avec les États-Unis et la France, avance Attlee.
– Si Franco ne répond pas à notre avertissement, nous pourrions aller jusqu’à un embargo pétrolier de très longue durée, propose Eden.
– Comme le Premier ministre l’a si bien expliqué les choses, la politique espagnole s’étend sur un large spectre. Il faut faire attention à ne pas trop favoriser un camp pour ne pas déstabiliser l’ensemble et pour endiguer toute résurgence trop extrême, rétorque Bevin.
– Il va sans dire que le communiqué, appelons-le l’avertissement, qu’Anthony et moi allons rédiger et qui sera envoyé à Mister Franco devra être validé par ce War Cabinet, conclut Churchill.
Le Premier ministre et son ministre des Affaires Étrangères échangent un regard lourd de sens mais presque complice. Ils ont bien compris qu’ils allaient devoir marcher sur des œufs pour avoir l’approbation du War Cabinet…


15 juin 1944
Plus Ultra !
Audace ou inconscience ?
Paris
– Miguel Maura fut un éphémère ministre de la République espagnole au début des années 30. En désaccord avec les articles de la Constitution de 1931 appelant à une séparation de l’Église et de l’État, il est passé à l’opposition. Lors de la victoire du Front Populaire, il a même appelé à une « dictature républicaine » pour lutter contre les troubles civils qui commençaient. Maura peut donc être qualifié de républicain conservateur.
Après avoir refusé la proposition d’Azaña de devenir Premier ministre d’un gouvernement d’union nationale, il a réussi à fuir l’Espagne pour Toulouse dès 1936, aidé par Indalecio Prieto, alors qu’il était recherché par les milices du Frente Popular. Au moment du Sursaut, il a préféré rester en France Occupée, ne voulant pas frayer avec Negrin, qui semblait prendre l’ascendant sur les réfugiés espagnols participant au Grand Déménagement. Par la suite, resté très discret, Maura n’a presque pas été embêté par le NEF et la Gestapo.
Aujourd’hui, profitant de l’euphorie du retour de nombreuses administrations et légations dans la capitale française, Maura a pris contact avec l’ambassadeur franquiste en France, De Foxa. Son intention ? Entamer des négociations pour la constitution d’un gouvernement « de transition » en Espagne, rien de moins ! Or, il ne représente pratiquement que lui. Néanmoins, De Foxa, amusé, transmet l’information à son ministre des Affaires Étrangères, Lequerica. Quelle n’est pas sa surprise de se voir répondre de continuer les négociations – sans, bien évidemment, s’engager formellement ! Franco, semble-t-il, désire ne fermer aucune porte…


18 juin 1944
Una, Grande, Libre
Avertissement sans frais
Londres
– Après de nombreuses tractations entre le camp d’Attlee (rejet de Franco) et celui de Cadogan (maintien du statu quo dans les relations hispano-britanniques), la version définitive de la lettre envoyée à Franco est approuvée par le War Cabinet. Il ne s’agit que d’un avertissement, mais qui doit inciter Franco à s’interroger sur les circonstances qui lui ont permis d’accéder au pouvoir et sur l’attitude « perverse » d’une partie des soutiens de son régime.
La ligne suivie par la diplomatie britannique vis-à-vis de Madrid depuis un an environ (une année ponctuée de victoires militaires) est claire et confirmée : ne pas prendre des positions trop dures, pour ne pas braquer l’opinion espagnole, mais pousser à intervalles réguliers pour permettre le retour de la monarchie ou une évolution du régime franquiste vers une heureuse modération favorisant entièrement les intérêts britanniques. Sir Samuel Hoare, ambassadeur de Sa Majesté auprès de Franco, est chargé de transmettre ce message avant de revenir au Royaume-Uni dans le courant du mois de juillet… pour y être anobli ! Le futur vicomte Templewood ne reviendra pas en Espagne, à présent que Londres est assuré que ce pays restera neutre dans le conflit en cours. La mission du député de la circonscription de Chelsea, vétéran de nombreux gouvernements dans les années 30, peut donc être considérée comme accomplie.
Pour le remplacer, Anthony Eden se laisse le temps de la réflexion. En fonction de la réponse de Franco, il choisira un diplomate plus ou moins arrangeant avec le Caudillo.
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DMZ



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MessagePosté le: Mer Aoû 07, 2019 18:50    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
pour l’informer des opérations en cours et des hauts faits des Espagnoles combattant au sein de la Légion.

Tiens, la Légion se féminise...
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DMZ



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MessagePosté le: Mer Aoû 07, 2019 19:55    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Comme le Premier ministre l’a si bien expliqué les choses, la politique espagnole s’étend sur un large spectre.

_________________
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demolitiondan



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MessagePosté le: Mer Aoû 07, 2019 20:51    Sujet du message: Répondre en citant

Toujours passionnant ! Quelques suggestions ?

Répétition. Puis-je suggérer:

Citation:
Franco se rappelle ainsi à la mémoire des diplomates britanniques, il est vrai fort occupés depuis plusieurs mois par le devenir de l’Europe Centrale et Balkanique et par l’organisation générale du monde d’après-guerre. Les conférences de Bretton Woods et de Dumberton Oaks (celle-ci bat actuellement son plein) sont là pour signifier que le nouvel ordre de la planète est en train de se dessiner


Citation:
sans oublier de renouer des contacts “normaux” avec le régime de Franco.


Elle a jamais rompu, non ?

Citation:
ais depuis, les Américains semblent se soucier de l’Espagne autant que de la Yougoslavie.


Ah non justement - hélas ! Voir le mois de mars ! Crying or Very sad Crying or Very sad Crying or Very sad Les anglais essaient désespérement de les empecher de soutenir les royalistes !

Citation:
s’insurge Attlee, leader de l’opposition de Sa Majesté, anti-franquiste et pro-républicain convaincu.


Attlee ... Attlee ... Le type qui s'endormait en réunion quand on parlait d'affaires étrangères ? En disant 'réveillez-moi quand ca sera fini' ? Authentique

Citation:
– Il ne faut pas confondre soutenir le remplacement de Franco et déclencher une nouvelle guerre civile. D’autant plus que nos rapports commerciaux avec l’Espagne sont assez bons ces derniers temps… Et largement à notre avantage ! rappelle Anderson.


On pourrait ici glisser un mot sur l'Argentine - c'est précisément l'inverse !
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Etienne



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MessagePosté le: Mer Aoû 07, 2019 20:56    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Il n’a cessé de commercer avec eux, leur vendant notamment du tungstène si précieux pour l’industrie de guerre, qu’à la suite de deux embargos décidés par les Américains et nous-mêmes.

Manque pas un bout, là?
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mer Aoû 07, 2019 21:51    Sujet du message: Répondre en citant

Etienne a écrit:
Citation:
Il n’a cessé de commercer avec eux, leur vendant notamment du tungstène si précieux pour l’industrie de guerre, qu’à la suite de deux embargos décidés par les Américains et nous-mêmes.

Manque pas un bout, là?


Non. Si tu préfères :
Il n’a cessé de commercer avec eux et de leur vendre notamment du tungstène, si précieux pour l’industrie de guerre, qu’à la suite de deux embargos décidés par les Américains et nous-mêmes.
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loic
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MessagePosté le: Mer Aoû 07, 2019 21:57    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Et surtout, maintenant qu’elle est totalement isolée de l’Allemagne

Pas tout à fait, il me semble qu'il reste des liaisons aériennes (probablement de nuit) et les sous-marins ont sans doute joué un rôle discret aussi.
Citation:
Cependant, les Français sont évidemment focalisés sur la libération de leur territoire et semblent vouloir ménager la chèvre républicaine et le chou franquiste

Il serait mieux de trouver l'équivalent anglais de cette expression, du genre "garder un pied dans chaque camp" ou "chevaucher la clôture".
Citation:
Même si ce n’est pas au Royaume-Uni de décider à la place des autres pays quel système politique doit s’appliquer chez eux

Alors là il faudrait ajouter quelque chose comme "ricanements dans la salle" Smile Surtout que Churchill dit par la suite "Nous sommes là pour parler du présent et surtout de l’avenir de l’Espagne."
Citation:
Maura a pris contact avec l’ambassadeur franquiste en France, De Foxa

On a écrit le 30 juin 43 (diplo-éco) que De Foxa est chargé d'affaires du régime franquiste à Alger et qu'il sera nommé ambassadeur à priori en juillet 44 (en remplacement de de Lequerica).
_________________
On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ...
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mer Aoû 07, 2019 21:57    Sujet du message: Répondre en citant

@Demo Dan = OK en général, mais la France combattante a cessé en 1940 d'avoir des contacts normaux avec le régime franquiste.


@ Loïc : OK, notamment pour de Foxa, qui n'est encore ambassadeur qu'officieusement ! Il s'en faut de quelques semaines. Et cela ne l'a pas empêcher de gagner Paris.
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Casus Frankie

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delta force



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MessagePosté le: Jeu Aoû 08, 2019 13:52    Sujet du message: Répondre en citant

attention on divulgâche la suite de la chrono générale ...Paris est libérée début juin 44 ... Very Happy
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requesens



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MessagePosté le: Mer Aoû 14, 2019 10:16    Sujet du message: Répondre en citant

Peut-être ne savez-vous pas que l'Allemagne nazie ne respecta pas la Convention de Geneve dans le cas des republicains espagnols engagés dans les rangs de l'armée française. Ils furents extraits des stalags ou ils etaient prisonniers et envoyés en général à Mauthausen.
Un premier convoi de 392 personnes y arrive le 6 août 1940.
De même plusieurs milliers de civils hommes, femmes et enfants furent egalement deportés. Historiquement le premier convoi civil à destination de l'Allemagne quitte Angoulême le 20 août 1940 avec 927 personnes. Au total 12.000 républicains seront deportés et plus de 20.000 enrolés de force dans l'organisation Todt.

Vendredi dernier, le "Boletin Oficial del Estado" vient enfin de donner une existence officielle aux 4427 prisonniers qui ne revinrent jamais en publiant une longue liste nominative.
Je crois qu’il était temps.
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Anaxagore



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MessagePosté le: Mer Aoû 14, 2019 10:26    Sujet du message: Répondre en citant

Crying or Very sad

Cela dit, en FTL, les Espagnols républicains sont citoyens français donc je doute qu'un tel traitement leur soit appliqué... heureusement.
_________________
Ecoutez mon conseil : mariez-vous.
Si vous épousez une femme belle et douce, vous serez heureux... sinon, vous deviendrez un excellent philosophe.
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Tyler



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MessagePosté le: Mer Aoû 14, 2019 10:39    Sujet du message: Répondre en citant

Merci à ceux ayant appréciés cette suite des aventures pour le devenir de l'Espagne FTL.
Smile
Bientôt la fin...


Une petite auto-correction pour l'épisode du 15/06/44
"Néanmoins, De Foxa, amusé, transmet l’information à son ministre des Affaires Étrangères, Lequerica."

Remplacer Lequerica par Jordana. Ce dernier est encore en poste, il ne meurt que le 03/08/44.
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requesens



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MessagePosté le: Mer Aoû 14, 2019 10:40    Sujet du message: Répondre en citant

Anaxagore a écrit:
Crying or Very sad

Cela dit, en FTL, les Espagnols républicains sont citoyens français donc je doute qu'un tel traitement leur soit appliqué... heureusement.


Seulement les familles des combattants, les autres sont apatrides.
_________________
"- Tous les allemands ne sont pas nazis, monsieur !
- Oui, je connais cette théorie, oui."
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demolitiondan



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MessagePosté le: Mer Aoû 14, 2019 10:45    Sujet du message: Répondre en citant

Tiens c'est un sujet. Pas sûr que la légalité étouffe les allemands ... ne peuvent-ils être tenté de faire plaisir à Franco en le débarrassant de gêneurs ?
_________________
Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste
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