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Dronne



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MessagePosté le: Lun Juin 17, 2019 22:15    Sujet du message: Répondre en citant

J'ai connu un colonel de blindés en retraite qui m'a raconté comment alors qu'il était chef de char sur S35 en juin 1940, il a du éliminer une section allemande en roulant dans le fossé ou elle s'était abritée. Sa peau a littéralement pâli en me racontant ça. C'était très impressionnant...
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Lun Juin 17, 2019 22:26    Sujet du message: Répondre en citant

demolitiondan a écrit:
Hé bé il a de la chance de pas être mort du choc. Et pour ses collègues du Madrid pareil - un 88 ça pardonne pas. Surtout s il reste des munitions à bord.


Si tu lis bien, tu verras que le Guadalajara a embarqué une partie des munitions et que le reste a été débarqué pour faire de la place.
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Casus Frankie

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requesens



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MessagePosté le: Lun Juin 17, 2019 22:26    Sujet du message: Répondre en citant

Dronne a écrit:
J'ai connu un colonel de blindés en retraite qui m'a raconté comment alors qu'il était chef de char sur S35 en juin 1940, il a du éliminer une section allemande en roulant dans le fossé ou elle s'était abritée. Sa peau a littéralement pâli en me racontant ça. C'était très impressionnant...


Alors, mon cher Dronne, après la coupure de dimanche la suite est-elle à la hauteur?... Wink
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Dronne



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MessagePosté le: Mar Juin 18, 2019 11:31    Sujet du message: Répondre en citant

Ah oui, oui!
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Wil the Coyote



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MessagePosté le: Mar Juin 18, 2019 11:59    Sujet du message: Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:
demolitiondan a écrit:
Hé bé il a de la chance de pas être mort du choc. Et pour ses collègues du Madrid pareil - un 88 ça pardonne pas. Surtout s il reste des munitions à bord.


Si tu lis bien, tu verras que le Guadalajara a embarqué une partie des munitions et que le reste a été débarqué pour faire de la place.



Disons que cela me chiffonne un peu aussi...car un coup direct de 88 mm ce n'est pas rien...même si les munitions ne sont plus là il reste encore le carburant (de l'essence) et en plus l'énergie cinétique dégagée fera des dégâts aussi…. il faudrait peut être revoir ce passage….
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requesens



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MessagePosté le: Mar Juin 18, 2019 12:40    Sujet du message: Répondre en citant

Wil the Coyote a écrit:
Casus Frankie a écrit:
demolitiondan a écrit:
Hé bé il a de la chance de pas être mort du choc. Et pour ses collègues du Madrid pareil - un 88 ça pardonne pas. Surtout s il reste des munitions à bord.


Si tu lis bien, tu verras que le Guadalajara a embarqué une partie des munitions et que le reste a été débarqué pour faire de la place.



Disons que cela me chiffonne un peu aussi...car un coup direct de 88 mm ce n'est pas rien...même si les munitions ne sont plus là il reste encore le carburant (de l'essence) et en plus l'énergie cinétique dégagée fera des dégâts aussi…. il faudrait peut être revoir ce passage….


J'ai pourtant vu des photos ou lu des recits où tout ou partie de l'equipage d'un char touché en rechappe. Il y a d'assez nombreux textes de tankistes sovietiques qui evoquent leur survie après avoir été frappés. Il y a aussi les photos d'un Panther touché presque à bout portant par un Firefly ( combat urbain fin 44- debut 45 ) ou deux allemands sortent en courant. je me souviens egalement d'un char litteralement transpercé par un obus, il est rentré par un coté et sorti par l'autre
Je n'y connais rien en blindés, j'ai utilisé des textes. 50% de pertes pour un tir a plus de 1000 metres qui atteint le Belier à l'avant gauche me paraissait aceptable mais je suivrai vos recommendations.

A moins que le blindage rondins... Laughing Laughing
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marinade



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MessagePosté le: Mar Juin 18, 2019 13:02    Sujet du message: Répondre en citant

requesens a écrit:
Wil the Coyote a écrit:
Casus Frankie a écrit:
demolitiondan a écrit:
Hé bé il a de la chance de pas être mort du choc. Et pour ses collègues du Madrid pareil - un 88 ça pardonne pas. Surtout s il reste des munitions à bord.


Si tu lis bien, tu verras que le Guadalajara a embarqué une partie des munitions et que le reste a été débarqué pour faire de la place.



Disons que cela me chiffonne un peu aussi...car un coup direct de 88 mm ce n'est pas rien...même si les munitions ne sont plus là il reste encore le carburant (de l'essence) et en plus l'énergie cinétique dégagée fera des dégâts aussi…. il faudrait peut être revoir ce passage….


J'ai pourtant vu des photos ou lu des recits où tout ou partie de l'equipage d'un char touché en rechappe. Il y a d'assez nombreux textes de tankistes sovietiques qui evoquent leur survie après avoir été frappés. Il y a aussi les photos d'un Panther touché presque à bout portant par un Firefly ( combat urbain fin 44- debut 45 ) ou deux allemands sortent en courant. je me souviens egalement d'un char litteralement transpercé par un obus, il est rentré par un coté et sorti par l'autre
Je n'y connais rien en blindés, j'ai utilisé des textes. 50% de pertes pour un tir a plus de 1000 metres qui atteint le Belier à l'avant gauche me paraissait aceptable mais je suivrai vos recommendations.

A moins que le blindage rondins... Laughing Laughing


Tout dépend du type et calibre de l'obus qui a frappé, selon quel angle et à quelle vitesse. et dans quelle partie du char.
Qu'un char atteint aie des survivants, cela arrive assez souvent.
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requesens



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MessagePosté le: Mar Juin 18, 2019 13:15    Sujet du message: Répondre en citant

C'est un peu ce que je voulais dire. Distance > 1000 mètres, coup à l'extreme avant gauche au niveau du conducteur. Cela me paraissait suffisant pour permettre a ceux qui sont en haut et à l'arrière de survivre mais je me repète je n'y connais rien
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Wil the Coyote



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MessagePosté le: Mar Juin 18, 2019 14:06    Sujet du message: Répondre en citant

Ayant servi dans les troupes blindés je pense m'y connaitre un peu 8)

Il est possible en effet que l'équipage (ou du moins une partie) d'un char ayant été touché survive.

Maintenant, si il est touché par un perforant, il y à peu de chance vu le fonctionnement de la munition.

Donc, si il est touché sur le compartiment du chauffeur/mitrailleur avec un obus explosif, en effet, ceux qui sont dans la tourelles survivront.
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requesens



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MessagePosté le: Mar Juin 18, 2019 15:22    Sujet du message: Répondre en citant

Wil the Coyote a écrit:


Donc, si il est touché sur le compartiment du chauffeur/mitrailleur avec un obus explosif, en effet, ceux qui sont dans la tourelles survivront.


Nous considérons que mon cas de figure est acceptable ?
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Auguste



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MessagePosté le: Mar Juin 18, 2019 15:36    Sujet du message: L'Espagne Répondre en citant

Relisez aussi les carnages faits par certains B1 Bis à STONNE, ABBEVILLE et ailleurs...
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Auguste



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MessagePosté le: Mar Juin 18, 2019 15:39    Sujet du message: L'Espagne Répondre en citant

J'ai oublié d'ajouter @ Dronne (carnage du S35 dans un fossé).
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requesens



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MessagePosté le: Mar Juin 18, 2019 15:40    Sujet du message: Re: L'Espagne Répondre en citant

Auguste a écrit:
J'ai oublié d'ajouter @ Dronne (carnage du S35 dans un fossé).


Oui mais beaucoup de fantassins, d'artilleurs, de tringlots ou de blindés légers parmi les victimes.
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Dronne



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MessagePosté le: Mar Juin 18, 2019 16:21    Sujet du message: Répondre en citant

Un autre détail signalé par ce même colonel (en retraite) : les 37mm anti-char des allemands ne pouvaient pas pénétrer le blindage, mais en revanche, souvent les impacts faisaient caler le moteur
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mar Juin 18, 2019 16:57    Sujet du message: Répondre en citant

7 septembre 1943
La Brunete en Toscane
Antella (au sud de Florence)
– Deux hommes étaient assis face à face à une petite table. Le plus petit des deux ne levait pas les yeux du café qui refroidissait devant lui. L’autre essayait d’accrocher son regard.
« Tu as tort de dire cela. » – « Pourquoi ? Je suis parti avec 14 hommes et trois chars. Quand je suis revenu quelques heures plus tard, ils n’étaient plus que dix, entassés sur un unique engin. » – « Mais ce n’est pas la première fois que cela nous arrive. Combien d’hommes sous ton commandement as-tu perdu, d’abord en Espagne puis ici en Italie, des dizaines, des centaines ? Alors pourquoi ceux-là ? » – « Parce que cette fois, je suis celui qui a eu l’idée du plan, qui l’a conçu avec toi et qui sur le terrain a pris les décisions. Si j’avais décidé de reprendre le chemin du matin, nous n’aurions pas croisé le 88. Je suis le seul responsable des quatre morts. C’est comme si j’avais conduit des innocents au poteau d’exécution. » – « Pense que dans ce cas, ton blessé grave n’aurait pas survécu et que, plus tard, nous aurions perdu d’autres équipages victimes de ce canon. Tu ne peux pas considérer que tes morts ont plus de valeur que les autres ! »
Le capitaine Muntaner fit la moue, l’argumentaire du colonel Duran le laissait dubitatif. « Et la mission a été un succès. Nous le savons par les interrogatoires des derniers prisonniers. Voir débarquer tes chars aussi loin sur leurs arrières a été un choc pour eux. Ils ne savaient pas s’il agissait d’un peloton, d’un escadron ou d’un régiment entier, et ton raid a probablement précipité leur retraite. Hier – je pense que tu ne le sais pas – nous avions affaire à la 29e Panzer Grenadier. » – « Encore un regret : si nous avions été plus nombreux, nous aurions pu les prendre de flanc, et ç’aurait été une autre affaire. » – « Bien, alors souvenons-nous qu’une manœuvre de débordement par les hauts peut être une option à ne pas négliger. Cela pourra être utile une prochaine fois. »
Muntaner soupira. « Et maintenant, que faisons-nous ? » – « D’abord, je dois te transmettre officiellement les félicitations du général, mais je pense que cela ne t’intéresse pas trop, exact ? » En guise de réponse, Muntaner arqua les sourcils et plissa les lèvres, formant une sorte de moue ennuyée. « Je m’en doutais un peu, pour te dire la vérité. Mais la véritable mauvaise nouvelle de la matinée est que vous ne pourrez éviter une cérémonie de remise de médailles : croix de guerre, médaille militaire, citation, nouvelle affectation. Enfin, tout le cirque ! » – « Nouvelle affectation ? Que veux-tu dire ? » – « Que la Légion va essayer d’utiliser au mieux vos capacités. » – « Veux-tu arrêter de parler comme un politicien ! Qu’est que cela signifie ? » Duran sourit. « J’ai entendu dire que Taguena et Montalban seraient promus. Quant à Carvalo, s’il continue à refuser les promotions, il partira comme instructeur. Nous avons besoin de personnel bien formé, car il nous est presque impossible de compenser nos pertes. Si nous voulons conserver notre spécificité nationale au sein de la Légion – qui est une anomalie selon ses règles habituelles – nous devons entretenir notre force de combat. Certains seraient heureux de compléter nos rangs avec des nouveaux venus issus d’autres pays, ce qui nous transformerait peu à peu en unités légionnaires normales, et j’avoue que je n’y tiens pas. N’insultons pas l’avenir. » – « Comment faire ? » – « Nous allons inspecter les dépôts et lancer une campagne de recrutement en France libérée, où il doit rester pas mal d’Espagnols qui n’ont pu Déménager en 40. Mais je suis pessimiste, surtout pour la Brunete : former un fantassin est assez simple, mais il faut des mois pour qu’un conducteur de char soit opérationnel. Au sein de nos brigades, tous ceux qui occupent des postes non-essentiels seront affectés dans les unités de combat. Tu comprends maintenant pourquoi le général te félicite : pour la perte de quatre légionnaires, tu as permis à beaucoup d’autres de survivre. Combien de morts ou de blessés auraient causés les six canons de 105, les StuG et le 88 que vous avez détruits ? Tes hommes et toi, vous avez sauvé du monde ! »
« Et moi ? » – « Quoi et toi ? » – « Gustavo, tu me parles d’effectifs, de la Légion, de vies sauvées et de vies perdues. Je t’ai même entendu évoquer quelques noms, mais ne me cacherais-tu pas quelque chose, par hasard ? » – « Enfin Agustín, comment peux-tu penser que moi, ton vieil ami, moi qui te dois la vie, j’irais te mentir ? » – « Justement, pour toutes les raisons que tu viens d’invoquer, je pense que tu en es capable ! »
Duran baissa la tête, comme blessé par le manque de confiance du capitaine. Mais quand il la releva, ses yeux pétillaient. « Disons que j’ai gardé le meilleur pour la fin. » – « Espèce de… » Ils éclatèrent de rire.
« Il semble que ta promenade ait donné des idées à nos chefs, ils souhaiteraient pouvoir travailler plus directement avec toi. » – « Gustavo ! » – « D’accord. Ils vont te proposer de rejoindre l’état-major. » Muntaner resta silencieux, fixant son café froid, avant de dire : « Je vais en chercher un autre, tu veux quelque chose ? » Les deux hommes se connaissaient trop bien. Le colonel savait que cette interruption n’était pas bon signe. Son ami avait besoin de temps pour formuler sa réponse. A son retour, Muntaner but une gorgée et demanda : « Tu disais que Montalban passerait chef de char ? » – « Oui, pourquoi ? » – « Je crains qu’en ce qui concerne un commandement ce ne soit pas une bonne idée. Manuel est un grand pilote et un excellent combattant, mais il peut être impulsif et cruel si quelque chose l’affecte. A mon avis, il manque de sang-froid, il est capable de charger droit sur une batterie d’antichars si la colère l’aveugle. Et crois-tu que Carvalo acceptera de se morfondre en Afrique du Nord alors que nous libérons l’Europe ? » – « Où veux-tu en venir ? » – « Je pense que les choses devraient rester en l’état. D’accord pour les décorations, les promotions. Tout cela est très bien, mais il ne faut pas perdre de vue l’efficacité opérationnelle. » – « Comment dis-tu, l’efficacité opérationnelle ? Tu es mûr pour les présentations d’état-major ! » Muntaner ne releva pas l’ironie du propos. « Justement, je voulais te parler de ce point. Vois-tu, je crains de devoir refuser ton offre. Les conférences, les papiers, les rapports tout cela n’est pas pour moi, je suis un homme de terrain avant tout. Pépé et toi, vous êtes des intellectuels, vous avez suivi des études à l’université, vous parliez déjà plusieurs langues alors que Montalban et moi avons quitté l’école à quatorze ans. La seule chose qui ferait écrire Manuel serait de rédiger un livre de cuisine ! »
« Bel argumentaire. Je vois que tu as pensé à tout ! »
Duran regardait la table, tête basse, comme abattu. Il se leva en silence et posa une main sur l’épaule de son ami. Celui-ci, un peu étonné, leva le regard. « Tu viens de nous faire gagner une caisse de vin local. J’avais parié que tu refuserais ! » déclara le colonel dans un large sourire.
Les deux hommes plaisantaient en retournant vers l’état-major de la brigade. « Et pour toi, rien de nouveau ? » – « Non, ils savent que c’est général ou rien. » – « Caramba, hombre, quelle ambition ! » – « Ne le répète surtout pas, mais c’est une manière de rester ici. Toutefois, je dois reconnaître que les étoiles ne me déplairaient pas. Tu te rappelles qu’en Espagne, les officiers issus des milices ne pouvaient dépasser le grade de colonel, alors que je commandais un corps d’armée ! Parfois la République était mesquine. »
Les deux hommes se séparèrent et Muntaner se dirigea vers le parc d’entretien. Au soir de la bataille, plus de la moitié de son escadron était hors de combat. Les mécaniciens faisaient le maximum afin de remettre en état ce qui pouvait l’être. Les interrogatoires de prisonniers avaient permis d’apprendre que la position qui était la sienne la veille au matin se trouvait sur l’axe principal de l’attaque allemande. Ses hommes et lui l’avaient payé cher !
Du temps, il allait avoir besoin de temps pour reformer son unité : réparer les blindés endommagés, remplacer les engins hors de combat, reconstituer des équipages avec les survivants, compléter les effectifs. Le service médical n’avait pas encore communiqué tous les détails des pertes. Combien des hommes soignés à l’arrière ne reviendraient jamais ? Pour le moment, il savait simplement que près d’un tiers de ses hommes avaient été touchés à des degrés divers. Il passa la journée à régler des problèmes d’intendance. Pendant ce temps, les unités qui avaient moins souffert continuaient de presser les Allemands, cherchant à libérer Florence par un ultime coup de boutoir…


8 septembre 1943
La Brunete en Toscane
Antella (au sud de Florence)
– Il se leva tôt, ce qui était inhabituel chez lui. Il n’était pas du matin. Après une toilette rapide, il porta ses pas vers le village. Antella avait souffert des combats, plusieurs maisons montraient des façades crevées, d’autres étaient amputées d’un mur ou d’un toit. Même l’église était atteinte, une partie du clocher avait été emportée. Curieusement, la partie intacte conservait sa croix orgueilleusement pointée vers le ciel. Aux limites du bourg, il escalada une ruine pour pouvoir embrasser du regard le champ de bataille. Pourquoi, ce matin, avait-il ressenti l’impérieux besoin d’être là ? Qu’est-ce qui pouvait expliquer cette morbide visite ? En dépit de l’heure matinale, des silhouettes s’agitaient. Les mécaniciens essayaient de réparer sur place des blindés souffrant de dégâts mineurs, d’autres inspectaient les épaves à la recherche de corps.
Combien d’endroits comme celui-ci avait-il vu auparavant ? Trop certainement. Il n’avait pas 30 ans et se sentait âgé. Déjà sept ans de guerre…
Sans savoir vraiment pourquoi, il arrêta le premier véhicule qui passait. S’il fut surpris, le soldat au volant ne le laissa pas voir. Plus âgé que Muntaner, des cheveux gris apparaissaient sous le casque. Lui aussi avait dû voir trop d’horreurs. Où voulait aller le capitaine ? Il n’en avait aucune idée, il voulait simplement être là. Il descendit près d’un groupe d’hommes qui s’affairaient sur le moteur d’un Mouflon. L’un des mécaniciens le regarda, surpris. Que faisait ici ce capitaine d’une autre unité ? Muntaner remercia sobrement son chauffeur et s’éloigna, laissant derrière lui des questions sans réponse.
Des épaves continuaient à fumer, elles avaient probablement brûlé toute la nuit. De loin, il semblait que la plaine fût recouverte de sculptures barbares d’acier tordu. Il se rappelait le tableau que cet Andalou, Picasso, avait peint après le bombardement de Guernica. Des corps tordus et déformés y exprimaient leur souffrance. Quand il avait vu une photo de l’œuvre, il avait dû reconnaître qu’il n’y comprenait rien. Esprit trop simple ou trop cartésien, il était imperméable à ce style de représentation artistique.
Alors qu’il se dirigeait vers deux chars qui semblaient intacts, il se rendit compte que quelque chose dans l’air avait changé. Il ne tarda pas à comprendre : l’odeur et le bruit ! Au fur et à mesure qu’il se rapprochait, l’odeur de chair brûlée se fit plus présente au point de complètement l’envelopper. Il s’arrêta pour plaquer son mouchoir sur son nez. Curieusement, l’air vrombissait. Il lui fallut quelques instants pour comprendre que ce bourdonnement n’était pas celui d’un lointain moteur, mais celui de centaines ou de milliers de mouches. A cette idée, il eut un haut le cœur. Il n’avait pas encore vu la forme noire et figée, un bras étendu vers le ciel, la main ouverte, qui gisait auprès d’un des blindés. Sa nationalité n’avait plus aucune importance, il n’était qu’un pauvre mort qui servait de pâture à des insectes. Patiemment, ce corps sans vie attendait que des mains charitables se décident à lui offrir une sépulture décente.
Il s’éloigna, indécis et mal à l’aise. Il avait connu cette situation à Brunete et sur l’Ebre. La soif, la chaleur, les cadavres noircis qui gonflaient au soleil, l’odeur et les mouches. Des milliers de mouches qui volaient en essaim d’un corps à un autre. Depuis, il les détestait.
Il avait l’impression d’être imprégné de cette nauséabonde odeur, ses cheveux, ses vêtements, sa peau même, tout en lui puait ! Il se dirigea aussi vite qu’il le pouvait vers sa tente. Une ambulance le doubla, il eut un nouveau haut de cœur. Une fois arrivé, il se dénuda et se lava avec frénésie, frottant sa peau jusqu’à ce qu’elle devienne rouge et douloureuse. La toilette lui parut durer longtemps. Seuls les bruits et les voix au-dehors le ramenèrent à la réalité. Il se rasa précautionneusement, utilisa un fond d’eau de Cologne et changea d’uniforme, il avait besoin de se sentir un être humain.
Son arrivée en tenue propre, lavé et parfumé, fit sensation. Ses hommes le regardaient, étonnés – Montalban encore lui ne put s’empêcher de faire de l’humour : « J’ai raté quelque chose ? La guerre est finie ? A te voir l’on pourrait le croire. » Pour toute réponse, il n’eut droit qu’à un bref sourire triste. Au même moment, les premiers fantassins français entraient dans Florence.
La journée se passa en une remise en état générale, les hommes nettoyaient et réapprovisionnaient leurs chars, un lieutenant fut envoyé visiter les hôpitaux afin de dresser une liste détaillée des blessés et de la date théorique de leur retour.
Avant le déjeuner, Muntaner alla saluer le major Vidal avec une bouteille remplie de la grappa de Montalban. Alors que le médecin trempait sa moustache dans l’alcool, le capitaine demanda des nouvelles du soldat qui voulait parler à un prêtre. Le major le regarda fixement au travers de ses grosses lunettes, il se racla la gorge, mal à l’aise : « Son cas ne paraissait pas particulièrement grave, il avait pris des éclats d’obus, mais il n’avait pas beaucoup saigné, tu vois… » Il marqua une pause. « A l’hôpital, mes confrères se sont occupés en priorité de ceux dont l’état était critique, bien sûr, et quand ils sont allés l’examiner, il était mort. Hémorragie interne. Un éclat avait entamé l’aorte et l’artère avait fini par céder. Sans radiographie, je ne pouvais pas le voir. D’ailleurs, même si je l’avais vu… Enfin, on aurait pu essayer… » Les deux hommes restèrent silencieux. « Tu l’as dit au prêtre ? » Vidal ouvrit les bras dans un geste d’impuissance. « Il a d’autres soucis ! Tu as vu l’église ? Le clocher menace de tomber à tout moment. » Muntaner dut admettre qu’il avait raison. En partant, il salua affectueusement le médecin : « Je te laisse la bouteille. »
………
Le soir était tombé, Duran arriva avec quatre bouteilles de chianti, Montalban et Carvalo avaient écumé les fermes et rapportèrent deux douzaines d’œufs et un énorme saucisson. Pour ne pas être en reste Muntaner avait obtenu du chocolat d’un officier de l’Intendance qui lui devait un service. Le dîner fut convivial et gourmand. Les dernières bouchées avalées, la conversation commença à languir, l’air était doux et demain ils seraient à Florence. La guerre était mise entre parenthèses. Le cuisinier, impénitent bavard ne pouvant supporter le silence, s’adressa au Galicien : « Dis-nous Pépé, tu ne nous as jamais expliqué pourquoi tu étudiais la physique. C’est un bon moment pour nous le raconter, non ? » Intéressés, les deux officiers s’étaient redressés sur leur siège. Carvalo, quant à lui, restait silencieux, affichant un demi-sourire. « Même si je ne sais pas trop ce que c’est, je ne pense pas que ce soit une maladie honteuse ! » dit-il finalement en frappant amicalement l’épaule de son camarade. Il reprit sa respiration et commença.
« Vous savez que mon père était franc-maçon et donc peu porté sur la religion. Par contre, ma mère est plutôt dévote, ce qui parfois occasionnait des échanges orageux entre mes parents, surtout quand mon père mangeait de la viande durant le carême. J’ai donc été élevé à la fois dans la religion catholique et le culte de la science. Un mélange détonant qui m’a conduit à me poser certaines questions. »
« Vous tous, à un moment de vos vies au moins, vous avez voulu changer le monde. Moi par contre je n’ai pas cette ambition, je cherche simplement à le comprendre. Mais non pas à comprendre son fonctionnement actuel, non : à comprendre sa création. Je ne parle pas de “qui”, mais de “comment”, car le “comment” conditionne le “qui”. »
« L’Eglise apporte une réponse, celle de la Genèse :
« Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. La terre n’était que chaos et vide. » Donc bien, la Terre est d’essence divine. Mais si vous connaissez l’Evangile selon Saint Jean… [Il marqua une pause en souriant.] Ce dont je doute ! Il est écrit « Au commencement était le Verbe… » n’est-ce pas ? »
Duran lança un regard inquiet à l’attention de Muntaner – la Genèse, Saint Jean, ce garçon avait dû trop boire de chianti !
« Nous avons ainsi un instant où Dieu crée la Terre, mais avant, il y a le Verbe. Je me demande alors ce qu’il y avait avant la création de la Terre par Dieu, comment expliquer le Verbe ? Je veux comprendre : d’où vient cette étincelle qui a fait que nous soyons ici ce soir, était-elle divine et donc indémontrable, ou bien physique et donc mesurable ? Et avant, qu’y avait-il ? Le concept de néant nous met mal à l’aise. Il nous est difficile d’imaginer le vide, sans temps et donc sans histoire. Nous avons besoin d’un point matériel auquel nous raccrocher. Pour en revenir à mon propos religieux, si Dieu existe, y avait-il quelque chose avant lui ? »
Ce fut Duran qui reprit la parole : « Tu sais que, voici quelques siècles, ce genre de questions t’auraient conduit au bûcher ! » – « C’est vrai, au XVIe siècle, chacun sait que Galilée a eu de gros problèmes, et quand Giordano Bruno a expliqué que l’univers était infini, il fut brûlé vif à Rome. » Montalban siffla de surprise : « Ils ne plaisantaient pas, à l’époque ! » – « Et où tout cela mène-t-il ? » demanda Muntaner, intéressé par un sujet nouveau pour lui. « Voici une vingtaine d’années, un Russe et un Belge ont démontré que l’univers était en expansion, mais on ne sait pas expliquer pourquoi. » – « Mais si tu sais que c’est vrai, quelle importance ? » – « Si tu admets qu’une chose est vraie sans pouvoir la comprendre, la mesurer, la démontrer ou la reproduire, cela devient un dogme. Ce n’est plus de la science mais une religion. »
Montalban ouvrit de grands yeux et indiqua le ciel : « Attends, tu veux dire que tout ça, les étoiles et le reste, c’est en train de se développer, de grandir au moment même où nous parlons ? » – « C’est ça. On pense qu’à un certain moment, il y a… très, très longtemps, toute la matière était concentrée dans un état dense et chaud et qu’elle est entrée en expansion. » – « Mais je ne vois rien bouger ! » – « Probablement parce que ce que tu vois maintenant n’est qu’une image du passé. » – « Que veux-tu dire ? »
………
Beaucoup plus tard, alors que la grappa était terminée, l’étudiant en physique achevait son échange avec ses compagnons. « Nous ignorons si cette expansion est due à une nouvelle création de matière ou bien à une dilution de la matière existante. Où tout cela mène-t-il ? Après de nombreux détours, à la question finale : l’Univers, c’est-à-dire tout ce qui nous entoure, est-il éternel ou bien finira-t-il par disparaître ? »
A la surprise générale, ce fut Montalban qui eut le mot de la fin : « Tu poses beaucoup de questions qui restent sans réponse, c’est frustrant ! Je préfère la cuisine, le plaisir est immédiat. » – « Manuel, tu es un vrai philosophe antique ! »
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