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L'Espagne
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FREGATON



Inscrit le: 06 Avr 2007
Messages: 4063
Localisation: La Baule

MessagePosté le: Lun Juin 17, 2019 11:33    Sujet du message: Répondre en citant

Hendryk a écrit:
...Alors on pourrait les garder un peu...


Il est fort probable qu'avec la France à reconstruire, toutes les bonnes volontés seront accueillies à bras ouverts...
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La guerre virtuelle est une affaire trop sérieuse pour la laisser aux civils.
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requesens



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Messages: 1641

MessagePosté le: Lun Juin 17, 2019 12:49    Sujet du message: Répondre en citant

JPBWEB a écrit:

A ça, évidemment, ceux qui moufteront le feront à leurs risques et périls. Le franquisme est une dictature devenue relativement soft dans la manière, par rapport aux autres régimes du même tonneau, mais ça reste quand même un régime très intolérant et capable de se débarrasser de ceux qui le gênent et l'indisposent, ou qu'il voit comme une menace, sans trop se préoccuper des formes.


Je viens de verifier, Julian Grimau fut condamné en 1962 pour rebellion armée durant la guerre civile. Les juristes franquistes consideraient les republicains comme des rebelles. Il fut fusillé 24 ans après pour son activité durant cette periode.

Par la suite l'on continua à executer jusqu'en 1975 des membres du FRAP, d'ETA ou bien des anarchistes.
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"- Tous les allemands ne sont pas nazis, monsieur !
- Oui, je connais cette théorie, oui."
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Wil the Coyote



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Messages: 1904
Localisation: Tournai (Belgique)

MessagePosté le: Lun Juin 17, 2019 14:09    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Le Guadalajara avait pu se replier, après la plupart de ses équipiers, afin de recompléter sa dotation d’obus. Après avoir récupéré les membres survivants d’un char immobilisé, ils s’étaient dirigés lentement et prudemment vers leurs lignes. A ce moment, ils avaient vu un panzer poursuivre comme un chasseur traque un lapin un M3F Mouflon – d’où sortait-il, celui-là ? Carvalo avait expédié à l’Allemand deux obus dont l’un l’avait endommagé, ou au moins impressionné, et il avait rompu le combat.



Le Mouflon est un M7F et non un M3F 8)

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Horum omnium fortissimi sunt Belgae
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Imberator



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Messages: 5468
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MessagePosté le: Lun Juin 17, 2019 15:01    Sujet du message: Répondre en citant

Il ne faut pas tomber dans l'angélisme. La victoire des démocraties ne signifie pas la victoire de la démocratie. Il suffit de jeter un coup d’œil en Europe de l'est et en URSS pour s'en convaincre.

Dans la France-Afrique les Français se sont parfaitement accommodé OTL de la présence de dictatures parfois sévères, les soutenant souvent quand ils ne les avaient pas directement mises en place, pourvu que ces régimes fassent barrage au communisme et laissent leurs économies sous l'emprise néocoloniale de l'ancienne métropole. Les USA firent de même et pour les mêmes raisons en Amérique latine et en Asie du sud est. Et plus largement tout l'occident ferma les yeux sur la nature autoritaire des monarchies pétrolières du golfe arabo-persique tant que le pétrole coulait à flot et que Moscou y demeurait écarté du "Grand Jeux".


Tant que le communisme constituera une éventuelle alternative "crédible" pour une portion substantielle des classes laborieuses comme OTL, c'est à dire au moins jusqu'au milieu des années 70 FTL, les gouvernants des nations occidentales se contenteront d'une Espagne , et au passage d'un Portugal, fascisants pour peu que leurs régimes survivent aussi discrètement que faire se peu. Et, comme historiquement, Franco, Salazar puis ses successeurs le comprendront parfaitement et s'y emploieront au mieux.
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Point ne feras de machine à l'esprit de l'homme semblable !


Dernière édition par Imberator le Lun Juin 17, 2019 16:53; édité 2 fois
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requesens



Inscrit le: 11 Sep 2018
Messages: 1641

MessagePosté le: Lun Juin 17, 2019 15:46    Sujet du message: Répondre en citant

Wil the Coyote a écrit:


Le Mouflon est un M7F et non un M3F 8)


Tout cela me rend chèvre.

PS : je sais! c'est mauvais mais je n'ai pas pu m'empêcher...La sortie c'est par... là, d'accord, je sors... Arrow
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Casus Frankie
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Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 13821
Localisation: Paris

MessagePosté le: Lun Juin 17, 2019 15:50    Sujet du message: Répondre en citant

3 km au nord-ouest de San Polo, vers 18h30« ¡ Joder ! » Un obus venait de toucher la chenille avant droite. Ils s’étaient à peine installés dans le Belchite qu’un StuG avait fait mouche. Cela ne changeait rien à leur situation puisqu’ils étaient déjà immobilisés. « Attends ! » Dans son optique, Carvalo voyait maintenant un des deux engins ennemis. Patiemment, il attendit d’être certain de son tir avant d’appuyer sur la mise à feu. Le sang-froid de ce garçon pouvait être nerveusement éprouvant pour ses camarades et même pour son supérieur ! Le coup sembla pénétrer la casemate juste au-dessus des chenilles. Le blindé s’arrêta, personne n’en sortit. Était-ce une tactique ou était-il hors de combat ? Pour le moment, il leur fallait s’occuper du dernier des assaillants qui hésitait, se retrouvant face à au moins deux chars. Muntaner sentit le doute chez son ennemi, il rechargea le canon. « Tire sur celui que tu veux, mais tire vite. » Carvalo doubla son tir précédent. Cette fois des flammes jaillirent, ce StuG ne les embêterait plus.
Le capitaine engagea un nouvel obus, le tireur réglait son tir quand un énorme coup de marteau frappa la tourelle, un obus venait de les toucher au niveau du masque du canon. L’adversaire était un têtu qui ne s’en laissait pas compter et son tireur avait réussi à surmonter une nouvelle fois le handicap d’une pièce en casemate et d’un tir vers une cible située en hauteur et en retrait. « La tourelle ! La tourelle est bloquée ! » L’obus avait dû fausser le roulement. « Tu l’as dans le viseur ? » – « Oui mais je ne suis pas sûr de le toucher »« Tire et nous partons. » Au même moment, la voix de Taguena résonna dans la radio : « Agusti, je n’ai plus de canon ! » Plus de canon ? Cette mission était un vrai chemin de croix ! pensa-t-il avec une ironie amère. « Manuel, tu m’entends ? Nous abandonnons le char et nous vous rejoignons à pied. » – « On vous attend, dépêchez-vous ! » – « Pépé, feu ! »
Carvalo fit feu – comme il l´avait prédit, son tir ne fit que frôler le blindé ennemi. Ils se ruèrent à l’extérieur, cette fois il devenait urgent de partir. Ils pataugèrent dans la boue, manquant tomber dix fois, quand ils entendirent derrière eux un type d’explosion qu’ils connaissaient bien. Un nouvel obus venait d’achever le Belchite. Ils se mirent à courir droit devant eux, sans se retourner. Au-dessus de leurs têtes, l’orage s’éloignait vers le sud. Ils ne pouvaient les voir, mais des trouées bleues commençaient à apparaître au milieu des nuages noirs. Le paysage était détrempé mais il ne pleuvait plus. Leurs foulées étaient lourdes, ils glissèrent plusieurs fois, « Où sont-ils, tu les vois ? », leurs uniformes gorgés d’eau semblaient peser des tonnes. Leur souffle devenait court. « Ils ne devraient plus être loin. » Carvalo leva une main ouverte à hauteur d’épaule, un doigt pointé vers le ciel : « Ecoute ! » – « Par ici ! » Le chargeur du Madrid les appelait, Taguena avait pris la précaution de placer des sentinelles autour de sa position. Les trois hommes revinrent en courant vers les deux chars. De sa tourelle, le sergent surveillait les positions allemandes, il poussa un cri de joie quand il les vit arriver. D’un bond il fut au sol et les étreignit, avant que ce qui leur sembla être un camion lancé à pleine vitesse ne les percute et ne cherche à les étouffer. Le camion parlait avec la voix de Montalban : « J’étais mort de peur pour vous deux ! » – « Nous n’allions quand même pas laisser le monde à la merci du pire cuisinier de l’histoire. » Tous redevinrent sérieux quand le chef du Madrid précisa la situation.
« Nous avons soigné les blessés, mais l’un est salement touché et un autre souffre beaucoup. » – « Et Juan ? » – « Ça va à peu près, il m’a raconté que l’obus qui les a déchenillés a envoyé des éclats à l’intérieur. J’ai pris les trois qui sont les moins touchés, tu as les deux les plus mal en point. » Muntaner acquiesça de la tête. « A la jumelle j’ai pu voir le semi-chenillé restant sortir avant de revenir vers la ferme. Leur infanterie va sûrement venir tâter le terrain. Le StuG s’est arrêté sous les arbres. Ils doivent attendre les ordres. On leur a quand même démoli du monde, on a peut-être tué le commandant du détachement. » – « Bien, ne perdons pas de temps, partons. »
Tout à coup, le capitaine réalisa que le Madrid n’avait pas son aspect habituel et se souvint de l’appel du sergent. « Ton canon ?… » Un ridicule moignon de la taille d’un mortier ornait la tourelle. « Pendant qu’on les amusait, on a pris un obus qui l’a coupé net. A ton avis, c’est de la malchance ou de la chance ? » Le capitaine eut une grimace de surprise. « Bien, ton tireur ne te sert plus à rien, je te l’échange contre mon mitrailleur. » Devant le regard surpris de son interlocuteur, il ajouta : « Il est encore un peu jeune, je crois qu’il a eu son compte d’émotions pour la journée ! »
Le pilote du Madrid s’était joint à eux, le capitaine reprit sa carte. « Nous sommes un peu plus au nord que prévu. Pour appliquer le plan, nous devons revenir sur nos pas au moins trois kilomètres jusqu’à Sant’ Polo avant de partir vers l’est. J’avoue que la perspective de me promener derrière les lignes allemandes ne me réjouit guère, d’autant plus que maintenant ils seront vigilants. En outre, c’est le chemin le plus long, nous devrons faire une vingtaine de kilomètres avant de retrouver nos lignes. L’autre option est de longer une nouvelle fois la petite montagne de ce matin mais cette fois par l’ouest, en direction de San Donato : nous réduisons la distance de moitié, mais nous serons là aussi derrière les positions ennemies. » – « Tu oublies que dans ce cas, entre les points de départ et d’arrivée, il y a ce petit village qui s’appelle Balatro, où nous nous sommes battus ce matin et qui se retrouve en plein milieu du dispositif allemand. De plus, nous ne savons pas comment s’est déroulée la bataille aujourd’hui, imagine que San Donato soit tombé, dans ce cas nous nous jetterions dans la gueule du loup ! » – « Je sais tout cela, aucune des deux solutions n’est bonne, nous devons choisir la moins mauvaise et ne pas nous tromper. »
Ce fut Carvalo qui débloqua la situation. Il était assis sur la tourelle et tenait dans ses mains une carte pliée. « Sur mon plan, il y a un village au sud de Balatro qui s’appelle Picille, vers l’est, c'est-à-dire vers la montagne, il semble exister un tronçon de route qui s’arrête à mi-pente. Mais il y a une autre route au sommet, orientée nord-sud, qui suit la crête et qui mène à San Donato. Nous devrions parcourir à travers bois l’espace entre les deux routes » – « Quelles seraient les distances ? » – « A peu près trois kilomètres jusqu’à Picille, pareil jusqu’à la crête et autant jusqu’à l’arrivée. En tout, une dizaine de kilomètres, donc à peu près la même distance qu’en longeant la colline, mais avec de moins de risques. »
Muntaner avait emprunté la carte du Galicien et trois autres têtes se penchaient sur elle. « Cela peut-être une solution » dit-il, en formulant une question silencieuse à l’attention de Taguena qui acquiesça tout aussi silencieusement. Carvalo, toujours sur la tourelle, reprit la parole, l’air gêné. « Enfin, je voulais… vous devez… voilà… Comme vous pouvez le voir, la route prend initialement la bonne direction puis fait une boucle vers un autre village avant de revenir vers Priscille. J’ai calculé la distance jusqu’au village en ligne droite, donc à travers champs. Si nous privilégions… le confort… nous serons plus proches des huit kilomètres que des trois dont j’ai parlé. » Muntaner, fataliste, haussa les épaules : « Préparons-nous. » Avant de partir, une partie des obus désormais inutiles du Madrid furent transférés sur le Guadalajara, les autres jetés pour faire de la place. « ¡ Vamos ! » Les Allemands quant à eux n’avaient pas bougé.
………
Les arbres qui bordaient la route les cachaient aux regards d’éventuels poursuivants et aucune poussière ne s’élevait du sol détrempé. Muntaner ouvrait le chemin. Ils étaient tous d’accord pour penser que le danger risquait de venir du nord. Le risque était de se retrouver nez-à-nez avec un panzer et dans ce cas il valait mieux disposer d’un canon en état de marche. L’entassement était tel dans les habitacles que Muntaner et Taguena étaient assis sur leur tourelle, les pieds pendant á l’intérieur. Les deux chars étaient espacés d’une cinquantaine de mètres, le sergent à travers ses jumelles surveillait les alentours. Par l’interphone, Muntaner contacta le pourvoyeur : « Melgar, essaye d’entrer en contact avec l’état-major. Nous sommes peut-être encore hors de portée, mais ça vaut la peine d’essayer. »
Une main tira le bas de son pantalon. Au prix de quelques contorsions, Carvalo se hissa à l’air libre. « Je voulais te parler d’un des blessés. Celui qui est touché au dos. J’ai voulu lui changer son pansement, cet homme à un trou gros comme le poing à l’arrière de la cage thoracique et trois côtes dénudées. Elles semblent raclées tellement c’est net ! S’il ne reçoit pas de soins rapidement, je crains qu’il ne passe pas la nuit. Comme il souffrait terriblement. Manuel a eu l’idée de lui donner à boire à intervalles réguliers un peu de son alcool italien, sa grappa. Maintenant il est plus calme. » Le capitaine fixa un point lointain vers l’horizon. « Je ne peux rien faire de plus. Nous sommes quinze entassés sur deux chars, dont l’un n’est guère plus qu’un taxi blindé. Je ne peux ni ne veux prendre de risques inutiles. Nous ferons tout ce que nous pourrons pour lui. » Carvalo savait que tout était vrai, ils ne pouvaient rien faire de plus. Les yeux vers le ciel, il pensa détendre l’atmosphère en commentant : « Il va bientôt faire nuit » – « Je sais et cela me rend nerveux. » Le Galicien n’insista pas et reprit sa position.
Malheureusement, Pépé avait raison. Il restait à peine une heure de jour, comment faire pour rejoindre les lignes de la Brunete en aussi peu de temps ? « Melgar, alors ? » – « Toujours rien, mon capitaine. Nous devons être à la limite, mais le relief n’aide pas » – « Bien, tiens-moi au courant. »
La route obliquait vers l’ouest, vers Florence. Ils allaient devoir changer de direction et remonter vers le nord. Muntaner appela l’autre char. « Taguena ? Manuel ? Taguena ? Le Madrid ? Manuel, tu m’entends ? » Il pivota sur la tourelle et regarda derrière lui. Le sergent, imperturbable, surveillait les alentours au travers de ses jumelles. Sa radio était-elle en panne ? Il l’appela vainement, la distance et les bruits mécaniques couvraient sa voix, il ne possédait malheureusement pas l’organe d’Enrico Caruso. Bien qu’il n’ait jamais pu entendre le ténor de son vivant (il était mort en 1921), il gardait un souvenir ému des enregistrements de La Bohême et de Rigoletto qu’il avait écouté avant 1939. Dans la guerre comme dans la paix, il espérait pouvoir se rendre à Milan et à la Scala, c’était sa promesse faite aux morts et aux vivants.
« Montalban, arrête-toi, je dois parler à Taguena. » Le char se rangea sur un côté et le Madrid le rattrapa. Inquiet, le sergent demanda : « Qu’est ce qui se passe ? » – « Vérifie ta radio. » Le chef de char se pencha vers l’intérieur de l’habitacle. Une voix monta de l’intérieur de l’engin. « ¡ Mierda ! Après le canon, voilà la radio qui se marche plus. Tu te rends compte, capitaine, nous sommes deux chars bondés dont l’un n’a ni canon ni radio derrière les lignes allemandes, qu’est ce qui pourrait être pire ? » – « Tu pourrais être mort ! Resserrons la position. Vamos, il se fait tard. » Les deux blindés passèrent entre les omniprésents cyprès, quittant la route, et se dirigèrent vers le nord.
« Capitaine, capitaine, j’ai quelqu’un à la radio, ça marche ! » – « Français ou espagnol ? » – « Castillan mâtiné d’Aragonais ! » Il souriait en répondant : « Capitaine Muntaner, 2e Escadron. Nous sommes à deux kilomètres au sud de Picille. Nous avons des blessés. Un char perdu, un autre qui roule mais sans défense. Nous pensons rejoindre nos lignes vers San Donato en suivant les crêtes. Prévenez le colonel Duran de cet appel. Quelle est la situation générale ? » – « Mon capitaine, quel est le nom du village dont vous êtes proches ? » – « Picille. » – « Mais mon capitaine, vous devez vous tromper, Picille est derrière les lignes ennemies. » – « Je sais, c’est bien le problème ! » L’autre resta silencieux, ne sachant si son interlocuteur était sérieux, mais c’était quand même un capitaine.
« Alors, quelle est la situation ? » – « Pardon mon capitaine, la liaison n’est pas fameuse. On s’est battu toute la journée, nous avons dû évacuer Antella, maintenant nous sommes positionnés plus à l’est. » – « Et San Donato ? » – « Toujours à nous. L’aviation a fait un gros travail, c’est grâce à eux que les Allemands n’ont pas percé. » – « A propos, pourrions-nous avoir des anges gardiens durant la prochaine demi-heure ? » – « Je ne sais pas mon capitaine, je vais voir ce que peux faire. » – « Non, vous allez nous obtenir ces avions. Prévenez le colonel Duran que nous rentrons mais que la situation est critique. Je répète : nous avons besoin d’une couverture aérienne ! » – « Mais mon capitaine… » – « Écoutez mon garçon, informez Duran tout de suite. Mon frère est à la Ebro, il paraît qu’ils manquent de fusiliers-voltigeurs, ça vous intéresse ? » – « Non mon capitaine ! Enfin oui… Je veux dire que… » – « Décidez-vous, la Ebro attend ! » Le radio bafouillait lamentablement, il n’avait aucune envie de se retrouver en première ligne. « Mon capitaine, ne coupez pas. » Celui-ci souriait intérieurement à l’idée de la panique qui gagnait l’opérateur. Quelques brèves minutes passèrent. « Mon capitaine, j’ai personnellement rédigé un mot pour le colonel Duran, nous le cherchons. Quant aux avions, vous aurez dans quatre à six minutes deux appareils sur zone. » – « Merci, prévenez-moi de leur arrivée, je vous communiquerai notre position. Je n’ai aucune envie qu’ils nous prennent pour des Indiens. » – « Des quoi, mon capitaine ? » – « Des Indiens ! Vous nous avez bien envoyé Tom Mix et John Wayne ? » Soulagé, il coupa en riant, laissant son interlocuteur dans la plus absolue confusion.
Il fallait prévenir Taguena de la bonne nouvelle. Au moment où il se retournait en ouvrant les bras pour mimer un avion (à la guerre, ce n’est pas le ridicule qui tue le plus), il vit, horrifié, un obus frapper le flanc du Madrid. Il lui sembla qu’il mettait très longtemps pour réagir, mais en réalité, il hurla instantanément : « Attaque ! » et se laissa tomber dans le char, il atterrit sur un des blessés qui hurla de douleur. « Vire à gauche, à 90º, accélère ! Le Madrid a été touché. » – « Tu as vu quelque chose ? » – « Rien, seulement l’impact. » Tous restèrent silencieux, concentrés sur leurs tâches, jusqu’à ce que l’homme sur lequel Muntaner avait sauté posa la question que personne n’osait poser : « Comment vont-ils ? » – « Je ne sais pas, mais pour le moment nous avons un ennemi caché quelque part et qui essaye de nous envoyer vers un monde forcément meilleur, parce que pire c’est impossible ! » – « Nous devons faire quelque chose pour eux ! » – « Oui soldat, tuer ceux qui ont fait ça ! » L’homme resta silencieux, tête basse. « Manuel, change de vitesse et d’axe de progression en limitant les déplacements latéraux. Utilise le terrain. » – « Qu’est-ce que je fais depuis tout à l’heure, d’après toi ? » A ce moment, en regardant Montalban, il vit le dos raide et parfaitement immobile du copilote. Plegamans, son mitrailleur ! C’était lui qui l’avait envoyé là-bas ! Comment s’appelait le nouveau ? Il l’ignorait. « Ça va, pas trop secoué ? » L’autre sursauta, ramené sur terre par ces paroles. Il se retourna fugacement : « Oui, mon capitaine, ça va. » Deux larmes coulaient le long de ses joues.
« Melgar, appelle et demande ou sont les avions ! » Un obus les frôla et pulvérisa des arbres derrière eux. « Je l’ai vu ! A 11 heures, au pied de la petite butte avec un pin parasol au sommet ! » – « Les avions arrivent ! » – « Mais il est au moins à mille mètres ! » commenta Carvalo, étonné. « Melgar, dis-leur de se guider sur la fumée du Madrid ! » L’habitacle était une vraie cacophonie. « Melgar, tiens-moi au courant. » – « Capitaine, que veux-tu que je fasse ? J’avance pour lui rentrer dedans ? » – « Attends Manuel, continue à louvoyer, c’est parfait. Pépé, tu peux faire quelque chose ? » – « Il est très loin, même pour un Panzer IV. C’est peut-être un autre type de panzer ou alors… » – « Un 88 ! » Le cri fut général. Que pouvait faire ce type de pièce aussi loin derrière la ligne de front ? A moins qu’ils ne se replient ! Mais oui, fidèle à ce que Gustavo appelait leur « gestion paroxystique des combats », les Allemands avaient bloqué le front durant une journée pour se replier en bon ordre vers leur nouvelle ligne de défense. Il devait reconnaitre que ses ennemis étaient des maîtres tacticiens. Ce 88 était positionné en recueil des panzers, il couvrait leur retraite.
Sans un mot, le capitaine ouvrit l’écoutille et sortit la tête et les épaules, causant une exclamation générale. Il se baissa pour commenter : « Le seul risque est que nous soyons touchés par un obus de 88, si c’est le cas, que je sois à l’extérieur ou non importe peu. Manuel, sois attentif et continue à zigzaguer, Pépé à ton viseur, Melgar, où sont ces jodidos [foutus] avions ? Et toi, le mitrailleur, comment t’appelles-tu déjà ? » – « Francisco, mon capitaine » – « Alors, Francisco, ouvre l’œil. » Il ressortit, ses jumelles à la main.
« Capitaine, les avions arrivent ! » – « Manuel, vire à droite, plein nord à toute vitesse jusqu’à la petite maison et là tu vires à 45° à gauche » – « Capitaine, les avions voient la fumée, ils nous demandent de confirmer la position de l’ennemi et la nôtre. » – « Pour l’ennemi, 1 200 mètres au nord-nord-ouest du Madrid. Quant à nous, cinq cents mètres au nord du Madrid, sur le point de virer au nord-ouest. » Muntaner entendit son radio transmettre le message. Il vit les deux appareils, des bimoteurs, se diriger vers la fumée, cercler au-dessus et s’éloigner vers l’ouest. Un second obus passa près de leur arrière, Montalban vira brutalement à gauche vers un providentiel chemin en devers légèrement encaissé. « Ralentit et continue par là ! » dit Muntaner. De sa tourelle, il vit les avions piquer. Pendant que le Guadalajara avançait, les bimoteurs firent un premier passage, des traçantes s’élevèrent du sol – mauvaise idée, les deux appareils revinrent, très bas, de deux directions différentes, leur nez crachant des flammes – on ne leur avait pas envoyé les pires des cow-boys. « Je croyais que les Américains n’aimaient pas voler trop bas, ceux-ci font exception ! » dit-il tandis que les deux bimoteurs effectuaient un nouveau passage avant de cercler en montrant leurs étoiles blanches et de s’éloigner en battant des ailes.
« Maintenant, vire à gauche, Manuel, sors du chemin. » Le champ de vision de l’équipage était limité par les deux petits talus qui le bordaient et les herbes folles qui y poussaient. « Droit devant ! » – ils réapparurent à 500 mètres de la butte au pin parasol, à 500 mètres du canon. Quand il comprit, Montalban poussa un rugissement : « Ils sont là-bas, tirez ! », le canon et la mitrailleuse ouvrirent le feu. Une affaire de sang entre les artilleurs allemands et les tankistes espagnols, une affaire de sang vieille de sept longues années. Le tir était quasiment interrompu, transformant le blindé en un jaillissement de feu assourdissant. Muntaner dut hurler : « Arrêtez ! » Il fallut quelques secondes aux hommes pour réagir. « Arrêtez, ils sont morts ! » De la tourelle, le capitaine voyait le 88, entouré de bâches de camouflage déchiquetées, avec à côté un semi-chenillé porteur d’un affût anti-aérien léger et qui devait le remorquer – l’engin était incendié et des corps semblaient semés un peu partout. Les aviateurs avaient fait du bon travail. Quand ils arrivèrent sur l’emplacement du Pak, tout le monde voulut contempler la scène, les cadavres, les débris. Le capitaine ordonna très vite de retourner vers le Madrid, mais Montalban manœuvra consciencieusement afin d’écraser le tout sous ses chenilles, hommes, approvisionnements, canon rien n’en réchappa. « Manuel, quand la paix sera revenue, il faudra quand même que tu ailles voir un médecin. Parfois tu me fais peur. » Sans se retourner ni utiliser l’interphone, Montalban répondit sombrement en catalan : « Eren uns cabrons assassins ! » [C’était des salauds d’assassins].
L’épave fumait, trois silhouettes attendaient, assises à quelques dizaines de mètres d’elle, une quatrième était allongée. En se rapprochant, ils purent reconnaitre Taguena, Plegamans et le chargeur, avant de voir au sol le lieutenant Modesto. Tous les hommes valides descendirent du char et saluèrent leurs compagnons. « L’obus a frappé les rondins, mais il a quand même crevé le blindage comme du carton, quatre morts et moi pas une égratignure, rien. » – « Je suis désolé pour les morts, Manuel. » – « Tu sais Agustin, je n’ai jamais aimé cette mission. »
………
Le lieutenant-colonel Duran, anxieux, faisait les cent pas en attendant un char surchargé d’hommes blessés et épuisés. Il sourit enfin quand il entendit dans l'obscurité qui s'épaississait le bruit d’un moteur et le cliquetis des chenilles. Le Guadalajara revenait.
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patzekiller



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MessagePosté le: Lun Juin 17, 2019 19:35    Sujet du message: Répondre en citant

un bimoteur avec des étoiles blanches?
à part les B-26 du 322 BG, surnommés la petite Luftwaffe, je ne vois pas qui ça peut etre Question
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Archibald



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MessagePosté le: Lun Juin 17, 2019 19:58    Sujet du message: Répondre en citant

Pour en revenir a Red Storm Rising, cette mission quasi-suicidaire en plein territoire ennemi pour faire un carnage, évoque, non Mackall et ses tanks mais plutôt la charge (et la retraite sanglante) des sous-marins 688 qui balancent des Tomahawks sur la base des Backfires du côté de Murmansk. Ils payent le prix fort au retour, quand une roquette démoli le kiosque de l'un et les autres lui font escorte, avant de se faire presque tous décimer par un Alfa alors qu'ils étaient en vu de la banquise et de la sécurité... guerre cruelle...
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Capu Rossu



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MessagePosté le: Lun Juin 17, 2019 20:55    Sujet du message: Répondre en citant

Bonsoir

Patzkiller a écrit :

Citation:
un bimoteur avec des étoiles blanches?


N'oublions pas le Lockheed P-38 Lightning. Il y en avait bien qui trainait en Italie, non ?

@+
Alain
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Lun Juin 17, 2019 21:09    Sujet du message: Répondre en citant

Ben oui, le 62nd Fighter Wing (entre autres) devait bien avoir deux avions dispos, non ?
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Casus Frankie

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Clappique



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MessagePosté le: Lun Juin 17, 2019 21:12    Sujet du message: Répondre en citant

Super récit, merci !
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Si on ne croit à rien, surtout si on ne croit à rien, on est obligé de croire aux qualités du coeur quand on les rencontre, ça va de soi.
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Wardog1



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MessagePosté le: Lun Juin 17, 2019 21:44    Sujet du message: Répondre en citant

Y'a t'il des espagnols dans l'armée de l'air française, car si y en à qui pilotent des bombardier, plus tard dans la guerre certains seraient tenté de raser une ou deux villes allemandes...un retour de baton pour les allemands au sujet de guernica.
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"You and I are opposite sides of the same coin. When we face each other, we can finally see our true selves. There may be a resemblance, but we never face the same direction."

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demolitiondan



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MessagePosté le: Lun Juin 17, 2019 21:45    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Je voulais te parler d’un des blessés. Celui qui est touché au dos. J’ai voulu lui changer son pansement, cet homme à un trou gros comme le poing à l’arrière de la cage thoracique et trois côtes dénudées. Elles semblent raclées tellement c’est net !


Hé bé il a de la chance de pas être mort du choc. Et pour ses collègues du Madrid pareil - un 88 ça pardonne pas. Surtout s il reste des munitions à bord.

Je vois que tu as aussi tes grands traumatisés psy cher ami !
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Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste
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requesens



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MessagePosté le: Lun Juin 17, 2019 21:58    Sujet du message: Répondre en citant

demolitiondan a écrit:
Citation:
Je voulais te parler d’un des blessés. Celui qui est touché au dos. J’ai voulu lui changer son pansement, cet homme à un trou gros comme le poing à l’arrière de la cage thoracique et trois côtes dénudées. Elles semblent raclées tellement c’est net !


Hé bé il a de la chance de pas être mort du choc. Et pour ses collègues du Madrid pareil - un 88 ça pardonne pas. Surtout s il reste des munitions à bord.

Je vois que tu as aussi tes grands traumatisés psy cher ami !


Concernant le blessé, je me suis souvenu de Maurice Genevoix, je crois me souvenir qu’il évoque un cuirassier dont le flanc est à nu. J’ai un peu forcé le trait.
Pour le 88, la moitié des occupants est au tapis.
Quant à notre cuisinier-conducteur-psychopathe, il lui sera beaucoup pardonné. De toute façon, je ne suis pas du tout certain que l’on sorte indemne de quelques années en premières lignes. Dans le cas des espagnols, ils se battent durement depuis 1936. N'oublions pas que durant la guerre civile le risque d’exécution pour un prisonnier était très élevé. Encore plus de stress, si cela est possible !.
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"- Tous les allemands ne sont pas nazis, monsieur !
- Oui, je connais cette théorie, oui."


Dernière édition par requesens le Lun Juin 17, 2019 22:09; édité 1 fois
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Anaxagore



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MessagePosté le: Lun Juin 17, 2019 22:06    Sujet du message: Répondre en citant

requesens a écrit:
De toute façon, je ne suis pas du tout certain que l’on sorte indemne de quelques années en premières lignes.


J'ai connu trois anciens combattants, L'un d'eux vingt ans après la guerre du Liban, continuait à avoir des troubles de l'érection. Les guerres détruisent la psyché autant que les corps et les cœurs.
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Ecoutez mon conseil : mariez-vous.
Si vous épousez une femme belle et douce, vous serez heureux... sinon, vous deviendrez un excellent philosophe.


Dernière édition par Anaxagore le Mar Juin 18, 2019 09:08; édité 1 fois
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