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Les Balkans (et la Hongrie), Janvier 1944
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patzekiller



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MessagePosté le: Sam Mai 04, 2019 21:44    Sujet du message: Répondre en citant

juste un truc concernant le paragraphe GQG du 24

en Italie, à ce moment les ricains disposent en unités dédiée spécifiquement à ce front que du 322 BG sur B26
le reste des mediums est en corse ou dans le sud de la France

si tu fait allusion aux B17 et 24, en ftl, c'est la 8th AF qui est installée en Italie (rome et plus au sud)

sinon coté RAF, il y a les lourds basés en crete et en Italie, tout le 104 Group et ses sqn de Wellington sont à ta disposition (contacte moi si tu veux des numéros Wink )
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demolitiondan



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MessagePosté le: Sam Mai 04, 2019 21:58    Sujet du message: Répondre en citant

Faudra corriger 8th en effet. Pour les numéros- quand j en serai en mars avec plaisir 8)
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Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Sam Mai 04, 2019 23:27    Sujet du message: Répondre en citant

Pat : OK, merci.

Capu Rossu : merci pour la 1), mais pour la 2) c'est bien que "les Hongrois ne demandent plus vraiment qu'une chose : la garantie que l'Armée Rouge, etc"
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Casus Frankie

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Lascaris



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MessagePosté le: Dim Mai 05, 2019 00:52    Sujet du message: Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:
Hi Lascaris
I knew, about Piraeus. But this time, I forgot to change the word when I read Dan's tale. Sorry.
About Hellenic Army - this I didn't know, we'll change that. Funny it was Royal navy and Royal Air force, but not Royal Army ! Is there a reason ?


Politics and tradition not entirely unlike how in Britain you have a royal navy but not a royal army. "The army is the national army, the armed citizenry, how can it belong to any single person even the king?" and so on. Actually it was a point of notable controversary when it was proposed in the late 50s or early 60s, can't remember exactly when, to rename it into royal army causing reaction against such renaming.
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Dim Mai 05, 2019 11:06    Sujet du message: Répondre en citant

25 janvier
La campagne des Balkans
Tempête de neige
Yougoslavie
– L’opération Schneesturm bat désormais son plein, alors que les forces combinées de l’Axe ratissent monts et vallées malgré de très fortes difficultés issues tout autant du relief que du climat. La tempête porte bien son nom !
Depuis son QG avancé de Foča, le général von Le Suire est inquiet : ses Jägers pataugent dans la poudreuse et ses semi-chenillés patinent dans les congères ! Il s’en ouvre à Lothar Rendulic : « Le mouvement de nos forces est plus qu’entravé par la météo, Herr General ! On m’annonce que le régiment Sandjak n’a même pas encore débouché sur le plateau de Plužine ! Quant à Đurišić, il serait dans la vallée de Palež, pour autant qu’on le sache. Je propose respectueusement de surseoir à l’opération tant que les conditions météo ne seront pas un peu plus favorables. »
Mais à l’autre bout du fil, Rendulic ne l’entend pas de cette oreille : certes, la Prinz Eugen a accepté de prêter un régiment destiné à fermer l’ouest de la nasse en bouclant la région d’Avtovac, le temps que les Partisans soient réduits. Mais ce modeste geste n’a été obtenu qu’au prix d’interminables tractations avec le SS-Obergruppenführer Artur Phleps, lequel n’éprouve qu’un intérêt limité pour cette opération fort éloignée de Mostar. Un délai supplémentaire pourrait tout remettre en cause et le chef de la 20. Armee ne tient vraiment pas à annoncer un retard à son supérieur, von Weichs. Pas après son désagréable rappel quant à l’œil qu’Himmler porte sur ce théâtre – les SS seraient trop heureux de pouvoir parler d’une « nouvelle preuve de l’incompétence de la Heer ».
Finalement, Rendulic tranche – dans le vif, comme souvent : « Nous n’avons aucune marge de manœuvre. D’autres choses sont à l’œuvre, général, qui vont bien au-delà de votre corps d’armée. Alors avancez ! »

Havel les bons tuyaux
Kaposvár (Hongrie)
– Contemplant de temps à autre de derrière son bureau la neige qui tombe sur la région, Maximilian von Weichs est relativement satisfait. Le redéploiement de la 20. Armee avance bien, les Alliés ne progressent plus, les Partisans sont aux abonnés absents et la météo interdit tout bombardement. Enfin la paix ! Pour deux mois au moins. Et comme les Hongrois tiennent pour lui la plaine de Voïvodine (c’est leur pays après tout), il peut préparer en toute sérénité un dispositif destiné à recevoir les chars britanniques au printemps prochain.
Machinalement, Weichs note d’aller sous peu rencontrer le patron de la 2. PanzerArmee, désormais en interaction avec ses forces. Tant qu’à faire, le général Hans-Jürgen von Arnim devrait faire venir à cette réunion le chef du 4e CA hongrois – le major-général József Heszlényi. Après tout, ils sont voisins à présent. Autant qu’il puisse jauger de la fiabilité du personnage.
A cet instant, et comme pour répondre aux pensées du commandant du GA E, le téléphone sonne. Dans le combiné, le standardiste paraît paniqué : « Herr General ? Mes excuses ! J’ai Berlin qui demande à vous parler de toute urgence à propos des Hongrois ! »

Vers de nouveaux horizons
Albanie
– Il neige encore ce matin quand le XIIIth Corps au grand complet quitte enfin la Vallée des Merles, cheminant vers le nord par le bassin de Podujevo – même si les très nombreux habitants musulmans de la région diraient plutôt Podujevë.
Les soldats de l’Empire laissent derrière eux un tableau humain pour le moins bigarré. En l’espèce, une vallée gouvernée par des Serbes, mais peuplée d’Albanais, avec une capitale sous administration militaire grecque (Georgios Tsolakoglou ayant choisi, pour des impératifs de communications, de rester à Tirana) et dont les confins, à Kosovska Mitrovica, sont désormais tenus par des Algériens et des Tchèques ! Lesquels n’ont – Dieu merci ! – pas encore de contentieux avec la population locale… mais cela ne saurait sans doute tarder.
« Hé bien, au moins c’était une mission originale ! » conclut Brian Horrocks, tandis que sa voiture poursuit péniblement son chemin vers Kuršumlija.

A l’est, du nouveau
Calafat (frontière bulgaro-roumaine)
– La deuxième équipe de pontonniers envoyée par le colonel Canterbry arrive au second point de passage défini par Sir Rhodes. Elle est bien évidemment déjà attendue par les soldats politiques de l’URSS, qui ont pris le relais des garde-frontières bulgares fort démotivés – mais qui étaient pourtant encore présents la veille. Inutile de chercher à comprendre – les sapeurs de Sa Majesté se mettent à l’ouvrage avec expertise. Ce n’est pas un simple fleuve, même beau et bleu, qui va leur faire peur, à eux qui ont déjà dompté les mers !

Intercession
GQG du 18e GAA (Athènes)
– On appelle le général Montgomery du 10 Downing Street ! Et, bien plus étonnant, le chef du 18e GAA paraît ravi de prendre l’appel ! Ce qui ne manque pas d’étonner le standardiste – même si, évidemment, il se gardera bien d’émettre le moindre commentaire.
– Prime Minister ! Heureux de vous entendre ! J’ai appris par votre cabinet que vous alliez venir nous voir.
– C’est exact, Monty. J’aurais préféré vous l’annoncer moi-même, mais les diplomates… Bref, vous voyez que je tiens toujours mes promesses. Les choses avancent – et vous aurez les moyens de votre future campagne vers Vienne.

L’assertion concernant les promesses de Winston est d’une exactitude toute relative, mais Montgomery est de si bonne humeur qu’il est disposé à laisser à son chef le bénéfice du doute. Il enchaine donc : « Puis-je supposer que vous désirez mon avis sur les personnes que vous allez rencontrer en février ? »
– Absolument. J’ai bien sûr les rapports de nos ambassadeurs, les comptes rendus de réunion et tout un tas de dossiers franchement barbants sur mon bureau. Mais vous me connaissez. Je crois en l’homme, en la discussion franche, voire honnête. Il me faut votre expérience du terrain.

Montgomery, malgré tout sa réserve, est flatté de l’attention de son chef. Mais celui-ci a-t-il pour autant besoin de son avis ? Le chef du 18e GAA n’est pas réputé comme le plus fin connaisseur de la nature humaine, et il le sait ! Médisances, évidemment – mais elles l’incitent à la prudence face à ce qui pourrait bien être une manœuvre.
– Sur les Grecs et le régent Paul, je n’ai pas beaucoup à dire. Leur Premier ministre, Mr Papandréou, collabore avec nous de longue date… enfin, collaborait plutôt. Car tant que leur infanterie ne remonte pas vers le nord, je suis coincé. La libération de la Yougoslavie et la percée vers Vienne se retrouvent donc bloquées à cause des inquiétudes d’Athènes.
– C’est effectivement fâcheux… Mais avec les Grecs, il n’est rien que je ne puisse traiter, avec un peu de temps. Je pensais plus aux Yougoslaves, si vous me suivez, Monty.
– Je ne connais pas leur ministre des Affaires étrangères, le nommé Ninčić. Je dois avouer que je ne m’en suis pas trop soucié – comme vous le savez, selon moi, chacun doit jouer sa partie. Par contre, j’ai croisé une ou deux fois leur souverain Pierre II. Il m’a fait une impression des plus… désagréables.

Montgomery pense évidemment à leur quasi-accrochage de la Noël dernière – seul un repli tactique lui avait alors permis d’éviter un incident grave.
– Une impression désagréable ? On me dit pourtant que c’est un jeune homme plutôt doux et souriant !
– Sur les pelouses de Cambridge, peut-être. Mais ici, c’est autre chose. Il est plus têtu qu’un âne mort, plus fier qu’un paon et plus rancunier qu’un éléphant. Son regard est parfois noir comme la nuit elle-même. Toutefois, je ne pense pas que ce garçon ait mauvais fond. Mais il est plus que mal entouré.
– Je vois. Je vais discuter avec lui en tête à tête. Après notre entretien, il sera doux comme un agneau.
– Même sans aller jusque-là, toute amélioration de son attitude et de celle de son gouvernement serait vraiment la bienvenue, Prime Minister.
– Je vous le promets, Monty. Par ailleurs…

La conversation continue. Churchill vient une fois encore de faire une promesse qu’il n’a pas la certitude de pouvoir tenir. C’est devenu une habitude très répandue dans les Balkans – mais Bernard Montgomery ne s’en est pas encore rendu compte.

Machinations serbes
Palais Blanc (domaine royal de Dedinje, Belgrade)
– Pendant ce temps, dans la demeure royale, un drame se noue. En effet, peut-être inquiet des rumeurs qui courent sur son imminent limogeage, et préoccupé, quoi qu’il en soit, par l’état d’esprit du Roi, Juraj Krnjević – le vice-Premier ministre yougoslave et néanmoins Croate – ne se contente pas de faire le dos rond. Il contre-attaque et va directement au-devant du Karađorđević afin de protester de sa fidélité. Cette profession de foi se transforme toutefois très vite en une critique acerbe de l’orientation prise par le régime – et ce malgré la présence de Slobodan Jovanović, qui tente de servir de conciliateur.
Krnjević est tout sauf un débutant en politique : il a été de toutes luttes depuis l’époque de l’assemblée constituante de 1920 – il avait 25 ans et il était alors l’un des plus proches collaborateurs de Stjepan Radić, le premier secrétaire du HRSS (1). Exilé à Londres et Paris lors de la dictature d’Alexandre 1er, il connait effectivement Maček, Košutić… et Pavelic. Mais ces liens datent d’une autre époque, où tous étaient unis contre un adversaire commun. Juraj Krnjević a toujours soutenu la démocratie, dénoncé le fascisme et lutté contre l’influence étrangère – qu’elle soit allemande, italienne ou… française – condamnant sans réserve les exactions oustachies. Lorkovic l’a même qualifié de « traître au peuple croate » ! (2)
Alors, certes, ses anciens camarades de lutte face à un pouvoir dictatorial partiellement responsable de la situation actuelle ont dépassé les bornes, il le dit sans gêne. Mais ce ne sont pas les seuls ! Tchetniks, communistes, royalistes bienveillants… tous ont des montagnes de cadavres dans le placard. Et en tant que président du Parti paysan croate (en exil…), il lui revient d’essayer de prévenir de nouvelles effusions de sang et de tenter de ramener au moins une partie de ses collègues à la raison, pour les rassembler autour d’un projet plus sage. A savoir, une Banoniva Croate puissante, libre… mais intégrée dans un état fédéral Yougoslave. C’est à ce prix que les Slaves du Sud cesseront de s’entretuer… et que les communistes n’accéderont pas au pouvoir.
Evidemment, on s’en doute, ce discours politiquement très marqué (mais pas plus que dans la moyenne yougoslave) porte difficilement face à Pierre II. Pour ce dernier, les Croates ont fauté et doivent expier leurs fautes. S’ils souhaitent éviter un massacre, à eux de désarmer immédiatement et sans conditions – toute concession offerte dans ces circonstances donnerait raison à Pavelic. Pire, elle serait une insulte aux morts pour la libération du Royaume – des morts au sein desquels on ne trouve d’ailleurs guère de Croates.
Finalement, Krnjević prononce le mot de trop pour Pierre II : « Je regrette vivement que Votre Majesté ne daigne pas me suivre dans mes modestes efforts. Et je crains fort que, par ses surenchères permanentes, elle ne finisse par faire le jeu de l’ennemi. » Un éclat de voix, une porte qui claque – impossible de savoir qui l’a fermée. Mais le gouvernement yougoslave paraît tomber en morceaux, tout comme le pays qu’il prétend diriger.

Et pendant ce temps-là, sur les ondes
Balkans
– Il fait froid et humide ce soir – un temps à rester devant la cheminée, au coin du feu et avec un bon livre à la main. Ce qui est hélas un luxe que fort peu d’Européens peuvent s’accorder. Mais cela ne décourage pas pour autant Az Igazi Magyar qui, sur L’Onde du Danube, détaille longuement et par le menu les privations et réquisitions subies par la population hongroise. Lesquelles sont bien sûr limitées et parfaitement justifiées par la perspective d’une imminente victoire de l’Axe. Et puis, dans le fond, tout cela n’est pas bien grave, affirme sans rire le “Vrai Hongrois” : « Que valent les repas de fêtes, le confort et la chaleur d’un foyer, pour tous les valeureux soldats magyars qui veillent dans le froid face à la vague rouge ? » On se le demande, en effet.

L’orgueil d’un amiral
Vieilles rancunes de Mittel Europa
3-8 Porchester Gate (Londres), 19h00
– Dans ces discrets bureaux de la capitale britannique, František Moravec, chef des services secrets du gouvernement tchécoslovaque en exil, reçoit son ministre de la Défense, le général Jan Sergej Ingr. Les deux hommes confèrent en tête-à-tête – ce qui n’a rien d’un hasard : tous deux trouvent que le ministre des Affaires étrangères, Jan Garrigue Masaryk, est trop turbulent… trop impulsif… trop honnête en vérité. Et de fait, personne d’autre qu’eux n’est vraiment au courant du sujet de leurs discussions – alors même que le général dîne pourtant ce soir avec le Premier ministre Jan Šrámek et le président Edvard Beneš.
C’est lui qui s’exprime, sur un ton lassé par l’âge : « Tout de même, Moravec, j’aurais préféré affronter ces Hongrois à la loyale. Comme autrefois, en 1919, avec mes légionnaires ! Et les Polonais pareillement, j’en suis certain. »
– Les Polonais ne nous auraient pas aidés sur ce coup, général… Par contre, les Yougoslaves seraient vraisemblablement d’accord avec nous si nous leur demandions leur avis ! J’ai combattu, moi aussi, mais dans la légion serbe. Mieux vaut les avoir comme amis, croyez-moi. Mais cela nous éloigne du sujet. Et même si je comprends votre… réserve, vous comprendrez bien que notre pauvre pays doit porter les coups que ses moyens lui permettent.
– Vos agents ont été d’une grande efficacité, c’est vrai.

František Moravec se carre lourdement dans son fauteuil, les deux mains croisées devant lui, et assène : « Enfin, général, ne me dites pas que vous avez des regrets ! Nous n’allions quand même pas laisser cet amiral de pacotille négocier notre pays ! »
– Vous croyez toujours que les Anglais auraient traité avec lui ?
– Les Anglais ont bien signé les accords de Munich en 1938 – et ils lui donnaient tout le sud de la Slovaquie jusqu’à Presbourg ! Ce n’est que plus au nord que nos terres allaient au Reich. Bon, ce qui a été pris par l’Allemagne nous reviendra, c’est évident, mais…
– Mais le reste ?
– Oui, le reste… Mieux vaut ne pas prendre de risques – en 1942, Eden parlait encore d’un
« succès diplomatique » à propos Munich. Alors… Horthy est malin, ne le sous-estimez pas. Il a manœuvré l’Italie pour forcer la main au Reich en 1938 (3) . D’ailleurs, c’est à Ciano que sont allés ses premiers remerciements, pas à Hitler ! Ce protestant prétend être arrivé au pouvoir contre sa propre volonté…
Moravec a un petit rire aigre et poursuit : « Pourtant il s’y maintient depuis un quart de siècle ! Vous rappelez-vous son triomphe en 1938 lorsqu’il est entré en vainqueur à Kassa, une ville qui nous avait été arrachée ? »
Le général Ingr paraît s’assombrir. « Oui… Sur son cheval blanc, comme lorsqu’il libérait Budapest des communistes ! Et un 11 Novembre ! »
– Le tout sous les caméras de la propagande hongroise, qui en ont fait leurs choux gras (4) !
– Un spectacle écœurant…
– Et pourtant salué par bien des Britanniques. Lord Rothermere, le principal soutien des Blackshirts, a écrit un article saluant
« le bonheur rayonnant d’une nation jusque-là désespérée et injustement traitée »… Et nous ? Dans quelle amertume nous trouvions-nous alors ?
Un long silence, puis le chef des services secrets se penche en avant et achève : « Dans celle, atroce, de voir nos propres concitoyens, Hongrois mais que nous avions accepté comme nos frères, dresser des colonnes de fleurs et des arcs de triomphe à Horthy… »
Puis il retombe de nouveau lourdement dans son fauteuil : « Ah ! “Isten Hozott” disaient-ils ! Dieu t’a amené ici ! Eh bien, que le Diable les emporte désormais ! »
– Nous y veillerons, répond le général. Le président Beneš a déjà demandé aux Alliés de considérer l’éventualité d’une “konečné řešení německé otázky”
[solution finale – sic – du problème allemand]. La minorité sudète nous empoisonne la vie depuis trop longtemps.
Sur ce, il enfile son manteau tout en poursuivant : « Je compte proposer ce soir au Premier ministre d’étendre ce dispositif aux Hongrois de souche. Vous avez ranimé de vieux souvenirs, Moravec… »
Les deux hommes se serrent la main et le général ministre prend congé : « Je vous ferai connaitre les résultats de mes démarches au plus tôt. Continuez, je vous prie, de défendre la Tchécoslovaquie face aux menées des autres nations… quelles qu’elles soient ! A plus tard mon ami ! »
– A bientôt, général !

Et Jan Sergej Ingr disparaît dans la nuit vers sa voiture qui va le conduire au 26 Gwendolen Avenue, pour une soirée très constructive…


Notes
1- Le Parti paysan républicain croate, ancêtre du HSS et principal opposant au régime d’Alexandre 1er. Cette opposition a d’ailleurs valu à Radić une tentative d’assassinat par le serbe Petar Teslic (en pleine assemblée !) puis une condamnation à 2,5 ans de prison pour avoir milité contre l’unification du Royaume, parmi d’autres périodes d’emprisonnement plus ou moins justifiées. Par un triste retour du destin, il sera assassiné le 20 juin 1928, toujours à l’Assemblée et avec deux autres collègues, par Puniša Račić, un tueur et ancien membre de la Main Noire, envoyé par le roi Alexandre. Račić fut condamné à vingt ans de prison – à purger dans une luxueuse villa fournie avec trois domestiques et dont la porte n’était jamais gardée !
2- Le comte Ciano, ministre d’une Italie fasciste soutenant clairement les Oustachis, précise à ce moment dans son Journal que « Krnjevic est émigré depuis longtemps : ses écrits comme sa pensée suivent un cours qui ne correspond pas à l’idéologie du mouvement national ».
3- Suite au désastreux voyage d’Etat effectué par Horthy à Kiel en 1938, le Reich allemand était plus que réticent à l’idée de faire bénéficier la Hongrie des accords de Munich. L’intervention de l’Italie fasciste fut décisive. On peut préciser – mais évidemment, Moravec s’en abstient – que les accords de Munich permettaient à la Hongrie d’avoir une frontière commune avec la Pologne pour former un « glacis catholique » – situation alors favorisée par les services du compte Ciano.
4- Voir le film de propagande au titre évocateur Eszak felé !Vers le Nord !


Dernière édition par Casus Frankie le Dim Mai 05, 2019 12:02; édité 1 fois
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Anaxagore



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MessagePosté le: Dim Mai 05, 2019 11:19    Sujet du message: Répondre en citant

Euh... en FTL Heydrich a été tué par les Soviétiques !
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Ecoutez mon conseil : mariez-vous.
Si vous épousez une femme belle et douce, vous serez heureux... sinon, vous deviendrez un excellent philosophe.
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Dim Mai 05, 2019 11:59    Sujet du message: Répondre en citant

Exact… même si Moravec a pu leur donner la main. Bon, on va corriger cet excès d'enthousiasme.
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Casus Frankie

"Si l'on n'était pas frivole, la plupart des gens se pendraient" (Voltaire)
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demolitiondan



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MessagePosté le: Dim Mai 05, 2019 13:26    Sujet du message: Répondre en citant

Ne peut-on parler d'une plus que probable complicité tchèque à laquelle nos deux compères font allusion ? Je serai d avis de ne pas mentionner les soviétiques !
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loic
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MessagePosté le: Dim Mai 05, 2019 20:24    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
– Oui, le reste… Mieux vaut ne pas prendre de risques – en 1942, Eden parlait encore d’un « succès diplomatique » à propos de Munich.

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On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ...
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le poireau



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MessagePosté le: Lun Mai 06, 2019 08:48    Sujet du message: Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:
Weichs note d’aller sous peu rencontrer le patron de la 2. PanzerArmee, désormais en interaction avec ses forces. Tant qu’à faire, le général Hans-Jürgen von Arnim devrait faire venir à cette réunion le chef du 4e CA hongrois – le major-général József Heszlényi. Après tout, ils sont voisins à présent. Autant qu’il puisse jauger de la fiabilité du personnage.


C'est l'un ou l'autre mais pas les deux !

En décembre la 2e Armée Panzer se scinde en deux : 2e PZA allemande et 2e armée hongroise : l'une est en effet transférée au sud (Voïvodine ou Transylvanie) suite à la chute de Bucarest et de Belgrade mais l'autre garde toujours les Carpates du nord face au 2e Front d'Ukraine.

Je ne sais plus si dans nos échanges par mail on avait défini précisément les mouvements des 1re et 2e armées hongroises et 2e PZA à la suite des opérations Market-Garden et Ploesti-Bucarest ?
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demolitiondan



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MessagePosté le: Lun Mai 06, 2019 09:01    Sujet du message: Répondre en citant

On avait parlé des hongrois - c'est plus logique : ils sont moins exposés aux russes et défendent la route de Budapest !!!!!
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Lun Mai 06, 2019 10:15    Sujet du message: Répondre en citant

La petite confusion ci-dessus est en voie de résolution.

En attendant…



26 janvier
La campagne des Balkans
Contrôler le chaos
Albanie et Kosovo
– Sous une neige qui n’en finit décidément pas de tomber, le général Sylvestre Audet arrive dans la région de Tirana, afin de rencontrer les (nombreux) responsables alliés présents dans la vallée des Merles. Tsolakoglou, Jouffrault, Liška… tout le monde y passe. Car Audet tient, selon ses propres mots, à « [se] faire au plus vite une idée de ce me…dier, et surtout des moyens de nous en sortir. »
Instruit par son expérience préalable de Tirana, Audet a déjà le moins pire des projets en tête : fermer les vannes du chaos et geler le conflit, faute de pouvoir le résoudre. Au moins le temps que ses forces aient quitté la région – ce à quoi il espère parvenir au plus vite. Mais pour cela, il va bien falloir discuter de nouveau avec les responsables locaux, au premier rang desquels se trouvent les ballistes. Sous l’égide du SOE, qui n’a plus autant d’agents qu’auparavant dans la région, il est donc convenu d’une entrevue avec Safet Butka et le général Pervizi pour demain.

Tempête de neige
Yougoslavie occupée
– Schneesturm se poursuit dans les bourrasques, sans qu’il soit possible pour l’instant de véritablement juger de son efficacité – les rares escarmouches se concluent le plus souvent très vite, dans la confusion. En vérité, l’Axe parait bien en peine de quadriller la région, ou même d’estimer les forces qui lui font face. S’agit-il de simples exaltés, de bandits de grand chemin, du gros des forces “terroristes” ou bien d’éléments retardateurs laissant espérer une prise beaucoup plus intéressante ? Il est trop tôt pour le dire – faute de reconnaissances aériennes ou de renseignements fournis par les civils. Ici aussi, Brzo est passé, et a laissé un vide.
Dans l’attente, et selon le souhait du commandement, les opérations se poursuivent : la 117. Jäger est à Hum et se divise en deux colonnes équivalentes. Son 749e Rgt entame seukl la longue et pénible montée vers Plužine, pour rejoindre le SS Polizei-Selbstschutz-Regiment Sandjak qui, lui, a déjà atteint le plateau – sans toutefois être en mesure d’avancer beaucoup plus pour l’instant, faute de ravitaillement.
Le 737e Rgt des Jägers, de son côté, poursuit à travers bois vers Krna Jela, espérant tendre la main aux miliciens de Pavle Đurišić et faire jonction à Pljevlja. Et de son côté, le 13e Rgt “Artur Phleps” de la Prinz Eugen chemine à pas de sénateur vers Aprcovici, pour achever d’encercler Plužine.

Migrations contraintes
Sarajevo
– Le général Hellmuth Felmy rencontre son collègue Rudolf Lüters, du XV.GAK, afin de faire un point sur la situation – au chaud et entre membres de la Race des Seigneurs. Tous deux conviennent que les directives pressantes de leur supérieur Rendulic, ainsi que le calme inespéré dont bénéficie pour l’instant la région, sont des arguments bien plus puissants que la neige qui s’abat dehors.
Ils décident donc de lancer sans plus attendre la relève du XV. GAK par les forces du LXVIII. Armee-Korps, puis son glissement vers le nord. La 162. ID redescend donc vers Berane, restant ainsi à portée de canon (moins de 25 km) du KG Lungerhausen, lequel demeurera à Bijelo Polje, avec le 907. Stug Abt. Ce déplacement libérera la 100. Jäger et le 914. Stug Abt, qui remonteront vers Užice pour rejoindre la 114. Jäger. Quant à la 173. ID, elle quitte enfin Podgorica et Danilovgrad pour rejoindre la 277. ID à Prijepolje. Ces deux derniers mouvements prendront environ une semaine, du moins si les conditions météorologiques ne les entravent pas trop. Une fois les unités de Lüters relevées, ces dernières remonteront à leur tour vers le nord pour relever le flanc droit du XXI. GAK. La 117. Jäger-Division n’est pas concernée pour l’instant – sa position sera revue après la fin de Schneesturm et selon son résultat.
Les ordres partent, formalisant ses manœuvres pour le moins complexes, à exécuter par un temps épouvantable.

Promotions et rétablissements
Šabac (Serbie occupée)
– Pendant que certains pataugent dans la poudreuse, une cérémonie d’un genre pour le moins inhabituel se déroule sur les bords de la Save. Avec fierté, Alexander Löhr remet à son subordonné Josef Brauner von Haydringen les insignes officiels de sa toute-nouvelle 42. Jäger-Division, laquelle remplace l’unité de réserve que fut la 187. ID. Une récompense bien méritée : l’unité s’est comportée superbement durant les dernières campagnes, retardant de presque trois jours la chute de Prilep face au fer de lance allié, avant faire payer un lourd tribut aux Yougoslaves à l’est de Leskovac – le tout sans jamais risquer la déroute. Il est vrai que, dans les deux cas, la division d’infanterie avait été renforcée des Nashorn du 93. schwere Panzerjäger abteilung, mais il n’empêche ! Cette unité mérite largement sa “promotion”.
Lors de la remise des fanions et insignes (une tour Eiffel – sic – surmontant une flèche), von Haydringen est visiblement ému : il a passé plus d’une année à former cette troupe. Leur passage au rang de chasseurs sanctionne sa réussite. Puis, alors qu’on joue le Horst Wessel Lied, la garde d’honneur reprend le chant avant de défiler résolument au pas de l’oie. Avec des soldats pareils, qui a dit que la Heer était finie ?
Alexander Löhr est bien de cet avis – mais il se garde de tout triomphalisme. Sa 12. Armee reste dans un état proprement alarmant, les renforts et rééquipements difficilement arrachés par son supérieur ne suffiront pas. En témoigne le retour en ligne très récent (et surtout très officiel) de la 4. Gebirgs-Division de Julius Braun. Le malheureux n’a pu cacher sa déception quant il lui a annoncé l’arrivée d’un malheureux bataillon de renfort destiné à reformer son unité, après assimilation des grenadiers qui l’appuyaient. Pour les chasseurs de montagne, nulle solennité, donc – seulement l’amertume de la défaite. A moins qu’il ne s’agisse simplement du poids de l’expérience.

Les Balkans compliqués…
Manœuvres croates
Quai de la Joliette (Marseille)
– Léon Blum a entre les mains le rapport du SOE (aimablement transmis par Sir Anthony) annonçant le souhait de l’Etat Indépendant de Croatie d’ouvrir à son tour des négociations de paix. Une information évidemment réjouissante, fiable et de surcroît confirmée par les services diplomatiques helvétiques. Ce devrait donc être une excellente nouvelle – une de plus dans cette région – qu’il conviendrait de diffuser à tous les responsables militaires concernés, et le plus vite possible. Hélas, il y a deux petites difficultés, qui rendent la situation plus complexe qu’il n’y paraît.
En premier lieu, cette proposition de cessez-le-feu semble ne provenir que d’une partie du gouvernement croate, et même d’une partie seulement du paysage politique du NDH – en l’espèce, le Parti paysan croate. Il n’est donc absolument pas certain que les gens qui sollicitent actuellement les Alliés représentent qui que ce soit d’autre qu’eux-mêmes – ce qui incite à la plus extrême prudence.
Le second point est encore plus gênant : l’Etat Indépendant de Croatie n’existe pas. Du moins du point de vue de la Yougoslavie, et plus généralement de celui des Nations-Unies. Il n’y a guère que les membres de l’Axe, leurs marionnettes (dont le NEF, bien sûr !) et certaines nations non engagées mais fort mal avisées, comme l’Espagne, qui aient daigné le reconnaître. Sans doute, d’autres pays réputés neutres (Suède, Portugal, Argentine, Suisse) ont conservé des représentations diplomatiques à Zagreb après l’invasion de 1941, mais sans jamais clarifier la situation – travaillent-elles avec l’état de Pierre II ou avec celui de Pavelic ? Impossible à dire.
Tout cela est donc fort compliqué – et même explosif, dans les circonstances troubles que traversent actuellement le Royaume de Yougoslavie. Blum comprend parfaitement pourquoi Eden l’a sollicité à ce sujet, au titre de “nation partenaire privilégiée des Yougoslaves”. Il lui a refilé la patate chaude !
Que faire ? L’imbroglio diplomatique et juridique est réel. Parlementer avec ce Mladen Lorković – puisque que c’est apparemment lui qui tire les ficelles – c’est, potentiellement, économiser du temps et des vies en cas de succès. Mais c’est aussi prendre un risque considérable si cet interlocuteur s’avérait être un simple bonimenteur, voire un provocateur. Car négocier, c’est quelque part donner une légitimité au NDH ! Et d’ailleurs… Négocier quoi au juste ? Ce pseudo-état revendique tout de même une part non négligeable d’un état souverain membre des Nations-Unies – sans parler des nombreux crimes dont ses gouvernants doivent répondre.
Un entretien téléphonique avec le président du Conseil plus tard, Léon Blum comprend qu’il lui faut avant tout informer son homologue yougoslave, Momčilo Ninčić, par correction bien sûr (l’affaire le concerne !), mais aussi pour solliciter son avis. Une démarche de pure forme – car Blum a déjà une petite idée de la réponse du gouvernement royal… Enfin, comme l’a dit De Gaulle : « Allez vers les Balkans compliqués avec des idées simples, Monsieur le ministre ! » Blum demande donc une liaison téléphonique avec Belgrade – en espérant que son appel n’arrivera pas au pire moment…

Crise de nerfs serbe
Palais Blanc (domaine royal de Dedinje, Belgrade)
– La nuit est tombée depuis bien longtemps sur le Danube, mais la fièvre n’en finit pas de monter dans la demeure de Pierre II. Ce dernier a réuni son cabinet restreint pour évoquer les dernières nouvelles en provenance de Marseille. Le roi de Yougoslavie ne décolère pas, malgré les appels au calme discrets et répétés du Premier ministre Jovanović.
– Messieurs, c’est le bouquet ! Nous soupçonnons depuis des semaines, des mois même, la trahison et la duplicité… et voilà qu’on l’agite sous nos yeux ! Et ce pauvre naïf de Blum qui ose solliciter votre avis, Monsieur Ninčić. Qui ose vous demander s’il faut négocier avec les Oustachis !
Face à lui, le général et ministre des armées Petar Živković n’est pas moins remonté : « Sire, il paraît désormais très clair que l’ennemi est renseigné de l’intérieur ! Seul quelqu’un de haut placé, au sein du gouvernement même, pouvait connaitre l’état de tension dans lequel se trouvent nos relations avec les alliés. Il faut reprendre la main, ou nous serons dévorés par le Serpent. »
Momčilo Ninčić abonde lui aussi en ce sens : « Dans les circonstances présentes, toute concession face au HSS intérieur ou extérieur – car ils ne sont que les deux faces de la même pièce – montrerait notre faiblesse. Que diront les Macédoniens, les Bosniaques, les Slovènes même si nous commençons à traiter ces assassins comme des interlocuteurs valables ! Je prie donc Votre Majesté de bien vouloir considérer que je refuserais énergiquement de remplir ce rôle, si d’aventure elle souhaitait me le confier. La décision est sienne, mais qu’elle sache que je prendrais la mienne en conséquence. »
Le ministre des Affaires étrangères, bien que d’une réelle sincérité dans sa tirade, en rajoute un peu. Il sait très bien qu’il n’y a pratiquement aucune chance que Pierre II Karađorđević donne suite à cette ouverture. Mais il n’en enfonce pas moins le clou avec emphase : « La grandeur du Royaume, la lignée serbe elle-même commande que nous réagissions avec force ! Comme pourrons-nous regarder nos enfants dans les yeux si nous cédons demain, au pied de la Victoire elle-même ? »
Face à ce chœur, le Premier ministre Slobodan Jovanović a choisi de se taire. L’heure est aux esprits échauffés, demain sera un autre jour. Il pourra exposer sereinement son souhait de répondre à la proposition croate, non pas dans un esprit de sécession, mais bien dans un esprit de négociation. De son point de vue, il parait évident que les envoyés du HSS bluffent. Avec maladresse, certes, mais ils bluffent néanmoins : ils réclament l’indépendance pour obtenir l’autonomie dans un état fédéral, ou au moins l’égalité dans le futur Royaume recomposé. Ce qui est d’ailleurs plus ou moins son propre projet, qu’il compte bien avancer après la guerre – alors si, en plus, cette négociation accélérait la fin du conflit…
Toutefois, ce beau calcul vole en éclats quand Pierre II émet à voix haute une idée redoutable : « Messieurs les ministres, chers compatriotes, valeureux Yougoslaves ! En cette heure terrible, aussi terrible que celles de 1941, alors que le mal nous frappe dans le dos après avoir tenté de nous jeter à terre, il convient de faire un exemple à la face du monde. Quelque chose qui prouvera notre détermination absolue à sauvegarder le Royaume. »
Živković, Ninčić et Jovanović se taisent : interloqué, curieux… inquiet. Le souverain se tourne alors vers Jovanović et annonce : « Monsieur le Premier ministre, je vous demande de réunir la représentation nationale dès demain, sans souci du quorum, et d’engager la procédure relative aux articles 78 et 79 de notre constitution à l’encontre de Messieurs Juraj Krnjević et Juraj Šutej, soupçonnés de haute trahison. »
La procédure de mise en accusation ! Momčilo Ninčić parait ravi : « C’est cela, Votre Majesté ! En purgeant, sans prendre de gants mais en toute légalité, la canaille qui infecte notre organisme, nous montrerons à tous notre vigueur ! Et nous enverrons aussi un message clair à ceux qui voudraient encore nous défier ! »
Le général Petar Živković complète : « Attention, l’accusation doit être formalisée par écrit avant toute délibération. Il convient donc de faire vite – et si possible dès demain matin. »
– Je ne doute pas que Monsieur le Premier ministre saura faire diligence, et réunir la majorité des deux tiers nécessaires à l’adoption de la motion !

Pierre II n’énonçait pas une question, il donnait un ordre. L’heure est celle des coupeurs de têtes – le Premier ministre Jovanović ne peut que baisser la sienne, en marmonnant : « Evidemment, je vais faire le nécessaire sans délai, selon le souhait de Votre Majesté. »
– Parfait. En ce cas, vous avez à faire, Monsieur le Premier ministre – comme nous tous. Monsieur Živković est chargé de s’assurer de la loyauté et de la préparation de toute notre Armée, si d’aventure notre action déclenchait des troubles. Monsieur Momčilo Ninčić devra, pour sa part, l’annoncer à nos partenaires si malavisés, sitôt la procédure engagée. Quant à moi, je m’adresserai à la Nation demain à midi, pour expliquer notre geste et présenter l’avenir du Royaume tel que nous l’envisageons.
[Il se corrige.] Non. Tel qu’il sera. Messieurs, à l’ouvrage !
En sortant du Palais Blanc, Slobodan Jovanović a bien du mal à contrôler ses sueurs froides malgré la température hivernale. Rompre l’équilibre interethnique du gouvernement est une folie, qui aura de lourdes conséquences sur l’avenir, toutes aussi néfastes les unes que les autres. D’abord, elle donnera raison aux plus radicaux des Oustachis et poussera le NDH à la résistance à outrance, avec pour slogan la Liberté ou la Mort ! Ensuite, elle exposera les Croates restés loyaux à la couronne aux pires soupçons des Serbes, tout en nourrissant par ailleurs la défiance des autres peuples yougoslaves à l’égard du Roi, qui sera perçu comme un nouvel Alexandre 1er. Ce qui ouvrira bien sûr la porte aux plus sanglants débordements et jettera à bas des années de délicates constructions ! Enfin, elle discréditera définitivement le projet yougoslave, qui ne sera plus vu que comme l’expression d’un pur projet hégémonique serbe. En vérité, le royaume pourrait ne pas survivre à cette décision.
Dans la voiture qui le ramène à son ministère – situé non loin de là, dans le quartier du Senjak (au sud de Belgrade), le Premier ministre yougoslave se dit que sa nuit sera courte. Pas tant pour le travail que Pierre II Karađorđević lui a demandé. Mais bien pour tenter de trouver une solution qui lui permettra de conserver sa place – et peut-être sa vie – tout en désamorçant la machine infernale qui s’est mise en route !
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Hardric62



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MessagePosté le: Lun Mai 06, 2019 10:56    Sujet du message: Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:

Dans l’attente, et selon le souhait du commandement, les opérations se poursuivent : la 117. Jäger est à Hum et se divise en deux colonnes équivalentes. Son 749e Rgt entame seukl la longue et pénible montée vers Plužine, pour rejoindre le SS Polizei-Selbstschutz-Regiment Sandjak qui, lui, a déjà atteint le plateau – sans toutefois être en mesure d’avancer beaucoup plus pour l’instant, faute de ravitaillement.

[...]

En témoigne le retour en ligne très récent (et surtout très officiel) de la 4. Gebirgs-Division de Julius Braun. Le malheureux n’a pu cacher sa déception quant il lui a annoncé l’arrivée d’un malheureux bataillon de renfort destiné à reformer son unité, après assimilation des grenadiers qui l’appuyaient. Pour les chasseurs de montagne, nulle solennité, donc – seulement l’amertume de la défaite. A moins qu’il ne s’agisse simplement du poids de l’expérience.



Quand cette campagne sera finie, il faudra que quelqu'un m'explique comment Tito a réussi à s'imposer de manière durable tout en évitant un carnage massif.
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demolitiondan



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MessagePosté le: Lun Mai 06, 2019 11:10    Sujet du message: Répondre en citant

Ça va être le sujet principal de la campagne cher ami - plus encore que la chute de Pavelic ou la course à Vienne !
_________________
Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Lun Mai 06, 2019 11:15    Sujet du message: Répondre en citant

Merci aux relecteurs !
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Casus Frankie

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