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1940 - La France continue la guerre
 
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Divers épisodes "Les oubliés" - 1942/1943
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demolitiondan



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MessagePosté le: Jeu Avr 26, 2018 12:59    Sujet du message: Répondre en citant

Corrigé également. Smile
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houps



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MessagePosté le: Jeu Avr 26, 2018 15:26    Sujet du message: Répondre en citant

demolitiondan a écrit:


Assouan mon amour

Assouan, le 8 aout 1943

Ça ne sert à rien, dit la petite voix dans la tête. Tu perds ton temps et gaspilles l’argent de l’Etat. .... C’est ça, insista la première voix … Parce que tu crois vraiment qu’on attend ton retour là-haut au Caire ? On s’est débarrassé de toi, voilà tout ! Il fallait juste un prétexte, que tu as toi-même fourni ! … Les divorcées n’aiment pas la publicité.

Ça suffit, trancha-il finalement, faisant taire provisoirement les doutes qui hantaient son esprit. Au moins, Mme Carron avait indiqué le chemin qui l’avait mené ici. Et il était trop tard pour reculer de toute façon … Lui-même avait trop dépensé en bakchich et intermédiaires, faisant des pieds et des mains même, tout ça pour une information...

Petit orientaliste enthousiaste, perdu entre Egypte et Soudan ! Il n’avait jamais quitté les quais de Seine auparavant, rêvant du désert via les livres illustrés vendus par les bouquinistes près de Notre-Dame et du Quartier Latin. Jusqu’à ce jour de mai 1940, où il avait été évacué, comme tout le personnel du Quai d’Orsay. Exilé et peut-être jugé inutile, il avait finalement échoué au Consulat du Caire, où il avait continué à étudier l’Orient.

...Il regarda largement autour de lui, enfin extrait à ces doutes.

Il faut le dire, la beauté du paysage était saisissante. A l’Est, les quais et la ville bruissaient d’activité, alignant navires et felouques au premier plan, laissant la cohorte des camions, calèches et chariots plus en arrière et en surplomb. L’appel du muezzin retentit au loin, sans que d’ailleurs son conducteur s’en émeuve outre mesure. Toute agitation humaine semblait se dissiper par-dessus le large fleuve bleu, recouvert d’embarcations blanches et d’oiseaux piaffants, qui s’ébrouaient autour d’iles luxuriantes. Et, à l’Ouest, ce désert ocre et rouge, collines dominées d’un azur, d’une pureté comme Berthaud n’en avait jamais vue auparavant. Avec sur leurs flancs, des petites grottes faites de la main de l’homme, des tombeaux peut-être ? Et des mausolées au sommet également … Les anciens avaient décidément bon goût.

Oui, oui … encore un billet. Cette histoire commençait à lui coûter cher décidément … Enfin, la République lui rembourserait sûrement ses frais s’il réussissait.

...

Arrivé, à l’étage, son contact s’effaça devant une porte à double-battant restée ouverte. Le français entra dans la pièce d’une démarche qu’il espérait douce et assurée.

Madame Labrousse, je vous remercie d’avoir bien voulu me recevoir.


Bon, je sais, je suis un fétichiste de l'accent circonflexe et de la petite cédille (poésie dont j'ai oublié l'auteur, par ailleurs...) Very Happy
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Etienne



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MessagePosté le: Jeu Avr 26, 2018 15:32    Sujet du message: Répondre en citant

Cédille, j'en connais une, mais c'est dans la BD des Petits Hommes du sieur Séron... Wink
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demolitiondan



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MessagePosté le: Jeu Avr 26, 2018 16:13    Sujet du message: Répondre en citant

Je connais aussi la Cédille des Petits Hommes. Pauvre Seron, à qui on a reproché de Plagier Franquin ... Allez, je corrige 8) Et puisque c'est comme ca, la suite :

Un peu théâtral peut-être, cela lui avait semblé meilleur devant le miroir. Et la flatterie paraissait bien grosse. Bon, au moins c’était fait. Il risqua un sourire, qui lui fut retourné. On lui répondrait courtoisement, c’était déjà ca.

Pendant un instant j’ai craint que vous parliez de l’ imam Ja`far as-Sâdiq, de 765 ou encore de la scission avec les chiites. Elle repartit dans un rire léger, qui perturbait décidément bien Berthaud. Consciente de son trouble, elle laissa flotter un instant dans l’air, porté par la brise qui rentrait de la baie.

Je me doutais bien que vous n’étiez pas venu, après tant d’efforts, pour prendre le thé ou discuter mode. Quoi que, dans les deux cas, cela parait pertinent.

Le français considérait sa tasse, puis son veston froissé, et enfin le large sourire de la Begum.

Pourquoi passer par moi, mon cher Monsieur ? Après tout, mon aimé a été président de l’Assemblée Général de la Société des Nations (1). Et il a représenté l’Inde musulmane en de nombreuses occasions (2). Il a l’habitude des diplomates comme vous.

Une question bien évidente, mais une réponse délicate. Heureusement, Berthaud avait anticipé.

Les questions que je souhaite aborder avec son excellence nécessitent son attention, mais également sa discrétion. Votre entremise garantit les deux, ainsi que sa bienveillance naturelle, évidemment du fait de votre personne.

Mieux valait se faire plus gros que le Bœuf, et ne pas mentionner son rang. Il n’avait pas le prestige, ou le soutien, d’un ambassadeur en poste !

Je vois, cela peut avoir un sens. Répondit La Begum avec une moue enigmatique.

Je ne vous cache pas que mon aimé est retiré des affaires mondiales depuis maintenant plusieurs années. Les errements de la Société des Nations, et l’attitude des britanniques aux Indes ont achevé de le dégoûter de cet aspect de sa vie. Et il faut bien avouer que la France n’a guère brillée par son altruisme en Afrique, elle non plus !

La Begum fit un geste sec à destination de son garde du corps, qui s’avança. Toujours aussi fermé et la main posée sur le poignard. Le jeune français sentait une sueur froide perler sur sa tempe.

Le bédouin sortit des plis de sa robe une feuille avec un crayon à papier, au lieu de l’arme redouté. Berthaud lâcha un discret soupir.

Bâ'z est mon garde du corps et mon serviteur le plus dévoué. Vous voudrez bien écrire sur ce papier l’adresse où l’on peut vous recontacter. Précisa son hôtesse en finissant sa tasse de thé.

Bien volontiers chère Madame. S’exclama un français soulagé, en écrivant sur le dit-papier. Je vais loger au ‘Old Cataracts’, l’hôtel anglais le long du fleuve. Comme tout bon …

Occidental ? Décidément, cette chère Madame était taquine derrière ses yeux sombres et malicieux.

Comme tout bon homme du monde. Corrigea Berthaud dans un sourire. Dois-je en déduire que son Excellence n’est pas ici ?

Effectivement, l’Aga Khan est parti en voyage de villégiatures. Surement pas loin, car il adore cette région. En vérité, il vient ici chaque année. Mais je ne sais pas où il est présentement, je reste plutôt à Assouan. Comme vous le savez peut-être, ma fondation prend une large partie de mon temps.

La ‘Om Habibeh’, c’est cela ?

Oui. Ne vous laissez pas abuser par le paysage idyllique qui sert de décor à cette villa.
Déclama t’elle d’un geste théâtral en direction de la baie vitrée. L’Egypte est un pays grand, majestueux, mais aussi terriblement pauvre et démuni. Des siècles d’exploitation étrangère sont passés par là. La France aussi a été un vil colonisateur …

Le français tenta une réponse suffisamment large pour ne vexer personne, sans pour autant médire de l’Etat qu’il servait. Madame, nous ne pouvons pas rectifier les errements du passé en un tour de main. Surtout dans les circonstances présentes. Néanmoins, vous n’ignorez pas que le gouvernement Reynaud a mis en place …

Une politique extrêmement généreuse, il est vrai. Ce qui plaide en la faveur de votre gouvernement. Même si le caractère désespéré des mesures de l’été 1940 n’échappe à personne.

Un silence, mais un sourire. Le diplomate sentait, sous le reproche, de la bonté et peut-être même un peu d’empathie pour son pays d’origine.

Me renseigner et informer mon aimé prendra un peu de temps. Je vous ferai recontacter à l’adresse que vous avez indiquée. Prenez votre temps, Monsieur le Diplomate, visitez Assouan et les alentours. Bâ'z va vous raccompagner à votre bateau. Le conducteur a dû surement vous attendre ! lança-t-elle d’un geste amusé.

Tout son argent allait disparaitre en frais divers ! Mais au moins l’après-midi n’avait pas été inutile. Berthaud se leva, et prit congé après un baisemain, et selon les formules de politesse les plus courtoises. Descendant le grand escalier en compagnie de son désormais-contact, il se dirigeait vers le Nil qui rougeoyait sous le soleil couchant. Partout sur sa surface, oiseaux et felouques découpaient des silhouettes dansantes sur l’eau, dans un lent spectacle d’ombres chinoises.

Le batelier qui l’avait emmené ici l’avait effectivement attendu. Et faisait de larges signes vers son client favori. En bas de l’escalier, puis en passant le perron, il semblait à Berthaud que le rire charmant de La Begum accompagnait chacun de ses pas.

(1) De 1937 à 1938,
(2) Premier président de la Ligue Musulmane, qui conduira à la création du Pakistan. Représentant Indien aux Round Table Conferences relatives aux réformes constitutionnelles en Inde et à la Conférence sur le désarmement à Genève,
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loic
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MessagePosté le: Jeu Avr 26, 2018 21:24    Sujet du message: Répondre en citant

Intrigante histoire ..

Je pinaille un peu :
- Yvonne Blanche Labrousse est élue miss France en 1930 (1ère dauphine en 1929).
- elle prend le nom de Om Habibeh lors de son mariage en 1944
- Begum est un titre aristocratique indien désignant l'épouse favorite du sultan, ce qui colle avec le point précédent

Source : Wikipedia
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demolitiondan



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MessagePosté le: Jeu Avr 26, 2018 21:31    Sujet du message: Répondre en citant

Bonsoir Loic Smile Effectivement je corrige la date. Et en 1943, elle porte déjà ce nom, de façon officieuse toutefois, l'Aga Khan ayant divorcé une année auparavant (ce qui est sous-entendu au début du texte). Leur liaison est un secret de polichinelle, qu'ils ne cachent d'ailleurs nullement 8) !

Mais la suite :

Assouan, le 13 août 1943

Cinq jours plus tard, attablé à la terrasse du ‘Old Cataracts’, Christian Berthaud se demandait si l’on ne l’avait pas mené en felouque. Tel Hercule Poirot dans le fameux roman d’Agatha Christie, il restait là, à observer ibis et hérons qui égayaient le paysage de leurs parures chamarrées.

Pour sûr, il avait fait le tour de la Ville, sans toutefois oser aller trop loin. On ne sait jamais, « elle » aurait pu le recontacter en son absence et cela aurait été le bouquet. Et puis, il n’était pas là pour faire le touriste, à fortiori avec un budget tout sauf extensible. Il avait néanmoins pu inspecter quelques éléments remarquables : le jardin des Kitchener bien sûr, mais aussi les ruines de l’ile Eléphantine et son musée archéologique. Un peu poussiéreux mais avec des pièces admirables assurément, et l’on commençait pourtant à peine à explorer le site (1). Et puis la carrière de granit, aux roches fendues d’un obélisque inachevé, car fracturé accidentellement. Encore une maladresse d’Hatchepsout et de ses serviteurs. Et enfin, les tombeaux nubiens et le barrage bâti par les anglais en 1902, qui offrait un large panorama sur le site, pour qui osait braver la chaleur et monter sur son parapet.

Assurément, on se lassait difficilement d’Assouan. Mais, pour le français, il s’agissait moins de lassitude que d’angoisse. Et il restait désormais ici, à attendre un signe, un message, qui n’arrivait pas.

Il commanda un nouveau Brandy au garçon de café en faction, dont l’uniforme blanc et le Fès rouge accentuaient encore le caractère bariolé du paysage. Une consommation de plus … Inutile d’essayer de boire l’eau du robinet, sauf à souhaiter souffrir mille morts. Le français était frustré.

Car enfin, on était cerné par la perfide Albion ici. Tout sentait l’Angleterre, du maintien du personnel à la décoration du bar, sans parler des boissons. Sherry, brandy, whisky … Seule la bière paraissait vaguement locale. Ce décalage, ce dépaysement supplémentaire, donnait un argument supplémentaire à la petite voix de son esprit. Celle qui lui susurrait à l’oreille qu’il ne devrait décidément pas être là.

Mister Berthaud, I’ve Got a message for you. Lui glissa le maître d’hôtel britannique, avec le flegme de celui qui croit qu’il dérange. Il avait une enveloppe à la main et sa moustache frémissait de réserve.

Pourtant il ne dérangeait pas du tout, au contraire. Le jeune orientaliste sauta quasiment de sa chaise à cette phrase.

Un message ? Quoi ? Pardon, qui ? Comment ?

Un … humf … Camelboy … cavalier c’est cela, est passé tantôt pour vous voir. Il m’a remis ceci.


Berthaud considéra successivement le maitre d’hôtel et l’enveloppe dans sa main. Et il n’est pas rentré directement pour me la confier ?

Sorry Sir, mais nous sommes un établissement de Standing. Nous n’allions pas laisser entrer un bédouin comme ça au milieu de nos clients. Au surcroît, l’homme nous a semblé peu sûr, voire antipathique.

Ca devait être Bâ'z. Qu’il puisse être effrayant est une chose, mais quand même. Quel mépris pour les locaux ! Le jeune homme comprenait un peu mieux la pique de La Begum quant à son choix d’hôtel. Il soupira :

Et ne pouvais t’on me faire appeler en ce cas ?

Well, la personne était pressée et n’a pas souhaité nous en laisser la possibilité.
Fit le maitre d’hôtel dans une moue que Berthaud interpréta comme de la condescendance. Au surplus, je crois devoir préciser à Monsieur que son visiteur ne parlait qu’arabe.

Je parle également Arabe, cher ami !
Répliqua immédiatement le dit-Monsieur, qui souhaitait signifier qu’il était aussi un client qui aurait gouté un peu plus de respect.

Le responsable battit en retraite, mais de l’exacte mesure de ton qu’il estimait devoir à son invité. Oh, it’s a Shame. Bref … avec nos excuses … j’ai pris la liberté de noter les propos du Monsieur et de vous les apporter. If you may …

Berthaud saisit l’enveloppe qui lui était désormais tendue, la déplia et entreprit d’en déchiffrer le contenu. Elle était en français ! Vous m’aviez dit que mon visiteur s’exprimait en arabe.

Yes, indeed. J’ai pris la liberté de … Transcript …


Eh bien, il n’y avait plus qu’à espérer que le garde de La Begum avait su se faire comprendre sans être trop transparent. Mais à la réflexion, l’homme était surement assez intelligent pour cela. Tout le contraire de l’individu en face de lui, aussi fin que sa moustache.

May I leave ?

Je vous en prie …


D’un maintien parfait, l’homme s’inclina et laissa Berthaud seul avec le message tant attendu. Il reprit sa lecture avec un mélange d’excitation et d’appréhension. La missive disait précisément :

" Cher ami, je reviens vers vous comme convenu. Il ne sera pas de retour en sa demeure avant une à deux semaines."

Deux semaines ? Impossible ! pensa un Berthaud effaré.

"En effet, il effectue actuellement une croisière en Nubie, entre la première et la seconde cataracte. Néanmoins, il est curieux et intrigué par votre requête.

Il vous propose donc de le rejoindre sur son esquif par vos propres moyens. Son bateau vous attendra donc dans les deux jours à venir au Sud de la ‘Colline aux Singes’, près de Wadi Halfa. Vous reconnaitrez sans peine ce dernier.

Très Amicalement."


La colline aux singes ? Qu’est ce que c’était que cette carabistouille ? Escomptait-on qu’il recherche l’Aga Khan dans le désert, derrière chaque monticule tel un archéologue à chapeau ? Interloqué et confus, Berthaud se leva de sa chaise dans un geste de dépit, faisant s’envoler de nombreux oiseaux qui étaient restés à proximité, guettant des miettes de repas.

Le français prit un instant pour se calmer et recouvrer son esprit, les doigts pincés sur le haut de son nez. Ses réflexes d’analyste reprirent le dessus. Il se rassit finalement. Voyons, un bateau au Nord de Wadi Halfa, apparemment facilement reconnaissable … Mais c’était presque au Soudan, à 250 kilomètres d’ici. Comment s’y rendre nom d’un chien ?

A cet instant, un oiseau plus gros et bruyant que les autres passa au-dessus de la terrasse.

J’ai une idée …


(1) Dans les années 90, un bâtiment moderne, le « Musée de Nubie », accueillera une large partie des collections,
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MessagePosté le: Jeu Avr 26, 2018 21:43    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Et en 1943, elle porte déjà ce nom, de façon officieuse toutefois,

Le nom d'accord, mais le titre ?
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demolitiondan



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MessagePosté le: Jeu Avr 26, 2018 21:45    Sujet du message: Répondre en citant

Le nom et le titre, après tout son excellence s'est déjà marié ... De nombreuses fois. Laughing L'histoire l'a retenue sous ce nom, je ne sais si je m'avance.
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demolitiondan



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MessagePosté le: Ven Avr 27, 2018 13:27    Sujet du message: Répondre en citant

Nouvelle épisode du feuilleton, chers amis ! Very Happy

Le vent brulant du désert caressait la joue de Christian Berthaud, alors que le moteur Gipsy ronronnait d’un bruit léger qui rappelait quelque peu une machine à coudre. Une ambiance étonnante pour sûr, mais une sensation pas désagréable en définitive.

Evidemment, pour en arriver là, il avait du batailler à l’aérodrome d’Assouan. Et faire preuve d’un bagou impressionnant pour démontrer que, non son passeport diplomatique n’était pas un faux et que, oui il avait besoin de prendre l’avion vers la Nubie. Une enveloppe substantielle avait assurée la compréhension du responsable égyptien de la base, qui avait éprouvé le besoin soudain de faire réaliser un vol d’entrainement à son cousin, également pilote sur la même base. Sur un Tiger Moth, respectable et élégant biplan, et en direction de Wadi Helfa fort opportunément. A peu près 350 kilomètres de distance, à suivre le cours du Nil.

Il faudrait juste fermer les yeux et déposer le passager à un emplacement que ce dernier indiquerait en route. Ce qui arrangeait peut-être, et le pilote et le responsable, en l’absence d’explications à fournir à Wadi Helfa auprès du commandement britannique lors de l’arrivée de l’appareil.

Berthaud recula quelque peu le torse pour mieux se caler dans son fauteuil. Il n’était que très modérément confortable mais c’était le cadet de ses soucis. Bien à l’abri derrière ses lunettes d’aviateur, qui le rendaient pourtant ridicule, il observait le paysage.

Parti d’Assouan, ils étaient passés par-dessus le barrage britannique, surplombant des iles verdoyantes et des colonies d’hérons qui se soulevaient à leur passage. Au loin, à l’Est, un temple à moitié inondé, mais qui conservait une élégance rare, accompagné d’un kiosque à 14 colonnes. Certainement Philae … Berthaud se rappelait des gravures longuement observées la nuit, à la lueur des bougies, lors de ses insomnies étudiantes.

Maintenant, ils survolaient la Vallée de Nubie, large gorge surplombée de plateaux rocailleux, aux sommets ressemblant vaguement à des pyramides. Le Nil, étroite bande verte et bleue, était la seule trace de fertilité dans ce paysage ocre et noir, à la fois sévère mais majestueux. De temps à autre, un village, une felouque, un petit temple même, témoignaient de la présence humaine. Et les autochtones ne se faisaient pas prier pour saluer avec force mouvements le curieux et inhabituel appareil.

Un couple de faucons parut suivre un moment le biplan, à quelques dizaines de mètres de distances. Splendides animaux, qui s’intéressaient à une proie bien grosse pour eux. Et finalement, les rapaces partirent en piqué, à l’instant où Berthaud s’y attendait le moins. Totalement surpris, il les vit, en bas, se saisir d’un héron qui avait eu la mauvaise idée de s’envoler à leurs passages, vraisemblablement effrayé. Quelle sagacité pour ces oiseaux de proie !

Le soleil se couchait, et commençait à descendre derrière les monts alentours. La lumière virait doucement au rouge, et les rives se paraient d’or. Le pilote, qui ne souhaitait évidemment pas se faire surprendre par la nuit, accéléra et fit signe au Français de la main gauche : désignant le sol, il indiquait clairement qu’il était temps de trouver son lieu de rendez-vous. Mais Berthaud n’eu pas longtemps à chercher : une large felouque immaculée et blanche, immobile au bord du fleuve … Cela ne pouvait guère être que lui, compte tenu de la pauvreté de la région. L’avion fit un passage en rase-motte, afin de s’assurer de l’identité du bateau. Il y avait un drapeau sur la hampe … un lion et une licorne, enserrant les insignes royaux britanniques ? Inattendu, mais pleinement cohérent avec le message de La Begum !

L’avion atterrit sur une étroite bande de terre sablonneuse, qui serait surement bientôt recouverte par la crue de Nil. Sitôt Berthaud à terre, le pilote redécolla sans demander son reste, laissant le français sur la berge, en plein milieu de la basse-Nubie. Quelqu’un s’approchait, mais qui ?
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Ven Avr 27, 2018 13:36    Sujet du message: Répondre en citant

Juste un mot déjà : au début des années 40, le cher Tigre Mou n'est pas du tout "vénérable" s'il est bien sûr élégant !
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Hendryk



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MessagePosté le: Ven Avr 27, 2018 13:54    Sujet du message: Répondre en citant

Un Tiger Moth qui survole le désert, ça fait repenser au Patient anglais.


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demolitiondan



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MessagePosté le: Ven Avr 27, 2018 13:59    Sujet du message: Répondre en citant

Je suis plein d'influences cinématographiques Very Happy Casus, Berthaud ne connait rien à l'aviation, et j'ai des doutes sur l'entretien du Moth Laughing Laughing
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Ven Avr 27, 2018 14:08    Sujet du message: Répondre en citant

Pour notre diplomate, l'avion peut être "usagé", "mal entretenu", mais pas "vénérable". L'appareil en question n'a pas plus de 6 à 8 ans au grand maximum.
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demolitiondan



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MessagePosté le: Ven Avr 27, 2018 14:18    Sujet du message: Répondre en citant

Et respectable ? Voire éminent ? Vu qu'on est sur un texte religieux !!! Laughing Laughing Laughing
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MessagePosté le: Ven Avr 27, 2018 14:21    Sujet du message: Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:
Pour notre diplomate, l'avion peut être "usagé", "mal entretenu", mais pas "vénérable". L'appareil en question n'a pas plus de 6 à 8 ans au grand maximum.

D'un autre côté, l'aviation à l'époque évoluait à la vitesse de l'informatique aujourd'hui, et de nos jours on n'hésiterait pas à qualifier de "vénérable" un ordinateur vieux de 8 ans...
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