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1940 - La France continue la guerre
 
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Julius, pilote de guerre - par Etienne
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houps



Inscrit le: 01 Mai 2017
Messages: 1855
Localisation: Dans le Sud, peuchère !

MessagePosté le: Dim Déc 03, 2017 16:12    Sujet du message: Répondre en citant

Y'a plus qu'à fouiller les caisses... Very Happy
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Wil the Coyote



Inscrit le: 10 Mai 2012
Messages: 1904
Localisation: Tournai (Belgique)

MessagePosté le: Dim Déc 03, 2017 16:14    Sujet du message: Répondre en citant

FREGATON a écrit:
Etienne a écrit:
Chuis pas sûr que pour des tourniquets à vinaigrette, les japs se seraient donné du mal Laughing


Le tourniquet japonais peut être dextrogyre (Tourni-Koti) ou levogyre (Tourni-Kota), selon que la graine de sésame destinée à la vinaigrette est homozygote ou hétérozygote, d'où la nécessité de les transporter sur deux navires différents pour éviter toute confusion à l'arrivée au port...
Ok Arrow


Manquerait plus qu' un des bombardier soit nommé Pollux...... Arrow
_________________
Horum omnium fortissimi sunt Belgae
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Etienne



Inscrit le: 18 Juil 2016
Messages: 2840
Localisation: Faches Thumesnil (59)

MessagePosté le: Dim Déc 03, 2017 16:15    Sujet du message: Répondre en citant

houps a écrit:
Y'a plus qu'à fouiller les caisses... Very Happy

Avec le doigt dans le trou du fût?
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FREGATON



Inscrit le: 06 Avr 2007
Messages: 4063
Localisation: La Baule

MessagePosté le: Dim Déc 03, 2017 16:20    Sujet du message: Répondre en citant

houps a écrit:
Y'a plus qu'à fouiller les caisses... Very Happy


Mais les caisses étaient si bien serrées que jusqu'au fond le passage a été difficile...
_________________
La guerre virtuelle est une affaire trop sérieuse pour la laisser aux civils.
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Archibald



Inscrit le: 04 Aoû 2007
Messages: 9440

MessagePosté le: Dim Déc 03, 2017 17:42    Sujet du message: Répondre en citant

Le sergent commanda ses troupes qui s’apprêtait à fouiller le navire.
"Les gars, appliquez strictement la consigne: la main au trou du fût, le doigt entre les caisses ! Par contre, s'il y a des nouilles (dans les caisses) éviter de les couper au sécateur..." Arrow
_________________
Sergueï Lavrov: "l'Ukraine subira le sort de l'Afghanistan" - Moi: ah ouais, comme en 1988.
...
"C'est un asile de fous; pas un asile de cons. Faudrait construire des asiles de cons mais - vous imaginez un peu la taille des bâtiments..."
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FREGATON



Inscrit le: 06 Avr 2007
Messages: 4063
Localisation: La Baule

MessagePosté le: Dim Déc 03, 2017 18:22    Sujet du message: Répondre en citant

Archibald a écrit:
Le sergent commanda ses troupes qui s’apprêtait à fouiller le navire.
"Les gars, appliquez strictement la consigne: la main au trou du fût, le doigt entre les caisses ! Par contre, s'il y a des nouilles (dans les caisses) éviter de les couper au sécateur..." Arrow


S'il y à des nouilles dans les caisses, quelle part pour dîner? car curieusement la troupe conserve le produit de ses fouilles.
_________________
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loic
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Messages: 9033
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MessagePosté le: Dim Déc 03, 2017 19:15    Sujet du message: Répondre en citant

Bon, ça part un peu en vrille, là ...

Qui a dit qu'on s'affolait ? Shocked
Je donnais juste des pistes pour le transport d'avions et des arguments pour illustrer qu'en FTL convoyer des avions démontés serait plus dangereux pour les Japonais.

Si on pouvait trouver des éléments datés OTL (vu du point de vue américain, chinois ou japonais) concernant ce transport d'avions, cela aiderait à colorier.
_________________
On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ...
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Etienne



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Messages: 2840
Localisation: Faches Thumesnil (59)

MessagePosté le: Dim Déc 03, 2017 20:03    Sujet du message: Répondre en citant

27 novembre 42 Wink
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loic
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MessagePosté le: Lun Déc 04, 2017 07:28    Sujet du message: Répondre en citant

Donc au 27 novembre 1942, des avions ont été transportés en caisse en Chine et repérés par les Américains. Pour autant, à cette date, tout le territoire sous contrôle japonais n'est pas en proie aux bombardements alliés, il me semble.
_________________
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Etienne



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Messages: 2840
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MessagePosté le: Lun Déc 04, 2017 09:20    Sujet du message: Répondre en citant

Tout le territoire? Non, seulement la partie où les P-40 peuvent aller. c'est le problème de Chennault, que j'explique. On est encore en phase transitoire entre AVG et 14th AF.
C'est un peu la raison pour laquelle j'ai retranscrit cette opération: ça y ressemble bigrement.
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marinade



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Messages: 114

MessagePosté le: Mer Déc 06, 2017 13:43    Sujet du message: Répondre en citant

loic a écrit:
Donc au 27 novembre 1942, des avions ont été transportés en caisse en Chine et repérés par les Américains. Pour autant, à cette date, tout le territoire sous contrôle japonais n'est pas en proie aux bombardements alliés, il me semble.


C'est tout le point des avions renifleurs : ils sentent quand quelqu'u largue une caisse. Sur ce, Arrow
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Capu Rossu



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Messages: 2557
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MessagePosté le: Jeu Déc 21, 2017 21:21    Sujet du message: Répondre en citant

Bonsoir,

Dans le texte d'Etienne Hans Joachim Marseille pilote un 109 immatriculé "14 jaune".
Dans Méditerranée - Mars 1942, au 6 mars 15h00, il pilote un 109 "2 jaune".
(et peut-être dans d'autres citations).

Info à normaliser, soit d'un côté, soit de l'autre.

@+
Alain
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Casus Frankie
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Messages: 13821
Localisation: Paris

MessagePosté le: Mar Jan 02, 2018 11:42    Sujet du message: Répondre en citant

La suite des aventures de Julius, pour commencer l'année…


28 juillet, Chungking
– Le maître d’hôtel chinois qui vient me réveiller en tambourinant à ma porte n’est pas exactement le bienvenu. Hier, Chennault a tenu à nous offrir un pot pour fêter notre victoire, donc nous avons également sorti ce qui nous restait comme bouteilles d’un DC-3.
Il insiste vulgairement, le lascar, et dans un anglais approximatif, me lance finalement quelque chose comme « Monsieur, le Généralissime veut vous voir de toute urgence ! » Tchang ? Que me veut-il ? J’ouvre la porte…
– Le Généralissime ?
– Oui, il a envoyé une voiture pour vous chercher.
– J’arrive, le temps de m’habiller.

Même pas moyen de prendre un petit déj’, par ici ! Je suis le larbin, nous descendons jusqu’au perron où attend en effet une jeep, avec un soldat chinois impassible au volant. L’officier qui l’accompagne est lui passablement énervé, même s’il s’incline cérémonieusement devant moi. Je suis à peine installé qu’il fait démarrer la voiture en trombe. Le conducteur me donne une leçon de conduite chinoise : ça ressemble à ce qu’on trouve en AFN, mais avec le klaxon coincé, sans frein et sans se préoccuper d’un quelconque panneau de signalisation. Heureusement que le trafic automobile n’est pas dense !
Nous arrivons dans la cour de l’hôtel présidentiel, une vaste demeure coloniale métamorphosée en quartier général. Sans les batteries de DCA entourées de sacs de sable et les nombreux uniformes, la bâtisse devrait avoir un charme certain, avec ses colonnades et son grand escalier de perron. Mon officier est déjà dehors alors que je n’ai pas encore mis un pied à terre, il se précipite vers un planton qui s’engouffre dans la demeure, et en ressort avec un autre officier qui vient me saluer dans un français plus que correct : c’est l’interprète de Tchang Kai-chek, qui m’amène au bureau de celui-ci, une grande pièce drapée de lourdes tentures au milieu de laquelle trône un bureau de taille ministérielle, mais laqué de noir et décoré de motifs locaux. Le généralissime se lève à mon arrivée et vient me serrer les mains avec un grand sourire. L’interprète me traduit ses paroles, heureusement, car le chinois, pour moi c’est de l’hébreu.
– Son Excellence le Généralissime vous félicite chaleureusement pour la splendide et victorieuse action que vous avez menée contre le détestable envahisseur nippon, avec l’aide de nos valeureux amis américains. Vous avez fait franchir un nouveau palier à la lutte sans merci que nous menons en ridiculisant l’adversaire, et nul ne doute que celui-ci s’en souviendra avec honte et déshonneur.
– Remerciez le Généralissime, mais nous n’avons fait que notre devoir.
– Son Excellence le Généralissime bénit les responsables de votre état-major qui vous ont envoyé ici en mission. Vous avez fait bien plus que votre devoir, et il ne manquera pas de leur envoyer ses multiples éloges à votre sujet. Le Généralissime tient à vous remercier personnellement, et il invite les valeureux pilotes français à un grand repas de fête ce soir en ce palais qui sera illuminé par votre présence.
– Ah ? Euh… C’est avec fierté et grande joie que j’accepte cette invitation au nom de mes hommes et en mon nom.
[Voilà que je me mets à parler comme lui, maintenant !]
– Son Excellence le Généralissime demande par ailleurs si vous pourriez continuer la lutte contre l’envahisseur à nos côtés ?
– Dites à Son Excellence que je ne pense pas que nous pourrons rester très longtemps, notre mission est brève et nous devrons rentrer bientôt.
– Son Excellence le Généralissime peut vous proposer de substantiels appointements pour combattre ici.

[Bin voyons !] – Désolé, mais étant officiers de l’Armée de l’Air française, ceci n’est pas possible. Nous sommes au service de notre patrie, et d’elle seule.
Sourire pincé de Tchang à cette réponse, mais il reprend.
– Son Excellence le Généralissime comprend fort bien ce sentiment qui vous honore, capitaine. Dans ce cas, il demande donc s’il pourrait vous acheter vos avions si performants ?
– Acheter nos avions ? Vous voulez dire en acheter d’autres du même type ?
– Aussi, car il en faudrait plus, mais si nous pouvions avoir ceux que vous avez amenés ? Ils nous seraient fort utiles.
– C’est que… Je ne suis pas habilité pour faire ce genre de négociations ! Les avions ne nous appartiennent pas, j’en ignore même le prix !
– Son Excellence le Généralissime comprend tout ceci, mais peut-être serez-vous en mesure de vous renseigner auprès de vos supérieurs d’ici ce soir ?
– Dites au Généralissime que je vais essayer.

Et bien, je ne suis pas dans la mouise, moi ! Je n’aurais jamais pensé que devenir commandant d’escadrille pouvait conduire à de telles situations…
On me reconduit à l’hôtel, mais je fais stopper le chauffeur (difficilement) devant l’ambassade. Monsieur Escarra n’étant pas disponible, je patiente un peu avant de rencontrer le général Mast, qui m’accueille dans son bureau. Je lui déballe toute l’histoire et demande ce que je peux faire. Comme beaucoup de ses collègues, Mast ne connaît pas grand-chose aux affaires de l’Air, et commence par vitupérer l’inaction de l’Armée de l’Air lors de la campagne de 40. Même si je n’étais pas actif à ce moment-là, on en a suffisamment discuté entre pilotes pour savoir l’inexactitude de cette position, et je me permets de répliquer avec arguments, ce qui ne manque pas de surprendre le général, peu habitué à être contredit par un subalterne, fût-il d’une autre arme. Néanmoins, son ton s’adoucit un peu, et nous continuons la discussion sur mon problème, mais nous en arrivons rapidement à la même conclusion : il faut contacter Alger au plus vite ! Ce que ne manque pas de confirmer Jean Escarra, arrivé entre-temps.
Nous rédigeons donc un document expliquant la situation, demandant une réponse de toute urgence, ne serait-ce que sur le principe, et Escarra le fait expédier aussitôt par câble codé. Le hic, c’est qu’au mieux, nous n’aurons pas de réponse avant demain matin.
– Que vais-je bien pouvoir raconter à Tchang lors de sa soirée ?
– Il vous a invité à une soirée ?
– Oui, avec mes pilotes et ceux de Chennault ayant participé au raid, je suppose.
– Je vois, ce n’est pas une soirée officielle où le tout-Chungking est invité. Nous ne serons pas de la partie, Charles.
– Oh vous savez Jean, ces soirées mondaines ne sont pas non plus mon fort.
– Certes, mais il eût été intéressant de participer afin de savoir ce que veut réellement Tchang. Et aussi épauler notre jeune capitaine dans ces discussions.
– Ma foi, j’ai pu entrevoir que le capitaine a bien assez de répartie pour se débrouiller, même face à la louve Song.
– Son épouse ?
– Et ministre de l’Air du gouvernement de son époux. Vous devriez plus avoir affaire à elle, je pense.
– Ministre de l’Air ! Je comprends mieux son intérêt pour nos avions et la pertinence de ses questions !

Je retourne à Peishiyi, songeur. Tous les gars sont dans le hangar, les mécanos aux avions endommagés, les pilotes discutant dans le petit cabanon faisant office de PC. Je rameute tout le monde et leur annonce la nouvelle.
– Qu’est ce que c’est que cette histoire ?
– Il est fou ce Tchang, ils vont jamais vouloir, à Alger.
– Oh ça, va savoir, si ça passe au plan diplomatique, y sont capables de tout !
– Ouais, mais comment on rentrera, s’ils les vendent ?
– Bin, y a les DC-3. Une fois qu’on aura déchargé les pièces de rechange, y aura de la place…
– Super, le voyage en trapanelle !
– Hé ho, je te signale que tu n’es pas venu beaucoup plus vite, vu qu’il fallait les suivre !
– Tout de même…
– Vous excitez pas les gars, pour le moment c’est juste une demande, et il faut attendre la réponse d’Alger. Le tout pour moi est de savoir ce que je vais bien raconter ce soir à la soirée du Généralissime…
– Tu les vends le double du prix et on partage la différence !
– Sauf que j’ignore le prix de base, le père Bloch ne m’a pas refilé un tarif.
– Faudra lui en demander un la prochaine fois, et négocier une prime à l’avion !
– Riez, mais profitez-en maintenant, car ce soir faudra pas déconner à table.
– Ah ? On vient aussi ?
– Tous les pilotes, et j’imagine ceux de Chennault.
– Ah bin tiens, tu peux lui demander, il arrive avec Scott.

La jeep du général, conduite par Scott, s’arrête près de nous.
– Hi guys, Comment allez-vous ? Nous avons vu un groupe de loin, vous préparez un nouveau raid ?
– Non mon général, on discutait de la soirée prévue ce soir chez Tchang. Vous y êtes invités ?
– Oui, avec Scott et les équipages des bombardiers. Vous avez fait une sacrée impression au Généralissime, il est tout excité !
– En effet, mon général, il veut nous acheter nos avions !
– Ceux-ci ?
– Oui, et d’autres paraît-il à discuter…
– Hey, bonne affaire pour vous, ce sont mes gars qui vont faire la g… si les Chinois prennent vos zincs !
– Vos vendeurs d’avions aussi !
– Au diable ! Ils ne sont pas foutus de nous livrer des avions neufs en quantités suffisantes, tu imagines le temps que Tchang devra encore attendre ? Je le comprends, pour une fois. Djoule, tu vas discuter avec Madame Song, j’imagine ?
– Ce soir très certainement, mais je n’aurais sûrement pas de réponse de chez nous avant demain au mieux.
– Aye, ne t’avance pas trop alors ; tu as quand même des billes en poche ?
– Aucune ! Je viens d’aller voir l’ambassadeur et le général Mast, et ils ne peuvent m’en dire plus. D’après Escarra, Alger devrait accepter, ne serait-ce que pour le principe, mais à quel prix ?
– Ça, ce n’est pas grave. Les transactions avec les Chinois peuvent durer des jours, et ce genre de détails se règlera par voie diplomatique. L’important pour toi est d’établir une base de contact saine. Pour Tchang, c’est toi le responsable du détachement, donc c’est avec toi qu’il va marchander, ou plutôt que Madame Song va marchander.
– Vous me mettez encore plus la pression, général !
– Ne t’inquiète pas Djoule ! Scott et moi, on sera présents, et on t’aidera.
– Contre des intérêts américains ?
– Ce ne sont pas huit avions qui vont faire bouger la balance économique, ou même cinquante ! Par contre, ça pourrait faire réfléchir les gars chez nous sur l’urgence à nous acheminer du matériel, et du bon.
– Ah je vois, une petite piqûre de rappel !
– Right ! Ils ne sont pas vaccinés, au pays.

Les mécanos se sont remis au boulot, et nous à glander, ou préparer des rapports. Je songe aux réservoirs de P-38, ces fameux 150 gallons / 568 litres. Ça nous donnerait une autonomie théorique d’environ 4 000 km, une paille ! Faut essayer un vol de consommation là-dessus. Je demande si un 157 et un 158 sont prêts, et devant la réponse affirmative, je dis de leur monter les grosses poches (un autre terme est employé), et j’appelle Gus et Pierre pour leur préparer un petit voyage. Scott nous propose une reco sur Shanghai ou Pékin, rarement visités, donc avec peu de DCA ou d’avions en alerte. Un peu moins de 3 000 km aller-retour, c’est pas mal pour un test.
Je les regarde décoller vers 11h00 pour Shanghai (où la météo prévoit un ciel clair) avec un pincement au cœur ; si je n’avais pas cette paperasse de rapports à remplir au plus vite vu la succession d’évènements, je serais dans un zinc. Je commence à connaître les joies du commandement… et les inquiétudes en attendant leur retour.
Vers 17h00, un double bruit de moteurs différents me fait sortir du cabanon, comme tout chef d’escadrille. Ce sont bien eux, toujours équipés de leurs bidons. Allons, ils n’ont pas fait de mauvaise rencontre, et n’ont pas eu besoin de les larguer. Sauf que Pierre boucle un tonneau lent ! Malgré ses “grosses poches” ! (Il me vient à l’esprit que je n’aurais pas froncé le sourcil à ce sujet avant d’être nommé chef…) Les deux avions posés et au parking devant le hangar, j’approche des zincs d’où sortent goguenards mes deux lascars.
– Alors ?
– Beau voyage tout au-dessus de la couche, on a débouché sur la côte au sud de Shanghai, où le ciel était vide, et nous sommes remontés au nord vers la ville, où le ciel était presque vide.
– A part un hydravion Mavis qui voulait amerrir.
– Oh, il a amerri !
– Oui, mais à grande vitesse et avec un angle de 45°, il n’a pas supporté.
– Faut dire qu’il était lourd.
– Lourdement chargé, oui. Et le plomb qu’on lui a ajouté a fait surcharge.
– Et plouf, à la baille !
– Pas de réaction des Japonais ?
– La DCA a mis un certain temps avant de comprendre.
– Faut dire qu’on a piqué de haut et qu’on arrivait vite.
– Ils ne devaient pas s’attendre à nous voir !
– Et la chasse ?
– Oh, on en a bien vu qui décollaient…
– Mais ils ne nous ont pas suivis longtemps…
– Et on a pu rentrer peinards.
– Vous avez fait les consos et mesures de vitesses ?
– Oui chef, faudra vérifier avec ce qu’il reste dans les réservoirs. Et on a fait des photos aussi.
– Bien. On aura l’occasion d’un toast de plus ce soir, je pense. Portez vite les films au labo, et mettez-vous en tenue pour la soirée.

Ce sont des voitures ouvertes qui nous emmènent au palais présidentiel, une habitude de Tchang, qui est venu nous chercher, et qui nous fait défiler dans les rues pavoisées et remplies de Chinois nous ovationnant, agitant des drapeaux du KMT, mais aussi américains et français ! Où a-t-il pu en trouver autant ? Toujours est-il que nous arrivons tant bien que mal sur les lieux de nos futures agapes. Avant de passer à table, petit (!) discours du Généralissime célébrant notre victoire d’hier et notre exploit du jour, avec moult toasts de champagne chinois. En vieux habitués, Chennault et Scott se font servir du whisky, et je ne tarde pas à en faire autant. Bon. Le whisky me semble être aussi chinois que le champagne, ce que confirme Scott, mais c’est moins pire.
Nous nous installons à table suivant un cérémonial complexe, ou chinois. Ce ne sont pas de vastes tables de banquet à l’européenne, où tout le monde se retrouve aligné, et où chacun ne peut discuter qu’avec ses deux voisins. Le pragmatisme chinois préfère de petites tables, de huit personnes pour cette occasion. Tchang et madame Song au centre, Chennault et Scott en face de Madame Song, moi à sa droite et trois généraux chinois sur la gauche de Tchang, Madame Song traduisant quand c’est nécessaire (les généraux chinois parlent plus ou moins anglais) ! Le dîner commence, et avec lui la conversation qui s’ouvre avec le raid sur Shanghai, dont Tchang me félicite chaudement. Je me récrie doublement : ce n’était qu’un essai de validation des bidons de P-38, et ce n’est pas moi qui ait abattu l’hydravion, mais le sous-lieutenant Boillot et le capitaine Dieulefit. Ce qui provoque de la part de Tchang un nouveau toast en l’honneur des deux hommes. Chennault sourit : « En attendant, les Japs vont devoir à présent maintenir une patrouille au-dessus de Shanghai, ce qu’ils ne faisaient pas jusqu’ici. Bon, ça !
– Même vos B-25 n’allaient pas jusque là ?
– De nuit uniquement. Là, c’est de jour, une simple patrouille qui conserve ses bidons pour le retour, ils doivent être verts.
[On apprendra bien plus tard que l’hydravion amenait des officiers supérieurs de la Marine venant discuter avec leurs collègues de l’IJA de la protection des ports de Mer de Chine. Ce qui n’arrangea pas les relations entre les deux factions militaires du Tennô…]
– Que devient l’autonomie de vos avions avec ces bidons ? (Madame Song)
– Environ 3 500 km avec dix minutes de combat, madame, d’après nos calculs et ce qui restait dans les réservoirs.
– Ce qui veut dire que d’ici, vous couvrez la totalité du territoire chinois occupé.
– En effet, Madame.
– Voilà qui est intéressant, n’est ce pas général ? (elle s’adresse à Chennault).
– Tout à fait, madame. Nous ne connaissons pas encore l’autonomie réelle de nos P-51, mais les chiffres que l’on nous donne parlent de 1 400 mi (2 200 km) avec les bidons de petite taille. Si nous arrivons à décoller avec les gros, on devrait être dans les mêmes zones.
– Mais vos P-51 n’arrivent qu’au compte-gouttes, général ! Vous n’en avez pas encore assez pour vos unités de la 14e AF, et j’ignore quand votre gouvernement satisfera les demandes de notre ROCAF !
– Je suis d’accord avec vous, Madame, nos instances laissent traîner, comme d’habitude.
– Alors que pensez-vous de notre idée d’acheter ces avions français ?
– Sur le plan militaire, je n’y vois aucune objection, Madame. Au contraire, ils me semblent excellents, même si je pense que le niveau de leurs pilotes y est aussi pour quelque chose. Mais c’est avec nos diplomates que cela risque de coincer.
– Ceux-là, je m’en occupe, général. J’ai encore assez d’appuis à Washington pour les faire taire, ou leur faire comprendre qu’il serait préférable d’activer leurs livraisons s’ils ne veulent pas voir un marché leur passer sous le nez…
– Attention, Madame, la France ne pourra probablement pas vous livrer tout ce dont vous aurez besoin, leur industrie n’est pas vraiment redevenue ce qu’elle était.
– Elle se remet peu à peu, général, mais c’est vrai que nous ne pourrons pas tout fournir avant quelque temps !
– Capitaine, avez-vous eu des informations de vos dirigeants d’Alger ?
– Hélas non, madame. Le décalage horaire n’aide pas les transmissions. Mais sans m’avancer plus avant, l’ambassadeur Jean Escarra pense qu’Alger consentira à céder ces appareils. Après tout, cela leur fera un voyage de retour en moins.
– Et pour une commande totale de… disons cinquante avions ? Pensez-vous que ce sera faisable ?
– Là aussi je ne peux guère m’avancer sans avoir de confirmation d’Alger. Techniquement, c’est faisable car la SNCASO a une commande de soixante avions qui sont en cours de construction à raison de 10 à 20 par mois suivant l’urgence. Mais comme notre état-major tarde à en faire les dotations, vous devriez pouvoir en obtenir assez vite, si accord il y a, bien sûr.
– Une idée de prix ?
– Hélas non, madame. Mais on peut penser que ce ne sera pas trop supérieur au P-51.
Sourire grimaçant de Chennault. Là je m’avance ! Vu les économies d’échelle monstrueuses que North American doit faire…
– Pourrez-vous assurer la formation de nos pilotes, capitaine ?
– S’ils sont déjà opérationnels sur chasseur monoplace moderne, certainement, madame.
– Le P-40 est-il suffisant ?
– Certes oui !
– C’est parfait, capitaine. Je suppose que d’ici demain soir vous serez renseigné, je vous ferai donc chercher par ma voiture afin que nous mettions tout ceci au point, avec votre ambassadeur et le général Mast, bien sûr.

En disant ces derniers mots, elle pose sa main sur mon bras et sourit.
Allons bon ?
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Anaxagore



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MessagePosté le: Mar Jan 02, 2018 12:47    Sujet du message: Répondre en citant

Julius ne mourra pas aux commandes d'un avion. C'est sûr ! La cirrhose du foie où la jalousie de Tethys l'auront rattrapé bien avant ! Laughing
_________________
Ecoutez mon conseil : mariez-vous.
Si vous épousez une femme belle et douce, vous serez heureux... sinon, vous deviendrez un excellent philosophe.
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loic
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MessagePosté le: Mar Jan 02, 2018 13:18    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
En disant ces derniers mots, elle pose sa main sur mon bras et sourit.
Allons bon ?

Aïe, le début des embrouilles ... Embarassed
_________________
On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ...
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