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Un épisode maritime en 1941, par Capu Rossu

 
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Ven Oct 13, 2017 22:57    Sujet du message: Un épisode maritime en 1941, par Capu Rossu Répondre en citant

18 octobre 1941
Un déguisement bien utile
Almeria (Espagne)
– Après la fermeture du camp de rétention de Miranda consécutive à l’accord signé le 26 septembre par André François-Poncet, Haut Représentant de la République française, et le colonel Beigbeder, Ministre des Affaires Etrangères espagnol, les Espagnols font un nouveau geste en remerciement des contreparties économiques octroyées par le gouvernement d’Alger [Voir en rubrique 7 – La Grande Evasion, au 26 septembre 1941].
Ainsi, 800 internés français détenus à Miranda et dans diverses prisons espagnoles vont embarquer à Almeria à destination d’Oran. En arrivant sur les quais, ils peuvent apercevoir deux petits paquebots mixtes qui ont accosté un peu plutôt dans la matinée. Peints de ce gris qui est depuis le début de la guerre la livrée des navires marchands alliés, les deux bâtiments arborent à la poupe le Red Ensign de la Merchant Navy de Sa Majesté. Pourtant, si aucun nom ne soit visible sur la coque, leur silhouette est familière à quelques-uns des futurs passagers, anciens dockers ou familiers du port de Marseille.
A 11h30, embarquement terminé, les deux navires larguent les amarres et sortent du port. Ils s’empressent de rejoindre les aviso-dragueurs Commandant Rivière et La Boudeuse, qui les attendent dans les eaux internationales. Dès que les deux petits paquebots ont passé la ligne des trois milles marins qui séparent les eaux espagnoles des eaux internationales [Fixée à trois milles marins à la fin du XVIIIe siècle, la définition des eaux territoriales a évolué avec la convention de 1982 : eaux territoriales en deçà des douze milles, eaux contiguës entre douze et vingt-quatre milles et zone économique exclusive jusqu’à deux cents milles.], leurs matelots rentrent le Red Ensign tandis que le pavillon tricolore est envoyé à la corne du grand mât et salué par trois coups de sirène. Après quelques secondes de silence, des acclamations de joie fusent parmi les passagers, avant une Marseillaise chantée à pleins poumons.
Dans l’après-midi, les matelots français apprennent à leurs passagers qu’ils naviguent à bord du Gouverneur Général Lépine de la Compagnie de Navigation Mixte et du Sidi Brahim de la SGTMV, deux vieux habitués des lignes Marseille – Algérie.
Officiellement, le Gouvernement Espagnol ne reconnaît qu’un gouvernement français : celui du NEF. Si les deux navires avaient, dans le port espagnol, arboré pavillon français, le consul d’Almeria, nommé par le Quai d’Orsay, avait pouvoir légal de demander aux autorités espagnoles la saisie des deux navires en vue de leur restitution au NEF. C’est pourquoi, afin d’éviter cette demande qui aurait mis le gouvernement de Madrid dans l’embarras, la Rue Michelet a imaginé, après accord du Foreign Office, de déguiser nos deux navires en bâtiments britanniques. A leur arrivée, les autorités portuaires, policières et douanières d’Almeria sont venues à bord pour examiner, comme il est d’usage dans tous les ports lors de l’arrivée d’un navire, les différents documents règlementaires. Sans sourciller, les deux commandants leur ont présenté le jeu complet établi par les diverses autorités maritimes britanniques : Act of Brittany, congé de navigation émis par la Maritime Coastguard Agency, certificat de navigation délivré par le Lloyd, lettre de commandement délivrée par la London, Chatham and Dover Company et rôle d’équipage ouvert par la Maritime Coastguard Agency de Douvres. Cette formalité accomplie, les Espagnols ont quitté les bords et la capitainerie du port a couché dans le registre des mouvements du port l’arrivée de deux navires britanniques et le temps estimé de l’escale.
Pendant que les internés embarquaient, les deux commandants ont rangé dans leur coffre-fort les papiers britanniques à côté du jeu de papiers français : Brevet de Francisation, congé de navigation émis par les Affaires Maritimes d’Oran, certificat de navigation délivré par le Bureau Veritas, lettre de commandement délivrée par la Mixte ou la SGTMV et rôle d’équipage ouvert par les Affaires Maritimes d’Oran.
Aucun des protagonistes de ces formalités administratives n’a tiqué devant ce modus operandi cousu de fil blanc – bien entendu, les Espagnols n’ont pas été dupes, mais ils ne voulaient pas voir se tarir les avantages matériels qu’ils tiraient de l’opération.
Ni le consul représentant le NEF à Almeria, ni son ambassadeur à Madrid ne devaient prendre la peine de formuler une “note verbale” pour protester contre cet acte malgré tout contraire au droit international. Tous deux se doutaient bien que les services du colonel Beigbeder répondraient de façon évasive, de manière à pouvoir classer l’affaire. A Paris, les autorités du NEF, ayant assez de mal à imposer en France même leur autorité, préfèreront tout ignorer pour éviter un camouflet diplomatique. Il ne fallait même pas songer à demander à Berlin de formuler une protestation : la Wilhelmstraße n’accordait même pas une écoute polie à la plupart des demandes de Paris et beaucoup de ses fonctionnaires se seraient gaussés de ces nouveaux ennuis du gouvernement Laval. Et si, par une chance insigne, cette demande avait été transmise à la Chancellerie, elle n’y aurait recueilli qu’un intérêt poli.
Les deux paquebots vont accoster à Oran le lendemain à 06h30, après une traversée sans histoire.


(Un an pile d'écart entre les épisodes de 40 et de 41… et 2 ans presque pile avant l'épisode suivant)
_________________
Casus Frankie

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Capu Rossu



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MessagePosté le: Sam Oct 14, 2017 10:32    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour Frank,

Je viens de repérer une petite faute d'accord dans le texte.

Citation:
Pourtant, si aucun nom ne soit visible sur la coque, leur silhouette est familière à quelques-uns des futurs passagers, anciens dockers ou familiers du port de Marseille.


A corriger en :

Citation:
Pourtant, si aucun nom n'est visible sur la coque, leur silhouette est familière à quelques-uns des futurs passagers, anciens dockers ou familiers du port de Marseille.


@+
Alain
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Sam Oct 14, 2017 11:36    Sujet du message: Répondre en citant

Ma faute, désolé.
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Casus Frankie

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