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Julius, pilote de guerre - par Etienne
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Tahitian Warrior



Inscrit le: 02 Mar 2016
Messages: 156
Localisation: Toulouse

MessagePosté le: Mar Juin 13, 2017 00:31    Sujet du message: Répondre en citant

Archibald a écrit:
La chasse bordel ! La suite bordel !

Vrai quoi : Haaviti Mai !!! (Dépêche toi !) Laughing
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« Il faut écouter beaucoup et parler peu, pour bien agir au gouvernement d'un État. » Armand Jean du Plessis de Richelieu
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Wil the Coyote



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Messages: 1904
Localisation: Tournai (Belgique)

MessagePosté le: Mar Juin 13, 2017 06:59    Sujet du message: Répondre en citant

N'empêche, tant que Jules est en Italie, une recontre avec le Baron est toujours possible
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Horum omnium fortissimi sunt Belgae
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egdltp



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Messages: 475
Localisation: Cher

MessagePosté le: Mar Juin 13, 2017 08:32    Sujet du message: Répondre en citant

C'est déjà fait, à l'hôpital où le baron débriefe avec lui les erreurs faites lors de l'appui au sol, 23/10/1942, page 19 du fil.
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Etienne



Inscrit le: 18 Juil 2016
Messages: 2840
Localisation: Faches Thumesnil (59)

MessagePosté le: Mar Juin 20, 2017 13:04    Sujet du message: Répondre en citant

En attendant la suite... Un petit bonus:



Wink
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Archibald



Inscrit le: 04 Aoû 2007
Messages: 9440

MessagePosté le: Mar Juin 20, 2017 14:28    Sujet du message: Répondre en citant

c'est superbe, jamais vu un tel camouflage sur un Mustang, mais ça lui va très bien.
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Sergueï Lavrov: "l'Ukraine subira le sort de l'Afghanistan" - Moi: ah ouais, comme en 1988.
...
"C'est un asile de fous; pas un asile de cons. Faudrait construire des asiles de cons mais - vous imaginez un peu la taille des bâtiments..."
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FREGATON



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Messages: 4063
Localisation: La Baule

MessagePosté le: Mer Juin 21, 2017 13:07    Sujet du message: Répondre en citant

Archibald a écrit:
c'est superbe, jamais vu un tel camouflage sur un Mustang, mais ça lui va très bien.


Dans le même genre:
www.1940lafrancecontinue.org/images/?q=image/32-1942-north-american-na89-ftl
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Lun Juil 10, 2017 13:57    Sujet du message: Répondre en citant

Afin d'assurer une bonne cohérence avec l'histoire du P-51 en FTL, le motif du voyage de Julius en Angleterre a été remanié (et à cette occasion, nous avons rectifié quelques points de l'histoire du P-51).


(Tillon) – Nous avons eu un petit problème… heu, diplomatico-aéronautique avec les Anglais. Il est à peu près résolu sur le plan diplomatique, mais nous avons besoin de vous sur le plan technique. Connaissant le Général, il est préférable que vous lui répondiez vous-même.
(Rozanoff) – Je comprends. Et de quoi s’agit-il ?
(Tillon) – Comme vous le savez, notre 1ère Escadre de Chasse est équipée de Spitfire, actuellement de Mark IX. Or, un débat est né à l’EM de l’Air, où certains – que nous appellerons les North-Américains – ont proposé d’uniformiser l’équipement de notre chasse en Mustang. D’autres, que nous baptiserons Anglophiles, ont réagi énergiquement, en disant qu’avec les Mark VIII, Mark IX et Mark XII, Supermarine répondait à tous les besoins de la chasse. Je vous passe les… noms d’oiseau (forcément d’oiseau, avec des aviateurs) qui ont été échangés, surtout lorsque les gens du Quai d’Orsay – enfin, de la Rue Michelet – s’en sont mêlés. En effet, ces derniers ont eu l’idée saugrenue d’en parler à leurs collègues de Londres, qui se sont émus de ce coup de canif dans l’Entente Cordiale. Par bonheur, la bonne… entente, justement, entre le Général et Churchill a permis d’éteindre l’incendie qui menaçait. Finalement, il a été décidé d’envoyer en Angleterre un expert neutre, capable de nous dire s’il serait opportun de modifier l’équipement de la 1ère EC (en Mustang ou en Spitfire d’autres modèles) et/ou de demander à nos amis anglais de nous fournir davantage de Spit. Nous avons donc pensé à vous, colonel : votre rapport nous permettra de régler cette histoire… disons cette histoire idiote, pour rester poli.
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Casus Frankie

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Casus Frankie
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Messages: 13821
Localisation: Paris

MessagePosté le: Lun Juil 10, 2017 14:05    Sujet du message: Répondre en citant

Et voici la suite.

Rome-Fiumicino, 16 janvier
– Avec ce que les Ricains (dont un général !) nous ont mis dans le gosier hier soir pour avoir protégé “leur” base avec efficacité, le réveil par le planton est un peu difficile. Je l’enguirlande gentiment car je ne suis d’astreinte que l’après-midi, mais il me réplique qu’il y a des messages pour moi chez le commandant, donc que j’ai plutôt intérêt à faire fissa. Je maugrée en m’habillant. Des messages ! Qu’est-ce donc? J’essaye de me rappeler ce que j’ai pu avoir fait ou oublié de faire, mais rien ne me vient à l’esprit, quelque peu embrumé il est vrai.
Le bureau de Vinçotte est juste une pièce de la baraque en tôle qui nous sert de PC, séparée par une cloison et sans porte. Le genre de truc que tu n’occupes que quand tu es obligé. D’ailleurs, il n’y est pas : il préfère l’atmosphère du PC même, et surtout la place pour préparer les missions. Un grand sourire égaie son visage austère quand il me voit entrer. Allons, ce n’est pas une engueulade !
– Ô César, les Dieux te rappellent à nouveau sur l’Olympe ! Mais avant d’y grimper, tu n’oublieras point de nous abreuver de nectar !
– Hein ?
– Je ne sais pas ce que tu leur fais, aux huiles d’Alger, mais ils te réclament avec insistance… Et avec un beau cadeau en prime ! Lis les câbles !

En rigolant, il me tend les deux feuillets de télex. Je lis le premier : « Le lieutenant Houbois Jules est prié de se présenter au plus vite… bla-bla… au ministère de l’Air… ou se présenter au lieutenant-colonel Rozanoff… bla-bla… Ceci vaut titre de transport au plus urgent… »
– Oui, bin, y a rien d’anormal, le père Rozanoff a besoin de moi, c’est tout. Je le savais, mais je pensais pas que ce serait si tôt ; y a dû y avoir un truc, sinon, je serais pas parti.
– Tu dors, César ! Ouvre un peu les yeux ! Et relis le deuxième mot de ce télex !
– Heu… Hein, « lieutenant » ! Qu’est ce que c’est que cette histoire?
– Lis le deuxième feuillet.

Abasourdi, je déchiffre sans y croire que je suis nommé lieutenant à la date où j’ai été nommé adjudant ; je suis rétroactivé aspirant à ma sortie du CIC et sous-lieutenant à la date où j’ai été nommé sergent. Je relève la tête, incrédule. Vinçotte et les autres sont morts de rire à voir ma tronche…
– Avec le rappel de solde que tu vas avoir, tu vas pouvoir payer une sacrée tournée, mon gars !
– Ouais, mais un truc pareil, ça demande confirmation !
– De toute façon, ça sera pour ton retour : tu dois prendre la navette qui part sur Alger dans une heure, t’as juste le temps de faire ton sac.
– Oh, c’est un rapide, Jules, il aura le temps de passer par le mess avant d’embarquer et de commencer à arroser les copains !
– Hé… Pour sûr, mon sac n’est pas encore complètement défait !
– Cinq jours en escadrille, un record !
– La prochaine fois, tu verras qu’il restera un seul jour, le temps d’un vol et de deux Boches au tableau, avant de retourner s’occuper du destin du pays !

Sur ce, je quitte les railleurs, un peu jaloux, pour préparer mes frusques et mon embarquement. Je suis curieux de savoir à quoi rime tout ceci. Mais ma curiosité devra attendre les trois à quatre heures de voyage en DC-3.

Alger – En arrivant à Maison-Blanche, mon premier réflexe est d’essayer de trouver Rozanoff. Faut pourtant que je dépose mon sac, et c’est un planton surpris, le même que j’ai salué à mon départ il y a six jours, qui me voit débarquer à la résidence. Je lui annonce mon nouveau grade et lui demande de contacter le fourrier pour de nouvelles tenues pendant que je vais chercher après Rozanoff. Ça va, il me confirme que Kostia est sur la base, probablement au bureau des vols.
Je fonce là-bas, et en effet, je le trouve en train de discuter avec un type en uniforme de la RAF. Il me fait signe d’avancer, et l’Anglais se retourne. Une élégance distinguée, une chevelure châtain soigneusement coiffée, mais des yeux rieurs… Kostia nous présente : « Flight Lieutenant Algernon Lacey, dit Algy, qui parle français excellemment. Lieutenant Jules Houbois… Eh, mais tu n’as pas ton nouvel uniforme ? »
– Tu sais, à Fiumicino, le fourrier n’a pas eu le temps d’arriver ! Mais je viens de le demander au planton de la résidence.
– D’accord ! Jules, c’est le Flight Lieutenant Lacey qui va t’emmener en Angleterre…
– En Angleterre, mais pour y faire quoi ?
– Tu n’es pas passé au ministère ou à l’état-major ?
– J’arrive tout juste de Rome. Je me suis dit que ce serait plus simple de te voir, de toute façon, c’est écrit dans mes ordres.

Kostia m’explique alors toute l’histoire, pour finir par le voyage programmé.
– Coup de chance, Algy Lacey fait partie d’un groupe expérimental un peu analogue à celui que je dois mettre en place, le 666 Squadron. Et comme ils sont aussi réquisitionnés pour des missions spéciales, il vient de se faire un voyage Londres-Alger en Mosquito pour déposer un type du 2e Bureau de chez eux. Il devait repartir à vide, mais comme on a aussi besoin que tu arrives là-bas rapidement, tu vas pouvoir jouer le sac de sable.
– Ou le navigator. C’est toujours ioutile durant un voyage de nouit au-dessious de la France !
– Volontiers ! Je n’ai jamais volé en Mosquito, mais je sais piloter un bimoteur, je pourrais essayer pendant le vol ?
– Sorry, il n’y a qu’un seul… steer… Volant !
– Tant pis, on ne pourra pas se relayer…
– Bon, Jules, je vais t’accompagner chez le fourrier et le trésorier-payeur pour accélérer la manœuvre, sont bien capables de faire des histoires, ces loustics là ! Algy, on se retrouve au mess à dix-huit heures ?
– Dix-huit? Ah, right, six p.m. C’est bien, je vais préparer un peu le vol de demain…

Nous passons la soirée à trois en ville. Algy explique que l’ordinaire des mess anglais n’a pas grand-chose de commun avec ce que nous pouvons manger ici. D’ailleurs il se rattrape et fait plaisir à voir à table !


Alger, 17 janvier – La journée se passe entre la préparation du vol qui se déroulera de nuit – du moins arrivera t-on en vue des côtes françaises à la nuit tombée – et la récupération de mes nouveaux effets. Pour le rattrapage de solde, le trésorier me fait une avance, paumé qu’il est dans ses calculs ! Algy n’est absolument pas surpris de mon changement de grade, faut dire que dans la RAF, la fonction prime le grade, un exemple à suivre…
Nous découvrons avec Kostia le Mosquito, un NFII Special d’expérimentation presque neuf, doté d’un radar AI Mark 7 et d’un réservoir supplémentaire interne. Normalement, Algy n’avait pas prévu d’utiliser le radar, mais comme nous avons le temps, je lui demande de m’en expliquer le fonctionnement, des fois que nous aurions une “opportunité” lors du vol. La traversée de 1 600 km en direct jusqu’à Goodwood, où le 666 est installé, nous fait survoler pas mal de zones d’aérodrome, où forcément les Allemands sont installés. D’un autre côté, d’après la météo, on devrait bénéficier d’une couche nuageuse sur la quasi-totalité du parcours, donc peu de chances de se faire intercepter, d’autant plus que la vitesse du Mossie à elle seule doit permettre d’échapper à d’éventuels attaquants, surtout de nuit. Mais je suis intrigué par le dispositif radar, et surtout intéressé : si ça fonctionne, ça pourrait être d’utilité même de jour, quand on nous envoie dans la crasse ! Le souci, c’est la place que prend l’équipement, et le fait qu’il faut être deux à bord… Faudrait qu’ils miniaturisent et simplifient leur appareil.
Départ prévu à 18h00, pendant la “nuit aéronautique”, l’intervalle de temps (environ une demi-heure sous nos latitudes) entre le coucher du soleil et la nuit noire. Nous décollons donc dans cette semi-clarté caractéristique, entre chien et loup. La navigation d’Algy est simple, quasiment une ligne droite avec de rares détours pour éviter des zones sensibles. Cela nous fait passer près de Majorque et non loin de Barcelone, mais mon pilote n’en a cure, les Espagnols n’ont pas de machine suffisamment rapide pour nous rattraper, surtout de nuit et en altitude. Quelques nuages au départ, puis un ciel limpide jusque Majorque. Nous grimpons tranquillement, sans forcer la mécanique. Le ronronnement régulier des Merlin emplit la cabine, peu insonorisée, mais c’est un bruit rassurant. Pour passer le temps, je m’efforce d’utiliser le radar, mais sa portée relativement réduite et son champ étroit ne me permettent pas d’accrocher quoi que ce soit. Algy m’explique que ce radar sert surtout à coincer les cibles quand le Mosquito a été guidé du sol auparavant. Après quelques manipulations, je coupe le bazar. Au bout de trois quarts d’heure de vol, nous sommes déjà par le travers de Majorque et on aperçoit les lumières des rares villes et villages. La lune dans son dernier quartier nous éclaire encore, mais face à nous se profilent des nuages plutôt épais qui couvrent la côte catalane et Barcelone. Au fond, on aperçoit à peine les sommets pyrénéens dépassant de la couche nuageuse. Nous sommes largement au-dessus, à 20 000 ft (6 700 m), mais en passant la frontière, si nous pouvons entrevoir le sol sous nos ailes, nous apercevons également au loin une formation nuageuse plus élevée, qui nous force à grimper un peu plus. Pour le moment, notre navigation semble correcte, mais il nous semble ressentir un fort vent latéral d’ouest qui devrait nous déporter. Les minutes de vol au-dessus du sol “visible” nous permettent de compenser le cap. Il semble que quelques-uns de mes compatriotes ne respectent pas vraiment le couvre-feu, et cela nous aide bien, même à Toulouse, que nous passons par la gauche. Aucun chasseur ne décolle, d’après le Mk 7 que j’ai remis en marche. Nous apercevons tout juste Limoges, qui commence à se couvrir de nuages bas, alors que de plus gros arrivent par l’ouest, ceux que nous avions entrevus. Le cap est bon malgré la dérive, et l’altitude stable à 30 000 ft. Nous filons vers Tours, autre zone sensible, l’avant-dernière avant Caen.
La couche devient dense à présent, impossible de voir le sol, même par des trouées. Ma connaissance du pays, qui intéressait Algy pour vérifier la navigation, est bien inutile pour le moment, mais comme nous avons pratiquement fait les deux tiers du trajet, cela ne nous soucie plus trop. Au contraire, cette couche devrait nous aider à passer tranquillement les zones de chasse allemandes, même s’il doit exister chez eux comme chez nous des types suffisamment audacieux pour foncer à l’aveugle sur un objectif repéré au radar de sol. A la rigueur, j’aimerais presque, ne serait-ce que pour faire joujou avec le radar. Car, la lune étant partie, la nuit est bien noire à présent. Avant Tours – ou du moins sa position présumée – j’avais rallumé l’appareil, et je l’ai gardé jusque Caen, m’attendant à ce que le contrôle allemand tourangeau avertisse celui de Normandie. Mais les seuls échos que je vois sont des grains de pluie, d’après Algy. Va falloir qu’ils améliorent leur dispositif pour discerner les repérages, c’est piégeux ce truc. Algy rigole de me voir désappointé de ne pas avoir de contact. Lui préfère, car un combat nous boufferait du carburant. Même si nous en avons suffisamment pour ce genre d’intermède, la sécurité du vol serait un peu compromise. Bon, je le comprends, il a dû avoir des consignes de notre ministère en prime.
Ça ne se dégage pas plus sur la côte de la Manche dont nous estimons la position, mais la couche est plus basse, ce qui est déjà un signe. Algy entame donc sa descente suivant le même cap, en mettant en route son IFF et en appelant par radio le contrôle britannique. Notre source radio sera repérée par les Allemands, mais nous devrions déjà être hors de portée des chasseurs de Caen ou Cherbourg. Si notre premier appel n’est pas entendu, le second passe et rapidement, on nous corrige le cap pour Goodwood – à peine 5 degrés sur la gauche, on s’est plutôt bien débrouillés. Nous apprenons aussi que tout le sud de l’Angleterre est sous une fine pluie, mais notre terrain d’arrivée est prévenu et allumera ses feux. Algy me regarde pour savoir si je m’inquiète, mais je le rassure en rigolant : il a très certainement l’habitude de ce genre de chose et je lui fais confiance ; à aucun moment du voyage je n’ai eu d’inquiétude, ce qui n’est pas toujours évident pour un pilote quand c’est un autre qui tient le manche !
De fait, il manœuvre très prudemment et nous perçons la couche à moins de 1 000 ft au-dessus de la mer, bien avant Goodwood. Algy a préféré passer un peu plus à l’est, afin d’éviter la DCA de Portsmouth, toujours prompte à ouvrir le feu au bruit de moteurs d’avion, et je le comprends. La visibilité n’est pas terrible, comme prévu, mais j’aperçois rapidement des feux que je signale à Algy : c’est bien le terrain de Goodwood. Petit, mais confortable, d’après mon pilote, qui pose le bimoteur comme une fleur, malgré une pelouse détrempée. Je le félicite, il sourit.
De par ma place, je sors le premier du Mossie parqué non loin du PC, ou du moins de ce qui y ressemble : une baraque en bois avec l’inscription “Goodwood” en lettres blanches. Des mécanos accourent pour bâcher l’avion, les hangars doivent être encombrés. Trois hommes en uniforme de la RAF, ou plutôt en manteau d’uniforme, nous attendent devant le PC, bravant la pluie fine mais pénétrante et glaciale. Dans un excellent français, l’un deux nous fait signe:
– Entrez dans le PC, nous ferons les présentations au sec !
– C’est toujours comme ça le temps par ici ?
– Oh non, en hiver, on arrive à avoir 1 mètre de neige !

Rassurant pour les jours qui viennent, car nous sommes en hiver ! En moi-même, je plains les copains de la 1ère Escadre. L’intérieur du PC est plus réconfortant : bien éclairé, un poêle à bois qui ronfle au milieu. Algy et moi ôtons nos mae-west et équipements de vol pendant que les autres se débarrassent de leurs casquettes et gabardines dégoulinantes sur des patères déjà bien chargées. Trois bandes de galons sur les manches, l’officier qui a parlé, un grand gaillard bien bâti d’une quarantaine d’années, brun de cheveux, les yeux bleu clair pénétrants, se présente : « Wing Commander James Bigglesworth, mais tout le monde m’appelle Biggles. Voici le Flight Lieutenant Lord Bertie Lissie et le gamin ici, c’est le Pilot Officer Ginger Hebblewaithe.
Blond, élégant, monoclé (!), Lord Bertie m’accueille d’un « How do you do ? Glad to meet you ! » prononcé avec un curieux accent. Rouquin à n’en plus pouvoir, Ginger – en effet le plus jeune des quatre – me lance « Hi ! Welcome in England ! » – lui aussi a un drôle d’accent, mais pas le même du tout.
Biggles poursuit : « Ce sont mes coéquipiers au 666 avec Algy, que vous connaissez déjà. Il ne vous a pas trop chahuté pendant ce vol ? »
– Non, ce fut parfait. Je suis le lieutenant Jules Houbois, du GC II/4 et accessoirement du nouveau Groupe d’Expérimentation Opérationnelle qui est en cours de formation.
– Et vous venez tester nos Spitfire Mk XII.
– J’ai l’habitude du Mustang, mais je ne découvrirai pas tout à fait le Spit : j’ai convoyé quelques Mk V en 41, et j’avais pu en secouer un peu lors des vols, discrètement bien sûr, mes chefs n’auraient pas apprécié.
– Parlez-vous anglais?
– Le peu que j’ai appris à l’école amélioré par un séjour à Douvres, et surtout par ce qu’on nous a appris pour la radio. Et par les rencontres au hasard des missions. Il me manque du vocabulaire, mais ça viendra.
– All right. Vous ne devriez avoir affaire pour les vols qu’avec un d’entre nous, et nous pratiquons tous les quatre plus ou moins le français – même si l’accent de Ginger est… perfectible !
– Comme l’essentiel sera du langage d’aviation, entre aviateurs, on se comprendra, j’en suis sûr.
– Certainement ! Bien, vu l’heure, nous allons vous proposer de commencer à perfectionner votre anglais en allant au mess. J’espère que vous aimez la bière, nous n’avons guère autre chose sur le terrain.
– Ça ira, je suis originaire du Nord, près de la frontière belge, donc la bière, ça me va.
– Hum, ce n’est pas tout à fait la même sorte de bière, vous savez…
– Oui, j’avais pu découvrir à Dover, mais ça me changera des vins d’Afrique du Nord !

L’hospitalité anglaise n’est pas un vain mot. J’avais entendu des discordances à ce sujet, mais je pense qu’il devait y avoir eu quelque accrochage ou mésentente, car la soirée est somptueuse, bien sûr dans la limite de ce qui est possible avec les moyens du bord en temps de guerre. Bien sûr, je n’ai pas obtenu d’argent anglais de la part du trésorier d’Alger, mais ils se battent presque pour m’offrir à boire, et je ne parle pas que des mes quatre partenaires : tous les pilotes présents au mess y vont de leur pinte ! Heureusement que leur bière n’est pas forte, mais après une certaine quantité, c’est surprenant de voir les progrès que je peux faire en anglais !
J’ai néanmoins besoin de l’aide de Biggles et de ses amis pour traduire mes faits d’armes, à la demande des autres pilotes. Certains paraissent difficiles à croire, mais c’est sans vraiment vouloir surenchérir qu’on me raconte l’équipée de Biggles et de ses équipiers lors du défilé collabo du 1er Janvier à Paris. Je n’en avais lu qu’une version… expurgée dans les journaux d’AFN. Rencontrer les participants à cette aventure est un privilège dont je jouis pleinement. Si nous parlons bien sûr des résultats, que nous ne connaissons malheureusement pas avec précision, la discussion tourne rapidement sur la façon dont l’affaire a pu être menée à bien, d’autant plus qu’ils m’apprennent qu’ils ont utilisé des Beaufighter – pas vraiment le genre d’engin à pouvoir zigzaguer entre les immeubles – il fallait vraiment que ce soit les Champs-Élysées !
En fait, Biggles s’était surtout inquiété de la possible présence de câbles et autres supports de drapeaux et autres décorations, sans parler d’éventuels ballons de barrage. Mais comme le défilé du NEF devait être précédé d’une démonstration de deux Bf 109 aux couleurs du NEF, ce genre d’obstacles n’existait pas. En pratique, le gros souci avait été de ne pas se faire repérer avant d’arriver sur Paris. Il avait fallu rester en rase-mottes tout le long du voyage, donc prévoir une navigation ultra-précise tout en évitant le survol des villes importantes, où l’alarme aurait été donnée. Cependant, comme il était évident qu’à un moment ou un autre les postes de guet allemands feraient leur office, surtout lorsque les avions approcheraient de la capitale, Biggles avait décidé de foncer sur un axe quasi perpendiculaire à l’attaque afin de déjouer les prévisions. L’IP (point intermédiaire) avait été la Seine entre Maisons-Laffitte et Sartrouville, où ils avaient pu enfin prendre leur axe d’attaque. Les quatre compères me décrivent avec enthousiasme leur voyage au ras de la terre française, et l’impression de triomphe ressentie en arrivant sur l’Arc du même nom.
Biggles et ses amis m’offrent ensuite de loger dans leur cottage, situé à 2 milles de là et plus confortable que les lits de camp du dispersal ou des quelques baraques du terrain. En prime, il y a du chasse-bière, généreusement dispensé par Lord Bertie (qu’il ne faut surtout pas appeler Mylord malgré son monocle vissé à l’œil, il se fâche tout rouge). Les autres sont plus raisonnables. Normal, le lever du lendemain est à 6 heures.
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Hendryk



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MessagePosté le: Lun Juil 10, 2017 16:00    Sujet du message: Répondre en citant

Pour ceux à qui ça aurait échappé...


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Anaxagore



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MessagePosté le: Lun Juil 10, 2017 16:40    Sujet du message: Répondre en citant

Le nom me disait vaguement quelque chose, mais même avec la couverture de livre, je n'irais pas jusqu'à dire que c'est familier. Encore un truc que j'ai entendu ou lu mais pas vraiment retenu. Il parait qu'oublier permet de faire de la place pour se créer de nouveaux neurones Very Happy
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Ecoutez mon conseil : mariez-vous.
Si vous épousez une femme belle et douce, vous serez heureux... sinon, vous deviendrez un excellent philosophe.
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Lun Juil 10, 2017 16:48    Sujet du message: Répondre en citant

Ceux qui l'ont lu dans leur prime jeunesse ne l'ont pas oublié… et ne l'oublieront pas.
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FREGATON



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MessagePosté le: Lun Juil 10, 2017 16:50    Sujet du message: Répondre en citant

Pour tout savoir:

https://en.wikipedia.org/wiki/Biggles
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patzekiller



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MessagePosté le: Lun Juil 10, 2017 17:51    Sujet du message: Répondre en citant

pour les plus jeunes il y a la BD qui sortit dans les 90'
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Archibald



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MessagePosté le: Lun Juil 10, 2017 17:54    Sujet du message: Répondre en citant

Je me rappelles avoir lu celui là

biggles raconte, la série des années 90. Il y en avait un sur la bataille de France avec un MS-406 en couverture.


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Casus Frankie
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MessagePosté le: Lun Juil 10, 2017 17:57    Sujet du message: Répondre en citant

Les BD sont sympas, mais restent bien loin des romans originaux.
Bon, OK, il y a aussi que j'avais 12-15 ans quand je les ai lus…
Mais quand même, c'était bien. Et les romans "hors guerre" (comme Biggles et le doublon maudit) étaient très bons aussi.

- A part : les BD "Biggles raconte" (Malouines, Bataille de France, Bataille d'Angleterre) m'ont paru historiquement très correctes.
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