loic Administrateur - Site Admin
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Posté le: Dim Juil 24, 2016 23:39 Sujet du message: Auguste Maïcon |
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De l'utilité des vacances ...
J'encourage ceux qui passent du côté de Villefranche-sur-Mer à jeter un coup d’œil à l'exposition sur Auguste Maïcon, présentée dans la citadelle.
Texte revu par Casus.
10 juillet
Se former pour vaincre
Villefranche-sur-Mer – Le Grand Déménagement semble bien loin vu de ce petit port dont les quais ne peuvent accueillir de navires de gros tonnage. La profonde rade, qui par le passé a abrité tant de flottes étrangères, est trop proche de la frontière italienne pour servir de zone d’attente aux paquebots et cargos qui doivent accoster à Nice ou Cannes.
Un spectacle insolite va néanmoins d’y dérouler aujourd’hui, car Auguste Maïcon, véritable personnalité locale, a décidé d’évacuer son entreprise vers l’Afrique du Nord. Issu d’un milieu modeste et pilote depuis 1911, Maïcon s’est lancé dès avant la Première Guerre dans un domaine alors balbutiant, enchaînant baptêmes de l’air, meetings et transport de passagers – souvent des clients huppés résidant à Saint-Jean-Cap-Ferrat. Il se portera même candidat au défi de la traversée de l’Atlantique lancé par le Daily Mail en 1913.
Comme tant d’autres pilotes démobilisés après l’Armistice, il a participé à la course aux exploits avant que les autorités tentent d’y mettre de l’ordre, passant sous le pont du Var à Nice avec son Caudron G.3, le même avion utilisé par Jules Védrines pour se poser sur le toit des Galeries Lafayette, par le Suisse François Durafour pour atterrir et redécoller du col du Dôme à 4 330 m (sous le Mont Blanc) et par Adrienne Bolland pour franchir la Cordillère des Andes [1].
Ayant repris ses activités civiles avec un succès mitigé, mais gardant toujours de précieux appuis dans le milieu aérien, notamment en officiant comme pilote d’usine chez Caudron, Auguste Maïcon finit par trouver le succès dans les effets spéciaux pour la Metro-Goldwyn-Mayer. La mobilisation précédant la Deuxième Guerre le voit enseigner le pilotage : en 1938, il est récompensé pour avoir formé le plus grand nombre de pilotes sur le territoire français, alors que l’Armée de l’Air venait de lancer son plan de formation.
Cette distinction n’a pas été oubliée par le général Mouchard, ancien Inspecteur Général des Ecoles avant sa nomination à l’EMGDN. Même s’il a effectué son dernier vol en 1939 et approche la cinquantaine, Auguste Maïcon est un homme précieux alors qu’il faut poursuivre le redéploiement en Afrique du Nord de l’infrastructure de formation de l’Armée de l’Air. Maïcon n’émet que peu de conditions à la demande de Mouchard, dont l’une semble à vrai dire relever du caprice : évacuer ses appareils – au moins son Caudron G.3 F-PSYL. C’est cette antiquité qui décolle ce jour vers la Corse [2].
[1] D’autres exploits spectaculaires ont été accomplis, notamment celui de Charles Godefroy, passant sous l’Arc de Triomphe avec son Nieuport 11, en signe de protestation contre l’obligation faite aux aviateurs de défiler à pied le 14 juillet 1919. Mais l’exploit de Godefroy subit l’implacable censure de Clemenceau, alors que Maïcon bénéficia d’une publicité sans entraves pour son passage sous le pont du Var. En 1926, Léon Collet se tua aux commandes de son Bréguet 19, après être passé sous la Tour Eiffel, en heurtant le câble d’une antenne radio.
[2] Après son arrivée en Algérie, cet appareil construit en bois et toile se délabrera assez vite. Il sera sauvé par… le musée de Constantine, où il sera stocké, démonté, durant des années… jusqu’à ce qu’il soit envoyé au Musée de l’Air créé à Paris. _________________ On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ... |
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