Casus Frankie Administrateur - Site Admin
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Posté le: Lun Mai 05, 2008 12:06 Sujet du message: Une triste histoire (par Folc) |
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Inspirée, hélas, d'un épisode OTL. Merci à Folc.
6 juillet 1940
Méditerranée occidentale
09h30 – Le sous-marin français Archimède (L.V. Attané), envoyé en patrouille dans la zone île d’Elbe-Piombino-Monte Argentario-île del Giglio, est aux aguets non loin de Portoferraio (Elbe), quand il repère un petit vapeur qui approche en longeant la côte nord-est de l’île. Il s’agit d’un transport de passagers de la Società di Navigazione Toscana, l’Elbano Gasperi (742 GRT). Lancé en 1928 et employé jusqu’à l’entrée en guerre de l’Italie à la liaison Piombino-Portoferraio (il emportait alors jusqu’à 350 passagers), le bâtiment a été réquisitionné sous le numéro F 8, pour servir de dragueur forain auxiliaire et de navire de liaison. Hâtivement revêtu d’une livrée militaire, il transporte ce jour-là environ 200 hommes destinés à renforcer la garnison de l’île d’Elbe. Mais les transports civils ayant été désorganisés par les réquisitions et l’Elbano Gasperi n’étant pas à pleine charge, quelqu’un a trouvé judicieux de le laisser prendre à bord plus de cent civils, hommes, femmes et enfants, qui s’impatientaient sur la terre ferme en attendant de pouvoir regagner l’île (le nombre exact de ces passagers civils n’a jamais pu être connu avec précision ; selon les sources, il va de 103 à 129).
09h48 – Alors que le Gasperi se trouve par le travers du village de Nisporto, le L.V. Attané, se fiant à la couleur grise de sa coque, lui décoche deux torpilles de 550 mm (l’officier français a aussi surestimé la taille de sa cible).
09h49 – Les deux engins frappent le malheureux transport, qui coule en moins d’une minute. Il n’y a que six survivants : quatre passagers (trois soldats et une femme) et deux membres d’équipage.
7 juillet
Rome
Tandis que l’Archimède, satisfait de son succès, a quitté les eaux de l’île d’Elbe pour se diriger vers le Monte Argentario (dans les parages duquel il coulera, le 12 juillet, une seconde proie, encore plus modeste, un petit caboteur de 341 GRT), la propagande italienne, qui ignore la nationalité du sous-marin attaquant, se déchaîne en bloc contre les « lâches tueurs franco-britanniques ». Elle a beau jeu d’exploiter les photos (soigneusement sélectionnées pour éviter les corps de soldats), des cadavres de femmes et d’enfants rejetés par la mer sur les plages elbaines, accompagnées de clichés de l’Elbano Gasperi dans sa livrée civile. Tous ces clichés, ainsi que les récits horrifiants recueillis auprès des survivants, sont complaisamment fournis aux correspondants de presse neutres.
8 juillet
Méditerranée Occidentale
Le sous-marin italien Neghelli attaque un convoi français à l’ouest de la Sardaigne et coule le petit transport Ginette Le Borgne (1 619 tonnes), qui sombre en deux minutes avec tout son équipage. Le Neghelli attaque ensuite ce qui lui semble être un traînard du convoi, mais qui est en réalité le vapeur belge Kabalo (5 186 GRT), en train de participer aux opérations d’évacuation du 6ème CRI d’infanterie vers l’Algérie. Or, techniquement, l’Italie n’est toujours pas en guerre avec la Belgique, c’est pourquoi le navire fait route en dehors d’un convoi et arbore d’immenses drapeaux noir-jaune-rouge. Le Kabalo est coulé. Parmi les 783 recrues et membres d’équipage à bord du navire, seuls 118 pourront être sauvés.
Peu après, le sous-marin est détecté en immersion périscopique par un hydravion Loire 130, qui l’endommage à coups de grenades ASM. Traînant un long panache huileux qui le trahit, le Neghelli est bombardé une heure plus tard par deux Laté-298 basés en Corse et obligé de faire surface. Son commandant décide de le saborder, car des destroyers français approchent. L’équipage est sauvé.
Cette affaire vient à point pour permettre aux Alliés de contre-attaquer dans l’histoire du torpillage du Gasperi, l’avant-veille, en dénonçant à leur tour le non respect par l’Italie des conventions internationales. Néanmoins, les Amirautés française et britannique préfèrent donner à leurs commandants de sous-marins la consigne de redoubler d’attention dans l’identification de leurs cibles.
20 juillet
Méditerranée occidentale
Conformément à ses instructions, à la fin de sa patrouille, l’Archimède gagne Alger (au lieu de Toulon, qui ne pourra bientôt plus jouer de rôle actif). Le L.V. Attané découvre alors les dessous de sa victoire du 6 juillet. Il pourra du moins témoigner devant une commission d’enquête de ce que le Gasperi « était bien gris ». |
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